Chapitre 4
Par Julien Neuville: https://www.atelierdesauteurs.com/author/559679119/julien-neuville
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Charlotte Evra se frotta les yeux, encore épuisée par la nuit de cauchemar qu'elle venait de passer. Quatre réveils, des pleurs et des vomissements, pour finir par se lever à 5 heures pour la garde après avoir déposé son fils chez la nounou. Les trois ans qu'elle venait de passer à la crim' lui semblaient une promenade de santé en comparaison. Élever un enfant semblait une bataille perdue d'avance.
Elle contourna le jeune officier et vint se planter devant Nicolas Bianchi, dont la peau du visage s'était constellée de taches rouges.
— Eh bien monsieur Bianchi, je vais vous dire ce que je fais dans votre bureau. Il se trouve que j'ai reçu, il y a une heure, un appel de la femme de ménage de votre entreprise, nous signalant la mort de votre patron.
Elle laissa malicieusement le directeur adjoint ouvrir la bouche pour répondre, et reprit juste avant qu'il ne puisse articuler:
— Et il se trouve également que j'ai passé une sale nuit, et que jusqu'à ce que je décide de m'intéresser à vous, vous allez attendre sagement ici.
Elle désigna dans le même temps un canapé en cuir bordeaux contre le mur du couloir, dont les leds intégrées éclairaient délicatement des tableaux abstraits, de formes géométriques pastels.
Bianchi serra les machoires, ses yeux lançant des éclairs, mais finit par soupirer et aller s'asseoir au bout du canapé, étirant le bras avant de le poser sur l'accoudoir, dévoilant ostensiblement une Rolex dorée.
— Merci Antho, dit-elle à l'attention de l'officier près de la porte, continue à surveiller la porte, je veux personne tant que Liliane n'est pas là. C'est la femme de ménage qui a appelé ?
Elle pointa du menton une femme d'une vingtaine d'années, assise sur une chaise en plastique face au canapé. Brune, les cheveux relevés en un chignon rapide, elle tortillait nerveusement le bas de sa robe. Juste à côté, son chariot de ménage semblait abandonné, tel un navire sans capitaine. Une pile de rouleaux de papier absorbant occupait la majeure partie du plateau bas. Au-dessus, divers ustensiles dépassaient de compartiments en plastique.
Charlotte s'accroupit face à la jeune femme et lui parla doucement:
— Vous êtes Julie ? Je suis Charlotte Evra, c'est moi qui vous ai eue au téléphone. Vous voulez me raconter ce qu'il s'est passé, Julie ?
La jeune femme renifla en serrant les lèvres, avant de répondre dans un sanglot :
— Je suis entrée ce matin, pour faire le ménage comme tous les...mon Dieu j'ai cru que monsieur Marhic dormait...
Charlotte hocha la tête, et attrapa un rouleau de papier sans quitter la bonne des yeux, avant d'en détacher une feuille qu'elle lui tendit.
— Tenez, respirez un bon coup.
La bonne prit la feuille et se tamponna les yeux avant de poursuivre :
— Je n'ai touché à rien, comme ils disent de le faire dans les séries.
— Très bien, vous avez bien fait Julie. Vous souvenez-vous de l'heure exacte à laquelle vous avez trouvé monsieur Marhic ? C'était juste avant votre appel, c'est cela ?
La jeune femme renifla, et détourna les yeux vers le canapé, un bref instant, avant de subitement regarder de l'autre côté. Elle espérait sans doute avoir contrôlé son mouvement, mais Charlotte le perçut.
— Oui, je ne sais plus l'heure exacte, juste avant je nettoyais le couloir...
— Ne vous en faites pas, votre appel date de 6h15, je vais considérer que vous l'avez trouvé vers 6h00 pour le moment.
Charlotte se releva en replaçant le rouleau sur le dessus du chariot, quand quelque chose lui parut étrange, sans qu'elle puisse mettre le doigt dessus, sans savoir s'il s'agissait des outils, ou bien des rouleaux dessous. Avant que son esprit ne trouve la sortie du tunnel, son téléphone bipa dans sa poche. Elle le sortit et consulta l'écran, qui indiquait Bosc. La légiste du bureau.
Elle décrocha en s'éloignant vers les ascenseurs.
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