Marée montante dans la grotte de mes émotions, à noyer mon crâne, à peler mes os, elle remplit et m'emporte.
Il se cache dans l'ombre, les fantômes d'autrefois, je voudrais les rejoindre, me celer avec eux, retrouver des certitudes bancales.
Lorsque les monstres étaient responsables.

La grotte noyée, la marée entraîne le passé et laisse un squelette sur le sable.

Dépouillé de ses hardes, il gît et danse macabre agité par les vagues, dans les filets de mémoires.
Dépouillée de mes hardes, ce tas d'os sans vie c'est ce que j'étais déjà, vers quoi je retourne sans doute.
Mais la petite fille est morte, pourtant elle crie encore, bouche close. C'est un silence épais, solide et douloureux. Un écho monstrueux, ce qui reste dans les brumes de la morphine quand la douleur effrite le sommeil d'un coma.
« Ne me fais pas de mal, écoute, garde patience et comprends-moi. »

Maintenant les monstres sont des fantômes, ils n'auront pas eu cette chance de l'entendre, de se nourrir d'amour, de la nourrir de joie, c'est pour ça qu'elle crie en silence.

La marée l'emporte, pauvres petits restes de l'enfance, à côtoyer ta souffrance, je ne sais pas si je peux vivre sans toi. Mais j'ai tous les regrets et le chagrin dont tu auras besoin, pour t'accompagner dans les profondeurs de l'oubli.
Séparés par la mer, il faut bien se dire au revoir, accepter de marcher sur le sable et souffrir de manquer à chaque pas.

Mais je regarde les traces sous mes pieds, qui creusent la peau du sable, il y a d'autres petits pas qui s'incrustent à côté, une gosse comme trois pomme, un fantôme de mon passé.
Tu n'en as pas tout à fait fini avec moi, il ne suffit pas que je veuille te laisser.

Tendres les chaînes, je t'aime quand même, je peine quand même… quand même...