Chapitre 12 - SACHA
Je ne suis qu'un sale petit con prétentieux, et c'est maintenant un fait avéré.
Je viens de ruiner ma dernière chance de me faire pardonner à ses yeux, et tout ça pour quoi ? Parce que mon incapacité à m'écraser devant quelqu'un d'autre a refait surface au pire moment ? Parce que je n'arrive pas à contenir ce caractère qui présente tant de défauts ? J'ai en moi le sombre pressentiment que je ne la reverrai pas de sitôt, contrairement à Allen qui ne manquera pas de venir se venger à la moindre occasion. J'ai vu tant de haine dans ses yeux, tant de mépris, que je ne serais pas étonné qu'il dirige lui-même la récolte d'informations.
Quand j'entends une porte claquer au loin et que les derniers bruits de pas s'évanouissent, je sais que je suis de nouveau seul avec moi-même. Ai-je cessé de l'être seulement un instant ? Etre accompagné ne signifie pas simplement avoir une présence physique à côté de soi, mais surtout partager une relation avec quelqu'un qui vous comprend vraiment, qui sera toujours là pour vous. Si je croyais encore que j'avais une chance de connaître ce bonheur, cet espoir s'est définitivement éteint dès qu'Astrid m'a tourné le dos. Dès que j'ai su qu'il était trop tard. Dès que j'ai su que je l'avais perdue complètement.
À quoi bon lutter à présent ?
Je n'avais qu'un seul but, qu'un seul objectif : me faire accepter par l'Organisation pour m'éloigner le plus possible de mon père et ne jamais ressentir le contrôle de cette présence invisible dans ma tête. Mais surtout, je voulais pouvoir rester avec elle. Même si j'avais dû supporter sa haine, et sa rage de vengeance, je sais que j'aurais résisté jusqu'à ce qu'elle accepte de m'écouter. Et à ce moment-là... peut-être m'aurait-elle cru. Peut-être... Je ne sais pas vraiment ce que je cherchais en venant avec elle, en vérité. Je sais pourtant que cette proximité dont je rêve avec elle, cette amitié, cette relation privilégiée, elle n'aurait jamais été possible. Nous sommes trop différents, et puis, comment aurait-elle pu accepter de paraître en public avec un traître ? Elle me méprise. Ils me méprisent tous.
Et je me dis qu'ils ont raison, mais malgré cette conscience aiguë que j'ai de ma personnalité, je n'arrive pas à changer!
Toutes les horreurs que je viens de lui lancer à la figure alors même que j'étais censé la supplier de m'écouter en sont la preuve. Son regard blessé, complètement abattu, sa panique, son effrondrement, en sont la preuve. Ma solitude dans cette cellule, à présent encore plus cuisante, visible, palpable qu'avant, en est la preuve. J'ai finalement eu ce que je mérite pour de bon.
À quoi bon lutter à présent ?
Maintenant que j'ai tout perdu, l'Organisation peut bien m'arracher toutes les informations qu'elle veut. Je ne peux cependant que leur garantir une mauvaise surprise : d'après ce que j'ai compris dernièrement, je ne suis qu'un pion ignorant dans le jeu de mon père, de Christian Carren, et sûrement de la DFAO, encore plus ignorant que Willer lui-même.
Même si on aurait facilement pu le penser, je n'avais jamais ressenti un tel désespoir, une telle lassitude. Est-ce dans cet état d'esprit défaitiste que les gens vivent ici ? Ce serait plus que probable, vu la manière dont ils patinent sur place sans jamais parvenir à avancer dans leur quête. Je me demande même comment ils peuvent toujours lutter après toutes ces années d'échec. Nous les avons toujours tenu fermement en retrait jusqu'ici : le peuple n'est pas au courant de leur existence, aussi bien à Singapour qu'à Paris. Mieux encore, la situation est tellement sous notre contrôle que nous ne ressentons même pas le besoin d'alerter les autorités des autres villes. Seuls les différents Leader et la DFAO sont au courant pour l'Organisation. Mais est-ce vraiment mieux ainsi ? Que trafiquent vraiment les grands de ce monde dans leurs sphères privées ? On peut tout supposer... et en particulier que leurs efforts pour anéantir les rebelles, étouffer l'insurrection, n'ont pas pour seul but de protéger la population. Je me demande même comment j'ai pu croire mot pour mot à de telles justifications sans la moindre preuve. Mais en même temps, quelle preuve auraient-ils pu m'apporter ? C'est un système parfait, pour les excécutants, comme moi, qui restent dans l'ignorance, comme pour ceux qui donnent les ordres, et qui ne se mouillent ainsi jamais les mains.
J'interromps volontairement le cours de mes réflexions le temps de me traîner dans le coin opposé de la pièce, où je me roule en boule. Je n'ai plus aucun souci d'honneur et de fierté maintenant : j'ai déjà suffisament démontré mes défauts à Astrid. Je ne me sens même plus la force de résister au désespoir. Une question m'a toujours préoccupé, bien qu'en apparence, je sois resté sûr de mes choix : jusqu'où suis-je prêt à aller pour défendre mes croyances ? Obtenir ma vengeance ? Certes, il y a quelques mois encore, je croyais que je ne m'arrêterais jamais devant rien, mais plus les jours ont passé et plus cette conviction s'en est retrouvée ébranlée. La limite est devenue de plus en plus floue. Mais j'ai à présent la réponse à cette question, même si elle s'est transformée entre temps pour devenir : jusqu'où suis-je prêt à aller pour éviter le changement ? Pour rester le jeune homme prétentieux que les années et les évènements, non, que je me suis moi-même forcé à devenir ?
Apparemment, jusqu'à la perte de la seule personne qui ait jamais compté pour moi, en dehors de ma propre petite personne égoïste, égocentrique et assoiffée de puissance, bien entendu.
Jusqu'à la perte de la seule chose positive qui soit jamais tombée en travers de mon chemin.
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Un peu plus de chapitres que d'habitude pour me faire pardonner de ces longues absences à répétition!!!! Mais malheureusement pour vous, vous n'êtes pas prêts de vous débarasser de moi!! Je vous annonce officiellement que...
J'AI FINI LE TOME 2!!! Je travaille maintenant à l'écriture du 3, même si pour l'instant je n'ai du coup pas tout posté ici, mais je compte bien me rattraper dans les prochains jours, enfin j'espère xD Du coup voilà, tout ça pour vous dire cette petite nouvelle de nul, vous devez être bien déçus, mais je suis juste trop contente et je tenais à vous le dire!!! Un gros coeur sur vous tous, et un gros merci et un gros plein de bisous!!!! <3<3<3<3<3<3<3<3<3<3
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