Chapitre 15 - Alliance

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Alliance

Catalina nous a déniché un appartement fantastique au creux d’un petit quartier douillet sans paillette ni trompette. Notre seul luxe était une vue lointaine mais revigorante sur la Méditerranée. Et nous nous sommes installés doucement dans un quotidien feutré.


Les filles ont quitté sans trop de regrets leur ville natale et leur classe internationale. Elles se sont facilement acclimatées au rythme cannois et à l’école du quartier : Manon a trouvé plein de copains pour jouer au foot et Esméralda plein de copines pour jouer à la poupée. Le plus dur pour elles comme pour nous fut de quitter Diego et Fatou : la fin de notre cohabitation signa la fin d’une époque et le début des factures téléphoniques à rallonge.


Puis la nouvelle ère est née dans un sourire nocturne de Catalina, à la fin du mois d’octobre. Elle a pris ma main et son air mystérieux, et elle m'a inondé d'un baiser qui tremblait de joie. Ensuite elle m'a annoncé qu'elle était enceinte, le bonheur la faisait rire comme un astre et je me suis retrouvé tout ému dans ses bras.


La grossesse ne fut qu'espérance, aussi merveilleusement longue que terriblement courte. L’Enfant des Lumières est né sous la lune du 21 juin. Nous avons souhaité qu’il porte la gloire de la Hongrie et le tsar de la Russie, et nous l’avons appelé Attila Nikolaï.


Ses sœurs furent impitoyables et décrétèrent qu’il était tout rouge et tout ridé. L’amour est aveugle et elles n’ont pas vu tout de suite comme leur petit frère s’annonçait beau. Mais elles ont très vite changé d’avis devant sa risette épanouie comme un air de musique. Mon fils est né joueur et rieur, avec le regard noisette et oriental de sa mère et le teint olive et corse de la mienne. Et il est devenu la précieuse et malicieuse prunelle des jolis yeux de mes jumelles.


Quelques semaines après la naissance d’Attila, sa mère et moi nous sommes présentés tout chose et tout roses devant le maire de Cannes. Catalina portait une petite robe brodée de Bohême et elle était belle comme tout l’amour que j’avais pour elle. C’était un beau jour de pluie et le soleil s’est ancré dans ma vie.


Et jamais je n’oublierai la fierté et la sérénité que j’ai ressenties la première fois que je l’ai entendue se présenter sous le nom de Catalina Karenine.

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