L'anniversaire [1/2]
Le lendemain, alors en cours d'anglais, Dylan me posa bon nombre de questions sur ce petit rencard. Ce à quoi je me suis contenté de répondre de façon basique pour titiller sa curiosité, et de toute façon, je sais que Pierre va lui en parler aussi. Lors de la pause de dix heures, Pierre et moi étions posé dans un coin calme de la cours, c'est alors que j'ai senti qu'il voulait me demander un truc :
— Pierre ? dis-je en mettant ma main sur la sienne.
Il me regarda semblant attendre que je continue.
— Tu veux me dire un truc, nan ?
— Oui, dit-il en souriant.
— Je t'écoute.
— Bien la semaine prochaine c'est la vacance.
— Oui ?
— Et mardi, c'est ?
J'ai donc compris qu'il y avait une date à retenir derrière cela.
— Alors mardi...
Je me suis alors plongé dans mes pensées pour trouver ce qu'il y avait ce fameux mardi.
— Ton anniversaire ? repris-je avec une petite appréhension.
Il sourit alors avant de me serrer dans ses bras, et me dit avec une voix presque niaise :
— Oui, c'est ça.
— 18 ans, ça se fête quand même !
— Oui, et mes parents veulent que tu viennes, je veux aussi au passage.
— Je pense que ça peut se faire, dis-je en souriant, il faut juste que j'en parle à mes parents.
La sonnerie retentit dans la cours, Pierre se leva et me dit en même temps qu'il partait.
— Ok, tu me tiens au courant.
Le reste de la journée s'est bien déroulé. J'ai passé ma soirée à réfléchir à un cadeau qui plairait à Pierre, mais je n'ai rien trouvé, ces groupes préférés : il a tout. Livre : il faut que celui-ci le passionne, et au vu de sa bibliothèque et des six livres qui se battent en duel, c'est très rare. J'ai donc décidé de demander de l'aide à Dylan qui passe aussi beaucoup de temps avec lui.
Le lendemain, à peine arrivé au lycée, j'ai foncé sur celui-ci.
— Dylan ! J'ai besoin de toi.
Celui-ci me regarda interloqué. Il fit signe à ses amis qu'il revenait, et il commença à marcher.
— Oui ?
— Mardi, c'est l'anniv de Pierre.
— Oui, je sais.
— Et je sais pas quoi lui offrir...
— Hum, oui, je vois. Perso, je vais lui donner 20 balles, mais au vu de votre relation, tu peux pas te contenter de ça, dit-il en rigolant.
— Non, en effet.
—T'as pensé à un bracelet ou un truc du genre ?
— Ah non, c'est pas bête. Je vais y réfléchir merci !
— Au plaisir.
Il me salua et repartit voir ses amis. J'ai passé la journée à chercher discrètement sur internet un bracelet sympa pour Pierre. En fin de journée, j'ai trouvé le bon, je suis donc descendu voir mon père pour lui demander la permission d'aller à l'anniversaire, et demander un petit financement. Une fois arrivé dans le salon/bureau, je me suis dirigé vers lui.
— Salut papa ça va ?
— Bonsoir Romain, fatigué de ma journée et toi.
— Moi ça va bien.
— Bien alors, tu voulais me dire quelque chose ?
— Oui, mardi, c'est l'anniversaire de Pierre.
— Tu veux y aller, c'est ça ?
— Oui.
— Je vais en parler à ta mère à table ce soir. Et pour le cadeau ?
— J'avais pensé à ça, dis-je en lui montrant l'image du bracelet sur mon téléphone.
— Vraiment pas mal, et le prix est raisonnable. Il te reste combien de ton argent de poche.
— Cinq, je crois.
— Aller, je vais te le payer.
— Oh merci papa, mais t'es pas obligé, je te donne ce que j'ai et je te rembourse plus tard.
— Nan, ça me fait plaisir.
Je l'ai remercié une dernière fois en le serrant dans mes bras, et nous nous sommes occupés de l'achat du bracelet. Une fois à table, mon père parla de l'anniversaire de Pierre. Ma mère a commencée à montrer une assez grande opposition avec comme argument la peur que ce qu'il s'est passé au début d'année recommence. Il faut avouer que le fait qu'elle puisse penser ça de Pierre m'a un peu blessé, même s'il est vrai qu'elle ne l'a jamais vu. Je suis donc allé me coucher avec un refus de ma mère, mais avec la promesse de mon père qu'il allait convaincre ma mère. J'ai partagé mon inquiétude avec Pierre avant de me coucher, il me répondit qu'il comprenait un peu ma mère, mais qu'il espérait de tout cœur qu'elle change d'avis.
Le samedi matin, j'ai commencé mes vacances par la tache pénible de commencer mes devoirs pour la rentrée. Je sais que si je ne les commence pas le premier jour, je ne ferai rien et je me retrouverai le dimanche soir à 23h en train de finir mes devoirs. La première partie de mes devoirs finie, il est 13h et ma mère m'appelle pour manger. Une fois à table, elle me fait part de la discussion qu'elle a eu avec mon père la veille. Malgré ces craintes, elle faisait confiance à mon père qui lui a dit qu'il avait confiance en mon jugement de Pierre. Et donc qu'elle voulait bien que j'aille chez Pierre mardi. J'ai remercié ma mère, et suis directement après le repas allé avertir Pierre de la bonne nouvelle. Les jours qui suivirent ont été sans grand intérêt, Pierre à plusieurs reprises a voulu connaître son cadeau sans succès. D'ailleurs, celui-ci arrive in extremis le mardi matin par la poste.
Mon père me déposa devant chez Pierre à 16h. Sa mère l'invita à boire un café, ce qu'il accepta. La conversation est assez vite devenu inintéressante, du genre boulot et cétéra. Pierre est moi sommes donc allé dans sa chambre. Une fois dans celle-ci, j'ai posé mes affaires dans un coin, et je me suis allongé sur le lit. Pierre m'a rejoint juste après.
— Alors le programme ? lui demandais-je.
— Je sais pas encore, enfin pas tout.
— C'est-à-dire ?
Il tourna la tête vers moi et me dit avec un sourire :
— Tu verras.
— Tu m'inquiètes, mais ok.
C'est alors que j'ai entendu mon père du salon m'avertir qu'il partait. Nous nous sommes donc levés pour le rejoindre lui et les parents de Pierre. Je l'ai raccompagné jusqu'à sa voiture, avant de monter dans celle-ci, il se tourna et dit avec un petit clin d'œil :
— Sois sage, et pas trop de bêtise avec ton "copain".
— PAPA !
— Rho ça va, on rigole, profite bien et dis moi quand je viens te chercher.
Il monta dans sa voiture et partit.
J'ai rejoint Pierre et ses parents, nous avons parlé quelques minutes encore ensemble, avant que Louis retourne dans son bureau pour finir ses papiers, et Christelle aille étendre du linge. Pierre et moi sommes retournés dans sa chambre. Je me suis assis sur sa chaise de bureau tandis que celui-ci se remit sur son lit :
— Et sinon, tes parents, ils sont au courant depuis quand ? lui-demandais-je.
— Pour ?
— Qu'on "flirt", dis-je en faisant les guillemets avec mes doigts.
— depuis le jour où t'as proposé, ria-t-il.
— Hum ok, et je te plais depuis quand ?
— oula, longtemps ahah.
— Et tes parents savaient aussi ça.
— Oui, répondit-il avec un teint légèrement plus rouge.
— Je le sentais un peu ahah.
— Ouais, je suis pas très discret. Et toi, ils le savent depuis quand ?
— Ma mère sait pas encore, mon père lui a deviné.
— Toi aussi t'as des progrès à faire alors. dit-il en rigolant.
Nous avons tous les deux rigolé puis nous avons repris notre conversation.
— T'as l'air de bien t'entendre avec ton père quand même, reprit-il.
— Oui, je pense qu'il essaie aussi de rattraper le coup de mon CO.
— CO ? dit il avec une tête interloquée.
— Coming-out, au début, c'était assez compliqué.
— Je crois voir ouais.
— Toi tes parents l'on bien prit.
— Ouais même mieux que moi ahah. Ils s'en doutaient.
— OK.
Nous avons continué à parler pendant une trentaine de minutes, avant que Christelle nous demande si nous voulions l'aider à préparer le repas. Ce que nous avons très vite accepté. Nos mains lavées, nous nous sommes attelé Pierre et moi à la préparation d'une purée de pommes de terre maison. Un peu, plus tard, alors que Pierre et moi débâtions sur le sens optimal pour mélanger le lait et le reste. Son père entra dans la cuisine.
— Ça sent bon, qu'est-ce que vous faites de bon ? dit-il.
— Rôti de porc et purée, répondit Christelle.
— Ah, très bien, ça va être super, je le sens.
— Oui. Tu as pris quoi comme gâteau pour le dessert ?
— Oh euh, eh bien... je reviens.
Il prit sa veste accrochée sur le porte-manteau, sortit dehors prendre sa voiture et partit. Nous avons tous les trois éclaté de rire. Mais nous nous sommes rapidement remis à la tâche. Louis revint une dizaine de minutes plus tard avec une boîte blanche. Il rentra dans la cuisine essoufflé :
— Je suis arrivé à la fermeture. Un bavarois à la fraise ça vous ira ?
Nous avons tous les trois acquiescé, et il mit la boîte au frais. Notre partie du repas terminé, nous avons mis la table avec Louis. Celle-ci mise, il sortit 4 verres et une bouteille de crémant. Il en servit deux et dit :
— Un verre les jeunes ?
— Pourquoi pas, dit Pierre.
— Bon, bah moi aussi alors, ai-je dis.
Il servit les deux autres verres et nous les tendit. La mère de Pierre nous a rejoints avec le repas juste après. Nous avons triqué aux 18 ans de Pierre, puis nous sommes passés à table. Le repas fini et les bougies soufflées, il est venu le temps des cadeaux. Les parents de Pierre lui ont offert une enveloppe avec cent euros et plus tard le code et le permis. J'ai à mon tour sorti le petit paquet de ma poche et lui ai tendu en disant :
— C'est pas grand-chose, mais c'est déjà ça.
Il prit le paquet et sortit le bracelet en cuir orné d'une petite plaque sur laquelle figure ces initiales.
— Merci Romain, t'étais pas obligé, tu sais.
— Ça me fait plaisir.
Il se pencha et m'embrassa sur la joue, puis il mit le bracelet à son poignet.
Les cadeaux terminés, nous avons débarrassé la table et mîmes la vaisselle dans le lave-vaisselle. Les parents de Pierre nous on fait savoir qu'ils étaient fatigués et allaient aller se coucher, mais que nous pouvions regarder un film si nous le voulions. Pierre prit ma main à ce moment et dit :
— Nan, on va aller dans ma chambre aussi pour pas déranger.
Et il commença à me tirer. Nous avons salué de loin Louis et Christelle, et nous sommes donc allés dans sa chambre. Une fois dans celle-ci, il me poussa sur le lit et se mit à côté de moi. C'est alors qu'avec son visage a à peine quelques centimètres du mien, j'ai voulu l'embrasser moi pour la première fois, mais il me coupa net en mettant sa main sur ma bouche et dit :
— Pas maintenant.
Annotations
Versions