L'amour fou
Je connais Julie depuis déjà deux ans. Le temps passe vite quand on est heureux au contact de quelqu’un. Sa joie de vivre et la force dont elle fait preuve au quotidien m’inspirent et me motivent. Je ferais tout pour elle.
J’essaie de toutes mes forces d’être à la hauteur. Je viens la voir à chacune de ses représentations de spectacle, je viens sur son lieu de travail à la fin de sa journée, je lui écris des lettres d’amour, je lui fais des cadeaux… bref, j’essaie d’être le petit ami qu’elle mérite.
Parfois, j’ai l’impression qu’elle n’estime pas mes efforts à leur juste valeur. Il lui arrive de s’emporter contre moi, d’être injuste. Elle n’a jamais voulu me présenter ni à ses amis ni à sa famille. De manière générale, elle a très peu d’égards pour moi. Elle me donne de minuscules preuves d’amour, par-ci, par-là… juste ce qu’il me faut pour me garder à sa disposition. Quand il m’arrive d’y penser, je me dis qu’elle a un côté manipulateur. Malgré tout cela, je l’aime de tout mon être.
Aujourd’hui, Julie m’a blessé. Elle s’est emportée contre moi. Elle m’a dit froidement qu’elle ne m’aimait pas, que je ne signifiais rien pour elle. Elle a aussi ajouté qu’il fallait que je la laisse tranquille, que je ne devais pas lui écrire ou l’appeler. Comment peut-elle me rayer de sa vie aussi subitement ? Elle n’a pas de cœur !
Selon les médecins, selon la police et selon Julie, ce que j’ai fait est mal. Qu’y a-t-il de mal à aimer une personne aussi fort que je l’aime ? Je l’ai suivie sur son lieu de travail, à ses spectacles ; je l’ai surveillée chez elle. Je le reconnais. C’était pour son bien, pour la protéger. D’ailleurs, c’était elle-même qui le demandait ! Elle postait des stories d’elle avec des lieux facilement identifiables, elle partageait en direct sa géolocalisation, elle faisait mine d’être en colère contre moi pour m’encourager dans mes actes…
C’est elle la fautive, l’unique responsable. Je vais rester enfermé un moment à cause d’elle. Mais, quand sera venue l’heure bénie que je sorte, je retrouverai Julie, et, si elle n’est pas prête à me rendre tout l’amour que je lui ai donné, je tuerai la tumeur qui la ronge de l’intérieur, qui empêche son cœur de se réchauffer d’un coup de couteau. Promis, elle n’aura pas mal.
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