Sujet d'imagination :

(Extrait de Balzac et la petite tailleuse chinoise, de Dai Sijie) Luo, le camarade de chambre du jeune héros, arrivant par hasard, le voit recopier le texte de Balzac et l'interroge sur les raisons qu'il peut avoir de le faire. Racontez de manière détaillée.

Consignes :

Votre rédaction devra comporter à la fois des passages de narration, de description et de dialogue argumentatif. Ils pourront se succéder ou se mêler.

Il sera tenu compte dans l'évaluation de la correction de la langue et de l'orthographe.

   Je pus exceptionnellement rentrer plus tôt.

"Enfin !" pensai-je.

   J'étais exténué.

   Heureusement, j'habitais maintenant dans un petit village non loin de mon lieu de travail. Une petite marche de dix minutes et me voici déjà à l'entrée de cette auberge, reconvertie spécialement pour nous, les ouvriers.

   Je montai au deuxième étage, non sans jurer contre ses escaliers grinçants, là où se trouvait la chambre que je partageais avec Kuru.

  Je n'eus pas besoin de chercher les clés car il se trouvait déjà à l'intérieur. Comme il était souffrant, j'essayai de faire le moins de bruit possible lorsque j'ouvris la porte, mais elle bloqua. Comme si quelque chose... Je donnai alors un grand coup d'épaule sur celle-ci qui s'ouvrit à grande volée, manquant de me faire tomber.

  Notre chambre était loin d'être luxueuse. Je dirai même qu'elle était dans un piteux état.

  Avec Kuru, nous avions délimité notre espace de vie pour ne plus nous empiler l'un sur l'autre, à l'instar des premiers jours. Nous nous étions aussi mis d'accord concernant les taches ménagères.

• Qu'est-ce que... ?

  Je n'en croyais pas mes yeux. On aurait dit qu'une tornade était passée dans notre dortoir. L'étagère, les tiroirs... Tout avait été renversé. Le peu d'affaire que nous avions était étalé par terre, même les précieuses feuilles que nous avions avaient été balayées par je ne sais quoi ou je ne sais qui.

  Mes yeux se posèrent sur Kurumashi.

  Il était assis, torse nu sur son lit. Sa veste en peau de mouton était retournée sur le côté lisse. Il avait aussi un stylo en main.

  Lorsqu'il me vit, il s'interrompit et me regarda de manière gênée. Comme un enfant pris en flagrant délit.

  Soudain, je le vis. Je vis ces pages blanches tachées d'une encre noir qu'il essayait tant bien que mal de cacher...

  Je bondis littéralement.

• Un livre ! C'est un livre ! criai-je en le lui arrachant des mains.
• Non arrête ! contesta-t-il se levant d'une traite en essayant de me reprendre son bien.
• T'es fou ? Tu veux qu'on se fasse expulser ou quoi ?!

Comment s'était-il procuré cet ouvrage ? Mais surtout qui le lui avait donné ?

Une quinte toux le força à reculer. Il se rassit sur sa veste avec fatigue.

J'ouvris mon sac et lui balança une bouteille d'eau.

Lorsqu'elle fût calmée, je me décidai à reprendre mon interrogatoire.

• Qu'est-ce que tu fous avec un livre bordel ?

Il ne répondit pas. Mes yeux se posèrent alors sur sa peau de mouton.

Des inscriptions étaient écrites dessus.

• Pourquoi t'écris sur ta veste ? demandai-je d'un ton un peu plus calme.

Kuru me la repris sèchement.

• Laisse... Tu peux pas comprendre.

Il repris son ouvrage et se remit à l'œuvre, me plantant là.

À quoi bon essayer de le priver de ça ?

Je le regarda du début jusqu'à la fin, écrire sur sa peau de bête.

Quand il finit, il se laissa tomber sur le dos, contre son lit.

• Laissez-moi être libre..., murmura-t-il avant de fermer les yeux.

Il s'endormit.

Je pris sa veste. On ne pouvait à peine distinguer ses mots...

• Sois libre, mon frère, dis-je avant de me coucher à mon tour et de m'endormir près de lui.