Chapitre 1 : Derliahn (4/7)
À quelques mètres de là, en contrebas, une grande partie des villageois courait vers leur habitation pour sauver tout ce qu’il pouvait. Certains tentaient de protéger leur famille en se mettant devant elle, mais la plupart du temps ils étaient assommés, blessés ou encore tués. Un des brigand aperçut un garçon en train de courir. Celui-ci sortait du bois qu’il y avait aux alentours. Il regarda l’orée de la forêt et ne vit personne d’autre. Il eut un léger doute. Partir à l’encontre du jeune intrépide ou aller fouiller plus haut. Le choix fut rapide. Il partit en direction de l’adolescent, au moins il était sûr d’avoir quelqu’un a tué. Il le suivit et arriva dans la partie du village où il n’y avait presque personne. Au passage, il en avait profité pour blesser quelques villageois afin de se dégourdir les bras. Seules quelques maisons étaient bâties ici et il ne semblait pas y avoir âme qui vive. Seulement, il entendit une voix paniquée en provenance d’une maison sur sa gauche. Il s’approcha de la bâtisse et attendit patiemment à la porte, en écoutant leur conversation.
- Ecoute Lewlyn ! Emmène ta famille et sauvez-vous ! Le village est en train de se faire attaquer. Il faut que vous fuyiez vers la rivière. Les falaises pourront vous abriter. Je couvrirais vos arrières le temps que vous partiez et que vous soyez en sécurité, commença Kheryan paniqué.
- Je suis sûre que c’est une blague pour embêter Ulryk. Il a fait quoi cette fois-ci ? sourit-elle.
- Je te jure que c’est vrai Lewlyn ! Tu sais très bien que je ne te mêle jamais à nos histoires ! Je ne suis pas Ulryk, enragea-t-il.
- Je crois qu’il dit la vérité Lewlyn. C’est la première fois que je le vois aussi paniqué. Je vais voir ce qu’il se passe, répondit son père.
Avant même que Kheryan n’est pu le retenir, il était déjà partit. Lorsqu’il arriva devant la porte, un objet froid et tranchant lui passa en travers de la gorge. Sa tête partit en arrière et roula sur le sol. La seconde qui suivit, son corps était étalé au sol et ne bougeait plus. Une épée couverte de sang fit son apparition, suivit de son porteur, un brigand parsemé d’un large sourire. Instinctivement, Lewlyn voulut aller près du corps de son père pour vérifier s’il était encore en vie, même si elle savait que c’était inutile. Kheryan la rattrapa par le bras et la maintint derrière lui. Le hors-la-loi avança d’un pas et l’adolescent en recula d’autant avec son amie. Il regarda la mère de la jeune fille et désigna celle-ci du regard. Elle la prit près d’elle afin de libérer le jeune homme de ses mouvements. Lui et le brigand se rapprochèrent l’un de l’autre en faisant attention aux gestes de son adversaire. Le hors-la-loi fut le premier à porter un coup. Il porta un coup vertical voulant le taillader de l’épaule au ventre, mais Kheryan l’esquiva d’un pas sur la gauche et fut déséquilibré. D’un pas agile, le brigand porta un second coup au jeune homme qui lui entailla le ventre. Kheryan posa un genou au sol. Il tenait sa blessure qui saignait abondamment. Déstabilisé, le brigand était tombé en arrière en essayant de retrouver son équilibre. Le jeune homme en profita pour se relever difficilement et pour sauter sur lui. Surpris, le hors-la-loi ne put rien faire et le jeune homme se trouva sur lui. Il commença alors à le ruer de coup. L’homme au sol tentait de se débattre, mais ses coups ne l’atteignaient pas. Ne touchant pas son adversaire, il passa difficilement sa main sur sa cuisse, espérant pouvoir attraper sa dague. Voyant son geste, Kheryan empoigna sa gorge et commença à l’étrangler. L’homme s’agrippait désespérément à ses bras, lui enfonçant ses ongles dans la peau. Aveuglé par la peur et la colère, l’adolescent ne sentait plus la douleur. L’homme l’agrippait de plus en plus fort et ses bras finirent par tomber, sans force. Cependant, Kheryan ne le lâchait toujours pas, ses deux mains sur son cou.
- Tu peux le lâcher Kheryan… Il est mort maintenant… Tu l’as tué, dit la mère d’une voix triste en posant sa main sur son épaule pour le rassurer.
- Je ne voulais pas le tuer… Je voulais juste vous protéger, répondit-il plein de culpabilité en regardant ses mains tremblantes.
- Mais tu l’as tué Kheryan. Tu n’es qu’un meurtrier, cracha son amie. Tu ne vaux pas mieux qu’eux.
- Mais… je…
[ Il fut interrompu par un nouveau brigand qui entra dans la résidence. Celui-ci était beaucoup plus imposant que son camarade mort. Il était vêtu d’une simple tunique noire et d’un pantalon gris délavé. Ce qui marqua les trois personnes, c’étaient sa masse en bois imposante, rougit par le sang de ces victimes. Il n'en était pas à son premier coup. Il eut du mal a passé par l’embrasure de la porte, ce qui laissa le temps à Kheryan de se relever. Celui-ci tenait toujours sa blessure au ventre, ses jambes tremblaient et sa vue commençait à se brouiller. Le nouvel arrivant regarda le corps de son acolyte et claqua de la langue.
- Ha ! Ça lui f'ra les jambes à c'lui-là ! s'étouffa-t-il dans un fou rire. Première règle : Toujours s' méfier d'sa cible qui peut s' montrer hargneuse, finit-il dans un sourire sadique.
- Quoi ? répliquèrent, médusés, les deux adolescents.
Malgré sa carrure, le brigand était très rapide. Il n'attendit pas que Kheryan reprenne ses esprits et abattit sa massue sur l'épaule gauche du garçon. Surpris, celui-ci tomba raide sur le sol dû à la violence du coup. Ne sachant pas ce qui venait de lui arriver, il n’avait même pas hurlé sa douleur. Il ne bougeait plus et le brigand en profita pour prendre Lewlyn et sa mère en les tirants par le bras. Arrivé dehors, il les lâcha et leva son arme. Trop choquées par ce qui se passer, elles ne bougeaient plus.]
- J' vous préviens… Si vous tentez d' vous enfuir j' vous tus même si c’est contre les ordres. Dommage, t' es une bonne prise, dit-il d’un ton neutre en regardant Lewlyn.
- Qu’est-ce que vous allez faire ? demanda-t-elle apeurée en reprenant peu à peu ses esprits.
Il abattit son arme sur le bâti de porte en bois. Une partie de la maison s’effondra sur Kheryan tandis qu’il levait sa main droite ensanglantée pour tenter de rattraper son amie. Le hors-la-loi continua de s’en prendre à la maison jusqu’à ce que celle-ci ne soit plus que débris.
- Voilà c' que j' fais, comme ça il nous mettra plus d' bâton dans les roues.
- Vous n’êtes qu’un monstre !… Kheryan !... Kheryan !... Promet moi de venir me chercher !... Kheryan ! s’écria-t-elle en larme en se faisant emmener.
Sous les décombres, le jeune homme murmura le nom de son amie, impuissant.
***
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