Par Laklandestine : https://www.atelierdesauteurs.com/author/251638085/laklandestine

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Il n'était pas encore neuf heures du matin, mais Nicolas Bianchi était déjà à bout. Assis sur ce canapé aussi hors de pris qu'inconfortable, il était sur le point d'exploser. Son ami et patron Jo avait été retrouvé mort, à quelques mètres de lui, dans son bureau. Il n'avait pas réussi à voir le corps, mais les éléments qu'il avait confirmaient le pire : il ne s'agissait pas d'une overdose, encore moins d'un accident.

Jo avait changé. Nick avait essayé de le mettre en garde, mais plus il lui conseillait de prendre des précautions, plus Jo prenait des risques. Ces derniers temps, Nick s'était même imaginé le pire... et puis il s'était dit qu'il se faisait des films. Quand Julie l'a réveillé en pleine nuit, il s'est retrouvé totalement pris de court. Il lui a fait récupérer un dossier et maintenant elle se retournait sans cesse vers lui avec des yeux implorant des instructions. Nick ne répondait rien, cependant il n'en pensait pas moins : "Mais quel con!"

En son for intérieur, cet homme d'habitude charmeur et rieur était en ébullition. Il s'agitait nerveusement, son cerveau à deux doigts d'exploser : "Putain Jo ! Tu m'auras décidément tout fait. Je ne sais pas avec qui tu traînais ces derniers temps, mais je t'avais dit que je n'aimais pas ce que tu devenais. Tu devais te protéger et au minimum éviter de nous éclabousser. Dans quelles emmerdes t'es-tu empêtré ? Et pourquoi as-tu eu besoin de me faire plonger avec toi ? Je croyais qu'on était amis "Monsieur Joseph"."

Nick avait les yeux rivés sur son téléphone. Impatient, irrité, inquiet, il scrollait à l'infini et de manière frénétique. Ses mails, la bourse, Twitter, Whatsapp... il sautait de l'un à l'autre en boucle sans y faire attention. Heureusement, il s'abstenait de dire ce qui lui passait par la tête : "Putain. Il est presque dix heures du matin ! Vous voulez de l'aide, les filles ? Saleté de fonctionnaires ! La légiste est tellement imbibée qu'elle confond scène de crime et dernière chance de pécho et sa proie est cernée au point d'inspirer la pitié : j'ai envie de lui prêter une couverture et un oreiller pour qu'elle dorme quarante-huit heures sur mon fauteuil Le Corbusier ! Elle va tomber la pauvre gosse : le genre qui est toujours là pour les autres et dont jamais personne ne prend soin."

Nick sentait le regard de Julie sur lui : "Arrête de me fixer ! Je sais que c'est de ma faute, mais maintenant il faut faire profil bas sinon tu vas nous attirer encore plus d'emmerdes. ", pensait-il très fort en faisant bien attention d'éviter le regard de la pauvre femme de ménage aux abois.

En réalité, Nick était dévasté. Il s'en voulait d'avoir entraîné son amie Julie là-dedans. Et d'abord, jamais Jo n'aurait dû déposer de documents confidentiels sur son bureau. Il l'avait d'ailleurs prié d'arrêter de jouer à ça. Il y a des dossiers qui se transmettent en main propre, mais Jo prenait un malin plaisir à démontrer à Nick qu'ils ne risquaient rien, particulièrement les soirs où il recevait du monde au 36ème étage. Il avait tort et ce n'était pas lui qui allait en subir les conséquences.

Nick n'en pouvait plus. Alors qu'il continuait à s'acharner sur son portable, il crut que le ciel lui tombait une nouvelle fois sur la tête. Gregory, le fils de Jo, venait de lui envoyer un message. Il cherchait désepérement son père : le nom des ateliers inVivas apparaissait dans un scandale planétaire et seules les relations de Jo étaient à même d'empêcher l'affaire de sortir. Décidément, cette journée était un cauchemar.