Le rencard [1/2]
Cela faisait deux bonnes heures que j'étais en train de regarder le magnifique plafond blanc de ma chambre à me questionner sur ce qu'il s'était passé un peu plutôt. Pierre est mon meilleur ami, et même s'il est vrai que depuis que j'ai appris qu'il n'est pas hétéro ma vision de lui à changé. J'ai du mal à m'imaginer avec. D'un autre côté, le baiser avec lui a été incomparablement plus puissant que les rares autres que j'ai pu avoir avec des garçons. Mais je n'ai pas envie de gâcher mon amitié avec lui pour une possible relation. J'ai continué à me massacrer l'esprit toute la soirée et avant de m'endormir, ma décision était prise.
Le lendemain, lors du cours d'anglais, Dylan me demanda :
— Alors, ce week-end ?
Cette question me mit assez mal à l'aise, car même si je savais qu'il ne savait rien, j'ai senti que je rougissais fortement.
— Oh, euh, bien... c'était sympa écoute, on a passé un bon week-end entre potes, dis-je avec un sourire presque forcé.
— Hum, ok.
Sa phrase raisonna avec un léger amusement, sûrement à cause de ma réaction peut-être un peu trop prononcée.
L'heure passa rapidement, et, une fois celle-ci terminée, je me suis empressé dans la cours pour aller voir Pierre. J'ai attendu quelques minutes qu'il sorte de son bâtiment pour le prendre par le bras et l'emmener dans un coin tranquille. Une fois devant lui, il faut le dire toute mon assurance a disparu.
— Tu veux me dire un truc ? dit-il légèrement inquiet.
— Oui.
J'essayais de faire des phrases dans ma tête, c'est alors qu'il me sortit de mes pensées :
— Alors ?
— Oui, bon... Par rapport, à tu sais, le....
— le baiser ? me coupa-t-il.
— Oui...
Son visage prit un air un peu plus inquiet.
— Ah, je comprends, je suis désolé de to...
— Non, t'excuses pas au contraire, j'ai bien aimé, dis-je en passant ma main sur ma nuque.
Un sourire revint sur son visage et il continua :
— Moi aussi, j'ai bien aimé.
— Oui, et c'est pour ça que je me disais qu'on pourrait essayer...
— Tu veux dire ?
Je fis un oui de la tête et j'ai continué.
— enfin pas sortir ensemble, mais l'étape avant tu vois, pour voir si ça marche.
— Oui oui, t'inquiètes.
Il paraissait très excité et avait du mal à tenir en place.
— Du coup, continua-t-il, vu qu'on n'a pas cours mercredi après-midi, tu veux te faire un ciné, je sais, c'est cliché, mais bon.
— Avec plaisir.
La sonnerie retentit dans la cours, et la masse d'élèves présente dans celle-ci commença à se déplacer.
— Bon bah, on doit se laisser, dit-il.
Il m'embrassa sur la joue et partit en sautant de joie vers son cours.
Après être resté sans bouger pendant une dizaine de secondes sentant mes joues passer d'un rose pâle à un petit rouge, je me suis décidé à rejoindre mon cours. Le reste de la journée s'est bien passé. Pierre et moi avons continué à faire comme avant, mais il y avait un truc un plus : des regards, des petits coup de pied s'échangeaient quand nous étions ensemble. Un rien, mais cela changeaient tout.
Plus le temps avançait plus j'avais avec à être mercredi. Le mardi soir, en rentrant des cours, je suis allé voir mon père dans l'espoir d'obtenir quelques euros pour pouvoir me payer cette petite sortie. Je me suis donc rendu dans son bureau, qui est en réalité un bureau posé dans le salon avec un paravent, et l'ai enlacé au niveau de la nuque. Il enleva ces lunettes et dit :
— Romain, la dernière fois que tu as fait ça, tu avais brisé la baie vitrée avec une balle.
— J'avais neuf ans ! Et ne t'inquiète pas, je n'ai rien cassé, enfin pas encore.
— Bien, qu'est-ce qu'il y a alors, dit-il en faisant pivoter sa chaise pour être face à moi.
— Alors hypothétiquement, et je dis bien hypothétiquement, est-ce qu'il y aurait la possibilité d'avoir dix euros ?
— Hum, d'accord, et hypothétiquement toujours, ils te serviraient à quoi ?
— Je ne sais pas, aller au cinéma par exemple.
— Oui, je vois, et dans cette hypothèse, ce serait avec ?
— Pierre.
Un petit sourire se fit voir sur le coin de ses lèvres et il continua :
— Bien dans ce cas, je vais plutôt te donner quinze, tu t'achèteras du pop-corn.
— Oh super ! Merci papa.
Il se tourna, prit son porte-feuille et me tendit l'argent. Je pris celui-ci, fis une bise à mon père pour le remercier et suis allé dans ma chambre afin de ranger précieusement mon gain. Le reste de la soirée s'est passé paisiblement, même si mon impatiente devenait de plus en plus grande. Avant de me coucher, on a passé avec Pierre une bonne heure par message à choisir le film que l'on irait voir : lui voulait voir un film d'horreur, étant donné que je ne peux pas passer plus de cinq minutes devant se genre de film, j'ai plutôt proposé un film d'action ou autre. On a fini par se mettre d'accord sur le fait que le guichetier choisira parmi deux films le moment venu.
Le lendemain matin, alors que j'étais cours d'anglais Dylan se pencha et me dit :
— Alors tu sors avec Pierre.
— Quoi ? Mais non !
— Je sais, t'inquiètes, il m'en a parlé.
— Ah, et il t'a dit quoi exactement.
— Hum, vous êtes dans ce que j'appellerai un flirt. Et j'ai aussi appris que t'étais un trouillard en ce qui concerne les films, dit-il en riant.
— Ce n'est pas mon truc, c'est tout, répondis-je en riant également.
Nous avons ri un peu trop fort apparemment, car notre magnifique professeur nous rappela à l'ordre.
— Mais bref, ça fait un moment que tu l'attires, tu sais.
— Ah bon ?!
— Oui, mais ça, je te laisse voir avec lui, me dit-il avec un clin d'œil.
J'ai bien essayé d'avoir quelques infos en plus, et on peut le dire, je ne suis pas un bon négociateur. Il n'a rien voulu lâcher, pas le moindre mot. Ce qui soit dit en passant me rajouta un léger stress pour ce rendez-vous proche. Le reste de la journée, c'est bien passé, une fois mes cours finis à quatorze heures, je suis rentré chez moi et j'ai commencé à me préparer pour ma sortie quatre heures plus tard. Ma douche prise, chemise blanche et jean noir mit et en plus une petite touche de parfum, je décide de descendre afin de manger un petit bout avant de partir. Une fois dans ma cuisine, je me prépare un sandwich vite fait et le mange-tout en regardant une vidéo sur mon téléphone. Une fois fini, je sors et me dirige vers mon vélo quand une voix m'interpelle.
— Et ta veste ?
Je me retourne et vois ma mère qui tient dans sa main mon blouson en cuir.
— Ça va, il fait bon.
— Pour l'instant, dit-elle tout en descendant les deux marches devant la porte.
Je soupire bruyamment et m'avance vers elle en traînant le pas. Une fois à son niveau, je prends la veste et l'enfile avec une nonchalance presque provocatrice et commence à repartir vers mon vélo, c'est alors qu'elle met une main sur mon épaule et me demande de revenir.
— Quoi ?
— Tu cocottes.
— Pardon ?
— T'as mis trop de parfum, dit-elle en souriant. Tu vas voir qui ?
— Ce n'est pas ce que tu crois, je vais juste au ciné avec Pierre.
Elle esquissa un sourire me fit une tape sur la joue et me laissa partir.
Je suis monté sur mon vélo et me suis dirigé vers le cinéma à une vingtaine de minutes en allant vite. Trente minutes plus tard, j'arrive devant celui-ci et accroche mon vélo à une barrière avant d'envoyer un message à Pierre pour savoir où il est. Celui-ci me répond dans la minute étonnée que je sois là si tôt, 17H47 alors que le rendez-vous est à 18h00, je trouve ça logique, être à l'heure, c'est être en retard ! C'est donc comme ça que j'ai attendu une bonne trentaine de minutes avant que je n'aperçoive la voiture du père de Pierre arrivée. Les deux sortent de la voiture et je m'avance vers eux. Je salue Pierre d'une bise et son père d'un serrage de main. Nous entamons alors une petite discussion sur quel film allions-nous voir, mais aussi les cours en ce moment, etc. Puis au bout de dix minutes environ, Pierre nous fait remarquer que la séance commence à 18h30 et qu'il ne reste donc que quelques minutes. Nous saluons tout deux Louis, quand celui-ci fut enfin parti, Pierre me prit par la main me regarda et me dit d'une voix douce :
— Tu viens ?
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