C'était un jour d'été. Je me souviens, du soleil, du ciel sans nuages, de la chaleur, de l'odeur particulière qui hantait mes narines.

C'était un mardi. Je devais aider ma mère avec ses élèves pour la rentrée. J'étais là, entourée d'enfants, insouciante parmis tous ces êtres joyeux.

C'était un après-midi. Je me souviens du moment où mon regard a dérivé. La tête embullée dans mes pensées je naviguais sur des mers insoupçonnées. Puis, avec la douceur d'un rêve j'ai rencontré son regard. J'ai cru m'être pris un éclair dans le ventre, je me souviens de la décharge électrique qui a parcouru mon corps et mon coeur. Je me souviens perdre la respiration sans pourtant chercher à la retrouver. Je coulais de l'interieur, je n'étais qu'une pierre noyée dans l'océan de ses yeux. Je me souviens avoir tout oublier, mon nom, mon âme. Tout ce qui m'importait c'était ses yeux. Des perles rares, le trésor du néant et des cieux. Je ne vivais que pour eux. Sans m'en rendre compte j'avais lâché la petite main de l'élève venu me demander si j'avais vu son sac. J'étais devenu aveugle du monde, sourde de la terre et muette des cieux. J'étais devenu rien, j'étais devenu tout.

Puis, avec la douceur d'une caresse de brume elle détourna le regard. Je suis morte de l'interieur. La fleur qui avait commencé à germer au creux de mon ventre se mit à pourrir. Je me remis à respirer mais mon âme m'avait quitté. Alors, avec la sensation que je devrai lui courir après car ma vie en dépendait, je me suis tourné vers la petite fille, je lui ai indiqué le banc au fond de la salle et j'ai jeté un coup d'oeil à la silhouette qui avait emporté mon âme sans s'en rendre compte.