Bon plan : DUNE - La naissance d'un rêve

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Si elles ne sont a priori pas ce qui manque dans le royaume anglo-saxon, il en est bien peu, des fanfictions sur Dune en France ; peut-être d'ailleurs n'y a-t-il que celle-là, d'@Elijaah Lebaron@, adressant en s'emparant de cette œuvre adulte et différente du tout-venant un pied de nez à toutes les lolitadu36 qui n'utilisent ce support que pour écrire des textes comme Zayn m'a plaqué pour Justin Bieber omg sa tourn mal. Une critique s'impose pour promouvoir ce genre d'initiatives.

Quel bonheur, en effet, d'enfin envisager le potentiel de cette discipline, non pas pour faire ce qu'on veut de l'histoire d'un autre et assouvir ses fantasmes sur les personnages, mais pour essayer d'aborder fidèlement des œuvres qu'on admire, tenter de donner à l'auteur un prolongement de son travail tout en mêlant notre vision à la sienne. Marion Zimmer Bradley autorisait ainsi en son temps des nouvelles de ses fans qu'elle publiait dans Darkover Magazine puis faisait éditer sous le nom de Chroniques de Ténébreuse. On y trouvait de tout, du bon, du mauvais, du médiocre et du potentiel, mais dans tous les cas, on y voyait dans chaque auteur une connaissance de l'univers et un désir de l'approfondir à sa manière.

Depuis, il semblerait que la fanfiction "littéraire" soit tombée en désuétude au moins dans nos mornes contrées gauloises. Qu'à cela ne tienne, tentons de la ressusciter. Elijaah Lebaron ne va donc pas par quatre chemins : l'œuvre originelle était exigeante, dense et complexe, la sienne le sera aussi. Pas question de ménager le lecteur mais bien de restituer tout l'univers qui faisait la richesse et la superbe de Dune.

Disons-le tout de même : je ne suis pas un expert de cet univers. J'ai fait mon devoir de connaisseur de SF en lisant le premier tome, j'ai approfondi en en regardant diverses analyses et en me mettant la main sur le soi-disant prélude. Le tome 2 végète dans ma bibliothèque, attendant patiemment que je me libère dans mon planning pour le lire ; le reste de la bibliographie de Herbert, bien moins connue, me tend les bras et reçoit la même réponse à son appel. Je ne saurais même pas me prononcer sur les apparemment calamiteuses suites et préquelles de Brian Herbert et Kevin J. Anderson, ne m'y étant que très peu penché dessus. Néanmoins, à l'aune de mes maigres connaissances, La naissance d'un rêve ne me semble pas seulement recommandable parce qu'il s'agit d'une bonne fanfiction, mais aussi parce qu'il s'agit d'une bonne histoire, tout simplement.

Arrakis, surnommée Dune, comme vous le savez tous, est la planète la plus inhospitalière de l'empire galactique. Colonisée par les Harkonnen qui en exploitent toute la richesse, les habitants locaux dits Fremen n'ont même pas leurs yeux pour pleurer tellement ils se voient contraints d'économiser l'eau. Sauf que Pardot Kynes, planétologue aux motivations mystérieuses, s'en va leur proposer de la terraformer avec les moyens du bord. À partir de ces quelques explications laissées par Herbert, tout l'enjeu va être de développer ces dernières afin d'imaginer les débuts du bonhomme. Ainsi rencontre-t-il Hamaad, qui s'interroge face à cet hurluberlu : qui est-il pour tenter d'analyser scientifiquement les phénomènes les plus sacrés de sa planète ? parvenir à persuader n'importe qui de le rejoindre ? Va-t-il l'épargner ou le tuer ? Bon, vous connaissez déjà la réponse ; mais la question comme qui dirait n'est pas ce qui va arriver, mais comment tout ça va arriver.

Jusqu'au dernier chapitre, le sort de Kynes semble flou : qui est-il vraiment, quel sera le sacrifice nécessaire pour le garder en vie, comment un peuple aussi endurci que les fremen va-t-il finir par l'accepter en son sein ? C'est âpre, c'est violent, c'est impitoyable. Arrakis ne fait pas dans la dentelle. Mais le miracle est que dans un monde aussi austère, puisse justement naître un rêve qui puisse fédérer tous les camps, faire changer leur regard, leur donner envie de changer leur destin. Pourtant, comme on le découvrira, ce miracle possède sa part sombre : car Hamaad ne va pas épargner Kynes pour un motif noble, mais un plus personnel, plus noir. Comme toujours chez Herbert, l'ambigüité règne, et entre l'héroïsme et le chaos le plus cynique, il n'y a souvent qu'un pas.

Alors non, ce n'est pas parfait : exigeance ou non, il reste malgré tout de nombreux paragraphes d'explication qu'on aurait aimé voir intégrés aux dialogues ou au récit en lui-même, la fin du dernier chapitre s'avère plutôt abrupte et davantage "dite" que "racontée" ; il n'empêche que vous avez là une novelette qui mérite toute votre attention. En espérant pouvoir en découvrir d'autres comme celle-ci...

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