(Ecrit pour un concours sur une autre plateforme avec des mots imposés (en gras) où j'ai remporté la première place)

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Doucement. Un peu plus. Voilà. Surtout ne pas regarder en bas. Le regard vers l'horizon, une jeune femme traversait un précipice en marchant sur un tronc d'arbre étendu entre les deux bords du gouffre. Si son pied glissait, elle ferait une chute d'une bonne centaine de mètres. Elle inspira calmement et fit un dernier pas pour rejoindre l'autre côté du ravin. Elle s'arrêta un instant pour faire descendre son rythme cardiaque. Elle se trouvait sur un haut plateau, accessible seulement par le tronc qu'elle venait de traverser. Les arbres y étaient majoritaires et le printemps naissant donnait aux feuillages une belle teinte verte pâle. De jeunes fleurs étaient également présentes et apportaient une jolie touche de couleur au tableau.

La jeune femme portait une veste légère verte, un pantalon marron, épais et fonctionnel ainsi qu'une paire de bottes. Un piolet était attaché à sa ceinture et reposait le long de sa cuisse gauche. Elle avait un sac à dos, duquel elle sortit une bouteille d'eau pour en boire quelques gorgées. Elle avait également un arc et un carquois sur l'épaule droite, elle ne le quittait plus depuis les événements sur l'île Yamatai. La jeune femme possédait de longs cheveux bruns, ramenés en une queue de cheval. Il s'agissait de Lara Croft, jeune archéologue britannique. Et aujourd'hui, elle était sur les traces d'un temple perdu dans la vallée du Singe, au Chili.

Lara se remit en route et s'enfonça sous le couvert des arbres. La végétation était dense à cet endroit. Le plateau était très haut sur la montagne, elle avait dû escalader à même la roche sur une portion du trajet. À moins de posséder un hélicoptère, il n'y avait aucun moyen de grimper par ici, et encore, il y avait trop d'arbres pour se poser correctement. Lara sortit un petit carnet de son sac, il s'agissait de celui de son père, lui-même grand archéologue et chercheur de trésors avant sa mort. Elle avait retrouvé ce carnet consignant toutes ses théories peu après Noël en rangeant les tiroirs du bureau de son père. Cela n'avait pas été évident de le déchiffrer, Richard Croft avait une écriture épouvantable, un vrai carnage. Il y faisait mention d'un ancien temple, supposé disparu, dans la forêt chilienne. Un voile mystérieux entourait l'édifice que les légendes locales disaient capable de disparaître totalement dans la nature. Comme si un bâtiment de cette taille pouvait s'effacer de la même manière qu'un message dans le sable. Cela avait intrigué la jeune femme et elle s'était mise en tête de retrouver ce temple fantôme.

Elle jeta un coup d'œil à la carte griffonnée sur le carnet, selon les indications notées par son père, le temple ne devait plus être loin. La position du temple se trouverait sous la constellation du Compas(Circinus en latin) un petit regroupement d'étoiles près de la constellation du Centaure. La jeune femme marcha de longues heures dans la jungle, s'enfonçant de plus en plus dans la montagne. Elle s'arrêta aux alentours de midi près d'un petit ruisseau, elle s'assit sur une pierre et sortit de son sac rebondi de quoi manger. Une fois sustentée, elle s'assura de refermer correctement son sachet de nourriture, la nature était trop belle pour servir de poubelle puis elle se remit en marche. Elle se permettait des petits arrêts pour griffonner ses impressions ou dessiner des plantes qui lui étaient inconnues dans son propre carnet.

Arrivée en surplomb d'une clairière de grande taille, la jeune femme observa l'endroit. Un coup d'œil sur son téléphone satellite lui confirma qu'elle avait atteint les bonnes coordonnées. Mais il n'y avait rien dans la clairière. C'était étrange. Des lianes couraient sur le sol quelques mètres plus bas. Une forte bourrasque de vent ébouriffa ses cheveux et la jeune femme fronça les sourcils. Non pas à cause de la température mais d'incompréhension. Car la bourrasque venait du sol et se dirigeait vers le haut. C'était impossible ! À moins que... La jeune femme choisit de descendre prudemment le long de la paroi rocheuse pour rejoindre le sol. Le tapis de lianes ne lui inspirait pas confiance. Elle s'aida de son piolet pour trouver des bonnes prises. Une fois arrivée au niveau du sol, à peine trois mètres plus bas, elle se colla comme une ventouse à la paroi rocheuse et tenta de poser un pied sur le sol. Il passa à travers les lianes et ne rencontra rien de tangible. Lara avait vu juste, elle continua sa descente prudemment. Une vingtaine de mètres en contrebas, elle put s'arrêter sur la terre ferme. Et sous ses yeux, le temple était là. Elle leva la tête, un ciel de lianes, courant entre les deux extrémités de la cuvette avait rendu le temple invisible aux yeux des gens le cherchant. La jeune femme sourit, ravie de sa découverte. Elle s'assit alors par terre et entreprit de dessiner l'ancien temple dans son carnet.

« Il vaut mieux ne pas faire le voyage que s'arrêter en chemin.»

Michel Polac