Par Laklandestine : https://www.atelierdesauteurs.com/author/251638085/laklandestine

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Avant de libérer Nick, celle qu'il avait désormais surnommée Lieutenant échalote, l'avait sommé de ne pas s'éloigner :

• En subtilisant un élément de la scène du crime, vous avez commis une faute grave Monsieur Bianchi ! Je pourrais vous placer en garde à vue. Ne sortez pas de Paris et tenez-vous à notre disposition si vous ne voulez pas avoir d'ennuis. Nous vous avons à l'oeil !

En sortant du poste de police, Nick ruminait :

• "Ne pas avoir d'ennuis"...., elle en a de bonnes, Lieutenant échalote ! Elle croit quoi la petite ? Grâce à Joe, des emmerdes, nous en avons jusqu'au cou !

En effet, en temps normal, le scandale que MediaPart venait de publier serait venu s'ajouter à la longue liste des affaires sexuelles qui éclataient dans les journaux à intervalles réguliers. La boîte aurait traversé quelques turbulences jusqu'à ce que la presse ne se jette sur le prochain scoop, tout au plus quelques jours plus tard. On n'en aurait ensuite plus jamais entendu parler. Mais là...

Malgré la pluie, Nick décida de rentrer à pieds. La marche avait le don de lui permettre de prendre du recul. Au bout de quelques minutes, son pas se fit d'ailleurs plus léger, dansant, et il se mit à fredonner :

• J'y pense et puis j'oublie. C'est la vie, c'est la vie.

Avec le meurtre "haut en couleurs" de Joe, l'histoire était en passe de prendre une ampleur inattendue. L'affaire était croustillante et juteuse à souhait et on allait entendre parler des ateliers InVivas en long, en large et en travers. Le meurtre de Joe n'aurait non seulement pas pu tomber à un plus mauvais moment, mais ce crime, tout droit sorti d'un épisode de série américaine, avait de surcroît tout pour maintenir les gens en haleine pendant plusieurs mois. Le tribunal du web et ses experts Manhattan en herbe allaient s'en donner à coeur joie et les journaux n'allaient pas lésiner sur cette manne financière. Joe les avait vraiment mis dans un sacré bourbier, comme pour affirmer : "S'il m'arrive quelque chose, alors vous plongerez tous avec moi.".

Heureusement, il restait peut-être à Nick un joker. Cela faisait des mois qu'il ne s'amusait plus dans cette boîte. L'ambiance était devenue lourde et les activités du boss n'avaient fait qu'assombrir le tableau. Joe avait changé et les équipes avaient senti le vent tourner. L'enthousiasme n'était plus le même que pendant les premières années de la startup. Les meilleurs avaient démissionné et ceux qui restaient étaient plus animés par leurs bonus et par leurs promotions que pour la mission qu'ils prétendaient défendre et les patients qu'ils étaient supposer aider. Il était temps pour Nick de quitter ce navire-là, ou plus exactement, de le vendre.

Cela faisait trois semaines qu'ils étaient en pourparler. Joe refusait la transaction malgré les arguments de Nick. Maintenant que le boss était loin, le directeur adjoint allait accepter l'offre et se départir de cette firme avec un joli parachute doré. Les employés conserveraient leur travail et le nom des Ateliers InVivas auquel le scandale était rattaché disparaîtrait aux oubliettes.

Fort de cette stratégie toute trouvée, Nick appela alors son chauffeur. Il lui fallait retourner au bureau rapidement. Dans sa limousine, le numéro deux se mis en communication avec son comité de direction. Ils l'attendraient dans la salle de réunion "Moscou". Tout le monde était sur le pont et Nick allait coordonner tout ce beau monde et se débarrasser de cette boîte devenue par trop encombrante.

Un message des acheteurs lui confirmait que la proposition était toujours valable, mais qu'il fallait se décider rapidement. Le message ajoutait : "Nous avons bien entendu aussi prévu de remercier Julie." Ces gens en savaient décidément beaucoup trop ; dans ces conditions, tourner la page devenait impératif.