Chapitre 32 : Celle qui a fondé sa famille
Je jette un dernier coup d’œil à notre petite famille. Gabriel est resplendissant dans une chemise bleu ciel qui contraste avec sa peau mate et rappelle son regard azur. J’ai trouvé une chemise presque identique pour Lukas. Je frappe la porte avant d’entrer. Ma mère me salue d’un grand sourire et de cris de joie. Elle a changé depuis la naissance de Lukas. Elle est tellement ravie de pouponner qu’elle en a oublié de me faire des remarques. Et puis, elle est ravie de me voir en couple. Pour elle, j’ai enfin atteint son idéal. J’ai fini par comprendre que je ne pourrais pas la changer. Elle a ses rêves et moi, les miens. Pour l’instant, ils coïncident, profitons !
Mon père nous accueille plus calmement comme à son habitude.
À l’intérieur, toute la famille est regroupée pour l’anniversaire de mon grand-père. Mon cœur se réchauffe quand je vois ma cousine avec sa petite amie. De gros progrès ont été faits. Mon grand-père semble mal à l’aise et leur jette régulièrement des coups d’œil, mais il ne dit rien. Ma tante et ma mère ont été claires sur le sujet. Les repas de famille auront lieu avec tout le monde ou sans lui, et il n’a pas intérêt de faire de commentaire malvenu.
C’est dommage d’avoir dû le menacer pour qu’il accepte ma cousine. Ou mes choix. Mais peut-être que d’être confronté ainsi à ces changements permettra à son regard d’évoluer.
À l’apéritif, juste avant de trinquer, Gabriel prend la parole :
— Nous avons une annonce à vous faire.
— T’es encore enceinte ? s’inquiète immédiatement ma mère.
Des murmures de félicitations résonnent déjà alors que je secoue la tête.
— Nous nous sommes fiancés, interrompt Gabriel. Et nous nous marierons l’an prochain.
— C’est un peu rapide, non ? demande ma tante.
Je laisse Gabriel répondre. Ce n’est pas rapide. Après toute cette hésitation avant de laisser parler nos émotions, nous nous sommes lancés directement dans la vie de couple avec enfant. Alors le mariage n’est presque qu’une bagatelle à côté. La mère de Gabriel est très croyante et même s’il ne l’est pas autant, la valeur du mariage est ancrée en lui. Je souris à Lukas et lui explique, bien que ses trois mois ne lui permettent guère de comprendre :
— Papa et maman vont se marier.
Car c’est bien le cas, Gabriel est son père autant qu’il peut l’être.
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