Chapitre 12 - Latence - partie 1
- XII -
Latence
(partie 1)
J’ai passé trois mois à l’hôpital militaire de Londres, à me demander si j’allais me laisser mourir ou non. J’étais couché entre des draps trop blancs, dans une chambre stérile. Mon esprit était presque aussi déchiqueté que mon épaule, et je ne me battais pas.
Marie est venue me voir pour me secouer les puces et j’ai été odieux avec elle. Je lui ai lancé à la figure qu’elle n’était pas ma mère et que si je voulais mourir ça ne la regardait pas. Je lui ai dit toutes les horreurs du monde, je l’ai blessée profondément et je ne me le suis jamais pardonné. Toujours est-il qu’elle est sortie de ma chambre en disant que je n’avais pas le pouvoir de l’empêcher de m’aimer. Elle m’a claqué la porte aux mots et c’est bien tout ce que je méritais. Au revoir Marie, Bonjour Tristesse.
Ma Québécoise préférée a eu le courage de me mettre au pied du mur, et il était temps. Le lendemain de sa visite éclair et orageuse, j’ai réalisé que je glissais sur une mauvaise pente, et j’ai décidé de la remonter, lentement mais sûrement. Je n’ai pas tout de suite déployé des trésors d’énergie, mais j’ai peu à peu recommencé à manger et à dormir. Et au bout du tunnel, je voyais les sourires radieux de mes filles.
Et puis un jour, l’infirmière a débarqué dans ma chambre avec une enveloppe à la main. Mon cœur a fait un bond, parce qu’il avait reconnu l’écriture de Catalina.
J’ai lu cette lettre comme du petit lait.
Annotations