Chapitre 21
Je savais que la complicité que j’avais ressentie auprès de mon cousin ne durerait que le temps de cette conversation, mais j’avais décidé de prendre ce qu’il y avait à prendre. J’étais lasse de nos mesquineries, de ces remarques que nous nous balancions depuis toujours sans vraiment comprendre pourquoi nous menions ce jeu stupide.
À ma question de savoir s’il voulait que je casse la gueule de ce connard, Ben m’avait conseillé de ne rien faire, que je ne faisais pas le poids devant Stan. Si j’avais fait semblant d’être offusquée, j’avais été abasourdie d’apprendre qu’il était commandant de police. Je comprenais mieux la situation de Jenny et l’impuissance de mon cousin. Malgré son amour pour Jenny, j’avais senti que Ben nourrissait une colère sourde envers elle. Je n’avais pas cherché à en savoir plus auprès de lui mais je comptais bien mener mon enquête et les aider à ma manière.
Pour l’heure, c’était à quelqu’un d’autre que j’avais envie d’apporter mon aide. Tandis que Mamé attendait Henry dans sa chambre, j’entrepris d’aller chercher la table à repasser. Après avoir fait le tour de la maison cinq fois, je la dénichais dans la placard de l’entrée. Je me démenais avec les pieds de cette foutue table quand le kiné sonna. Et c’est rouge d’énervement, les cheveux collés aux gouttes de sueur qui s’étaient formés sur mon front que je lui ouvris. Il me regarda catastrophé avant de remarquer la bête qui gisait sur le dos, les quatre fers en l’air. Il sourit et passa devant moi pour se rendre dans la chambre de ma grand-mère tandis que je le lorgnais d’un œil mauvais. Ce n’est pas parce qu’il était sexy qu’il avait le droit de se moquer de moi !
Déterminée à montrer que j’étais capable de repasser, je remis la table à l’endroit, me brûlai avec le fer mais entrepris de repasser mes premiers vêtements.
**
Vexée par l’attitude d’Henry, je ne lui adressai aucun regard lorsqu’il passa de nouveau devant moi pour quitter la maison.
— Bonne fin de journée.
— Oui à la prochaine, lui répondis-je sans lever le nez du journal que je tenais devant moi.
Lorsqu’il referma la porte, je me précipitai à la fenêtre pour le regarder partir.
— Oh ! J’en connais une qui est sous le charme…
Mamé !
— Pas du tout ! Mais alors pas du tout ! Il est arrogant et moqueur en plus !
Ma grand-mère sourit.
— Ils le sont tous un peu non ?
— J’ai pas souvenir que Papé était comme ça ! Papa non plus d’ailleurs.
— Ah mais ton père est une espèce rare. Ta mère a beaucoup de chance de l’avoir rencontré.
— Lui aussi a de la chance d’être mariée à Maman.
— Tu as raison. Ils sont faits l’un pour l’autre. C’est pas si commun que deux inséparables se rencontrent dans cette vie…
— Dans quelle autre vie sinon ? ris-je, mais je remarquai le sourire mélancolique de ma grand-mère.
— Dis, Mamé, ça te dirait de poursuivre le récit de ton histoire ?
— Oh mais qui a envie de connaître la vieille histoire de la pauvre vieille que je suis ?
— Moi, Mamé.
Elle me regarda avec une moue boudeuse puis me fit signe de la suivre.
— Allons poursuivre cette discussion au soleil dans le jardin !
Annotations
Versions