Chapitre III-2
J'ai oublié de le préciser au chapitre précédent, mais Jovquis se prononce "Jofquiss".
Ils volaient depuis trois heures quand Jovquis les fit s’arrêter.
— J’ai entendu des battements d’ailes vers la gauche, souffla-t-elle.
La nuit commençant à tomber, ils ne savaient pas s’il s’agissait d’ennemis ou d’amis. Mais lorsque l’un des nouveaux venus cracha une longue langue de flamme, tous reconnurent l’armure noire caractéristique des dragons du Sud.
— La frontière se trouve à dix minutes d’ici, en volant rapidement, on devrait l’atteindre avant eux, dit Jovquis.
— Et ils nous laisseront tranquilles ? demanda Misava.
— Ils ne sont quand même pas assez bêtes pour la franchir !
Le groupe se mit en route mais il était évident qu’il se ferait rattraper. Leurs poursuivants se trouvaient à cinq-cents mètres derrière eux quand un rugissement se fit entendre devant, suivis d’autres. Le quatuor frémit en se pensant encerclés, mais Jovquis se mit à jubiler et soudain, les guerriers-ombres ralentirent puis firent demi-tour. Quelques secondes plus tard, ils furent rejoints par cinq dragons en armure grise aux reflets métalliques que la faible lueur de la lune laissait deviner.
— Jovquis ! s’exclama le premier.
Cette dernière ne paraissait pas ravie. Effectivement, le dragon s’énerva tout de suite après.
— Mais qu’est-ce que tu fiches là ? Encore ! Tu n’as même pas d’autorisation ! Tu as de la chance d’être tombée sur moi et pas…
— Ça, je n’en suis pas sûre, grommela-t-elle.
L’autre fulminait, littéralement, car de la fumée s’échappait de ses naseaux.
— Hé ! J’accompagnais juste ces Fuyeurs.
— Tu n’es même pas censée sortir du château !
Jovquis allait répliquer quand son interlocuteur se tourna vers le groupe.
— Qui êtes-vous ? demanda-t-il, d’un ton étonnamment calme.
Jovquis se chargea des présentations.
— Et lui, c’est Islo, finit-elle par lâcher en pointant la queue vers le dragon.
— Je te rappelle aussi que je suis Prince, alors je pourrais te faire punir pour le restant de tes jours.
— Mais tu ne le feras pas, répondit-elle en souriant. Puis elle chuchota à ses compagnons : Il n’est pas aussi désagréable d’habitude.
— Seulement avec toi, grommela l’intéressé, qui avait entendu la remarque.
— Heu, attendez, fit Tascah. On pourrait avoir quelques explications ? C’est quoi un Fuyeur ? Quel château ? Et tu es prince ? finit-elle par s’exclamer en regardant les yeux écarquillés Jovquis, lui demandant silencieusement comment elle pouvait traiter ainsi un prince. Ce dernier répondit.
— Un Fuyeur est un dragon qui, comme vous, viens se réfugier dans un autre Royaume pour fuir les guerriers-ombres. La plupart se rendent ici, dans le Nord. Et oui, nous avons un château, le château royal. Quant à moi, je suis le fils d’Aïdas et de Drita.
Il sourit en voyant le quatuor béat d’apprendre qu’ils avaient devant eux un si grand personnage.
— Et je suis sa cousine, ajouta Jovquis pour expliquer sa proximité avec le dragon.
— Ce qui explique qu’elle n’est pas censée se promener de nuit hors-territoire.
Comme plus personne ne pipait mot, il brisa le silence.
— Bon, j’imagine que la nuit a été longue et éprouvante pour vous tous. Nous allons vous raccompagnez.
Il fit signe à sa troupe qui encercla le groupe et tout le monde se mis en route, en direction d’une nouvelle vie scellée pour le quatuor.
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