Partie 4
À la nuit tombée, Caméo reprit le chemin de chez elle. Elle avait ignoré tous les appels de Noa qui devait s'inquiéter de son absence à leur rendez-vous et avait pris soin d'éviter la zone du café. Elle se sentait vide. Elle n'avait pas la force de voir son ami, malgré les précieux conseils et le soutien qu'il lui aurait sûrement apportés. Elle se sentait désolée de le laisser seul à l'attendre, à se préoccuper d'elle mais son corps ne lui répondait plus vraiment : elle avait un inexplicable besoin d'être seule. Elle passa le pas de sa porte d'entrée et échangea quelques mots avec sa mère dans la cuisine : Noa était passé et voulait la voir. Elle inventa qu'elle l'avait appelé, que c'était réglé, puis elle monta sans même jeter un regard à sa mère qui, manifestement, flairait le mensonge. La seule chose dont elle avait besoin ce soir là était d'une bonne douche et d'une nuit de repos, où ses pensées seraient moins envahissantes que durant la journée. Mais le Destin refusait de lui laisser le moindre répit. Elle se glissa sous la cascade chaude de la douche et laissa l'eau envelopper sa peau nue, longtemps, assez longtemps pour que son esprit se noie et que ses préoccupations glissent sur elle et disparaissent avec le flot savonneux. Elle profita de longues minutes encore, elle se sentait déjà un peu mieux. Elle s'enroula alors dans une grande serviette et entreprit de se sécher. Ses idées lui semblaient un peu moins brouillées maintenant, et elle réalisa à quel point ces dernières quarante-huit heures avaient pu transformer toutes ses croyances, ses sentiments et son état d'esprit, pour toujours. Levant les yeux vers le miroir embué en face d'elle, la jeune fille osa se regarder, elle, et non pas dans l'espoir de voir une silhouette : ses bras minces constellés de petites gouttelettes translucides, sa peau rougie par la chaleur de l'eau, ses cheveux en filaments qui collaient à son visage… Elle releva les yeux vers son visage mais, au lieu de sa propre image, le miroir lui renvoya le reflet d'une chambre blanche et épurée. Tout y était silencieux. Caméo, abasourdie, détailla la scène. Dans un lit au centre de la pièce, il y avait la silhouette lumineuse, mais la jeune fille la remarqua à peine tant elle brillait faiblement. Un fil reliait la forme dorée à une machine et alors elle comprit qu'il s'agissait d'une chambre d'hôpital. Ses vêtements étaient posés sur une chaise et de l'autre côté, sur sa table de chevet, il y avait un téléphone portable, une lampe, un bouquet de roses rouges. Le même que celui de l'homme quelques heures plus tôt. Attachée à l'une des fleurs, une note manuscrite laissait voir en lettres tremblantes « Je t’aime Anna ». Alors que tout semblait calme et paisible, des médecins se précipitèrent soudain dans la chambre, s’affairèrent autour de la silhouette et un vrombissement résonna. A cet instant, l'image s'éloigna, disparut, et à sa place le miroir reflétait de nouveau le visage incrédule de Caméo. Elle se laissa tomber sur le sol, les yeux écarquillés. Sous le choc. Elle mit un moment avant de comprendre que le vrombissement ne s’était pas arrêté et que c’était bien son téléphone qui vibrait sur la céramique du lavabo. Elle l’attrapa sans même y penser et décrocha.
« Je t'ai attendue trois heures ! Tu te fiches de moi ? » La voix métallique de Noa transpirait de colère. Et elle se fit plus tranchante alors que son interlocutrice bredouillait des excuses.
« T'aurais pu me prévenir ! Je ne suis pas à ta disposition ! cracha-t-il, hors de lui. Et t'étais introuvable, injoignable, tu m'as laissé m'inquiéter pour toi !
Pardon, souffla Caméo encore sous le choc de sa vision sans trop savoir quoi dire pour rattraper la situation, mais il s'est passé tellement de choses… L'homme... Mon âme promise… Je l'ai revue… »
Un silence accusateur s'abattit. Ses pensées brouillées l'assaillirent de nouveau, tout se mélangea. Rien n'était clair. Le brouhaha en son for intérieur l'assourdissait. Aussi elle n'entendit pas que Noa pleurait. Il faisait de son mieux pour le camoufler, pour ne pas montrer qu'il était profondément blessé. Mais il se sentait terriblement mal, abandonné, ignoré. Et jaloux. Il formula dans un murmure :
« Et notre promesse ? » Caméo resta silencieuse. « Tu m'as juré que tu ne me laisserais pas tomber… »
Elle prit une grande inspiration en évaluant le poids des mots qu'elle allait prononcer :
« Je ne pensais pas que ce serait aussi important pour moi… »
Noa ne dit rien, pire, seule une tonalité lui répondit : il avait raccroché. De nouveau seule devant son miroir, Caméo n'osa pas lever les yeux vers son reflet. Il était difficile de démêler les milliers de sentiments qui la tiraillaient désormais. D'un côté, la culpabilité, la honte, une boule de regret qui bloquait sa trachée. De l'autre, l'espoir, l'euphorie, la curiosité, l'amour ? Son âme promise, Anna, était si près… Et Anna était en train de s'éteindre. Alors dans un sursaut d’urgence, malgré Noa, elle décida de poursuivre les indices de sa vision et enfila ses vêtements en quatrième vitesse. Le bouquet de roses laissé près du lit avait été acheté dans la petite boutique du fleuriste du quartier - puisqu'elle y avait croisé l'homme au chignon - donc son âme promise était ici, dans cette ville. Il n'y avait qu'un hôpital, et elle trouva rapidement l'itinéraire pour s'y rendre. Elle devait absolument la trouver, la voir, ressentir sa présence au moins une fois, avant qu'il ne soit trop tard et que toute cette folle histoire ne soit plus qu'un lointain souvenir. Que l’amour lui soit retiré et à nouveau inaccessible. Qu'elle soit seule avec son don qui la provoquerait malicieusement chaque fois qu'elle croiserait un regard. Portée par cette étrange force, elle sortit de chez elle en ignorant les interdictions et les cris inquiets de sa mère impuissante et s’enfuit vers l'hôpital. Elle ne pensa pas à la distance qui la séparait de son âme promise, ni au temps qui s'écoulait, ni à la nuit, ni au froid qui la transperçait, ni aux rares personnes qui la dévisageaient dans les rues, ni au fait qu'à cette heure il lui serait impossible de demander à voir Anna, et que même si c'était possible elle ne connaissait pas son nom complet pour retrouver sa chambre. Elle courait simplement, poussée par cet amour inexplicable - ou bien par la fierté d’avoir enfin droit à son âme soeur - vers un futur impossible à prédire. Il lui était impossible d'envisager même l'idée de ne pas trouver son âme promise. Elle continua à courir aussi vite qu'elle put alors même que son souffle lui manquait, et que ses jambes tremblaient. Toutes ces années, toutes ces silhouettes de lumière, tous ces gens qu'elle avait vu trouver le bonheur sans qu'elle y ait droit, toutes ces fois où elle avait cru trouver l'amour avant de déchanter face à une vision. Elle ne s'autorisa pas à ralentir en aperçevant que le but était maintenant tout proche. Comment ce serait quand Anna la verrait ? Son âme promise… L'Amour… Elle en avait tant rêvé. Elle parcourut en un bond les derniers mètres la séparant du bâtiment. À cette heure, elle ne pouvait accéder qu'au service des urgences alors elle s'y hâta, sans aucun plan en tête pour retrouver Anna. Mais elle n'eut plus besoin d'aucun plan à la seconde où elle pénétra dans l'hôpital. Il était trop tard. Elle n'entendit que les excuses plates et automatiques du médecin face à l'homme au chignon, avant de le voir s'effondrer sur le carrelage du hall. Le cœur de Caméo s'alourdit alors et les larmes brouillèrent sa vue. Elle était rouge d'avoir tant couru et son souffle lui manquait. Pourtant elle s'avança vers lui et, arrivée à son niveau, elle s'accroupit doucement, prudemment à côté de lui. Il ne la regarda pas et maintint le visage enfoui dans ses mains. Alors, elle posa une paume tremblante de fatigue et d'émotion sur son dos, il releva soudainement la tête, elle observa son visage baigné de larmes, il observa le sien. Il ne paraissait pas surpris de la voir. De sa main libre elle attrapa sa main, il tremblait aussi. Elle pleura plus fort encore, il avait perdu tout l'éclat de son regard. Elle le prit alors dans ses bras et il la prit dans ses bras en retour. Elle lui souffla « Je suis vraiment désolée... », il lui répondit « Je l'aime tellement... Elle va revenir... ». Elle secoua la tête «Non, je crois qu'elle s'est éteinte » et il murmura de nouveau « Je l'aime ». Je l'aime. Ce fut pour elle un électrochoc. Le coup de grâce porté à la prison dorée que son esprit avait forgé. C'était elle, l'âme promise d'Anna, et pourtant... Il y avait des mots qui lui brûlaient les lèvres et ils s'échappèrent sans qu'elle ne puisse, ni ne veuille les retenir :
« Personne ne l'aurait aimée autant que toi. »
Il releva la tête vers elle. Caméo prit soin d'éviter son regard, honteuse qu'elle était d'avoir laissé ses failles mettre autant de bazar dans sa vie. Par amour de l'Amour, elle avait été terriblement égocentrique. Et malhonnête. Envers lui en dénigrant la sincérité de son amour et en voulant l'évincer, envers Anna en la traitant comme un objet sans libre-arbitre, envers Noa… Elle le serra plus fort, et ce qu'elle ressentit fut indescriptible. Elle éprouvait sa souffrance. Toutes leurs peines semblaient s'entrelacer au creux de leurs bras. Ils avaient perdu l'Amour. Lui, Anna. Elle, toutes ses illusions et ses croyances sur lesquelles elle s'était construite. Cela aurait pu sembler puéril, mais il ne jugea pas. Ils étaient deux êtres qui voyaient tout autant leurs rêves leur être arrachés, à leur échelle. Elle ne desserra pas son étreinte alors qu'ils pleuraient comme deux enfants, agrippés l’un contre l’autre au beau milieu de l’hôpital, leurs larmes mêlées, sanglotant d’une même voix. Ils ressemblaient à deux jumeaux - séparés depuis si longtemps qu'ils étaient devenus des inconnus - qui se rassemblaient enfin. C'était exactement ce que Caméo ressentait à cet instant, et elle avait l’intuition qu’il ressentait la même chose. Ils restèrent de longues minutes enlacés et, quand leurs larmes séchèrent enfin, ils se relevèrent et se firent face. Le silence s'installa, agréable, il venait panser leurs plaies. Ils se regardèrent, avec la sensation qu'aucun mot ne pouvait décrire ce qu'ils venaient d'expérimenter. Une femme entra dans le hall en courant, elle avait les yeux rougis et l'allure de ceux qui arrivent d'un long voyage. Ses talons claquaient sur le carrelage. Là seulement, ils prirent à nouveau conscience du monde qui les entourait et la femme s’effondra dans les bras que Caméo venait de quitter. Ce devait être la mère d'Anna. Aussi la jeune fille recula par respect, silencieuse, et sortit de l'hôpital. Sa quête était finie. Elle n'avait plus rien à faire ici. Mais cela lui faisait terriblement mal…
« On était tous les deux dans la voiture, articulait une voix brisée derrière elle, mais elle est la seule qui part... » L'homme au chignon l'avait rattrapée. « Je sais qui t’es, je t'ai vue briller dans ses yeux il y a longtemps » lui avoua-il.
Il esquissa un sourire et son regard se ralluma l'espace d'un instant :
« Avant d’avoir cette vision, j’espérais que ce soit moi… Tu sais, j’espérais tellement… Mais je ne savais pas. Et puis quand j’ai su, j’ai prié pour que tu n’arrives jamais. Pourtant te voilà. T’es arrivée avec tes yeux pleins de larmes et j’y ai vu la dernière lueur d’Anna s’éteindre. Je suis désolé. J’aurais dû te chercher, c’était ton destin.
Quoi ? gémit Caméo en essayant de camoufler sa surprise, je ne comprends pas...
Bien sûr que tu comprends, puisque t'es là ! Toi aussi tu les vois, les âmes promises. »
Caméo se figea face à cette révélation. Il la prit par la main et la fit s'asseoir près de lui sur le rebord d'une fontaine. Elle l'observa. Ses yeux étaient noirs désormais, elle n'y trouva plus aucune lueur.
« C'est vrai, souffla la jeune fille, mais je n’ai vu la mienne que trop tard.
Pas trop tard, tenta-t-il, je crois… Anna sait, savait, pour les âmes promises, mais elle n'a jamais voulu que je lui dise quoi que ce soit. Elle ne voulait pas que je te cherche. Elle pensait que chaque chose arrivait précisément à l'instant où elle devait arriver. »
Caméo songea brièvement à Noa et se demanda si Anna avait choisi de refuser son âme promise. Choisi de préserver les sentiments de celui qui était important pour elle dans le présent. Ou bien si un quelconque instinct lui avait soufflé le rôle qu’elle aurait à jouer dans la vie de ces deux autres âmes jumelles. Bien que sa raison comprenait qu'il s'agissait de la première option, il lui était douloureux de l'admettre :
« Peut-être qu'elle savait beaucoup plus, risqua la jeune fille en levant les yeux vers la voie lactée, et qu’elle m’a menée vers un frère. »
Au-dessus d’eux, à cet instant, dans l’immensité vide et noire du ciel, une étoile filante jaillit. Un rayon fugace, une lumière dorée qui se refléta dans les yeux mouillés des deux semblables. Au beau milieu de la nuit, leurs larmes coulaient de nouveau, ils les acceptèrent, les séchèrent en regardant le ciel constellé de lumière. Nul ne pouvait dire combien de temps ils passèrent là, sans un mot, près l'un de l'autre, mais au bout d'un moment le ciel commença à s'éclaircir. Leurs ombres se détachèrent petit à petit de l'obscurité de la nuit. Caméo regarda du coin de l'oeil son compagnon sortir un paquet de cigarettes : il semblait plus serein, moins torturé. Il lui fit signe d'en prendre une, mais elle secoua la tête et posa de nouveau ses yeux sur les étoiles. Elles disparaissaient une à une tandis que le soleil pointait aussi elle se concentra pour les retenir, en vain. Le cliquetis du briquet rompit finalement le silence, puis l'homme s'éclaircit la gorge :
« Elle ne pouvait pas imaginer ce qui allait se passer, dit-il en soufflant un nuage de fumée. C'était un accident. Non, je crois surtout qu'elle voulait me protéger. »
Il aspira une nouvelle bouffée et laissa les volutes blanches s'échapper entre ses lèvres. Il avait repris la conversation le plus naturellement du monde, comme si le temps venait seulement de reprendre son cours, et la jeune fille fronça les sourcils pour l'inciter à développer :
« Ce don, c'est une prison. Une condamnation à une vie solitaire. A force de voir cet autre dans les yeux de la personne que tu aimes, cette silhouette qui pourrait surgir à tout instant et détruire tout ce que tu as construit… Eh bien tu as peur de construire quoi que ce soit. Pourquoi faire ? Ce n'est pas la femme de ma vie. » Il s'arrêta un instant pour fumer, le regard embué.
« Quand j'ai vu dans ses yeux que je n'étais pas sa destinée, j'ai voulu rompre. Je savais que d'autres nous attendaient, ailleurs. Mais elle a refusé. Elle voulait être avec moi, peu importe pour combien de temps, peu importe les autres, peu importe les âmes promises. Et moi aussi. » Il posa une main rassurante sur celle d'une Caméo tourmentée. « Je me souviens parfaitement des mots qu'elle m'a dit ce jour-là, en plantant son regard au plus profond de mon coeur : Le destin n'existe pas, tu as le dernier mot, toujours. » Il sourit en éteignant sa cigarette sur le bord de la fontaine. Elle l'imita en frappant de son pied un petit caillou du sol. Anna avait raison. Il avait raison. Elle était une idiote. Elle soupira et rougit de honte. A courir après son âme promise, elle avait blessé la seule personne qui comptait vraiment à ses yeux. La seule personne qu'elle aurait dû chérir. Celle qui était là ici et maintenant. Elle avait agi égoïstement, bloquée dans une illusion de conte de fées. Il devait être furieux après elle désormais… Elle avait le visage baigné de larmes tandis que son nouvel ami tenait sa main. Elle lui expliqua la situation. Il savait. Ils rirent : ils lisaient l'un en l'autre comme dans un livre ouvert. Alors il la poussa vers le chemin en souriant tout en l'encourageant à sécher ses larmes et à aller se reposer de toutes ces émotions. Elle se mit à marcher après avoir échangé un interminable dernier regard complice. Son nom lui était toujours inconnu, mais elle avait confiance, elle savait qu'ils se retrouveraient. Au moins pour s'échanger leurs noms. Elle marcha tranquillement pour profiter de l'air matinal, mais ne prit pas le chemin de chez elle : ses pas la guidaient vers le café où elle aurait dû avoir rencontré Noa la veille. Elle entra, s'assit à une table au fond de la salle, dos à la porte. À gauche, le comptoir climatisé regorgeait de gâteaux de toutes sortes, à droite une mère et sa fille se régalaient d'un chocolat chaud et devant elle, un grand miroir lui renvoyait l'image d'une jeune fille à la fois sereine et apeurée, rayonnante et triste, fière et honteuse. Elle attendit, les yeux fermés, elle prit le temps de ressentir tout ce qui venait à elle, chaque sentiment qui s'invitait, doux ou douloureux. Elle ne regrettait rien de ce qui venait de se passer, car elle avait trouvé quelqu'un de sa planète, car elle avait mûri, car elle avait démarré un voyage vers une meilleure version d'elle-même. Elle pensait à son père qu'elle comprenait et pardonnait désormais, à sa nouvelle femme et son petit frère, à toutes les personnes qu'elle savait âmes promises, à Anna - sa quête, à son frère de don qu'elle avait hâte de revoir, à sa mère qui avait dû tant s'inquiéter de la voir partir dans la nuit, à sa soeur qui parcourra un jour le même chemin… Une main chaude sur son épaule l'arracha soudainement à ses pensées. C'était un contact agréable, presque surnaturel. Elle ouvrit les yeux. À travers le miroir, elle se vit, assise devant une silhouette de lumière. Les vestiges de ses illusions tremblèrent. Anna ? Elle se retourna. Devant elle, avec de grands yeux inquiets débordant d'émotion, les cheveux ébouriffés de celui qui n'a pas dormi une seconde, l'expression indescriptible de celui qui aime, ce n'était pas Anna. Elle s'était liée par une promesse à quelqu'un d'autre. L'univers tout entier semblait acquiescer. Une dernière larme roula sur sa joue et refléta le plus rayonnant des sourires que Caméo n'ait jamais révélé :
« Enfin te voilà Noa ! J’ai tellement de choses à te dire. »
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