Chapitre 1

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Le don de guérir

"livre 3 tome 4"

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CHAPITRE 105 (Paris) (Mardi après-midi) (Commissariat d’arrondissement)

C’est le visage anxieux que le jeune homme pousse la porte du commissariat, il semblerait qu’il y ait du nouveau sur la plainte pour recherche dans l’intérêt des familles qu’il a porté la semaine précédente quand son jeune frère n’est pas reparu chez eux après plusieurs jours sans nouvelle.

Le manque de sommeil évident peut se lire rien qu’en observant ses yeux cernés et rougis par l’inquiétude, Jean Baptiste n’étant pas du genre à découcher et encore moins sans prévenir, tout un tas de pensées toutes plus effrayantes les unes que les autres lui sont venues depuis lors sur ce qu’il pouvait lui être arrivé et justifient l’état d’angoisse dans lequel il se trouve actuellement.

Le responsable du fast-food où « JB » travaille avait l’air aussi surpris en venant aux nouvelles de ce qui l’a empêché à venir prendre son poste, ce qui l’a décidé à venir enregistrer sa plainte alors que le lieu est loin d’être de ceux qu’il aime fréquenter.

C’est donc avec une appréhension bien compréhensible qu’il se dirige vers l’accueil ou un homme en uniforme le voit arriver en le détaillant des pieds à la tête, ce qu’il voit de ce garçon visiblement inquiet semble le radoucir quelque peu quand il lui demande.

- C’est pour quoi ??

Gilles sourit tristement, son cœur s’accélérant d’apprendre ce qu’ils ont à lui dire.

- J’ai été contacté ce matin au sujet de la disparition de mon jeune frère Jean Baptiste !!

- Ah… oui !! Je suis au courant !! Un instant s’il vous plait, je vais chercher la personne avec qui vous avez été mis en contact !!

Le policier disparaît quelques minutes de sa vue, le rendant encore plus nerveux de cette attente qui lui met les nerfs à rude épreuve, quand il le voit revenir accompagné d’un homme en civil à la carrure impressionnante et aux cheveux grisonnants taillés courts à la façon d’un militaire.

Maurice reconnait en ce garçon tous les stigmates d’une personne rongée par l’inquiétude, son regard porté sur lui brille des larmes qu’il retient avec peine et rien que cette vision change de tout au tout l’image qu’avait en tête Maurice du frère de Jean Baptiste, ne voyant rien d’autre en ce jeune homme qu’un garçon plongé dans l’angoisse d’apprendre qu’il puisse être arrivé un malheur au seul membre restant de sa famille.

Il s’avance donc rapidement vers lui avec un sourire rassurant qui semble déjà rasséréner quelque peu le garçon, qui commence à trembler sur ses jambes du fait très certainement du relâchement de l’énorme stress qu’il pouvait ressentir en entrant dans le commissariat.

- Déjà avant toutes choses, sachez donc jeune homme que Jean Baptiste va très bien et je déplore qu’il n’ait pas pensé à donner de ses nouvelles, nous serons mieux dans un bureau pour la suite de la discussion si vous voulez bien me suivre ??

C’est le corps secoué par l’énorme soulagement que Gilles suit cet homme, les larmes cette fois ci s’échappant de ses yeux sans qu’il ne pense même à les retenir.

Ce n’est qu’une fois assis en face de Maurice, qu’il reprend conscience d’où il se trouve et qu’il écoute les explications qui lui sont données en se reprenant petit à petit, maintenant qu’il a l’assurance que son petit frère va bien.

Après le soulagement arrive la colère d’apprendre que pendant qu’il se faisait un sang d’encre, celui-ci passait ses journées au bord de la mer avec des amis qu’il ne lui connaissait pas.

Maurice s’en aperçoit et ne peut lui en tenir rigueur, sachant très bien qu’il a toutes les raisons d’être furieux contre son jeune frère qui l’a laissé sans nouvelles à se morfondre.

- Je comprends que vous soyez en colère mon garçon, juste que je pourrais dire pour sa défense qu’il a rencontré des personnes peu communes avec qui il se découvre des affinités d’un garçon de son âge.

- Mais ça n’explique pas pourquoi il est parti comme ça, surtout sans prévenir !!

- Il a appris que quelqu’un en qui il tenait beaucoup était sorti du coma et il n’a pas réfléchi plus loin pour aller le rejoindre sans tarder, le cœur prend parfois le pas sur la réflexion et c’est assurément ce qui est arrivé à votre frère, il ne faut pas lui en vouloir !!

- Le cœur ?? Comment ça le cœur ??

- Ce n’est pas bien difficile à comprendre pourtant !!

- Je ne connais qu’une personne sortie du coma, il s’agit d’un de mes potes qui a eu un grave accident et je ne vois vraiment pas ce que vient faire cette histoire de cœur entre Jean Baptiste et lui ??

Gilles semble alors réaliser et regarde Maurice avec cette fois une lueur de peur dans les yeux, il pose alors la question qui lui vient de suite à l’esprit.

- Il l’aime ?? Mon frère est amoureux de Florian, c’est ce que vous cherchez à me faire comprendre avec cette histoire de cœur ??

- Exact !!

- Mais c’est de la folie pure !! Ils ne se connaissent quasiment pas !! Tout juste s’il l’a vu en coup de vent à la maison !! Et puis Florian est un casseur de PD et…. Bon dieu !! Il faut que j’aille là-bas avant qu’il ne lui fasse du mal s’il s’en aperçoit.

Maurice ne peut s’empêcher de regarder Gilles avec un étonnement manifeste, celui-ci s’en rend compte et lui en fait la remarque, visiblement surpris.

- J’ai dit quelque chose qui vous étonne ?

- J’avais juste cru comprendre que vous étiez vous aussi un casseur de PD, comme vous dites !!

- C’est vrai que je ne les aime pas, mais là il s’agit de mon frère !! Florian est complètement dingue et rien ne l’arrête quand il s’agit de les faire souffrir, c’est viscéral vous comprenez !! Sa propre famille est bien placée pour le savoir, vous n’avez qu’à leur poser la question !!

- Je serais toi mon garçon, je ferais attention à mes paroles !! Elles pourraient se retourner contre toi si j’étais venu pour trouver les auteurs de certains actes qui ont donné lieu à de nombreuses plaintes !!

Gilles comprend qu’il parle trop et que le tutoiement employé soudainement doit lui servir d’avertissement, surpris malgré tout que cet homme n’en profite pas pour s’en servir contre lui.

- Mais qui êtes-vous à la fin ?? Pas juste un flic, c’est sûr !!

- Quelqu’un qui pour l’instant n’est pas là pour te condamner pour tous les méfaits que vous avez perpétrés avec Florian et le reste de votre bande de voyous, alors évite d’en rajouter et écoute-moi bien !! Une personne te contactera pour avoir une discussion avec toi, je te conseille de ne pas chercher à lui mentir car il en sait déjà beaucoup et il n’est pas homme à s’en laisser conter !!

- Et pour mon frère ?

- Quoi ton frère ?

- Vous n’allez pas le laisser avec Florian après tout ce que je vous ai dit sur lui !!

- Il ne risque absolument rien je peux te l’assurer et là où il est avec ceux qui sont avec lui Florian y compris, s’il y a quelque chose à en dire c’est que l’homophobie est bien loin de leurs préoccupations. Je te conseille même de revoir ta propre façon de penser avant d’envisager de les rencontrer, ou du moins de la garder précieusement pour toi si tu es aussi intolérant que tu sembles le dire !!

CHAPITRE 106 (Paris) (Mardi fin d’après-midi) (Palais de l’Élysée) (État de crise)

« Salle du conseil. »

Le brouhaha ambiant cesse brusquement quand apparaît le président, visiblement soucieux de ce qu’il vient d’apprendre et qui a occasionné cette réunion restreinte avec ses plus proches collaborateurs plus quelques autres qui cherchent encore à comprendre la raison de cette convocation, ceux-ci encore ignorant du sujet de cette réunion tardive.

- Messieurs l’heure est grave !! Nous venons d’apprendre de source sûre la perte d’une section complète de nos soldats engagés avec les forces de l’OTAN en Afghanistan, il y aurait au moins une dizaine de morts et le double de blessés graves, les médias n’ont pas encore eu vent de l’affaire mais cela ne saurait tarder !! Nos alliés ont subi également de lourdes pertes lors de cette attaque et nous demandent de réagir au plus vite en envoyant des forces armées en renfort, nous sommes le pays engagé avec eux le plus proche du terrain aussi j’ai donné les ordres nécessaires pour que soient déployées de nouvelles forces au plus vite. Je compte sur chacun d’entre vous pour diligenter ses services afin que tout se passe au mieux que ce soit aussi bien médiatiquement que dans la préparation de cette riposte militaire. Il faut aussi penser à ceux gravement atteints qui vont avoir besoin d’être évacués, j’ai donné l’assurance à nos alliés que leurs blessés trouveraient chez nous les meilleurs soins possibles.

- (Un conseiller) Nos hôpitaux militaires pourront ils recevoir tout le monde ?

- Le souci n’est pas là !! Nous avons encore plusieurs heures pour nous organiser, pour l’instant le plus important étant d’envoyer la logistique nécessaire à leur rapatriement au plus vite !! Certains sont gravement touchés, alors ne perdons pas plus d’un temps beaucoup trop précieux !! Au travail messieurs !! Général Mathéi ?

- Oui monsieur le président ?

- Vous allez recevoir les plus amochés, j’ai donné les ordres en conséquence et il va falloir que toutes vos équipes soient prêtes à temps !!

- Je ferais en sorte qu’elles le soient monsieur…. Toutefois si je peux me permettre ??

- Dites ce que vous avez sur le cœur général !!

- Il serait peut-être bon de nous affecter quelques spécialistes civils en renfort, je…j’ai…entendu parler d’un chirurgien exceptionnel qui aurait réussi un exploit en sauvant des personnalités importantes.

- L’équipe du professeur Akihito est toujours au Val de Grâce, je pourrais lui demander de venir vous assister !!

- Merci monsieur le président !! Mais vous savez bien que ce n’est pas de lui que je parlais, même si je verrais d’un bon œil qu’il puisse nous apporter son aide.

- Je crains général de ne pouvoir accéder à votre requête !! La personne à laquelle vous faites allusion n’existe pas…. Du moins pas officiellement….

Le général sent une forte poussée non pas de colère, mais plutôt d’une forte injustice dans les paroles qu’il vient d’entendre.

- Il faut donc faire partie des puissants pour avoir le droit de vivre monsieur ? Vous avez pensé aux familles de ces garçons ? Nos jeunes hommes n’ont-ils pas droit à la considération du pays qui les a envoyés se battre ?

- Il suffit général !! A qui donc pensez-vous vous adresser !!

Le général se fige d’indignation, il arrive néanmoins à se reprendre et à saluer le président, avant de faire demi-tour pour sortir.

- Un instant !!

Le général surpris, refait face à son interlocuteur.

- Monsieur ?

- Je vais voir ce que je peux faire !! Mais je vous préviens que vous serez tenu comme entièrement responsable si un seul mot sur ses actes ou sur son existence sort de l’enceinte de votre établissement, me suis-je bien fait comprendre ?

- Mais enfin monsieur !! Qu’a donc cet homme de si extraordinaire ??

- Votre insistance à l’avoir avec vous devrait répondre en partie à votre question, général. Pour le reste il en va du secret d’état et vous comprendrez dès lors que vous n’en saurez donc pas plus, sauf peut-être un point de détail qui a quand même son importance.

- Monsieur ?

- Il me semble avoir entendu dire qu’il n’acceptait pas l’ordre militaire, alors je vous demanderai de bien vous en souvenir le moment venu et de ne pas lui en tenir rigueur.

Le général salue une deuxième fois.

- Je saurais m’en souvenir monsieur, ce n’est pas ce que j’attends de lui de toute façon !!

- C’est très bien alors, vous serez contacté par les services qui s’occupent de sa sécurité afin de mettre les choses en place pour sa venue !! Ah, oui !! Une dernière chose avant de disposer général !! Je pense qu’il aura besoin de l’équipe du professeur Akihito avec lui, ils le connaissent bien et ça permettra au professeur de rester avec la famille princière au Val de Grâce, je n’ai rien d’autre à ajouter !! Vous pouvez disposer !! Nous nous reverrons sans doute, j’aimerais avoir vos impressions dès que tout ceci sera terminé.

Le président attend que la porte se soit refermée derrière lui pour réfléchir à ces dernières minutes, pouvait-il refuser la demande du général comme ça avait été sa première intention ? Sans doute oui, mais la souffrance de ces jeunes hommes touchés dans leur chair pour avoir fait leur devoir envers leur pays l’aurait sans doute hanté pendant longtemps.

C’est en soupirant contre lui-même, que le président décroche le téléphone pour prévenir Maurice Désmaré de ses dernières prises de décisions concernant son jeune protégé qui décidément connaîtra des vacances pour le moins chaotiques.

CHAPITRE 107 (Camping de la dune) (Mardi soir) (Rencontre)

« Sur la plage. »

Léonie surveille de loin la petite bande d’amis qui après un dîner plus que copieux, est venu profiter de la douceur de l’air pour passer un moment tranquille tous ensemble.

Dorian pour sa part à la tête ailleurs depuis qu’il a remarqué cet homme visiblement seul qui profite du calme ambiant pour lire, tranquillement installé sur sa serviette de plage à une dizaine de mètres à peine d’eux.

L’homme plus âgé que lui de quelques années, attire son regard comme un aimant et son physique à tomber n’est pas la seule raison pour cet intérêt soudain, l’expression virile, sereine et tranquille, de son visage démontre un caractère entier qui plait beaucoup à Dorian.

- Tu ne crois pas que ce serait plus facile pour nous, si nous allions tout simplement nous joindre à eux ?

Dorian sursaute, surpris dans ses pensées.

- Hein !! Quoi !! Tu disais ??

Léonie soupire d’exaspération devant son collègue et ami, qui ne s’intéresse visiblement pas à sa mission mais plutôt à mater ce mec somme toute plutôt bien foutu et ce depuis son arrivée.

- Tu vas finir par te faire repérer à force de le fixer comme tu le fais !!

Dorian se tourne vers elle, son visage montrant son trouble.

- Je ne sais vraiment pas ce qu’il me prend, je t’assure !!

- Facile à deviner pourtant !

Léonie comprend que son ami ne répondra pas, le regard de Dorian se tournant une nouvelle fois vers l’inconnu qui ne s’aperçoit bien sûr pas de l’intérêt qu’il lui porte et c’est donc elle qui insiste.

- Il te plait donc tant que ça ??

- Humm !!!

- Mais dis-moi Dorian, tu ne m’avais pas dit que tu étais homo ??

- Tu ne me l’as jamais demandé !! Et puis d’ailleurs !! Je ne vais pas le crier partout non plus.

- Ça t’arrive souvent de tomber amoureux comme ça ?

- Jamais !! Et d’abord, qui te dit que je suis tombé amoureux ?

- (Léonie) Mon intuition peut-être ? Je commence à bien te connaître tu sais et je ne te vois vraiment pas t’intéresser à quelqu’un juste pour la bagatelle.

- Ah oui !! Vraiment ??

- Ose dire le contraire ??

- Je…je ne sais pas en fait…. Tu as sans doute raison, je suis un gros naze !!

Léonie le regarde, visiblement surprise de sa répartie.

- Déjà tu n’es pas gros, loin s’en faut et ensuite je ne dirais pas ça de toi !!

- Et tu dirais quoi d’un mec qui n’ose pas s’assumer ?

- Que tu es un jeune homme particulièrement mignon et sentimental, qui attend de trouver la bonne personne mais certainement pas un gros naze comme tu viens de le dire !

- Pffttt !!! La bonne personne !! Comme si c’était possible dans ce milieu de trouver ce genre de perle rare !!

- Pourtant tu en as l’exemple sous les yeux il me semble ?

Devant l’incompréhension évidente de ses paroles, Léonie montre du doigt le groupe de jeunes qu’ils surveillent depuis quelques jours.

- Prends modèle sur eux et si ce que nous avons appris est exact, les sentiments qu’ils éprouvent ne sont pas si éloignés que ça de ta façon de voir les choses. N’oublie pas non plus que tu as été leur ami, s’il faut en croire ce qu’on nous a raconté sur toute cette histoire.

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L’homme allongé à quelques mètres de là lève les yeux de son bouquin, écoutant cette conversation fort instructive le concernant et qui arrive à ses oreilles avec une netteté suffisante pour qu’il en comprenne le sens, observant discrètement maintenant mais avec attention ce jeune homme qui comme l’a dit si bien sa copine est vraiment très mais alors très mignon.

Au point qu’il sent son cœur s’accélérer brusquement, comprenant parfaitement pour sa part ce qui lui arrive sans qu’il n’y ait besoin de lui mettre les points sur les I.

Il a bien compris que le premier pas ne sera pas fait par ce garçon qui semble au demeurant plutôt timide, comme l’a si bien fait comprendre sa collègue et que s’il veut avoir la moindre possibilité de le revoir, c’est à lui de faire le premier pas pour engager la conversation.

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Pendant ce temps-là Léonie et son ami continuent leur conversation, sans se rendre compte un seul instant que le vent porte leurs paroles jusqu’à cet inconnu qui plait tant à Dorian et qui ne rate rien des sous-entendus portés à son égard, aussi c’est avec un sursaut de surprise qu’ils s’aperçoivent enfin qu’il s’est levé pour venir vers eux avec un étrange sourire en coin.

- Excusez-moi mais j’ai entendu que vous parliez de moi, alors quitte à faire autant que je participe vous ne croyez pas ?

Dorian pâlit d’un coup en déglutissant avec peine, tout en fixant dans les yeux cet inconnu qui lui plait tant.

- Aïe !! Je fais quoi maintenant ? Je me mettrai bien la tête dans le sable, seulement j’ai peur du noir !!

- (L’inconnu) Ça pourrait prêter à équivoque comme position tu ne trouves pas ! Hi ! Hi ! Surtout après ce que J’ai entendu tout à l’heure, conversation entre nous pas très discrète reconnaissez le !!

- (Léonie) C’était peut-être ce qu’il fallait en fin de compte, Dorian n’aurait jamais osé aller vous aborder, lui !!

- Alors que moi j’ai osé le faire ? Dorian ?? Humm !! Beau prénom qui te va très bien !!

L’inconnu tend alors sa main droite vers Dorian.

- Enchanté de faire ta connaissance, moi c’est Gérôme !!

CHAPITRE 108 (Hôpital Bégin) (Mercredi matin) (Double mise au point technique)

Il règne une forte effervescence dans la caserne hôpital depuis le lever des couleurs, les ordres claquent de la bouche des officiers qui ont reçu leurs ordres de missions et que ce soit au niveau de la sécurité ou encore à celui de la préparation des salles ainsi que des chambres qui vont bientôt recevoir leur contingent de blessés, tous s’affairent à ce que tout soit prêt pour l’arrivée des premières ambulances.

Le général Mathéi est en plein briefing avec ses officiers-chirurgiens pour les renseigner au mieux des dernières nouvelles, afin qu’ils sachent à quoi s’attendre et puissent ensuite s’organiser en conséquence.

- (Le général) Nous ne recevrons chez nous que les plus touchés, nous devons donc nous attendre à des pertes substantielles !! Je suis certain que chacun d’entre vous fera de son mieux pour limiter la casse, nous devrions recevoir de l’aide extérieure pour les cas les plus difficiles.

Un brouhaha de surprise et de contestation suit ses dernières paroles.

- Allons… messieurs !! Un peu de silence s’il vous plait !! Je peux bien comprendre que vos egos soient quelques peu écornés, mais je pense avant tout à la survie de ces jeunes hommes et je ne tolérerai pas ce genre de protestations mal venues, tenez-le-vous pour dit !!

- Excusez mon général, mais nous sommes suffisamment nombreux et formés à ce qui nous attend, pour ne pas comprendre ce qu’amènerait de plus cette aide extérieure, si ce n’est très certainement de désorganiser nos services.

- (Le général) Il n’y aura aucune désorganisation du fait que j’ai demandé qu’une salle soit préparée dans une autre aile et qu’il n’y aura de ce fait aucune interaction entre vous et l’équipe qui y sera mise en place !! De plus, un cordon de sécurité spécifique empêchera quiconque d’entrer dans la zone de confinement menant à cette salle !!

- Peut-on connaître les raisons d’un tel déploiement de forces autour de ces personnes ?

- (Le général) C’est une exigence de la présidence qui m’est aussi incompréhensible qu’à vous, la seule chose que je suis habilité à vous révéler et que nous parlons du même chirurgien qui est intervenu dernièrement sur la famille impériale nippone, vous en connaissez sans doute les résultats probants si vous suivez un tant soit peu les actualités.

- Les médias du monde entier n’hésitent pas à employer le mot miracle !! Comment ne pas être au courant après tout le tapage que ça a fait dans la profession ?

- (Le général) Vous comprendrez donc pourquoi j’ai accepté ces conditions inhabituelles !!

- Dans ce cas, je ne vois plus rien à redire !! Nous jugerons sur le tas de ce qu’il en est réellement !!

- (Le général) Bien !! Les premiers cas devraient arriver dans la matinée, tenez-vous prêt avec vos équipes à les recevoir !! Messieurs !! Vous pouvez disposer, je vous ferais savoir si j’ai d’autres informations à vous communiquer !!

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« Quelques heures avant au camping. »

J’étais pourtant bien parti pour lézarder une heure ou deux de plus dans les bras de mon Thomas, quand j’entends la voix de Chloé qui sonne le rappel pour le petit déjeuner.

J’avoue sans honte que je m’en serais bien passé, lové comme je le suis contre le corps tout chaud de mon grand blond et ne serait-ce l’insistance de ma copine à rameuter tout le monde, c’est avec un fort soupir d’exaspération que je me décide à mettre un pied hors du lit.

Thomas ouvre les yeux et me sourit avec amusement, en comprenant mon manque de motivation à me lever.

- Les nuits sont trop courtes !!

- A qui le dis-tu !!

Un coup contre la porte nous rappelle à l’ordre.

- Debout là-dedans !! Le café est prêt !! Allez oust !!

- (Thomas) On ferait mieux d’y aller sinon elle risque de débouler avec un seau d’eau ! Hi ! Hi !

- Hummm !!

- Si tu veux, on ira ensuite sur la dune pour faire un gros câlin rien que nous deux.

- Yep !!!

Du coup je retrouve le sourire en me levant d’un bond pour aller direct sur la terrasse.

- Hep !! Hep !! Hep !! Prends au moins le temps de mettre un short s’il te plait !! Ça changera de l’habitude à montrer tes « avantages » à tout le monde ! Hi ! Hi !

- Personne ne s’en est jamais plaint il me semble ?

- Ce n’est pas quand ça reste entre nous que ça me dérange !! Seulement j’ai comme l’impression que certains voisins s’en sont rendu compte et si ça continue, il va y avoir très bientôt un attroupement pour assister au réveil de sa majesté ! Hi ! Hi !

- Fait savoir à ces marauds qu’ils peuvent aussi venir assister à mes ablutions intimes matinales, s’ils fournissent le pot de chambre et le papier cul bien sûr ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 109 (Camping de la dune) (Mercredi matin) (Encore des projets qui tombent à l’eau)

« Petit déjeuner sur la terrasse. »

Comme à l’habitude lors de ces moments privilégiés où nous sommes tous réunis, les conversations vont bon train sur entre autres la façon de passer cette nouvelle journée et personne ne semble manquer d’idées sur le sujet, prouvant par la même que l’ennui n’est pas d’actualité loin s’en faut au sein de notre groupe.

Pour la matinée c’est encore une fois chacun pour soi, mais je sens bien dans les regards que chacun se porte que pour l’après midi il en sera tout autre et du coup je fais une proposition qui semble ravir tout le monde, faisant même l’unanimité une fois que Raphaël est passé en nous donnant son accord.

- Ça fait plusieurs jours que j’ai envie d’aller faire un tour au cirque et que je reporte pour une raison ou pour une autre !! Nous pourrions le visiter l’après-midi et rester ensuite le soir pour voir le spectacle, vous en pensez quoi ?

- (Léa) Il faudra juste ne pas oublier à prévenir Franck que nous ne dînerons pas là ce soir, sinon ça nous changera les idées !!

- (Chloé) Je peux demander à nos copains de se joindre à nous ?

- Bien sûr ma puce, au contraire !! Ça permettra de faire enfin leurs connaissances.

Je me tourne vers l’autre Thomas en souriant.

- Il n’y a plus que toi de célib « cousin », va falloir que tu te trouves vite fait une copine si tu ne veux pas avoir les baloches qui trainent par terre ! Hi ! Hi !

- Ne pense même pas à elles pour plaisanter, sale obsédé ! Hi ! Hi !

- Oh l’autre !! Vous entendez comment il me parle ??

- (Antoine) Tu n’avais qu’à pas le chercher non plus ! Hi ! Hi ! Il est assez grand pour savoir ce qu’il a à faire, pas vrai « cousin » ?? Fais quand même gaffe en te levant de ne pas marcher dessus ! Hi ! Hi !

- Oulah !! Je vois que vous êtes en forme ce matin !! Parole !! C’est l’idée d’aller au cirque qui vous fait cet effet ??

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Thomas écoute avec amusement cette petite mise en boite qui prouve rien que par le fait qu’elle se produise, que son homologue dans cette réalité est bien accepté de tous.

Il va pour en remettre une couche, quand il aperçoit Léonie et Dorian qui à l’évidence viennent dans leur direction, un petit sourire crispé lui vient alors en se tournant vers Florian pour l’avertir.

- Mon petit doigt me dit que nos projets pour cet après-midi tombent à l’eau, regarde qui vient au pas de charge !!

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Je me tourne vers l’allée juste au moment où ils arrivent tous les deux sur nous, mes deux mains viennent aussitôt se plaquer sur mes joues n’ayant pas envie de me reprendre une baffe.

Léonie voit mon geste.

- Excuse-moi pour l’autre soir, je n’étais pas au fait de toute l’histoire !!

- Tu ne me frapperas plus alors ?

- Bien sûr que non !!

Thomas qui n’était pas au courant, la regarde avec un début de colère qu’il a du mal à réprimer et son ton de voix quand il lui adresse la parole, en surprend plus d’un parmi nos amis qui ne sont pas habitués loin s’en faut à ce genre de réaction venant de sa part.

- Je ne sais pas à quoi rime cette histoire, juste qu’il ne vaudrait mieux pas en effet que ça se reproduise !!

Pour calmer le jeu, j’explique ce qu’il en est et les raisons qui l’ont poussée à ce geste de violence envers moi, heureux de voir que tout le monde se détend au fur et à mesure de mes éclaircissements sur ce qui l’a conduit à cette claque, que je me dois d’avouer avoir quelque peu mérité.

A leur tour de nous confier le but de leur venue de si bon matin, je comprends très vite l’urgence de leur mission aussi je rentre vite fait pour me préparer au départ, pendant qu’ils font connaissance avec le reste de la bande.

Ce n’est qu’une fois dans les airs, que nous reprenons notre conversation et que je tente de répondre du mieux que je peux à toutes les questions bien naturelles qu’ils se posent encore sur toute cette histoire incroyable que Maurice leur a racontée, ce n’est qu’à l’approche de Paris que le silence se fait et que chacun d’eux fait le point sur tout ce qu’il vient d’apprendre.

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Nous survolons maintenant l’hôpital militaire qui m’apparaît tel que dans mes souvenirs, si ce n’est l’effervescence qui y règne et qui prouverait à elle seule si besoin était l’urgence de la situation.

CHAPITRE 110 (Hôpital Bégin) (Mercredi midi) (Situation d’urgence)

L’hôpital ou plutôt son personnel, se retrouve en plein chambardement avec toutes ces navettes d’hélicoptères et d’ambulances, qui n’arrêtent pas depuis bientôt deux bonnes heures, amenant chacun un pauvre garçon cruellement touché dans ses chairs et qu’il faut ensuite prendre en charge jusqu’aux chambres près du bâtiment où se trouvent les blocs opératoires.

Déjà dans un premier temps, pour un dernier bilan qui permettra de le diriger ensuite rapidement vers le chirurgien qui convient le mieux à son traumatisme quel qu’il soit.

Un capitaine relève régulièrement les différentes fiches et s’occupe ensuite du dispatching, réservant les cas les plus désespérés qu’il envoie ensuite dans un autre bâtiment comme il en a reçu l’ordre.

C’est le genre d’ordre justement qui par son ambiguïté fait couler beaucoup de salive depuis qu’il a été donné, certains allant jusqu’à penser que c’était tout simplement pour les laisser mourir en paix et ce loin du regard de leurs frères d’armes, afin que ceux toujours conscients qui peuvent encore être sauvés n’aient pas cette vision d’horreur et de désespoir à la vue de leurs corps déchiquetés.

C’est donc dans cette effervescence qu’arrive l’hélicoptère transportant Florian et ses gardes du corps, passant presque incognito au milieu de cette agitation.

Quatre hommes également en civil viennent dès sa sortie l’encadrer pour faire écran à un éventuel curieux qui pourrait avoir envie de savoir ce que fait un si jeune garçon visiblement en bonne santé, au milieu de tout ce capharnaüm d’ordres et de cris de douleur.

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Une fois la porte du bâtiment franchie, je passe devant eux en connaissant parfaitement l’endroit où je dois me rendre et je ne suis qu’à moitié surpris en entrant dans le bloc, d’y voir l’équipe nippone du professeur Akihito qui déjà par deux fois m’a assisté.

- 再びあなたに会えて!この時間をもう一度させていただきます、私たちの最高の私たちの仲間 間の苦しみを和らげるためにも与えます。 (Heureux de vous revoir !! Cette fois encore nous allons devoir donner le meilleur de nous-mêmes pour soulager les souffrances de nos semblables.)

Ils s’inclinent avec une marque de respect qui me touche profondément, la confiance qu’ont ces quatre personnes à mon encontre ne fait aucun doute.

Je me tourne vers un des hommes en civil.

- Pendant que je vais me préparer, pourriez-vous allez me chercher la personne qui nous assistera pour le transfert des patients jusqu’au bloc ? Dites-lui que nous commencerons d’ici un quart d’heure, chaque blessé devra avoir sa fiche médicale qui l’accompagne !! Il nous faudra également quelqu’un qui saura nous fournir rapidement quelques demandes d’équipement dont nous pourrions avoir besoin en urgence !!

- Entendu !!

Il s’adresse au reste de son équipe.

- Vous autres, vous ne laissez entrer personne dans cette salle qui ne soit indispensable !!….

Le reste des ordres me devient inaudible au fur et à mesure que mon esprit s’imprègne du travail qui l’attend, c’est donc un petit quart d’heure plus tard que j’entre dans le bloc où déjà le premier patient est étendu en attente de l’intervention qui pour lui sera celle de la dernière chance.

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« Vingt-trois heures trente. »

L’homme est emmené en salle de réveil de là où il pourra ensuite être transporté dans une chambre, une fois que ses constantes montreront qu’il est hors de danger.

Plus de treize heures d’opérations à réparer sur ces soldats ce que les hommes sont capables de se faire subir, que ce soit brûlures, membres sectionnés, traumatismes divers, plaies profondes, éclats d’obus et j’en passe, me laisse d’un coup comme vidé de toute substance nerveuse à regarder hébéter mes assistants épuisés eux aussi et leurs vêtements couverts comme les miens de sang.

Je me rends bien compte que je ne dois pas être en meilleur état qu’eux, mes jambes tremblantes de fatigue me permettent à peine de tenir debout et c’est avec reconnaissance que j’accepte le siège qui m’est proposé.

L’homme imposant que j’ai tout de suite reconnu et qui me l’a tendu, me fixe si bizarrement que j’arrive malgré tout à esquisser un léger sourire.

- Peut-on avoir une pause avant de faire entrer le prochain ?

- C’était le dernier de ceux que nous pensions perdus !! Mes équipes peuvent terminer de s’occuper des autres maintenant, je ne sais pas qui ou ce que vous êtes mon garçon !! Mais sachez que ce que vous avez fait aujourd’hui dépasse de loin ce que les meilleurs d’entre nous auraient pu réaliser, vous avez des mains ainsi qu’un esprit d’analyse et de connaissances qui valent de l’or !!

- Faudra dire ça à mes professeurs de fac à la rentrée ! Hi ! Hi !

- Comment ça ??

- Eh bien oui quoi !! Je rentre normalement en première année de médecine en septembre, à condition bien sûr que je sois retenu.

La tête que fait Marcel m’éclate un maximum et malgré la fatigue qui me pèse, j’arrive à me lever en me tenant à son bras.

- En attendant j’aimerais dormir quelques heures avant de reprendre mes vacances si ça ne te fait rien !!

CHAPITRE 111 (Hôpital Bégin) (Jeudi matin) (Débriefing)

La salle se remplit lentement des officiers chirurgiens au fur et à mesure de leur arrivée pour assister au débriefing des vingt-quatre dernières heures, un étrange silence montre que déjà quelques révélations somme toute assez incroyables ont percé et que depuis beaucoup de questions se posent à eux, cherchant dans l’analyse silencieuse des faits à démêler le vrai du faux.

C’est donc dans cette ambiance étonnamment studieuse que le général Mathéi fait son apparition, surpris à son tour par le silence de cathédrale qui règne dans la pièce.

- Garde à vous !!

Le général rend le salut à ses officiers avec un petit sourire en coin qui démontre à qui le connaît un tant soit peu, qu’il est particulièrement satisfait de ce qu’il s’apprête à leur annoncer.

- Repos messieurs !! Déjà je vous informe que nous avons reçu les félicitations de notre ministre de tutelle, au vu des vies qui ont été sauvées grâce à votre professionnalisme. Avant que vous ne me posiez les questions qui vous brûlent les lèvres, je vais vous faire le résumé de la journée d’hier !! Sachez déjà que la rumeur qui court depuis ce matin est exacte, nous n’avons comptabilisé aucun décès !! Certains crieront au miracle, moi le premier si je n’avais pas été témoins de…. Disons…. Certaines choses.

- (Un officier) C’est impossible, sauf votre respect mon général !! Les hommes qui ont été envoyés sur vos ordres au pavillon de quarantaine n’ont certainement pas pu tous en réchapper ?? J’ai moi-même orienté les cas les plus désespérés, cinq ou six tout au plus et je vous assure que la plupart étaient déjà quasi mourant quand nous les y avons fait transporter !!

- (Le général) Et bien messieurs !! Rien de plus simple pour vous répondre que de vous conseiller d’aller le vérifier de visu, ces soldats ont été transférés à l’aube ce matin dans les chambres libres près de leurs compagnons d’armes.

- Mais enfin !! Comment….

- (Le général) Une question à laquelle il risque hélas de n'être jamais apporté de réponse satisfaisante, sauf peut-être si vous vous rendez assez vite aux chevets de vos patients. Il m’a été ordonné de me taire mais certainement pas d’empêcher mes officiers à poursuivre leurs tâches, je sais qu’une autre personne dont je n’ai pas le droit de parler a demandé à le faire avant de partir et donc avec un peu de chance, vous pourriez peut-être satisfaire en partie et en partie seulement une curiosité bien naturelle, maintenant je ne vous ai rien dit.

- (Un officier) Permission de quitter la salle mon général ? Il est l’heure des visites, je voudrais m’assurer que tout va bien et que les soins ont bien été donnés comme je les ai prescrits aux personnels infirmiers.

- (Le général) Permission accordée !! Nous reprendrons cette réunion en fin de matinée, je ne saurais que vous conseiller de rester discrets malgré tout !! Il est rare que l’état prenne autant de mesures pour la protection d’une seule personne, vous comprendrez très vite j’en suis certain la raison première de cette décision.

***/***

« Une petite heure plus tard. »

- Où suis-je ??

C’est la première pensée qui me vient à l’esprit quand j’ouvre les yeux, ça ne dure qu’un instant avant que je ne me rappelle de tout et que je souris de ce début de panique qui m’a pris, sans doute d’avoir eu peur d’être une nouvelle fois passé d’une réalité à l’autre.

Je reconnais maintenant la chambre réservée au personnel de garde du pavillon de quarantaine, aussi c’est avec un certain plaisir que mes craintes n’aient pas eu lieu d’être que je m’étends quelques secondes avant de mettre les pieds au sol pour aller aux toilettes et ensuite prendre une bonne douche avant de remettre avec une petite grimace mes affaires de la veille, petit imprévu d’intendance car je ne pensais vraiment pas rester coucher ici.

Un coup d’œil à ma montre pour constater que la matinée est déjà bien avancée, j’opte alors pour une dernière visite à mes patients avant qu’on vienne me chercher pour rentrer au camping.

Le sommeil m’a fait du bien, gommant quelque peu les images horribles de ces jeunes soldats atrocement touchés par une guerre qui n’était pas forcément la leur.

Je me doute bien que les hommes de Maurice attendent derrière la porte, ce qui a le don de m’agacer car j’estime cette façon de me cacher aux regards des autres plutôt déplacée, ne serait-ce déjà à cause de l’endroit où je me trouve.

Si la sécurité de mon pays n’a plus confiance dans son armée, où va-t-on ?? Je louche un instant vers cette porte avec un petit rictus qui si mon Thomas me voyait au lieu de dormir encore, comprendrait qu’il ne prépare rien de bon pour ces messieurs chargés de ma protection.

Et il n’aurait pas tort car connaissant parfaitement l’endroit où je me trouve, j’entre de nouveau dans la salle de bain commune avec une autre chambre donnant dans un angle opposé du couloir et de ce fait rendant la porte de celle-ci invisible depuis celle de ma chambre actuelle, devant laquelle mes gardiens doivent être tranquillement installés.

C’est donc avec un certain plaisir, que je leur fausse compagnie pour m’éloigner du pavillon par une sortie de service et me retrouver dehors non loin du bâtiment administratif où le général a ses quartiers.

De là à l’idée de lui faire un petit coucou, il n’y a qu’un petit pas à faire et ma décision est vite prise, traverser la cour d’honneur vide ne me prend que quelques secondes pour me retrouver devant la porte automatique de l’accueil et c’est au moment où je me présente devant, qu’une voix grave derrière moi me fait sursauter.

- Qu’est-ce que vous faites ici jeune homme ? Qui vous a laissé entrer et tout d’abord, où sont vos autorisations d’accès ?

CHAPITRE 112 (Hôpital Bégin) (Jeudi matin) (Un drôle d’intrus)

« Deux heures plus tard, bureau du général Mathéi. »

- De quoi !!!! Où avez-vous dit qu’il est ??

- En cellule mon général !!

Le général manque d’en avaler son képi, quand il se lève brusquement de son siège alors qu’il était jusqu’à présent assis tranquillement derrière son bureau.

- Sur ordre de qui ??

- J’ai pris cette initiative mon général, le temps que la police nationale vienne le chercher !!

- Mais enfin capitaine, vous êtes devenu fou ou quoi ?? Ce garçon est précisément celui que vous vouliez tous rencontrer !!

Le capitaine marque un bref instant de bug devant ce qu’il vient d’apprendre.

- Ses propos m’ont semblé complètement incohérents mon général, comment pouvais-je deviner ce qu’il était en le voyant ??

- Là !! Vous marquez un point j’avoue, mais vous auriez pu m’en avertir avant de prendre cette décision ? Ce ne sont pas nos habitudes de mettre des gamins en cellule alors qu’il n’avait rien sur lui qui puisse porter à nous faire craindre quoi que ce soit de sa part !! Rendez-vous compte que tout le monde cherche après lui depuis que les agents chargés de sa surveillance se sont aperçus de sa disparition ?

Le capitaine préfère ne pas répondre, voyant bien l’état d’excitation de son supérieur et il se demande quand même s’ils parlent bien de la même personne, le petit rouquin qu’il a fait arrêter ne ressemblant en rien à l’image qu’il aurait pu avoir d’un éminent chirurgien.

Le général voit bien le trouble de son subordonné, il finit par retrouver son calme en se disant qu’il n’avait fait que respecter la procédure et ce même si pour lui cela ressemble plus à de l’excès de zèle, aussi c’est d’une voix plus posée qu’il reprend la parole.

- Quelque chose à rajouter capitaine ?

- Je ne suis pas certain que nous parlions de la même personne mon général !! Ce gamin ne ressemble en rien à un quelconque docteur en chirurgie.

Le général soupire une nouvelle fois.

- Un mètre soixante-cinq environ ? Style crevette, avec les cheveux poils de carotte coiffés en pétard ?

- C’est bien lui mon général !! Comment pouvais-je me douter que…

- Je ne vous reproche rien capitaine, vous n’avez fait que ce que vous jugiez bon et c’est aussi de sa faute !! S’il n’avait pas voulu se soustraire à ceux qui sont chargés de le surveiller, rien de tout ceci ne lui serait arrivé.

- J’ai…. Enfin… je suis désolé !!

- Bon, le sujet est clos !! Il ne nous reste plus qu’à faire prévenir les agents de la DST et de faire libérer le gamin !! Je m’en charge !! Quant à vous capitaine, faites prévenir les autorités de police que c’était une erreur et qu’ils n’ont pas à se déplacer.

***/***

« Une bonne demi-heure plus tôt. »

- Houhou !! Y a quelqu’un ??

Le brigadier de garde s’approche de la cellule.

- Silence !! Arrête de vouloir ameuter le quartier avec tes cris ou tu auras à faire à moi !!

- Je voudrais juste parler au général !! Personne ne veut m’écouter !!

- Au général ?? Rien que ça ?? Pourquoi pas au président tant que tu y es ??

- Bah !! Si vous voulez, l’un ou l’autre ça m’est égal du moment qu’ils me fassent sortir de là !! Je dois retrouver mes amis et j’ai autre chose à faire qu’à perdre mon temps ici !!

- Fallait pas entrer dans une enceinte militaire sans y avoir été convié mon gars !!

- Elle est bonne celle-là !! Ce n’est pas moi qui ai demandé à venir ici pour soigner vos copains blessés !! Je sais que j’ai merdé en sortant du pavillon de quarantaine sans mon escorte de gros bras, je voulais juste les narguer un petit peu !! Ce n’était pas méchant quand même ? Pas au point de me retrouver derrière des barreaux !!

Le brigadier s’approche, visiblement curieux des dernières phrases prononcées avec conviction par le gosse, qui en plus reflète la réalité de ce que lui a appris sur les derniers événements de la veille et il sourit une fois de plus devant la bouille grêlée offusquée du gamin qui n’a vraiment pas l’air d’un terroriste, assis comme il l’est actuellement sur la paillasse en le fixant maintenant de ses yeux verts si prenants.

- Où as-tu pu savoir toutes ces choses que tu viens de dire ?

- J’y étais figure toi !!

Le brigadier contre toute attente déverrouille la cellule pour venir s’asseoir tranquillement près du gamin, qui depuis qu’il lui est apparu ne le quitte pas de ses yeux étranges, à la limite de l’hypnotisme.

- Raconte !!!

CHAPITRE 113 (Hôpital Bégin) (Jeudi matin) (Quiproquo)

***/***

Le général Mathéi traverse la cour d’honneur au pas de charge, faisant signe aux gars en civil qui sortent visiblement soucieux d’un bâtiment qu’ils viennent sans doute de fouiller de fond en comble sans résultats.

- Je sais où il est, suivez-moi !!

L’air visiblement soulagé des deux hommes n’étonne qu’à moitié le général qui comprend qu’au contact prolongé du gamin il ne puisse en être autrement, celui-ci dégageant une forte empathie autour de lui qui il le reconnait volontiers l’a déjà pris dans ses filets.

Un des deux agents parle alors dans son talkie d’une voie joyeuse qui conforte sa remarque précédente pour avertir les autres équipes de les rejoindre.

- C’est bon les gars !! Le général sait où il est !!

- Où êtes-vous ?

- Dehors dans la cour d’honneur !!

- Attendez-nous, nous arrivons !! Putain !! On peut dire qu’il nous aura foutu la trouille !!

***/***

Le groupe arrive dans le couloir menant aux cellules quand une voix les arrête, reconnaissable pour eux entre toutes.

- Et là ça te fait quoi ??

- Arrh !! Putain !! Ça fait du bien, t’arrête pas !! Arrh !!

Le général se tourne incrédule vers les hommes de la DST derrière lui, n’osant pas comprendre ce que pourrait signifier ces petits cris de bien-être, ajoutés à ces quelques paroles ambigües.

- Arrh !! Ouuiii !! Comme ça, n’arrête pas c’est trop bon !!

- Il était temps que je m’occupe de toi, pas vrai ??

- Arrh !! Tu as des doigts de fées !! Humm !! Ouuiii !!

Les hommes dans le couloir n’osent plus faire un pas, une certaine gêne pour ne pas dire une gêne certaine pouvant se lire à livre ouvert sur leurs visages.

La conversation accompagnée des bruits semblant sans équivoque, n’est pas pour les mettre spécialement à l’aise en les écoutant comme ils le font depuis le couloir des cellules.

- Profite s’en tant que c’est gratuit ! Hi ! Hi !

- Hummm !! Tu es un vrai pro !! Je me sens beaucoup mieux maintenant !!

- La prochaine fois tu feras attention où tu marches, ce n’était que quelques muscles froissés mais ça aurait pu être plus méchant. Pourquoi tu n’es pas aller plus tôt voir un kiné ?

- Je pensais que ça se remettrait tout seul avec le temps et visiblement j’avais tort !! Wouah !! Un vrai miracle, je n’ai plus mal du tout !!

- Evite juste les mouvements brusques pendant quelques temps, histoire que ton dos se renforce !! Tu peux remettre ta chemise et peut être que cette fois tu seras assez sympa pour prévenir Marcel que je suis là ?

- Marcel ??

- Le général si tu préfères !! J’ai perdu assez de temps ici et j’aimerais bien rejoindre mes potes au camping.

***/***

C’est précisément à ce moment-là que le général montre son nez, une fois qu’il a enfin compris de quoi il en retournait réellement entre les deux garçons et qu’il se présente à eux avec un sourire soulagé malgré tout que ces petits cris ainsi que ces soupirs de bienêtre entendus plus tôt, ne soient que les conséquences de manipulations médicales.

- D'habitude le gardien se trouve de l’autre côté des barreaux il me semble ?

Le brigadier se redresse d’un bond dans un garde à vous plutôt comique avec sa chemise à moitié reboutonner, je préfère prendre la parole avant qu’il ne prenne une nouvelle rafale de reproches.

- Vous en avez mis du temps ?? Le prochain coup que vous aurez besoin de mes services, ce serait bien de prévenir tout le monde de ma présence !!

Je n’attends pas de réponse, la tête du général étant suffisamment expressive pour que je prenne les devants et que je lui passe sous le nez en faisant un petit clin d’œil amusé au brigadier.

- On discutera de ça une autre fois, pour l’instant je dois aller consulter mes patients avant qu’on ne me ramène au camping.

CHAPITRE 114 (CHU de Reims) (Jeudi matin) (Comme quoi le monde est petit)

Frédéric observe la cour principale depuis la cafétéria où il prend sa pose en buvant un café insipide, venant tout droit du distributeur qui pourtant vante le goût de ses produits par forces images pour le moins alléchantes.

Le break qui se gare attire son attention car sensiblement identique à son ancien véhicule, duquel il s’est séparé avec regret d’ailleurs quelques années plus tôt.

Il reste un moment rêveur quand l’homme au volant sort du coffre un fauteuil roulant, pendant qu’un jeune homme aide une toute jeune fille à sortir d’un des sièges arrière tandis qu’une femme encore attirante, lève les yeux sur l’immense bâtiment toujours impressionnant pour qui le voit pour la première fois.

Frédéric se rappelle soudainement que son prochain rendez-vous est justement une fillette handicapée, il avale en grimaçant la dernière gorgée du liquide maintenant tiède et jette ensuite le gobelet dans la poubelle avant de sortir de la salle pour prendre le chemin de son bureau.

Quand il y arrive, la famille est déjà dans la salle d’attente et le père en conversation avec sa secrétaire, qui le voyant entrer lui adresse un sourire.

- Ah !! Docteur !! Votre rendez-vous vient juste d’arriver !!

- Veuillez entrer je vous prie !! Juste les parents si ça ne vous fait rien !!

Pendant que ceux-ci s’installent dans son bureau, Frédéric prend le dossier des mains de sa secrétaire pour en reprendre connaissance et comme la première fois qu’il l’a lu, Frédéric soupire d’amertume d’avoir à leur annoncer qu’il est fortement improbable que la petite Mélanie puisse un jour retrouver l’usage de ses jambes.

A la lecture du prénom de la jeune fille, Frédéric tique soudainement et il revient rapidement à la première page du dossier où le nom de famille y est inscrit, un doute le prend alors au point qu’il se précipite jusqu’au tiroir de sa table de travail afin d’en sortir la liste que lui a confié Maurice Désmaré.

Il lève alors les yeux vers l’homme visiblement surpris par sa précipitation, qu’il rassure d’un sourire.

- Vous êtes bien André Dufour habitant à Thillois ?

- C’est bien moi en effet docteur !!

- Père de Mélanie et Sylvain Dufour ?

- C’est encore une fois exact, mais je ne comprends pas très bien le but de ces questions sur mon identité ainsi que celles de mes enfants ? Tout est inscrit sur la fiche médicale de ma fille il me semble ?

Frédéric se reprend et évite de répondre par une pirouette, en relisant le dossier de la petite Mélanie.

- C’était juste pour vérifier, cela n’a pas vraiment d’importance !! J’ai bien examiné le dossier de Mélanie, je ne me dois d’être honnête avec vous !! Sa pathologie est extrêmement complexe, une opération n’est pas envisageable pour le moment. Du moins pas tant que votre fille n’aura pas terminé sa croissance.

- (André) Combien de temps cela demandera-t-il ?

- Au moins cinq ans !! Il faudra éviter l’atrophie des muscles en attendant, les séances de kinésithérapie régulières que je vais vous prescrire seront nécessaires afin de lui garder une musculature suffisante pour une réadaptation rapide une fois l’opération terminée.

- Mais ma fille remarchera ??

- C’est très difficile de l’affirmer aujourd’hui, la colonne est gravement atteinte et les réparations de moelles épinières ne donnent pas toujours des résultats probants.

- (Fabienne) Il y a quand même de l’espoir docteur ?

Frédéric reste songeur quelques secondes avant de répondre.

- Il y en aurait bien un en effet !!

- (André) A quoi pensez-vous docteur ? Nous sommes prêts à tous les sacrifices pour que notre petite remarche un jour.

- (Frédéric) Mes propos n’étaient pas tant pécuniaires mais plutôt axés sur la disponibilité de la seule personne à ma connaissance qui puisse intervenir avec succès.

- (André) Pouvons-nous prendre contact avec cette personne ?

Frédéric hésite avant de répondre, de peur d’en dire plus que nécessaire et de ce fait, trahir un secret jusque-là bien gardé.

- Je crains hélas que ce ne soit pas possible pour le moment, je vous avertirais quand celui-ci sera venu mais sachez dès à présent que vous êtes sur la liste que je tiens dans les mains et qui vous a valu tout à l’heure cette expression d’incompréhension devant ma précipitation, je voulais juste en fait vérifier que c’était bien cette Mélanie qui y était inscrite.

- (Fabienne) Une liste ?? Mais quelle liste ??

- C’est un peu prématuré de vous en parlez, sachez juste que le nom de votre fille y est inscrit !!

- (André) Pouvez-vous me montrer cette liste ?

- Tenez !! Les noms qui sont dessus ne vous diront sans doute rien.

André et son épouse se penchent avidement sur la feuille où comme indiquer par le docteur, un nombre assez conséquent de noms y sont inscrits.

- Je ne comprends pas ?? Mon fils est aussi sur cette liste ainsi que deux de ses amis, pourtant aux dernières nouvelles ils ne sont pas malades que je sache ??

- Je n’ai jamais prétendu qu’elle ait cette fonction !!

CHAPITRE 115 (CHU de Reims) (Jeudi matin) (Comme quoi le monde est petit) (fin)

- Que représente-t-elle alors ?

- Ma réponse risque de vous troublez encore plus !!

- Ma femme et moi n’en sommes plus à ça près vous savez ?

- Très bien, alors disons que c’est plutôt une liste d’amis que quelqu’un cherche à retrouver et figurez-vous que celui qui fait ces recherches est justement la seule personne qui soit actuellement apte à opérer Mélanie avec succès, comme quoi le destin peut parfois paraître heureux vous ne trouvez pas !!

- (Fabienne) Connaissons-nous cet homme ??

- Je ne pense pas, non !! Mais lui vous a bien connu, ce serait trop long à entrer dans les détails et d’ailleurs vous ne me croiriez sans doute pas, le mieux serait encore que vous rencontriez une autre famille qui est tout aussi curieuse que vous d’en savoir plus sur cet homme. La seule différence de cette famille avec vous, c’est que leur enfant a déjà été soigné par ses soins.

- (André) Comment va-t-il ??

- On ne pourrait aller mieux aux dernières nouvelles !! Il s’agit du petit Ludovic Lemont, son nom est stabiloté en jaune comme tous ceux qui ont été retrouvés jusque maintenant.

- Pouvons-nous avoir une copie de cette liste ?

- Hélas je crains de ne pas pouvoir accéder à cette demande, si je vous en ai parlé c’est juste pour que vous gardiez espoir pour votre fille et pendant que nous y sommes, pourriez-vous m’indiquer où nous pourrions trouver les deux amis de votre fils qui sont sur cette liste ?

- (Fabienne) Pour ça c’est facile, ils doivent venir vivre chez nous pour le temps de leurs études.

André rend la feuille à Frédéric, après avoir noté le nom de la famille qu’il leur a été conseillé d’aller visiter.

- Où pourrons-nous trouver ces personnes ?

- Je vous le ferai savoir rapidement, n’ayant pas cette information pour l’instant.

André va pour se lever, quand une dernière question lui vient soudainement en se rappelant de l’en-tête inscrit sur la feuille qu’il a été bien obligé de rendre.

- C’est noté en haut de cette feuille « liste F.DB », que veut dire ce F.DB ?

Frédéric une fois encore hésite à répondre, mais les yeux fixés sur lui sont tellement avides de savoir qu’il lâche un soupir avant de leur donner une dernière indication.

- Ce sont les initiales de la personne qui a donné ces noms, sachez que tout ceci n’aurait jamais dû vous être révélé et que le gouvernement s’occupe de très près à la sécurité de cette personne qui a …comment dire…des « dons » peu courants pour la médecine en général. Suffisamment peu courants pour qu’un certain anonymat soit préservé sur son nom, vous comprendrez un jour tout ce qui aujourd’hui doit vous sembler loufoque et vous comprendrez également pourquoi je ne peux pas vous en dire plus, encore une fois j’aurai dû être moins bavard ! Mais je comprends vos attentes, je tiens une nouvelle fois à vous rassurez et je ne peux que vous conseilliez vivement d’aller rencontrer cette famille, leur enfant était donné comme perdu par les plus grands spécialistes et pourtant à ce que j’en sais, il a retrouvé toutes ses facultés tant physiques que mentales.

- (André) De quoi souffrait-il ?

- D’une tumeur au cerveau en phase terminale !!

- Ahhh !!! Je vois !!!

Frédéric se lève avec le sourire en leur indiquant par ce geste que l’entretien est terminé pour aujourd’hui.

- Vous avez de la chance alors, parce que pour ma part je n’explique pas comment il a pu s’en sortir, sauf peut-être dans ce que je qualifierais de miracle !! Nous nous reverrons dès qu’il sera temps pour Mélanie de commencer ses exercices de musculations et en attendant faites la suivre par un kiné, ma secrétaire vous fera parvenir à votre domicile l’ordonnance que je vais vous préparer.

Ce n’est qu’une fois qu’ils ont tous les deux quitté son bureau, que Frédéric s’assoit en poussant un profond ouf de soulagement de s’en être lui semble-t-il pas trop mal sorti de cette situation pour le moins inattendue.

Il sort de son portefeuille la carte de visite de Maurice et décide de l’appeler pour le prévenir qu’il a retrouvé quatre des noms de la fameuse liste, mais aussi de ce que ses paroles ont laissé échapper comme indications.

***/***

« Sur le parking du CHU. »

André repense à cette conversation pour le moins bizarre qu’il vient d’avoir avec le chirurgien, il se tourne vers Sylvain pour lui demander.

- Ça te dit quelque chose à toi, un gars qui vous connaitrait ainsi que Carole et Sébastien, dont les initiales seraient F.DB ?

- Pfft !! Non !! Pourquoi ?

CHAPITRE 116 (Camping de la dune) (Jeudi soir) (Régénération par le sexe ?)

Chloé sort le nez de son bouquin quand elle entend les garçons revenir de la douche, elle lève les yeux vers eux avec un petit sourire en coin du plaisir sans cesse renouvelé d’en prendre encore plein la vue de ses amis tout bronzés maintenant et qui donne à leurs corps cette couleur pain d’épice qui les rend encore plus craquant.

Seul Thomas ou plutôt « cousin » comme ils l’appellent tous maintenant, n’a pas changé, son teint naturellement de cette couleur démontre les origines d’Afrique du nord de ses parents d’origine et Chloé reconnait qu’il n’y aurait pas cette particularité de couleur de peau, rien ne laisserait à penser qu’il ne soit pas caucasien comme la plupart d’entre eux.

C’est devenu maintenant un ami aussi cher que n’importe lequel de la bande, « cousin » ayant eu l’intelligence de bien comprendre son message quand il était devenu trop collant et Léa tout comme elle, n’ont plus eu depuis à s’en plaindre, l’appréciant maintenant à sa juste valeur.

La journée a été suffisamment riche en activités diverses pour qu’ils n’éprouvent tous que l’envie de se poser en attendant l’heure du dîner, se contentant d’écouter Thomas ou Antonin, faire le bilan des activités de Florian au fil de l’eau comme ils semblent les vivre avec lui.

- (Yuan) Il est encore loin le rouquemoute ?

- (Thomas) Il devrait être bientôt là, la dernière fois qu’il avait les yeux ouverts il était dans l’hélico et ça va faire déjà un bon bout de temps.

- (Jean Baptiste) Il est toujours comme ça à dormir dès qu’il est en transport ?

- (Thomas) Souvent, oui ! Hi ! Hi ! Faut dire aussi que ses nuits sont plutôt courtes, alors il profite de chaque moment où il peut reprendre des forces.

- (Éric) Je ne sais pas où il trouve toute l’énergie qu’il a, je le compare des fois à une pile électrique !!

- (Antonin) Plutôt un accu et je commence à me demander si ce n’est pas nous qui lui servons de chargeurs.

- (Thomas) Tu peux développer ton idée ?? J’ai moi aussi eu souvent cette impression, surtout pendant nos petites soirées à plusieurs.

- (Raphaël) Petites ?? Comment tu y vas toi !! Il nous lessive tous un par un et trouve encore le moyen d’être au beau fixe en se levant le matin, pour ma part j’avoue honnêtement que ce n’est pas mon cas !!

- (Éric amusé) Je confirme ! Hi ! Hi !

- (Yuan) Tu crois qu’il en est conscient ?

Voyant que ses amis le regardent sans comprendre.

- Je veux dire, qu’il est comme il est avec nous justement parce qu’il en a besoin sans s’en rendre compte !!

- (Antonin) C’est justement l’objet de ma réflexion, ce serait sa façon à lui de se…comment dire…régénérer ??

- (Antoine) Pour le savoir, il suffirait de le laisser quelques jours juste avec Thomas ! Hi ! Hi !

- Merci les copains !! Comme ça c’est moi qui serai sur les rotules ! Hi ! Hi ! Non sérieux !! Je pense qu’il y a du vrai dans tout ça, je m’en suis déjà fait bien souvent la remarque et ça arrive à chaque fois qu’il s’épuise dans une chose qui lui tient à cœur, vous n’aurez qu’à remarquer que c’est souvent après de gros efforts que sa libido devient incontrôlable.

- (Léa) Alors les gars vous avez intérêt à bien vous nourrir ce soir, parce que si ce que dit Thomas est juste vous n’allez pas y couper ! Hi ! Hi !

Chloé n’en rate pas une miette et surtout de la réaction des garçons aux dernières paroles de sa copine, ceux-ci se regardant tous ou presque avec un petit sourire qui en dit long sur ce qui leur passe actuellement par la tête.

- Vous n’allez pas vous y mettre tous les sept quand même ?

Raphaël se tourne vers elle, les yeux déjà brillants d’envie.

- Et pourquoi pas !! Nous verrons bien si ce qu’a dit « Tonin » est exact, j’aimerais bien le voir demander grâce au moins une fois !! Pas vous ??

Léa observe son cousin qui en a les yeux exorbités à comprendre ce qui se prépare entre ses nouveaux copains, elle lui prend gentiment le bras pour qu’il reporte son attention sur elle.

- Tu devrais envisager une sortie pour ce soir ou l’achat de bouchons d’oreilles ! Hi ! Hi !

- Mais !! C’est une vraie partouze qu’ils envisagent tous de faire, c’est quoi ce délire ??

- C’est juste leur façon de s’éclater tous ensemble, je pense qu’Antonin a entièrement raison et que s’il n’y avait pas Florian, ils ne penseraient pas à faire ce genre de trucs.

- Tu expliques ça comment, toi ?

- Florian n’est pas comme nous, son métabolisme ou je ne sais quoi d’autre le pousse à se nourrir de sexe !! Un conseil !! Suis mes recommandations et achète-toi des bouchons d’oreilles, sinon je ne serais qu’à moitié étonnée si je te retrouvais demain matin avec eux ou encore complètement épuisé dans ton lit à avoir trop joué avec la bête.

- Tu crois que je vais passer ma nuit à les écouter en m’astiquant le manche ??

- Les sons qui sortent de sa gorge quand il est en état d’excitation se propagent assez loin et ceux qui les entendent même s’ils ne sont pas comme lui ne restent pas indifférents, je suis bien placée pour le savoir ! Hi ! Hi !

- Ah !! Parce que toi…

Il lance un regard vers Chloé en souriant, s’apercevant de ses joues devenues subitement bien rouge à les écouter.

- Non !!!…Vous aussi, vous…Ohhh !!!

CHAPITRE 117 (Camping de la dune) (Jeudi soir) (Le « Don » qui doit rester secret)

« Dans les airs. »

Le temps du trajet m’a paru très court, sans doute dû au fait que j’ai dormi pendant une bonne partie du retour et je profite des quelques minutes qui restent pour une fois de plus, faire un bilan de cette réalité où je ne me sens pas vraiment chez moi.

Bien sûr j’ai retrouvé mon Thomas, seulement j’y ai perdu deux amis et peut être encore d’autres d’ici à ce que mes recherches pour les retrouver tous aboutissent.

Mathis me manque terriblement, rien que de penser à lui m’amène une fois de plus les larmes aux yeux et plus j’y pense, plus l’idée que j’ai exposé à ses parents comme à son oncle et à Maurice, me parait si ce n’est débile, du moins pas si bonne qu’à première vue.

Tenter de reproduire avec Mathis ce qui s’est passé avec Benjamin et Thomas, ne me semble plus si évident qu’il me l’était apparu il y a quelques jours.

Amener son cercueil jusque sur la dune à l’endroit où mes forces mentales semblent être décuplées, envoyer ensuite mon esprit dans cette autre réalité que j’ai visité en épuisant quasiment toutes mes forces psychiques ainsi que celles de mes amis en puisant en eux, pour trouver ce monde où un Mathis existe mais qui se retrouve seul après le terrible accident lui ayant fait perdre toute sa famille.

Procéder ensuite à l’échange des deux corps, ne me semble plus l’idée lumineuse comme elle m’était apparue alors et les raisons évidentes me viennent à l’esprit au fur et à mesure que j’y pense.

Déjà une, il en résulterait bien trop de problèmes d’adaptation car ensuite en supposant bien sûr que je réussisse cet exploit de le ramener dans ce monde, ça n’enlèverait pas le souvenir qu’ont Léa et ses parents de son suicide, ni toutes ses longues années passées à le pleurer.

Pour Mathis également le changement serait trop radical et il n’est pas certain qu’il arriverait à s’adapter dans cette nouvelle matérialité, dans laquelle il apparaitrait après tout ce qu’il aura vécu jusqu’au décès malheureux qui aura valu à ce que je le choisisse lui plutôt qu’un autre et ce parmi toutes ces réalités qui maintenant me sont de plus en plus accessibles.

Comment revenir sur cette idée sans leur laisser à tous comme un arrière-goût d’amertume, voire d’une trop grande déception de cet immense espoir que je leur ai donné et qui j’en suis certain est depuis lors le sujet principal de leurs pensées.

Mais pourquoi aussi a-t-il commis cet acte qui l’a détruit de si atroce façon ? Pourquoi personne n’a su voir arriver ce suicide après qu’il ait appris le malheur arrivé à son meilleur ami ? Pourquoi les autorités n’ont-elles pas mis en place une cellule psychologique pour justement éviter ce genre d’extrémités ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Tout s’embrouille dans ma tête…et si ? …la pensée qui me vient alors, me fait me relever d’un bond sur mon siège.

- Du calme mon garçon, qu’est-ce qu’il t’arrive ?

- Nous arrivons bientôt ?

- Encore un petit quart d’heure, pourquoi ? Te voilà bien pressé tout d’un coup ?

- Je fixe Victor dans les yeux.

- J’ai besoin d’un peu plus de temps !!

- Combien ?

- Je n’en sais rien, il faut juste que tu me fasses confiance !!

Victor se tourne vers le pilote.

- Il nous reste combien de carburant ?

- Une heure de vol environ !!

- Ça te suffira ??

Mes yeux se ferment, commençant à libérer mon esprit de mon corps.

- Je pense que oui !!

***/***

« Aix en Provence, sept ans plus tôt. »

Un jeune garçon blond d’une douzaine d’année, le visage ravagé par les larmes et l’immense sentiment d’être coupable du malheur qui vient d’arriver à son meilleur ami, enroule la corde autour de son cou puis fait le double nœud qui le maintiendra en place alors qu’il est assis sur le rebord de la fenêtre de sa chambre, les pieds pendant dans le vide.

Rongé par le remord et le chagrin de s’être disputé pour une chose tellement puérile, les yeux rougis d’une nuit presque entière passée à pleurer toutes les larmes de son corps en fixant le vide sous ses pieds.

Il est prêt à donner la dernière impulsion, celle qui le libérera à tout jamais du remord de ne pas avoir été là à sa place, quand une voix semblant venir de l’intérieur de sa tête le retient.

CHAPITRE 118 (Camping de la dune) (Jeudi soir) (Le « Don » qui doit rester secret) (suite)

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- Ne fait pas ça Mathis !! Je te promets que ton ami s’en sortira !!

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Ses mains s’accrochent au rebord de la fenêtre prêtes à lui donner la poussée nécessaire, quand la voix revient plus puissante encore.

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- Pense à ta sœur, à tes parents !! Benjamin vivra je te le promets, ne fais pas ça !! Ta vie sera longue et heureuse, pourquoi la gâcher sur un moment de folie destructrice ??

- Benjamin est mort !! C’est ma faute !!

- Tu te trompes « Math » !! Benjamin est vivant et il aura besoin de toi !!

- Mais enfin !! Qui es-tu ??

- Quelqu’un qui t’aime trop pour accepter que tu sacrifies ta vie !! Quelqu’un qui te dira un jour que ce n’est pas un rêve que tu fais, n’en parle jamais à personne !! De toute façon qui te croirait ?? Mais fais-moi confiance.

- Benjamin est vraiment toujours vivant ?

- Enlève cette corde de ton cou et va rejoindre tes parents, ils t’aiment « Math » !! Tu ne voudrais pas qu’ils soient aussi malheureux que tu l’es en ce moment ?

- Bien sûr que non !!

- Alors rejoins-les et pleure avec eux, mais surtout ne gâche pas ta vie !! Ne gâche pas leurs vies !!

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Les mains tremblantes du petit garçon dénouent la corde qui lui enserrait le cou, il referme la fenêtre une fois ses deux pieds sur le sol de sa chambre et court en pleurant jusqu’à celle de ses parents pour venir s’allonger entre eux deux qui le prennent chacun dans un de leurs bras en l’embrassant avec amour, comprenant son chagrin bien trop grand pour son âge sans jamais se douter à quel terrible malheur ils viennent d’échapper.

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« Dans les airs. »

D’autres mains maintiennent avec inquiétude le corps de Florian qui s’est écroulé d’un coup comme un pantin disloqué juste après ses dernières paroles, le tenant ainsi depuis presque une heure sans comprendre quel mal soudain l’a pris pour le mettre dans un état pareil.

- L’hôpital nous attend patron !! Ils demandent s’il est toujours dans le même état de léthargie ?

- Réponds-leur que oui !! Combien de temps avant que l’heure soit passée ?

- Dix minutes patron !! Il va falloir penser à se poser, nous allons vite être à court de carburant !!

- Il a demandé une heure !!

- Oui mais c’était avant qu’il ne tombe dans les pommes !!

- Peut-être y a-t-il un lien avec sa demande ? C’est comme si son corps n’était plus habité !!

Victor soupire en changeant légèrement sa position pour éviter la crampe qu’il sent venir dans son bras droit, il pose la tête de Florian dans le creux de son épaule en le fixant intensément.

- Allez petit !! Reviens !!

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- Allez petit !! Reviens !!

Ce sont les paroles que j’entends en reprenant la maîtrise de mon corps, une énorme fatigue s’abat alors sur moi qui me permets à peine d’ouvrir les yeux.

- Petit ??

CHAPITRE 119 (Camping de la dune) (Jeudi soir) (Le « Don » qui doit rester secret) (fin)

Victor sursaute, son regard plonge alors dans celui du jeune homme qui pétille de malice malgré la lassitude évidente de ses traits.

- Ça va mieux ? Tu peux me dire ce qu’il t’est arrivé ?

- Dormir !!

Victor voit les yeux qui lentement se referment, le corps dans ses bras lui semble s’être remis de cette impression de vide qu’il lui trouvait avant son réveil et c’est beaucoup plus rassuré qu’il reporte son attention sur le pilote.

- Tu peux nous poser à présent, je pense que sa crise est terminée !! Maintenant il dort !!

- Ouf !! On a eu chaud patron !! Le boss nous aurait taillés en morceaux s’il lui était arrivé quelque chose, c’est qu’il a l’air d’y tenir à ce môme !!

Victor a un petit sourire entendu que le pilote bien sûr ne peut voir, il passe ensuite une main paternelle sur la touffe de cheveux flamboyants toujours en manque d’un bon coup de peigne.

- Et il a de bonnes raisons, tu peux me croire !!

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« Aux mobil homes. »

Chloé et toute la bande regardent Thomas et Antonin qui viennent d’un coup de reprendre des couleurs, respirant mieux à leurs tours de cette heure passée où les deux garçons cherchaient désespérément à retrouver le contact mental qui les relie à Florian.

- Ça va mieux on dirait !! Vous l’avez retrouvé ??

- (Thomas) A l’instant !!

- Mais à quoi pense-t-il donc pour nous faire des frayeurs pareilles ?

Les deux garçons se regardent avec soulagement mais aussi avec effarement quand après presque une heure d’absence totale, l’esprit de Florian leur est redevenu accessible et surtout depuis qu’ils peuvent lire en lui ce qu’il vient de réaliser, ce qui pour eux semble incroyable et pour cause.

Ils se tournent alors, visiblement incrédules vers un des garçons qui s’en aperçoit, haussant les sourcils d’un air curieux.

- Et bien quoi ? Qu’est-ce que vous avez à me dévisager comme ça ? Dites-nous plutôt si « Flo » va bien !!

- Il va bien rassure toi !!

- Il vous a dit pourquoi vous n’étiez plus en contact avec lui ? J’espère que vous allez lui passer un bon savon, ça ne se fait pas d’inquiéter ses amis comme il l’a fait !!

- (Thomas) Il avait une bonne raison pour ça !!

- Ah oui, vraiment ?? Laquelle ??

- (Antonin) Il vient de sauver la vie à quelqu’un et tu ne devineras jamais en faisant quoi ?

- Un petit coup de potion magique ! Hi ! Hi !

- (Thomas) Figure toi que c’est plus fort que ça !!

- Je suis curieux là !! Parole !! Il a fait quoi le rouquemoute pour que vous fassiez cette tête-là ?

Thomas le prend par le bras en l’éloignant un peu des autres et pouvoir lui parler plus librement, sans que tout le monde l’entende.

- Pas grand-chose en fait !! Juste revenir sept ans en arrière pour entrer dans la tête d’un gosse qui voulait en finir avec la vie !!

Mathis devient soudainement blanc comme un linge, comprenant maintenant de quelle vie sauvée il est question.

- Je pense que je vais devoir le…. Remercier !!

Thomas en venant le serrer très fort dans ses bras, lui susurre à l’oreille pour qu’il n’y ait que lui qui l’entende.

- A ton avis !! Maintenant tu ne te poseras plus jamais la question sur la nature de ses sentiments à ton égard, pas vrai…. « Petit frère ».

CHAPITRE 120 (Hôpital de Bordeaux) (Vendredi matin) (Explications)

La nuit passée au calme dans cette chambre d’hôpital m’a fait un immense bien, aidé ensuite par un copieux petit déjeuner qui ne correspond certainement pas au quotidien d’un tel lieu.

Je n’ai bien sûr pas pu couper à la visite du chef de service de l’étage, qui a bien dû accepter que je sorte le matin même devant le constat évident de ma bonne santé physique.

- C’est à n’y rien comprendre jeune homme !! A croire qu’il ne vous est rien arrivé ??

- Sans doute le mal de l’air, je n’y suis pas habitué !!

- Hum !! Possible en effet !! Je ne saurais trop vous conseiller que de les éviter autant que possible !!

- J’en prends bonne note docteur, à quelle heure pourrais-je sortir ?

- A partir de dix heures, je vais faire prévenir votre oncle qui attend à l’accueil.

Je retiens in-extremis mon sursaut de surprise qui pourrait créer des difficultés à Victor.

- Dites-lui surtout qu’il n’a plus à s’inquiéter.

- C’est déjà fait mon garçon, n’hésitez pas à revenir me voir si vous ne vous sentez pas bien ces prochains jours ?

- Je n’y manquerai pas docteur, merci beaucoup.

L’homme me sourit amicalement avant de sortir de la chambre, je profite des deux heures qu’il me reste à passer ici pour entrer en contact avec Thomas et Antonin, afin de faire le point avec eux sur les changements qu’ont apporté dans leur vie mon intervention dans le passé.

Ce qui me trouble le plus, c’est que je suis le seul à avoir gardé les mêmes souvenirs alors que dans les leurs Mathis en fait partie intégrante.

Je peux lire dans leurs esprits ce qu’eux y ont gravés de tous ces moments passés avec « Math » depuis qu’ils ont fait sa connaissance et que ce soit Antonin à Aix ou Thomas quelques jours plus tôt, quand il lui est apparu en tenant Léa par la main avant que Philippe ne les prenne tous les deux à part, pour leur expliquer sa présence à la place de Benjamin, il a toujours depuis lors fait partie intégrante du groupe.

Je comprends donc l’énorme curiosité qu’ils ont tous les deux à entendre mon histoire, mais surtout de la revivre avec moi jusqu’au moment où j’ai disparu de leur tête pendant presque une heure.

- (Thomas) Comment tu expliques ça ? En changeant le passé, tu aurais dû toi aussi ne plus te souvenir de ce qui par le fait n’est jamais arrivé ?

- (Antonin) Et d’ailleurs comment as-tu pu faire une chose pareille !! Tu as remonté le temps ?? Comment tu as fait ??

- Je serais bien incapable de te répondre !! Je pensais à « Math » et je n’ai pas pu supporter plus longtemps qu’il ne soit pas avec nous, ensuite j’ai eu comme un flash !! Mon esprit commençait à quitter mon corps !! Le temps de prévenir Victor de ne pas s’inquiéter et j’étais dans la tête de « Math » juste avant qu’il ne se suicide.

- (Thomas) Admettons !! Avec toi de toute façon, plus rien ne devrait nous étonner ! Mais logiquement puisqu’il restait en vie, tu ne devrais plus avoir le souvenir d’une chose qui ne s’est jamais réalisé ??

- Je pense que c’est justement parce que j’étais avec lui que pour moi rien n’a changé !!

Le futur a dû permuter instantanément et quand je suis revenu à moi dans cette époque et bien mon esprit n’a tout simplement pas vécu le changement, je suis donc resté avec ce que j’avais connu jusque-là !! De toute façon je pense que je n’aurais pas pu intégrer sans risque pour ma santé mentale deux vies différentes dans la même réalité. C’est logique quand on y réfléchit un tant soit peu !! Comment aurais-je pu aller empêcher Mathis de se suicider si pour moi il n’était jamais mort ?

Antonin sarcastique.

- Houlà !!! Ça chauffe là-bas dedans !!

- (Thomas) De toute façon ce qui est fait est fait, le principal étant que « Math » soit avec nous et je serais presque à te renvoyer changer quelques petites choses, son caractère de bulldog avec les mecs qui le regardent de trop près par exemple ! Hi ! Hi !

- (Antonin) Je confirme ! Hi ! Hi ! Depuis que je le connais, il y en a eu un certain nombre qui se sont vu envoyer paître pour un simple regard un peu appuyé !! Moi le premier, jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il ressemblait trop à Thomas pour que je n’arrête pas de le fixer et que ce n’était pas parce que je voulais coucher avec lui ! Hi ! Hi !

- Et avec moi comment il est ?

- (Thomas) Tu le sais très bien !! Pareil amoureux que de là d’où nous venons, j’espère que ça ne va pas créer de problèmes !! Maintenant il ne se pose déjà plus la question de savoir si tu l’aimes, il sait ce qu’il te doit depuis que je lui ai parlé du petit garçon qui allait se pendre et qu’une voix l’en a empêché.

- Il va falloir garder ça secret, l’oublier même !! Rendez-vous compte si quelqu’un un jour apprenait ce que j’ai fait et veuille s’en servir pour modifier l’avenir à son avantage ??

- (Antonin) Tu l’as déjà modifié pourtant ?

- Oui !! Mais juste sur un seul gamin qui n’a rien changé de fondamental depuis, imagine si j’avais par exemple tué Hitler avant qu’il ne déclenche cette guerre qui a fait des millions de morts !! L’avenir ne ressemblerait plus du tout à celui qui est écrit dans les livres d’histoires et nous ne serions peut-être pas nés !!

- (Thomas) Comment ça ??

CHAPITRE 121 (Hôpital de Bordeaux) (Vendredi matin) (Explications) (fin)

« Continuation de la conversation mentale avec Antonin et Thomas. »

- Imagine tous ces hommes jeunes encore en vie, ils auraient eu des enfants eux aussi !! Ta mère ou la mienne ainsi que n’importe quelles autres mères de nos amis auraient pu tomber amoureuses de l’un deux et ne jamais connaitre nos pères !!

- (Antonin) Il n’y aurait jamais eu non plus le mur séparant en deux mon pays et mes parents n’auraient pas eu à se cacher toute leur vie ?? Mais tu as sans doute raison !! Qui peut savoir si ça aurait apporté plus de bon que de mauvais !!

Un silence assez long se fait, où chacun réfléchit à ce qui vient d’être dit.

- (Thomas) Mathis ne dira rien, j’ai eu une conversation avec lui hier soir dès que j’ai compris ce que tu venais de faire !! Attends-toi quand même à la réaction qu’il aura tout à l’heure quand tu vas rentrer !! Il a été fortement secoué d’apprendre que c’était toi la voix dans sa tête.

- Et la mienne de réaction, tu y as pensé ?? Je ne sais pas si j’arriverai à contrôler mes émotions, si ce n’est pas le cas les autres vont avoir de sérieuses questions à se poser !!

- (Thomas) Tu l’aimes toujours autant ?

- Comme si tu avais besoin de me poser cette question !! Crois-tu que j’aurais trouvé la force de volonté nécessaire de faire ce que j’ai fait si ce n’était pas le cas ?

- (Antonin) Tu le referais pour quelqu’un d’autre ? Le fils de Maurice était aussi un de tes amis il me semble !!

- (Thomas) « Tonin » a raison !!

- Ce serait avec joie si seulement j’en savais assez pour le faire !! Je n’ai pas trop compris comment ça a pu réussir avec Mathis, alors de là à le reproduire sur

« Wanou » ?? En plus je ne connais rien de l’accident, ni le moment, ni les circonstances, ni le lieu !! Avec Mathis c’était différent puisque je connaissais la date exacte ainsi que l’endroit où ça s’est produit et puis comme je viens de vous le dire, je n’ai aucune idée du comment j’ai pu faire pour envoyer mon esprit dans le passé !! C’est venu tout seul vous comprenez ??

- (Thomas) J’ai peut-être une idée sur le où, quand, pourquoi !! Tu te rappelles sur la dune le soir où tu as envoyé ton esprit dans d’autres réalités ?

- Bien sûr que oui !!

- Une chose que tu ignores peut-être c’est que j’ai failli partir avec toi et qu’il m’a fallu refermer cette porte virtuelle vite fait pour rester avec les autres, j’étais comme aspiré dans tes traces !! Sûrement parce que nous étions connectés ensemble à ce moment-là.

- Tu voudrais que j’emmène Maurice ??

- Tu as tout compris !! Lui seul connait tout ce que tu as besoin de savoir pour retrouver Erwan, qu’en penses-tu ?

- Que tu n’imagines même pas l’énergie qu’il m’a fallu pour le faire seul !! Si je suis dans cette chambre d’hôpital, ce n’est pas juste pour passer une nuit aux frais de la sécu !!

- On pourrait t’aider comme nous l’avons fait sur la dune, il suffirait de trouver une excuse valable à ce que tu veuilles emmener Maurice avec toi !! Je ne sais pas moi ??....

- (Antonin) Lui faire découvrir son fils tel qu’il est dans une autre réalité par exemple ?

- (Thomas) Bonne idée ! Hi ! Hi ! Comme quoi il n’est pas si bête que ça le petit !!

- (Antonin) Traite moi de blond pendant que tu y es ?? Remarque ça serait aussi bon pour toi ! Hi ! Hi !

- De toute façon ça ne résout pas le deuxième point qui pose problème, j’ignore totalement comment j’ai pu m’y prendre !!

- (Thomas) Rien ne presse, nous aurons le temps d’en reparler et de trouver une solution !! J’ai déjà une petite idée là-dessus.

Antonin tout comme moi, lisons en lui l’idée qu’il vient d’avoir.

- (Antonin) Ça peut fonctionner !! C’est un peu ce que tu as fait dans l’hélico avec Mathis pas vrai ?

- Je ne sais pas en fait, peut être que ça pourrait marcher !!

- (Thomas) Tu veux revoir « Wanou » ?

- Bien sûr, quelle question !!

- (Thomas) Alors il n’y a pas de raison que ça ne fonctionne pas !! A nous d’arriver à te mettre en conditions !!

- Et si je n’y arrive pas ?

- (Antonin) Qui le saura ?

- Maurice !!

- (Thomas) Pas forcement, tout dépend de ce qu’on lui dira !!

- Ça pourrait changer son avenir et imagine qu’il ne soit plus à son poste de directeur !!

- (Thomas) Oui et alors ? Au moins il aurait son fils près de lui, ce ne serait déjà pas si mal pas vrai ?

- Seulement le futur…. Ce futur, s’en trouverait affecté !!

- (Antonin) Tu penses à tout ce qu’il fait pour toi ?

- (Thomas) Dans tes souvenirs ? Il a bien toujours eu ce poste pas vrai ? Pourquoi veux-tu qu’il en soit autrement ici ?

- Il faut que je réfléchisse !! Ça peut être dangereux !!

- (Thomas) Pour qui ? Pour toi ? Personne n’est obligé de mettre Erwan au courant !!

- Peut-être, mais Maurice le sera automatiquement puisqu’il sera avec moi ?

- (Antonin) Si c’est le cas tu n’as plus à te faire de soucis, c’est qu’il aura toujours son poste puisque pour lui l’avenir n’aura pas changé !!

- (Thomas) Waouhhhhh !!! Là « Anto » tu me scotches sur place ! Hi ! Hi ! En plus ça se tient !!

CHAPITRE 122 (Camping de la dune) (Vendredi matin) (Rencontre)

« Fin de la conversation mentale avec Antonin et Thomas. »

J’entends des pas dans le couloir, je jette un coup d’œil à ma montre et constate que ça fait presque deux heures qu’on discute tous les trois.

- On se voit au camping les gars !! C’est sûrement Victor qui vient me chercher.

- (Antonin) Tu ne pourrais pas faire aussi quelque chose pour lui ! Hi ! Hi ! Je ne sais pas moi !! Mettre un petit coup de fouet aux chromosomes Y pendant la chevauchée fantastique pour que tu retrouves tes triplés ! Hi ! Hi ! J’imagine bien ton esprit en trois exemplaires à les stimuler pour gagner la course ! Hi ! Hi !

Faisant la grosse voix.

- Allez les gars !! Du nerf !! Je veux retrouver mes trois copains moi !! Vous n’allez pas vous laissez battre par des gonzesses quand même ! Hi ! Hi !

- (Thomas) Pffttt !! Quel con celui-là, je te jure ! Hi ! Hi !

- J’allais te faire la même réflexion ! Hi ! Hi ! N’oubliez pas que nous ne sommes pas censés être au courant pour les triplées, heureusement que Victor pense à elles si fort tout le temps et j’aurais bien aimé que Maurice une fois de plus se fasse avoir en pensant me faire une farce !!

Mon attention revient sur l’endroit où je me trouve au moment où un bref coup annonce l’ouverture de la porte, Victor jette d’abord un œil avant d’entrer en souriant.

- Ça va mon gars ?? Tu as passé une bonne nuit ??

- J’en avais bien besoin !!

- J’imagine que tu n’as pas l’intention de me raconter ce qu’il t’est arrivé ?

- Ce serait trop long à t’expliquer, merci en tout cas d’avoir fait ce que je te demandais !!

- Tu n’étais pas malade au moins ?

- Non !! J’étais disons…ailleurs !!

- Ah !! Il me semblait bien qu’il y avait un truc qui clochait, c’est comme si ton corps n’était plus qu’une marionnette !!

- C’était un peu ça en effet !! Je présume que tu as prévenu Maurice ?

- Bien sûr !! N’oublie pas qu’il a fallu quand même te conduire à l’hôpital !!

- S’il te recontacte avant moi, dis-lui que ce n’est plus la peine de…. Non laisse tomber !! J’oubliais juste que je ne lui en ai jamais parlé ! Hi ! Hi ! L’effet papillon ! Hi ! Hi !

- Tu es sûr que ça va bien Florian ? Je trouve que tes paroles sont bizarres.

- Ce n’est rien t’inquiète !! Juste que parfois je m’y perds avec toutes ces réalités que j’ai vécues.

- Très bien alors !! Dès que tu es prêt, je te ramène voir tes amis !!

Je me lève d’un bond.

- Cinq minutes, juste le temps de m’habiller et je descends !!

- Je t’attends sur le parking !! En roulant bien, je devrais pouvoir te ramener là-bas pour le déjeuner !!

- C’est cool !!

***/***

« Terrasse des mobil homes, juste avant midi. »

La table est prête depuis quelques minutes, n’attendant plus que tous arrivent et s’installent pour le repas, quand Thomas et Antonin font un signe discret à Mathis qui leur répond par un hochement de tête, s’éloignant par un autre chemin pour ne pas attirer l’attention.

Ils se rejoignent à l’autre bout du camping derrière le bâtiment sanitaire, l’endroit à cette heure étant désert et ils ont à peine passé l’angle de celui-ci, que Mathis pousse un cri en s’élançant sur celui qui les attend là les yeux brillants d’une émotion à fleur de peau.

L’étreinte à elle seule suffit au petit rouquin pour qu’il éclate en sanglots, serrant de ses bras frêles noués autour de son cou celui qu’il revoit enfin après toutes ces semaines à l’avoir pensé perdu à tout jamais.

Antonin et Thomas les laissent seuls, affectés eux aussi par le bouleversement affectif auquel ils assistent et c’est donc seul, que Mathis et Florian se prouvent tout ce qu’ils peuvent ressentir l’un pour l’autre en ce moment si particulier.

Mathis est ému lui aussi, mais certainement moins que son ami qu’il voit régulièrement depuis des semaines et il est donc surpris même s’il en connait la raison, de ce débordement affectif qui fait trembler celui qu’il aime de tout son cœur en sachant que c’est une cause perdue.

Imaginons alors sa surprise quand son visage se voit consteller d’une myriade de bisous se rapprochant inexorablement de ses lèvres pour au final venir fébrilement s’y coller dans un baiser prolongé, qui trouble suffisamment Mathis pour qu’à son tour les larmes perlent de ses yeux.

Moment magique qu’il voudrait ne jamais voir s’arrêter, ses mains tremblantes à son tour caressent le dos hoquetant de son ami qui visiblement n’arrive pas à reprendre le dessus sur ses émotions à se retrouver près de lui.

Leurs yeux enfin s’ouvrent pour se fixer avec une telle flamme qu’un long frisson les prend dans un ensemble parfait, chacun noyé dans le regard vert si particulier de l’un et d’un bleu délavé identique à ceux de Thomas de l’autre.

Les lèvres enfin finissent par se séparer, donnant à Mathis un pincement au cœur de tristesse à être conscient que sans doute plus jamais il ne retrouvera ce moment magique qui lui a donné tant de bonheur en un si bref instant.

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- Tu es bien vivant ??

- Grâce à toi !!

- Ne me refais plus jamais ça tu m’entends ??

***/***

Florian se détache soudainement de Mathis, pris d’une frénésie incontrôlable à le frapper sans discontinuer de ses deux poings sur la poitrine, ses cris frénétiques faisant revenir Thomas et Antonin en courant pour les séparer.

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- Plus jamais !! Jamais !! Jamais !! Jamaiiiis….

CHAPITRE 123 (Afrique) (Vendredi midi) (Village Masaï) (Un autre présent)

Okoumé termine son repas dans la hutte familiale, son épouse qu’il a connue très jeune a su garder sa beauté sauvage qui l’a rendu assez fou amoureux d’elle pour transgresser les lois de son peuple.

Malgré ses trois grossesses qui lui ont donné trois fils, elle n’a rien perdu de sa ligne svelte ni de sa musculature fine de chasseresse, qui aujourd’hui encore lui donne envie constamment de la serrer dans ses bras.

Il devrait donc être le plus heureux des hommes, ne serait-ce l’attitude de ses deux aînés qui depuis le triste accident défigurant son premier né a créé une ambiance délétère au sein de la famille et affecte autant Taha qui a été l’auteur involontaire de cette affreuse balafre occasionné lors d’une séance d’entrainement au maniement de l’arc et qui depuis a laissé son frère Aomé affreusement défiguré, que leur petit frère Akim qui les adore autant l’un que l’autre et qui ne comprend pas cette façon qu’ils ont chacun de faire comme si l’autre n’existait pas, alors que lui aimerait tant ne plus avoir à se partager entre eux deux.

Okoumé sait très bien que ce jour-là il y a maintenant presque sept étés, il a failli perdre un fils quand la flèche à quelques millimètres près se figeait inéluctablement dans la tête d’Aomé et que s’il n’avait eu ce réflexe salutaire de se tourner pour la voir arriver droit sur lui afin de pouvoir ainsi éviter le pire dans un geste certes insuffisant d’esquive, mais qui lui a malgré tout sauvé la vie.

Okoumé ce jour-là a prié ses dieux du lever du jour à la tombée de la nuit, comme il les a priés trois ans plus tard quand Akim fut mordu par un serpent et que par chance le vieux père blanc qui était en visite au village, a pu le sauver après une nuit complète passée à ses côtés à le veiller en lui administrant ses potions.

C’est à cette occasion qu’Okoumé a chassé définitivement l’homme médecine de la tribu, celui-ci refusant que le père Antoine s’occupe d’Akim sous prétexte que les dieux en avaient décidé autrement et qu’il lui fallait le laisser seul avec l’enfant, pour prier ses mêmes dieux de ne pas l’emporter si jeune avec eux.

Il y a fallu la colère noire du père Antoine qui pestait contre l’ignorance du « sorcier » comme il l’appelait, en montrant une minuscule fiole qui disait-il serait beaucoup plus efficace que toutes ces gestuelles d’un autre âge.

Okoumé ce jour-là a beaucoup hésité avant de prendre parti contre les traditions de sa tribu et d’accepter que le père blanc se substitue au chaman, qui de colère lui lançait ses incantations ainsi que ses « grigri » au visage.

Okoumé depuis, voue une amitié indéfectible envers le vieux père qui par son insistance a finalement eu gain de cause et ainsi permis au jeune Akim de continuer à vivre.

Il ne comprendrait certainement pas que l’action entreprise par Florian en envoyant son esprit dans le passé, destinée essentiellement à ce qu’un jeune garçon blond à des milliers de kilomètres d’ici ne se suicide pas de désespoir ; ait pu avoir modifié le futur au point d’avoir des répercussions jusque dans le destin de sa famille.

***/***

Taha voit bien l’air songeur de son père qui les fixe lui, sa mère et ses frères, avec les yeux dans le vague.

- Es-tu avec nous père ?

Okoumé sursaute en reprenant ses esprits.

- Je pensais à notre famille et à la chance de vous avoir tous en bonne santé !! Ce sera la première fois qu’un de vous quittera la tribu, nos dieux en ont décidés ainsi et je n’irais pas contre leurs volontés, même si de te savoir de l’autre côté du vaste océan ne m’apporte aucune joie.

- Je ne serai pas seul père !! L’homme et la femme blanche seront avec moi !! De toute façon comme je reste en contact avec « Akim », tu sauras régulièrement si tout va bien.

- (Akim) Tu vas partir longtemps ?

- (Taha) Certainement plusieurs lunes, petit frère !!

- (Akim) Tu vas me manquer tu sais ?

Taha sent le regard d’Aomé posé sur lui, il sait que s’il tourne la tête vers lui son frère fera comme s’il n’existait pas et son estomac une fois encore se noue de cette douleur que lui apporte depuis tous ces étés l’indifférence de celui qu’il aimait et aime toujours plus que tout.

Il prend Akim par les épaules en se forçant à sourire.

- J’aurai au moins cette joie dans le cœur de savoir qu’un de mes frères est avec moi tout le temps !!

- Je penserai à toi tous les jours, j’irai au dispensaire du père Antoine voire « Nao » pour savoir comment il va et aussi lui raconté comment c’est chez les hommes blancs.

- Je suis sûr que « Nao » aimera avoir un peu de compagnie !! Mais je ne suis pas encore parti, alors ne sois pas triste à l’avance !! As-tu des nouvelles sur la date du départ père ?

- Nous le saurons quand M’Balla reviendra de la grande ville avec les agents du grand chef blanc.

CHAPITRE 124 (Camping de la dune) (Vendredi après-midi) (Réconciliation)

Le retour de Florian a rendu le sourire à toute la bande qui comme par hasard cet après-midi-là a décidé après le repas de rester tous ensemble, les voilà donc installés bien tranquillement sur leur petit coin de plage où ils ont pris l’habitude de se retrouver, du moins pour ceux qui préfèrent les après-midi bronzettes à des activités plus ludiques comme par exemple la visite des environs.

Thomas et Mathis, sont allongés l’un près de l’autre sur leurs serviettes de plage, la ressemblance entre les deux garçons est si frappante que beaucoup de promeneurs ne peuvent s’empêcher de ralentir un instant pour les regarder.

- (Mathis) Qu’est-ce qu’ils ont tous à nous dévisager comme ça ?

- (Thomas) Ils doivent nous prendre pour des jumeaux ! Hi ! Hi !

- (Mathis) Dis plutôt qu’ils nous matent !!

- (Thomas) Et même si c’était le cas ? Je ne vois pas ce qu’il y a de mal !!

- (Mathis) Moi ça me gave !! Ils croient quoi bon dieu !! Qu’on va aller les rejoindre dans leurs pieux ??

- (Thomas) Je reconnais bien le Mathis de l’autre réalité ! Hi ! Hi ! Tout aussi teigneux avec les étrangers !!

- (Mathis) Au moins avec moi tu n’es pas dépaysé comme ça !!

Un long moment de silence s’instaure, jusqu’à ce qu’un rire cristallin les fasse se redresser sur un coude pour voir ce qui l’a occasionné.

- (Thomas) J’aime bien le voir heureux comme ça !!

Mathis se frotte la poitrine de l’autre main, en répondant d’un air moqueur.

- C’est sûr que c’est mieux que quand il passe sa colère sur toi !!

- (Thomas) Ce n’était pas de la colère, tu le sais très bien !! Ce sont ses nerfs qui ont craqué, il a été très malheureux quand il a appris ton suicide au point d’en tomber malade et de te revoir lui a fait un grand choc !! Vous étiez très liés dans l’autre réalité, plus que des amis et ce depuis toujours, pour être honnête avec toi je peux même te dire que vous vous aimiez très fort !!

- On a… été…. Ensemble ?

- Non, pas jusque-là quand même !! Mais ce n’était pas l’envie qui vous manquait, crois-moi bien !!

- Pourquoi non alors ??

- Tu sais bien comment il fonctionne et ce n’était pas possible entre nous deux, alors il a gardé ça pour lui pendant des années !! Ce n’est pourtant pas faute de ta part d’avoir essayé, au point de m’en vouloir d’exister.

- Oui mais ici le contexte n’est plus le même !!

- (Thomas) Comment ça ?? Il est toujours Florian et moi qui te considérais comme un frère, tu en es devenu un vrai !!

- Oui mais pas pour moi !! Du moins pas comme vous l’avez vécu, excuse-moi de te dire ça Thomas mais je te considère plus comme un…. Ami, que comme un frère !! Je n’ai aucun souvenir de toi, tu nous es apparu brusquement à la place de Benjamin et je t’ai tout de suite aimé sache-le, au moins autant que j’aime Florian depuis qu’il est revenu !!

Mathis fixe son regard dans celui de Thomas avec franchise et quelque chose d’autre qui trouble celui-ci en devinant ce que seront ses prochaines paroles.

- Mais certainement pas comme un frère !!

- Humm !! Je sens que ça va être compliqué, parce que pour moi c’est uniquement ce que tu es !! Nous aurons l’occasion d’en reparler, mais voilà « Flo » qui arrive et il est encore trop bouleversé pour que nous abordions ce sujet avec lui.

***/***

Je laisse Yuan et Antoine, continuer à s’amuser avec Antonin et Jean Baptiste, pour retrouver Thomas qui semble en pleine conversation avec Mathis.

Les voir l’un près de l’autre me trouble énormément, déjà par leur ressemblance frappante mais aussi à cause des circonstances qui les ont fait une nouvelle fois se réunir.

Mon trouble est très vite remplacé par un sentiment de honte en voyant la poitrine couverte d’ecchymoses de Mathis, la libération de mon stress à le retrouver bien vivant m’a fait complètement disjoncter et je m’en veux de m’être laissé aller à de telles extrémités, n’ayant plus qu’une pensée en tête, celle de me faire pardonner.

J’arrive donc sur eux, leurs sourires me laisseraient à penser que « Math » ne me tient pas rigueur des coups que j’ai pu porter contre lui et j’ai alors un élan incontrôlable qui me pousse à venir m’allonger entre eux deux en enserrant chacun leur poitrine d’un bras et en les embrassant à tour de rôle, mais surtout en y mettant tous les sentiments que j’éprouve pour eux.

- Je vous aime tant tous les deux !!

Comme un chat je ronronne alangui contre leurs deux corps chauds, sentant leurs cœurs s’accélérer à l’unisson et je resserre mes bras pour les rapprocher au plus près afin de me retrouver vraiment sur eux à me pelotonner en continuant à leurs montrer des marques d’affections par des bisous tantôt sur la joue ou le cou de l’un, tantôt à l’identique sur la joue et le cou de l’autre.

CHAPITRE 125 (Camping de la dune) (Vendredi après-midi) (Réconciliation) (fin)

Ma langue vient lentement lécher les traces de coups sur la poitrine de Mathis, ceux-ci disparaissent alors presque instantanément et une fois satisfait du résultat je remonte lentement vers sa glotte offerte et si tentante sans oublier au passage de passer un petit coup de langue sur son téton érigé qui déclenche un grognement de plaisir venant de sa gorge, grognement si intense que je me sens pris dans une énorme bouffée de chaleur qui déclenche ces sons venant du plus profond de moi et qui n’appellent qu’aux plaisirs des sens.

Deux mains me redressent sur mes pieds, une serviette vient aussitôt faire le tour de mes reins et reviennent ensuite m’enlacer doucement jusqu’au moment où je reprends conscience et que mes yeux s’ouvrent pour voir dans quel état mes caresses ont laissé Mathis, la bouche béante et les yeux hagards, pris dans un plaisir qui le tétanise.

Il lui faut de longues secondes pour qu’il reprenne pied à son tour, nous regardant moi et Thomas, avec les yeux brillants d’un bonheur immense.

- (Thomas) Venez !! Nous devons partir d’ici et toi « Math », mets une serviette autour de ta taille pour cacher ton érection !!

- (Mathis) Qu’est ce qui s’est passé ??

- (Thomas) Je te raconterais !! Il ne faut pas qu’on reste là !!

Mathis me regarde, soudainement inquiet.

- Qu’est-ce qu’il a ??

- Tu le demandes ? C’était à prévoir après les événements de ces deux derniers jours !! Il a envie de faire l’amour et rien ne l’arrêtera tant qu’il ne l’aura pas fait, il faut qu’on trouve un coin tranquille.

- Qu’on ??

Les bras autour de ma taille de Thomas me donnent des frissons, ça plus la vue de Mathis qui se relève le sourire aux lèvres en faisant apparaître ses abdos sous sa peau bronzée qu’une légère transpiration rend encore plus désirable.

- Rrrrrr !!

Le sexe de Mathis fait un bond qui soulève la serviette, son regard redevient à nouveau brillant et ses lèvres enflent sous le coup du désir qui lui chauffe les reins, le rendant encore plus attirant.

- Rrrrrr !!!

Thomas tremble à son tour, sa voix devient chevrotante quand elle résonne à mon oreille comme un chant divin.

- Essaie de te retenir « Flo », je t’en prie !! Sinon je ne sais pas ce qui va arriver, calme toi et je te promets que nous allons trouver un endroit tranquille.

Raphaël arrive en courant, suivit d’Éric et des autres qui ont ressenti eux aussi la montée soudaine de leurs libidos.

- Qu’est-ce qui lui arrive ??

- (Éric) Dis plutôt qu’est-ce qui nous arrive, j’ai la queue qui me fait mal tellement je bande !!

- (Thomas) Il faut qu’on se reprenne tous, sinon ça va être vite le cirque d’ici pas longtemps !!

Thomas craque d’un seul coup et sa bouche vient se coller dans mon cou tandis que ses mains descendent pour me prendre le sexe, Éric l’attrape alors à son tour par la taille tandis que Raphaël me prend des bras de Thomas.

- Je m’en occupe avec Éric !! Vous autres occupez-vous de « Math » !!

Ce n’était pas vraiment la chose à faire car sitôt dans les bras de Raphaël, ma libido repart de plus belle et mon corps épouse le sien qui à son tour ne résiste plus et commence à trembler d’envie.

C’est Chloé avec Léa qui font office de sauveur, en écartant « Raphi » et en me prenant par les bras pour m'entrainer plus loin avec elles, pensant ainsi désamorcer la bombe à retardement que je suis soudainement devenu.

C’est en partie vrai mais en partie seulement car elles aussi sont fortement marquées par les sons qui sortent toujours de ma gorge, commençant à devenir plus caressantes d’une envie irrépressible qu’elles ont de plus en plus de mal à contrôler.

Quelques personnes commencent à se demander ce qui se passe sur ce bout de plage, Thomas ou plutôt « cousin » qui semble le moins affecté car sans doute le plus éloigné au moment où tout a commencé s’en rend très vite compte, comme il se rend compte avec stupeur que s’il ne fait rien dans les secondes qui viennent ce sera une vraie orgie de sexe d’ici pas longtemps.

Il a bien compris d’où vient le problème, pour en avoir déjà entendu parler sans trop y croire et sa décision est vite prise quand il s’approche des filles qui ont les mains de plus en plus baladeuses sur le petit rouquin d’où sortent ces sons qui commencent à le perturber sérieusement à son tour.

Il les repousse assez vivement en s’en excusant auprès d’elles et sans plus réfléchir aux conséquences de son geste, il envoie une gifle sans en retenir le coup sur la joue de Florian qui en a la tête qui part sur le côté tellement il y a mis de force.

Pourtant même si la solution n’est pas la meilleure qui soit, elle est du moins la seule qu’il ait trouvée en si peu de temps et surtout qui semble des plus efficaces, car d’un coup tout commence à redevenir sinon normal, disons tout du moins plus calme.

- Allez !! On gicle de là avant que ça vous reprenne !! Si vous vouliez vous donner tous en spectacle aujourd’hui et bien c’est réussi !!

CHAPITRE 126 (Reims) (Vendredi fin d’après-midi) (Chez les Viala)

Toute la famille est rentrée à la maison ce vendredi soir, ou plutôt cette fin d’après-midi car ils n’ont pas encore dîné et vaquent chacun à leurs occupations en se croisant de temps à autre, sans pour autant y faire spécialement attention.

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« Frédéric »

Frédéric comme à son habitude est confortablement installé dans le fauteuil de son bureau, il tient en mains la liste que lui a confiée Maurice en s’étonnant du peu de noms qu’il a pu retrouver et il attend encore les résultats de sa demande faite au service du personnel du CHU, pour pouvoir ensuite l’appeler afin de lui faire un bilan des résultats qu’il a obtenus.

Il doit bien reconnaître que le plus gros coup a encore été celui avec la visite de la petite Mélanie qui lui a permis de souligner quatre noms d’un coup, ensuite il a réussi à retrouver quatre autres personnes.

En premier un certain Grégory Ménissier, pompier de son état et qui est bien connu au service des urgences pour sa gentillesse en premier lieu mais surtout un physique qui semble particulièrement intéresser la gent féminine affectée au service.

Le deuxième ou il faudrait plutôt dire la deuxième étant donné que c’est également une des infirmières du service urgentiste du CHU, s’appelle Émilie Soulas et Frédéric doit bien reconnaître au demeurant qu’elle aussi sort du lot de par un physique à tomber, qui n’enlève rien à son professionnalisme.

Du coup le troisième lui est tombé comme du pain béni dans la bouche puisque le jeune homme, un certain Julien Emrot, infirmier également de son état, semble être l’amoureux officiel d’Émilie quoiqu’un doute subsiste aux dires de certains qui prétendent l’avoir vu également dans les bras d’un magnifique garçon.

Après une recherche rapide, il s’avère que le fameux garçon, un certain Maxime Baye et le quatrième nom de la liste qu’il a déjà retrouvé en plus des quatre précédents, un beau jeune homme brun assez grand que Frédéric avait déjà eu l’occasion de croiser et qu’il appréciait déjà sans connaitre son nom de famille.

Il soupire en se demandant à quoi tout ça va les mener lui et sa famille, quand une exclamation venant du salon lui fait redresser la tête en tendant l’oreille.

- J’y crois pas !!! « Aurel » vient voir à la télé !! Si ce n’est pas le rouquin qui doit venir chez nous, c’est son frère jumeau ??

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« Annie »

Annie prépare le repas dans sa grande cuisine où elle se sent particulièrement bien en écoutant comme elle en a pris l’habitude sa radio favorite, elle chantonne visiblement heureuse de cette soirée de fin de semaine en famille qui s’annonce.

Elle met la tarte aux pommes dans le four en souriant à l’avance du cri de gourmandise que vont pousser les garçons, quand elle l’apportera sur la table pour le dessert et qui disparaîtra si vite dans leurs estomacs pour n’en laisser au mieux que quelques miettes.

Ce qu’elle apprécie chez elle, c’est sa propension à ne plus penser au travail quand elle est à la maison et qui lui fait savourer à sa juste valeur, ces moments passés dans l’intimité avec sa famille.

Pas besoin de les voir pour savoir qu’ils sont là, leurs présences imprègnent les lieux ne serait-ce déjà par tous ces petits bruits qu’ils font et qui les situent plus ou moins dans l’appartement.

Ses mains occupées par les gamelles qui mijotent, la tête bercée par la musique du poste radio, Annie n’en demande pas plus si ce n’est que souvent comme un grain de sable dans une machine bien huilée, la pensée d’avoir bientôt un pensionnaire lui amène une crispation à la fois de curiosité au vu de tout ce qu’elle a déjà appris sur lui mais aussi de doute, justement par ce qu’elle connaissait de lui avant toute cette histoire.

Comment un tel changement est-il possible est la question qui revient en boucle et qui souvent depuis quelques semaines, gâche quelque peu ces moments pour elle importants que sont ceux passés avec ses « hommes ».

Elle en est là dans ses pensées, quand la voix marquant la surprise d’un de ses fils lui fait devenir attentive à ces paroles qui viennent du salon.

- J’y crois pas !!! « Aurel » vient voir à la télé !! Si ce n’est pas le rouquin qui doit venir chez nous, c’est son frère jumeau ??

CHAPITRE 127 (Reims) (Vendredi fin d’après-midi) (Chez les Viala) (suite)

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« Damien »

Damien sort de la douche en s’ébrouant, il prend sa serviette et s’essuie énergiquement avant d’aller s’admirer dans le grand miroir au-dessus du lavabo.

Ne serait-ce sa petite taille, il se trouve plutôt pas mal et du haut de ses presque dix-huit ans, n’attend plus que de trouver la personne de ses rêves pour enfin connaitre ce que ses potes de bahut racontent fièrement à l’oreille de ceux qui veulent les entendre.

Seulement pour lui c’est sans doute moins simple que pour eux, quand ils se baladent en se pavanant avec leurs copines sous le bras et se redressent fier comme des paons, pour bien montrer aux copains célibataires qu’eux sont « déjà » en couple.

Damien lui aime les garçons depuis aussi longtemps qu’il se rappelle, il fait partie de ceux qui n’auront jamais à tenir quelqu’un par le bras dans la rue et s’en désole parce que pour lui c’est ça aussi d’être amoureux, ne pas se cacher en étant fier de montrer son amour quel que soit la personne fille ou garçon, du moment que le cœur éprouve cette émotion qui le fait battre à toute allure.

Il a déjà été amoureux, un amour platonique puisque « JB » visiblement n’avait pas les mêmes penchants pour lui, que lui Damien éprouvait pour ce garçon d’une beauté et d’une gentillesse rare, mais qui ne souhaitait visiblement qu’être son ami.

Depuis qu’il est à Reims c’est le calme plat, pas que les garçons soient plus laids ou plus méchants qu’ailleurs loin de là, juste qu’il n’a jamais retrouvé en l’un d’eux la même crispation à l’estomac qu’il éprouvait à chaque fois qu’il voyait Jean Baptiste.

Il en est là dans ses pensées quand il entend la voix de son frère dans le salon, marquant un visible étonnement sur une émission qu’il regarde à la télé.

- J’y crois pas !!! « Aurel » vient voir à la télé !! Si ce n’est pas le rouquin qui doit venir chez nous, c’est son frère jumeau ??

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« Aurélien »

L’aîné de la fratrie va bientôt avoir vingt et un ans, c’est un garçon rêveur qui aime prendre le temps de faire les choses et fait fi des moqueries sur sa façon d’être, avec le même détachement que tout ce qu’il peut entreprendre dans la vie.

Apprécier le moment présent dans le calme et la tranquillité, est pour lui le summum du bien-être, loin de l’agitation de tous ces gens pressés qui courent en tous sens sans doute pour arriver plus rapidement au terme de leur vie.

Aurélien n’en est pas moins un garçon sur qui on peut compter, bon élève en général si ce n’est pour le sport qui pour lui est ressenti comme une véritable punition et qui lui vaut son surnom ironique de « bip-bip coyote », surnom qui éclate de rire régulièrement tous ses amis sans qu’il y voit là le moindre mal.

Il est donc très difficile pour quiconque de ne pas l’aimer et Aurélien se voit donc souvent entouré d’amis, filles ou garçons, qui apprécient sa beauté nonchalante en reconnaissant volontiers être beaucoup plus décontractés voire même plus sereins en sa présence.

Aurélien repense de plus en plus à cette fille sur les dessins, au point qu’elle l’obnubile même dans ses masturbations où elle lui apparaît maintenant à la place de celles qui jusque-là libéraient sa libido, qui régulièrement exige de lui qu’il s’occupe d’elle de main de maître.

Rare sport auquel il s’adonne avec un certain intérêt, surtout pour le plaisir qu’il y prend chaque jour renouveler et qui ensuite le laisse comme c’est le cas actuellement, dans un état d’esprit reposé qui lui permet de faire le vide sur ce qui l’entoure.

Il est donc en ce moment dans sa position favorite, allongé sur son lit les mains derrière la nuque à admirer le plafond, quand l’appel de Guillaume lui fait plisser les yeux en soupirant, connaissant suffisamment son frère pour savoir qu’il ne lâchera pas l’affaire tant qu’il ne sera pas aller voir ce qui visiblement l’a surpris.

- J’y crois pas !!! « Aurel » vient voir à la télé !! Si ce n’est pas le rouquin qui doit venir chez nous, c’est son frère jumeau ??

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« Guillaume »

Guillaume est le titi Parisien ou plutôt Rémois maintenant de la fratrie, sa dégaine de poulbot avec ses cheveux mi-longs et ses yeux remplis d’une éternelle malice, fait sourire tous ceux qui croisent son chemin.

Au contraire de son aîné, il faut toujours qu’il fasse quelque chose, ne pouvant demeurer plus de quelques minutes à rester inactif et il a vite fait de mettre l’ambiance qu’importe l’endroit où il se trouve, ce qui fait de lui la coqueluche de sa classe ainsi que de ses amis, tout comme c’est le cas pour Aurélien mais pour des raisons complètement opposées.

Son seul vrai problème et qui semble d’ailleurs être celui commun de la fratrie, serait la timidité avec le sexe opposé ou en général, qui à dix-neuf ans ne lui a encore jamais permis de conclure malgré qu’il soit toujours convoité par une ou plusieurs de ces demoiselles qui mettraient bien la main dessus si seulement il y mettait du sien.

Guillaume regarde son feuilleton sur l’écran plat du salon en attendant qu’il soit l’heure de passer à table, quand l’éternelle publicité coupe la scène au moment justement où ça devenait intéressant.

Il se lève donc dans l’intention d’aller faire un tour jusqu’à la cuisine d’où s’échappe une bonne odeur qui déjà le met en appétit, quand il reste figer en se laissant retomber dans le canapé la bouche grande ouverte de stupéfaction.

La publicité pour une marque connue de vêtements, montre un groupe de jeunes en tenues de bain s’amusant entre eux sur une plage et d’une beauté à couper le souffle qui laisse Guillaume en admiration devant eux à les dévorer des yeux.

C’est là que tout d’un coup son esprit a comme un flash et qu’il reconnaît les deux filles magnifiques représentées sur les dessins qui se trouvent toujours dans le bureau de son père.

Il en est là les yeux ronds d’ahurissement quand apparaît à l’écran un jeune gars aux cheveux roux, le visage rieur qui de suite amène la sympathie mais aussi le rire des pitreries qu’il donne en spectacle et c’est là que Guillaume fait le rapprochement, le clip de quelques secondes lui ayant semblé avoir duré beaucoup plus longtemps.

- J’y crois pas !!! « Aurel » vient voir à la télé !! Si ce n’est pas le rouquin qui doit venir chez nous, c’est son frère jumeau ??

CHAPITRE 128 (Reims) (Vendredi fin d’après-midi) (Chez les Viala) (fin)

Bien sûr quand Aurélien arrive, les autres sont déjà tous là à se demander quoi et comme le clip ne les a pas attendus, ils sont encore plus surpris de voir Guillaume leur montrer du doigt une pub sur les serviettes hygiéniques.

- (Damien) T’as tes règles « Gui-Gui » ?? T’as besoin d’un conseil pour choisir la bonne taille ! Hi ! Hi !

- (Guillaume) Pffttt !!! Vous arrivez trop tard !! Juste avant il y avait une pub avec les filles des dessins et un rouquin comme Aurélien nous l’a décrit.

- (Frédéric) Quels dessins ?? Ne me dis pas que tu as été fouillé dans mon bureau ??

Guillaume pâlit un bref instant avant de se reprendre en contrant les reproches justifiés il en convient de son père, par les arguments qui l’ont poussé à le faire malgré l’indélicatesse de son geste.

- Vous ne nous auriez pas mis la pression avec tout le mystère autour de ce mec qui doit venir vivre chez nous, je n’aurai jamais eu l’idée de le faire !!

Frédéric se retrouve le bec cloué par la répartie inattendue de son fils, étant suffisamment intelligent pour comprendre ce qui a motivé son geste.

- Il fallait venir me voir au lieu de fouiller dans mes affaires.

- (Guillaume) D’abord je n’ai pas fouillé comme tu dis, ils étaient posés sur ton bureau bien en évidence !! Je les ai juste « empruntés » quelques minutes pour les montrer à « Aurel » !!

- (Damien) Pourquoi vous ne m’en avez pas parlé ??

Il fusille ses deux frères du regard, qui baissent les yeux pas franchement fiers de l’avoir mis à l’écart.

- (Guillaume) Ce n’était pas contre toi mais plutôt pour une autre raison !!

- (Damien) Ah oui !! Vraiment !! J’aimerais bien la connaître ta raison !! Dites plutôt que vous vous méfiez de moi de peur que je raconte tout aux parents ??

- (Guillaume) Ça n’a rien à voir avec les parents !!

Frédéric commence à comprendre en se rappelant ce que représentaient les dessins, il prend donc la défense de Guillaume en utilisant une voie détournée pour se faire.

- Ce n’est pas bientôt fini vous deux ?? Ne croyez surtout pas vous en tirez par ce genre de pirouette !!

Annie voulant dédramatiser la chose qui elle le pressent bien, risque de mettre la soirée en l’air.

- Nous en reparlerons quand tout le monde sera plus calme !! En attendant il est l’heure de dîner et quand cette publicité refera son apparition, nous verrons bien ce qu’il en est de toute cette histoire !! Je ne vois vraiment pas ce que ces jeunes feraient dans cette pub d’ailleurs, à tous les coups tu as dû faire erreur !!

- (Guillaume) Mais non m’man je t’ass…

- (Annie) J’ai dit à table !! Ça suffit maintenant !!

Les quatre garçons se regardent en fronçant les sourcils car il est très rare que leur mère ou épouse, s’emporte de la sorte et c’est suffisamment le cas pour qu’ils ne disent plus un mot et aillent s’asseoir à leurs places, ce qui une fois dans sa cuisine fait sourire Annie.

Ce n’est qu’au milieu du repas que le spot réapparait sur l’écran, alors que Guillaume se lève d’un bond pour courir devant la télé.

- Le revoilà !!

Il appuie sur la touche enregistrement de la télécommande.

- C’est bon !! Je l’ai copié à temps.

Il attend donc que tout le monde soit devant l’écran pour repasser l’enregistrement et là Frédéric tout comme Annie, doivent bien constater qu’il avait raison et que ce sont bien les mêmes jeunes filles que sur les dessins, le rouquin apparaissant un bref instant fait encore une fois sortir Aurélien de sa réserve habituelle.

- Pas de doutes !! C’est bien l’autre tâche de rouquin !! Il a beau avoir changé de coiffure, je reconnaitrais sa tête entre mille !!

- (Damien) Il n’a pas l’air si féroce que ça bien au contraire !! Je le trouve plutôt marrant moi !!

- (Frédéric) Repasse image par image s’il te plait !!

Durant toute la durée du diaporama plus une parole n’est prononcée, chacun regardant chaque image pour des raisons toutes différentes et Guillaume surveille du coin de l’œil les réactions de son petit frère qui semble soudainement fortement marqué d’un intérêt pour un passage en particulier, qui laisse Guillaume songeur car il est certain que Damien n’a jamais vu les dessins.

Hors, ne voilà-t-il pas que c’est justement ce même jeune gars blond avec qui il était représenté, qui semble attirer toute son attention et une question se pose alors à lui, n’y aurait-il pas du vrai dans toute cette histoire qui devient décidemment de plus en plus étrange à ses yeux.

CHAPITRE 129 (Japon) (Vendredi fin d’après-midi)

« Bureau du premier ministre Jun’ichirô. »

L’homme assis en face de lui commence à devenir familier de Jun’ichirô et le fait qu’il ait demandé cet entretien, en acceptant de venir en personne dans le palais du gouvernement, montre à quel point il peut être confiant dans la crainte de ce qu’il représente.

A moins que ce qu’il a à dire ne soit si important pour lui qu’il en perde toute prudence, mais ça étonnerait fort Jun’ichirô et de toute façon que ce soit pour l’une ou l’autre de ces raisons, le fait est qu’il n’a rien perdu de cette assurance qui fait de lui un des hommes les plus dangereux de son pays.

- Votre présence ici seul et sans arme vous honore et montre le respect que vous tenez à ma parole Oyabun !!

- Parole qui vous honore également monsieur le premier ministre.

- Venez-vous pour prendre des nouvelles de votre petit fils ? Nos derniers rapports indiquent qu’il se remet très vite, nous envisageons un prochain rapatriement du prince ainsi que sa famille et le garçon devrait être assez fort pour faire également partie du voyage.

- Mes sources vont dans le sens de votre rapport excellence, je vous sais gré de me le confirmer ! Ma demande d’entretien n’était toutefois pas dans ce but, mais plutôt pour vous donner quelques renseignements sur notre recherche commune.

- J’avoue Oyabun que nous n’avançons guère sur cette affaire, nos hommes semblent avoir été repérés par les services Français qui les baladent à leurs grés !!

- Alors j’espère que ma petite contribution fera avancer les choses.

L’Oyabun tend une enveloppe à Jun’ichirô qui la lui prend des mains en s’inclinant respectueusement, il l’ouvre d’un coup sec de l’ongle et en sort quelques photos ainsi qu’une petite clé USB, ses yeux montrant son étonnement en fixant ceux de son visiteur.

Celui-ci d’un geste lui demande de regarder, ce que fait bien sûr le premier ministre qui les étale une par une sur sa table de bureau et qui toutes montrent un jeune européen roux au visage souriant.

- Comment…

- Comment excellence ?? Je répondrai…. Par pur hasard !!

- Et ce serait ce jeune garçon qui…non !! C’est impossible voyons !!

- Je comprends votre réticence à l’admettre excellence !! Rappelez-vous de notre première rencontre quand je vous ai parlé des anciennes croyances ? Je vous ai également fait part des visions qui ont hanté mes rêves durant des années.

- Je m’en rappelle fort bien en effet, ce serait donc ce garçon qui était dans vos visions ?

- Tout cela est bien étrange !!

- Le professeur Akihito a lui aussi mentionné un très jeune homme, ce sont bien ses paroles ?

- C’est exact !!

Jun’ichirô reste un long moment à réfléchir avant de reporter son attention sur son visiteur.

- Comment avez-vous eu ces clichés ?

- Simplement en regardant la télévision excellence, vous n’aurez qu’à visualiser le contenu de la clé qui était avec les photos pour comprendre.

- Je ne me permettrai jamais de mettre votre parole en doute, mais vous pourriez avoir confondu ce garçon avec celui de vos …rêves….

- Croyez-vous vraiment que je n’y ai pas pensé excellence ? Mon père est très âgé, certains prétendent même qu’il n’a plus toute sa tête !! A la vue de ces photos pourtant, sa réaction a été exactement la même que la mienne.

Jun’ichirô décroche son téléphone.

- Je ne peux bien sûr pas négliger cette piste, mes agents sur place devraient découvrir assez facilement qui est ce garçon !! Il suffira de remonter depuis le producteur de l’émission de télévision qui a permis ces photos et nous finirons bien par trouver un nom ou une adresse.

- Je ne saurais trop vous conseiller la prudence, je ne voudrais pas que vos investigations amènent un quelconque danger sur lui !! La protection des autorités de son pays prouverait déjà qu’ils ont bien compris l’importance qu’il représente, à vous de découvrir ce qu’il en est exactement.

Le premier ministre fait signe d’un mouvement de tête qu’il a bien compris lui aussi l’importance de la discrétion dans toute cette affaire, il compose son numéro puis raccroche après quelques phrases demandant la présence immédiate dans son bureau du directeur de ses services spéciaux.

- Et vous qu’allez-vous faire Oyabun ?

- Rien pour le moment, mon influence ne va pas jusqu’à celle de vos services excellence !! Du moins pas aussi loin et de toute façon si ce garçon est bien celui auquel je pense, il ne fait aucun doute que nous en entendrons très vite parler d’une manière ou d’une autre !!

- D’où vous vient cette assurance ?

- La conscience de ce qu’il est l’obligera à se dévoiler.

- Qu’est-il d’après vous ?

- Je vous l’ai dit excellence !! Il est Izanagi !

CHAPITRE 130 (Camping de la dune) (Vendredi fin d’après-midi) (Un Mathis toujours droit dans ses idées)

Le repli de la plage se fait à vitesse grand « V » dans un silence total, ce n’est qu’une fois sur la route qui évite la remontée de la dune, qu’ils commencent tous à se remettre de l’énorme trouble occasionné par cette envie quasi animale de copuler devant tout le monde.

« Cousin » tient toujours Florian, en marchant d’un bon pas en tête de file afin qu’il reprenne ses esprits mais surtout en n’ayant pas la vision de ses amis devant lui.

Maintenant que le plus dur semble passé, il tourne son visage vers lui et ne peut s’empêcher de sourire devant sa mine boudeuse.

- Tu m’en veux ??

- Non !!!

- Alors arrête de faire cette tête là et souris !!

- Pas envie !!

- Si tu fais un beau sourire au grand garçon, il te donnera une sucette !!

- Pfft !!! Hi ! Hi !

- Ah ! J’aime mieux ça !! On aurait cru un bébé qui boude ! Hi ! Hi !

Un peu plus loin derrière eux, Mathis et Thomas, se tiennent côte à côte.

- (Thomas) On dirait que « Flo » va mieux, « cousin » a trouvé les mots pour le détendre un peu.

- (Mathis) Qu’est-ce qu’on va faire en arrivant ?

- (Thomas) Rien qui ne rallume la mèche en tout cas !!

- (Mathis) Je n’ai jamais ressenti une envie de plaisir aussi intense, c’est toujours comme ça avec toi ?

- Au début oui !!

- Pourquoi ? Ça va mieux après ?

- Non !! C’est pire ! Hi ! Hi !

- Te moque pas de moi « Thom », je ne trouve pas ça drôle tu sais !! Tu te rends compte qu’on était tous prêts à se donner en spectacle devant tout le monde ?

- Je sais mais toi comme moi ne pouvons rien y faire si ce n’est d’éviter certains rapprochements trop physiques, surtout après qu’il ait subi un stress ou une grande fatigue.

- Moi quand je suis crevé, je dors !!

- Toi peut-être, mais pas Florian !! Quand c’est le cas, il est au contraire beaucoup plus sensible à sa libido et hormis bien sûr dans des cas somme toute assez rares heureusement tel que celui que nous venons de vivre, nous ne nous en plaignons pas bien au contraire.

- Ça doit être super !!

- Oh oui, ça l’est crois-moi !!

Ils marchent quelques mètres en silence quand Mathis reprend la parole.

- Tu crois qu’il aura encore envie avec moi ?

- Et toi ?

- Si je te pose la question c’est bien parce que je n’ai pas la réponse !!

- Non !! Je te demandais, et toi ? En as-tu envie ?

- Bien sûr que oui !! En plus tu le sais bien !! Depuis qu’il est revenu à Aix et que nous sommes redevenus amis, je ne pense qu’à ça. Ce n’est pas ce qui vient de se passer qui arrange les choses crois moi, j’étais prêt à me faire à l’idée qu’il ne se passerait jamais rien et tout d’un coup, le voilà qui vient sur moi avec ses câlins !! Je ne sais plus quoi penser maintenant, j’avoue que je me sens un peu perdu.

- Je te comprends et si je peux me permettre un conseil, laisse faire le temps.

- Elle est bien bonne celle-là !! Ce n’est pas toi qui devras suivre tes conseils !! Ce soir tu vas t’éclater avec lui comme tous les soirs, alors c’est facile pour toi de dire des trucs pareils !!

- Ne t’énerve donc pas après moi, tu veux bien ? Tu connais ma position vis-à-vis de tout ça, ce n’est pas forcement la même que Florian et comme ici les choses ne sont pas celles que j’ai connu, tu as toutes tes chances si seulement tu sais être patient.

- Tu parles de ta position envers moi, mais tout à l’heure ça n’avait pas l’air de beaucoup te gêner qu’on soit l’un contre l’autre ?

- On ne faisait rien de mal il me semble ?

- Non bien sûr ! Mais je n’ai vraiment pas eu l’impression que tu me rejetais non plus ?

Thomas s’arrête pour le retenir par le bras en le fixant dans les yeux.

- Tu ne comprends donc pas ?? Ça n’a rien à voir avec le fait d’avoir envie ou pas de toi !!

- C’est quoi alors ??

- Mais enfin « Math » réfléchis une seconde !! Tu…es…mon…frère !!!

- Pffttt !!! Si tu le dis !! Moi tout ce que je vois c’est que tu te rends malheureux pour des conneries, dans l’autre réalité je peux le comprendre !! Nous…enfin, vous…. Aviez vécu toute votre vie l’un près de l’autre mais pas ici !! Ici nous venons juste de nous rencontrer, tu comprends ?

- Ce que je comprends surtout c’est qu’ici ou là-bas tu es toujours aussi buté !! Écoute-moi bien « Math » !! Toi et Florian, c’est votre problème et je ne ferais rien pour vous empêcher de faire ce que bon vous semble, par contre pour moi mes sentiments à ton égard sont ce qu’ils sont et tu auras beau dire ce que tu veux, ils n’ont pas changé. Je t’aime comme je t’ai toujours aimé et je vais même t’avouer quelque chose qui te fera plaisir, j’ai souvent eu envie de toi !! Mais…parce qu’il y a un… mais et un gros en plus !! Il n’y aura jamais rien entre nous parce que je ne le pourrais pas, pour moi tu es ma famille !!! Je te demande juste de me comprendre et de te mettre à ma place, ce n’est quand même pas si difficile !!

- Ok !! J’imagine que si ça avait été mon cas, je penserais la même chose !!

- Ouf !! Alors c’est bon ?? On ne parle plus de ça, d’accord ?? Rejoignons les autres maintenant si tu veux bien !!

Mathis sourit en reprenant sa marche, Thomas l’observe du coin de l’œil parce qu’il sent bien que ce n’est pas encore fini et le sourire de Mathis ne lui dit rien qui vaille.

- Quoi encore ??

- Je n’ai rien dit !!

- Mais tu vas le faire, alors accouche !!

- C’est vrai que tu me connais bien ! Hi ! Hi ! Je pensais juste à un truc, je comprends que tous les deux ce n’est pas la peine d’y penser.

- Mais ??

- Hi ! Hi ! Rien ne nous empêche d’être dans la même pièce, pas vrai ??

- Rien en effet !!

- Alors c’est parfait !! Magne tes fesses « frangin » !! J’ai un petit rouquin qui va voir de quel bois je me chauffe ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 131 (Camping de la dune) (Vendredi fin d’après-midi) (Maurice) (L’espoir d’un père)

L’arrivée au camping à une bonne heure encore du dîner, fait s’éparpiller toute la bande et tandis que certains prennent leur nécessaire de toilette pour se diriger ensuite vers les douches, d’autres partent prendre un verre au bar ou encore comme c’est le cas de Florian et quelques autres, restent tranquillement sur la terrasse à attendre l’heure du repas.

Personne ne reparle de la cause de leur départ précipité, ne voulant pas remettre d’huile sur le feu et les conversations s’éteignent d’elles-mêmes, au point que le petit rouquin s’endort sur son transat.

C’est une voix bien connue qui lui fait ouvrir les yeux, surpris de sa présence.

- Maurice ?? En voilà une surprise ?? Je te croyais à Paris !!

- Hé bien il semble que non !! Je me suis occupé des papiers pour Thomas et Antonin, c’était préférable de le faire à Aix comme Thomas est censé y être né !!

- Pas Antonin pourtant ?

- Les siens je les ai reçus ce matin de son pays, il n’a plus qu’à signer sa demande de naturalisation et il sera définitivement tranquille, de toute façon il ne me manque plus que quelques photos d’identité pour que le tour soit joué autant pour l’un que pour l’autre.

- Ça n’a pas été trop difficile pour Thomas ?

- Rien n’est difficile quand les autorisations viennent du plus haut de l’État, Thomas sera officiellement le fils d’André et de Nathalie d’ici la fin de la semaine.

- Ah !! Je comprends !!

- Alain et Éveline ont déjà un Thomas et je ne pense pas qu’ils auraient accepté un second fils de bon cœur, alors que son frère n’a fait aucune remarque, bien au contraire.

- C’est peut-être aussi bien comme ça en fin de compte !! Sachant ce que nous savons sur la filiation réelle de mon Thomas !!

- Je le pense aussi !! Et puis rien ne l’oblige à vivre avec eux, il est assez grand pour avoir sa liberté.

- Hum !! C’est une autre histoire, mon chéri est très famille tu sais !! Enfin !! C’est à lui de prendre sa décision.

- Tu n’as jamais pensé à vous mettre ensemble ??

- Si bien sûr, mais jusque-là c’était compliqué et j’ai encore trop de choses à faire pour y penser sereinement, nous serions trop souvent séparés, du moins tant que mes projets n’auront pas suffisamment abouti.

- Qu’en pensent tes parents ??

Je me rends compte soudainement qu’ils ne sont sans doute même pas encore au courant du retour de Thomas dans cette réalité et comme en plus ils doivent être à l’autre bout du monde pour les contrats que mon père doit négocier, je ne sais pas trop comment les joindre.

- Oups !!

- Tu ne les as pas prévenus ??

- Pour ça faudrait déjà savoir où ils sont ! Hi ! Hi ! Honnêtement, tout est arrivé si vite que je n’y ai pas pensé mais je suis sûr qu’ils ont dû prendre des nouvelles auprès de mes grands-parents et qu’eux leurs ont dit !!

- Tu sais que le téléphone existe ? Ton père a bien un portable quand même ??

- Oui c’est vrai !! Je les appellerai demain, quel fils je fais ! Hi ! Hi !

- Pense qu’ils ont la chance de t’avoir toujours…eux !!

La voix de Maurice est devenue soudainement triste, j’en comprends bien entendu la raison et du coup me revient l’idée que j’ai eue quelques temps plus tôt.

- Erwan te manque, pas vrai ?

- Tu ne peux pas t’imaginer à quel point, de vous voir tous retrouver vos familles ne m’aide pas vraiment à ne pas y penser.

- J’ai peut-être une solution !! Je dis bien peut-être, car il me reste encore à savoir si je suis capable de le refaire comme pour Mathis.

Je vois son air de stupeur et je préfère lui couper la parole avant qu’il ne commence à me questionner pour lui expliquer ce qu’il est arrivé avec Mathis, Maurice m’écoute de plus en plus éberluer et il faut que je lui envoie dans son esprit mes souvenirs d’avant avoir changé l’avenir, lui faisant bien comprendre qu’il n’y a que moi qui ai gardé la mémoire du passé tel qu’il était avant mon intervention.

- Bien sûr Thomas, Mathis et Antonin, sont également au courant, Mathis parce qu’il se rappelle de la voix qui est entrée dans sa tête pour l’empêcher de commettre son acte et les deux autres parce qu’ils l’ont lu dans mon esprit, comme nous sommes toujours connectés il aurait été difficile qu’il en soit autrement.

Maurice reste sans voix devant les implications de mes révélations, je peux lire l’immense espoir dans ses yeux quand il les fixe dans les miens.

- Tu pourrais me rendre mon fils ??

- Pourquoi crois-tu que j’en vienne à te raconter cette histoire, si ce n’était pas dans l’intention de le faire ?? Seulement il y a quelques conditions, deux pour être exact !! La première est que tu ne parles jamais à personne de ce nouveau « don » qui vient de m’être révélé.

- Il me semble que cette condition sera facile à tenir puisque si j’ai bien compris, le fait de modifier le passé me fera oublier cette conversation puisqu’elle n’aura plus lieu d’être ??

- Dans l’absolu c’est exact, sauf que ma deuxième condition est que tu viennes avec moi et donc pour toi à notre retour tu auras gardé comme moi le souvenir de ce passé, il faudra que tu fasses comme s’il avait toujours vécu avec vous !! Ce qui sera l’exacte vérité pour toutes les autres personnes l’ayant connu y compris sa mère, ne le sera pas pour toi tu comprends ?

- J’ignorerai tout ce qu’il a vécu avec moi ces dix dernières années ??

- Alors que lui il aura des souvenirs de tout ce que vous aurez fait ensemble, jusqu’au moment où nous reprendrons nos enveloppes corporelles et où le cours du temps reprendra normalement pour nous deux, nos souvenirs ensuite seront identiques pour nous comme pour lui.

- Te rends-tu compte de ce que tu dis ?? Tellement de choses peuvent se passer, que j’aurais manquées en dix ans !!

CHAPITRE 132 (Camping de la dune) (Vendredi fin d’après-midi) (Maurice) (L’espoir d’un père) (fin)

- Je pourrais sans doute t’aider un peu en te donnant les souvenirs que lui il aura de ces années qui te manqueront, il suffira que je les pioche dans sa mémoire mais aussi dans celle de sa mère dès notre retour pour éviter les problèmes.

- Pourquoi fais-tu ça pour moi ?

- Parce que tu es mon ami, tu l’as toujours été et Erwan me manque comme me manquait Mathis, je n’accepte pas de perdre ceux que j’aime tu comprends ?? C’est sans doute la cause principale qui m’a fait développer ce « don » que je ne me connaissais pas avant. Je ne sais toujours pas ce que je suis tu sais ?? Mais c’est dans la logique de tout le reste si on y réfléchit un tant soit peu.

Je vois bien les yeux humides d’émotions de cet homme, qui ne trouve plus ses mots devant l’immense espoir que je lui apporte de retrouver son garçon tel que je le lui ai dessiné quelques semaines plus tôt.

- Sois ici demain soir, nous irons tous sur la dune à l’endroit où mes pouvoirs sont décuplés !! Ce soir j’ai besoin de retrouver suffisamment de force car il en faut beaucoup pour sortir mon esprit de mon corps, alors deux tu imagines !! Mes amis nous aiderons par leurs présences, je pourrai puiser en eux l’énergie qui me sera nécessaire.

- Ils en connaitront la raison je présume ?

- Bien sûr !! Mais une fois terminé, ils ne se souviendront de rien si ce n’est que nous serons tous ensemble pour une raison que même moi j’ignore encore puisque le passé ne sera plus le même.

- Mais !! N’est ce dangereux de changer le déroulement des choses ?

- Je ne pense pas, du moins pas sur une si brève période pour un simple enfant qui éviterait un accident mortel !! Quand Mathis est réapparu, je n’ai perçu aucun autre changement essentiel autour de moi si ce n’est bien sûr sa présence qui m’a rempli de joie comme tu peux bien t’en douter.

- J’ai encore une question, pourquoi as-tu besoin que je sois avec toi ?? Ce serait plus simple je pense que je sois comme les autres et d’avoir toujours eu mon fils près de moi.

- C’est seulement parce que j’ignore tout sur l’endroit, l’heure et les circonstances de l’accident, je ne saurai pas où chercher alors que pour Mathis je savais exactement où le trouver.

- Tu pourrais prendre tous ces renseignements dans mes souvenirs ??

- Je pourrais c’est vrai !! Mais m’écoutera-t-il ?? Es-tu prêt à prendre ce risque, aussi minime soit-il ?? Si oui, j’irai seul !! Tu n’es pas obligé de me répondre maintenant, nous verrons ça demain soir et en attendant, penses y !!

- Tu ne me dis pas tout ce qui te pousse à ce que je t’accompagne, je sens qu’il y a une autre raison !!

Je pousse un profond soupir car je sais bien au fond de moi qu’il a raison.

- A quel moment as-tu cru à mon histoire ? Je veux dire, vraiment ?

- Quand tu m’as prouvé que tu disais vrai !!

- Et c’était à quelle occasion ?

- Quand Philippe m’a donné ton dessin et que j’ai vu à quel point l’annonce de la mort de mon fils te faisait mal, ce soir-là j’ai compris que tu ne pouvais pas avoir inventé tout ça.

- Tu as ta réponse !! Que serait-il arrivé si je n’avais rien eu à te donner pour prouver mes dires ? Pose-toi la question honnêtement !!

- (Maurice) Je… n’en sais rien, sans doute que les choses auraient été différentes !! Mais tu avais d’autres arguments qui me laissaient déjà à réfléchir, alors rien ne dit non plus que ça aurait changé fondamentalement les choses !!

- La question est, suis-je prêt à prendre le risque alors que si tu m’accompagnes je n’en prends aucun ?? En plus comme je te l’ai dit, je peux te donner les souvenirs qu’aura Erwan de tous les moments qu’il aura passé avec toi ces dix dernières années et comme pour André avec Benjamin, tu auras les deux souvenirs en connaissant malgré tout la vérité sur ce que nous avons fait.

Maurice secoue la tête, visiblement surpris lui-même de croire à ce qui pour lui relève plus du conte de fée que de la réalité.

- C’est fou cette conversation !! Je t’écoute comme si tout ce que tu dis me paraissait normal, alors que je devrais me mettre la tête sous l’eau froide pour revenir à la réalité !! Je ne sais pas qui ou ce que tu es Florian, mais ce qui est certain c’est que quelqu’un comme toi n’a jusqu’à présent jamais existé !!

Je lui souris tristement.

- Tu crois que je ne me pose pas cette question en boucle depuis que tout a commencé ?? Je suis peut-être encore en train de rêver, qui sait si je ne vais pas me réveiller en constatant que je ne suis qu’un gars comme tout le monde à l’imagination débordante et qui aime se faire des films de super héros dans sa tête ?? Cette vie est à la fois une joie mais aussi une vraie consternation de tous les jours de constater combien je suis différent des autres. Tu ne sais pas ce que je donnerai pour savoir ce que je suis en vérité, je sens que j’ai les réponses dans ma tête mais il m’est impossible d’y avoir accès !! C’est comme une malédiction qui m’a été envoyé ou encore comme une punition pour châtier des fautes desquelles je n’ai aucun souvenir !!

Maurice se lève pour me prendre dans ses bras, il voit bien dans quel état toutes ces questions peuvent me mettre et son geste paternel libère toutes les peurs ainsi que les émotions qui sont en moi de chercher depuis tout ce temps à comprendre l’incompréhensible, me faisant éclater en sanglots dans ses bras.

***/***

Maurice comprend la détresse du jeune homme qui cherche désespérément à relier tout ce qu’il est à quelque chose de normal, un garçon attendrissant et d’une gentillesse jamais prise en défaut, alors qu’il pourrait utiliser ses « dons » à son seul profit sans tenir compte de ce que pourrait en penser qui que ce soit et non exclusivement comme c’est le cas, pour sauver des vies ou pour le bien-être de ses proches.

- Calme-toi mon garçon !! Qui que tu sois, tu es un gars bien et certainement pas le monstre comme celui que tu essaies de te dépeindre.

CHAPITRE 133 (Camping de la dune) (Vendredi soir) (Une régénération qui en épuisera plus d’un)

« Quelques heures plus tard, sur une plage au bord de l’océan. »

Cette petite plage reculée à quelques centaines de mètres de celles plus touristiques où nous avions pris l’habitude de nous rendre, est suffisamment protégée de la vue pour rester quasiment déserte et aux dires de Raphaël qui vient de nous y amener, seuls les habitants de la région viennent s’y baigner en journée car la nuit l’accès n’est pas facile à trouver.

Je confirme volontiers ses paroles car j’ai bien failli me viander une bonne demi-douzaine de fois sur le chemin escarpé qui y mène et ce malgré qu’il fasse encore jour, alors c’est sûr que de nuit ça doit être super casse gueule.

J’en fais la remarque à Raphaël, qui sourit en sortant une lampe torche de son sac à dos.

- T’inquiète j’ai pensé à tout !!

- Et c’est seulement maintenant que tu nous la montres cette plage ?

- Heu !! En fait je ne devrais pas, pour ceux qui vivent ici à l’année c’est un peu comme une propriété privée tu comprends ? Ils ne verraient pas d’un bon œil que j’y amène des touristes.

- Pourtant nous y allons ??

- Oui mais le soir ce n’est pas pareil, eux n’y sont plus et je suis sûr que nous y serons tranquilles, personne ne se hasarderait de nuit ici !! Ou du moins pas tout seul !!

Une fois arrivés, nous déballons les quelques affaires qui nous semblaient utiles d’emmener avec nous et c’est sans se concerter que nous nous déshabillons rapidement pour nous jeter ensuite à l’eau.

L’ambiance est aux jeux et à la rigolade, le temps passe rapidement et la nuit bientôt commence à se faire bien présente, au point où il nous faut nous rapprocher pour continuer à nous voir suffisamment.

Nous sommes tous là à part les filles et « cousin », qui ont bien compris après la démonstration de l’après-midi que cette virée dans un coin réservé avait un but plus de discrétion que d’autre chose, d’ailleurs personne ne s’y trompe car déjà Yuan et Thomas, s’écartent un peu du groupe pour trouver un endroit tranquille, s’allongeant ensuite l’un contre l’autre pour commencer à s’embrasser.

Petit à petit seul ou en couple, chacun commence à les rejoindre et je dois bien admettre que la vision de tous ces corps s’embrassant, se caressant et se chauffant lentement, en s’amusant visiblement beaucoup pour faire monter l’excitation à en entendre leurs petits cris et leurs rires joyeux, ne me laisse pas indifférent.

Au point où je me fais surprendre par Raphaël, encore en plein dans notre jeu aquatique et que j’avale la tasse quand il me fait couler, toussant ensuite comme un beau diable à recracher cette eau salée qui me brûle les poumons.

- Excuse-moi « Flo », je pensais que tu m’avais vu arriver !!

- C’est de ma faute, je n’étais plus au jeu !!

Raphaël tourne la tête pour suivre la direction de mon regard et sourit d’un air gourmand en se retournant de nouveau vers moi.

- C’est l’heure d’un autre jeu apparemment ?? Ils auraient pu nous prévenir les salauds !!

- Pourquoi ça ?? On n’est pas bien tous les deux ??

- Hum !! Si pourquoi, tu veux qu’on reste juste nous deux ?

Raphaël commence à me prendre par la taille, ce qui bien sûr m’amène un long frisson de bien-être et quand sa bouche se plaque à mon oreille pour me susurrer.

- Je ne suis absolument pas contre tu sais.

Un bruit dans l’eau tout près de nous, nous fait nous retourner vivement de surprise pour voir Mathis maintenant resté seul avec nous alors que le reste du groupe ne laisse aucun doute sur ce qui se prépare d’ici pas longtemps.

Son regard à la fois envieux et triste, me fait mal au cœur, je comprends qu’il puisse se sentir délaissé subitement et sûrement que personne ne s’en est sans doute fait la remarque, quant au moment de partir du camping il nous a suivis tout naturellement pour venir passer la soirée ici.

- (Raphaël) Oups !! Qu’est-ce qu’on fait ? On ne va pas le laisser seul quand même ?

- Bien sûr que non !!

- Je peux le ramener au camping si tu veux ?

- Si je l’ai fait revenir, ce n’est sûrement pas pour le rejeter à la première occasion, en plus c’est quand même bizarre qu’il ne se soit pas intégré au groupe puisque pour vous il a toujours été là !!

- Comment ça tu l’as fait revenir ??

- Laisse tomber !! Ce serait trop long à t’expliquer de toute façon, un autre jour peut-être !!

- Encore un de tes secrets ?? Bah !! Comme tu veux !! En attendant on fait quoi avec « Math » ? Je ne pense pas qu’il soit prêt à rejoindre les autres !! Il n’a d’yeux que pour toi et pour te répondre, il n’a jamais réellement voulu participé en sachant que tu étais réticent.

Pendant que nous parlons, Mathis nous a tourné le dos et s’éloigne vers le côté opposé d’où sont regroupés nos amis, pour s’asseoir sur le sable en posant sa tête sur ses genoux avec ses bras par-dessus.

- Les autres peut être pas, mais moi oui !!

- Je peux venir aussi ??

Je me retourne vers lui en captant son regard brillant d’envie qu’il porte sur Mathis.

- On peut toujours essayer ! Hi ! Hi ! Mais s’il t’envoie bouler tu ne lui en tiendras pas rigueur, ok ??

- Pffttt !! Il kiffe trop les rouquins, avec toi il ne fera plus le difficile tu verras !!

Je le retiens juste au moment où il allait commencer à se diriger vers « Math ».

- J’ai dit que j’allais le rejoindre, pas que j’allais coucher avec lui !!

CHAPITRE 134(Camping de la dune) (Vendredi soir) (Une régénération qui en épuisera plus d’un) (suite)

- C’est quoi cette embrouille encore ?? Pourtant c’était bien ton intention de le faire cet après-midi, si personne ne t’avait arrêté ??

- C’est compliqué !! Crois-moi j’essaie vraiment de faire au mieux.

- C’est Thomas alors ?

- Thomas n’a rien à voir là-dedans, enfin si quand même !! Mais comme je te l’ai déjà dit c’est compliqué, j’aime vraiment Mathis et je sais que c’est réciproque, seulement si je ne me retiens pas et que j’exprime avec lui toutes les envies que j’ai, j’aurais l’impression de tromper une autre personne qui compte énormément pour moi également.

- Je connais l’histoire !! Seulement pour l’instant ici tout du moins, ils ne se connaissent pas et qui pourrait reprocher à quelqu’un d’avoir eu d’autres amoureux avant lui, ce serait complètement débile !!

- Peut-être que tu as raison, va savoir !! Allez viens !! Ne le laissons pas plus longtemps à broyer du noir à se croire rejeté par tous !!

***/***

Nous rejoignons rapidement Mathis en nous asseyant près de lui, je lui entoure les épaules d’un de mes bras en le secouant légèrement pour qu’il redresse la tête.

Sa réaction me prend de court quand il vient se pelotonner dans mon cou avec un naturel et une douceur qui me retournent les sens, mettant toutes mes dernières forces de volontés à résister pour ne pas une nouvelle fois craquer.

Ses lèvres butinent sur ma peau à quelques centimètres de ma gorge, me couvrant le corps de frissons ainsi que mes bras et mes cuisses de la chair de poule.

***/***

Raphaël les regarde avec un petit sourire qui en dit long sur ce qu’il pense de la façon que Mathis utilise toute en finesse pour arriver à ses fins, c’était la seule solution pour ne pas qu’il braque Florian dans ses préjugés à son égard et qu’il l’amène doucement au point de non-retour, comme ça a été le cas cet après-midi sans pourtant que personne ne fasse quoi que ce soit en ce sens.

Raphaël se rappelle très bien des explications de Thomas sur le besoin irrépressible de sexe qu’éprouve son chéri, après avoir été confronté à des situations difficiles comme celles de ses dernières quarante-huit heures et même s’il n’imagine même pas à quel point ça a été le cas, certaines choses comme son voyage dans le passé lui étant encore inconnu.

Malgré tout, les barrières semblent tenir bon alors que lui frissonne d’envie rien qu’à regarder la douceur alanguie de Mathis et c’est en captant justement son regard visiblement désespéré en ne sachant plus quoi faire d’autre pour la renverser, que Raphaël lui répond par un petit clin d’œil qui redonne immédiatement de l’espoir au grand blond qui lui répond par un grand sourire entendu.

Raphaël change alors de place pour venir dans le dos de Florian et lui poser avec douceur ses deux mains sur son ventre en le caressant doucement, l’embrassant à son tour du côté opposé de Mathis qui a repris ses bisous qui commencent avec les attouchements de son copain, à mettre la marmite qu’est devenu le petit rouquin proche de l’ébullition.

***/***

Je sens ma « résistance » s’amenuiser de seconde en seconde, déjà bien mise à mal par le comportement tout en tendresse et en câlins de Mathis, qui est d’autant plus surprenant que les souvenirs que j’ai de lui m’avaient laissé jusque-là à penser plutôt le contraire.

L’intervention de Raphaël n’arrange rien à ma résolution de ne pas céder à mes pulsions, le bougre sachant très bien combien le contact de sa peau contre la mienne me rend complètement dingue de lui à un point que je n’arrive pas à comprendre, tellement c’est comme une drogue qui me met à chaque fois dans tous mes états.

Le contact de ses lèvres m’arrache un cri de gorge qui sonne définitivement ma reddition, mes mains prennent soudainement vie en venant les prendre par la taille et en les plaquant contre moi, quand j’entends encore dans un coin de mon esprit encore lucide, la voix amusée de Raphaël visiblement satisfaite des résultats et faisant le constat qui une fois encore montre à quel point il est conscient que l’envie entre nous est particulièrement forte.

- Et c’est reparti ! Hi ! Hi !

***/***

Mathis s’abandonne complètement à ses sens quand il comprend que l’envie est maintenant réciproque, son corps vibre au diapason de celui de ses deux copains et il se surprend lui-même à éprouver autant de désir pour Raphaël que pour Florian, acceptant sans réserve que celui-ci participe à ce qui pour lui sera une première fois et qui s’annonce exceptionnelle, rien que par les émotions intenses qu’il ressent déjà, comme inoubliables.

CHAPITRE 135 (Camping de la dune) (Vendredi soir) (Une régénération qui en épuisera plus d’un) (fin)

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Raphaël me regarde avec les yeux ronds autant de stupeur que d’incompréhension, quand il se retrouve comme quelques instants plus tôt, avec moi près de lui baignant dans l’océan, de l’eau jusqu’à la poitrine et son regard se tourne aussitôt vers Mathis qui est maintenant allongé sur le sable, semblant s’être endormi.

- Mais !! Qu’est-ce que c’est encore ??

- Une illusion !! Rien qu’une illusion !! Il va bien dormir cette nuit et demain il comprendra que ce n’était qu’un rêve, je n’allais pas le laisser passer la nuit à se morfondre alors je lui ai donné ce qu’il désirait le plus.

- Putain « Flo » j’en bande encore tellement ça semblait vrai !!

- Je l’espère bien figure toi, parce que maintenant la réalité a repris le dessus et tout ça m’a donné grave envie, nous ferions bien de rejoindre les autres.

Raphaël m’attrape par la taille en me serrant contre lui, ses lèvres s’approchant des miennes prêtes à m’embrasser quand son regard s’allume et qu’il croit bon de préciser d’un ton suspicieux.

- Pas d’entourloupe cette fois !!

C’est moi qui fait le dernier geste pour que nos bouches se collent l’une à l’autre, mes bras lui enserrant le cou pour qu’il puisse nous amener hors de l’eau en me portant et nous conduire ainsi jusqu’à nos amis, qui eux sont toujours dans les préliminaires à s’amuser en s’excitant par des attouchements de plus en plus ciblés.

Raphaël à l’évidence n’a pas envie de les rejoindre tout de suite, puisqu’il prend la direction intermédiaire entre eux et Mathis, en me tenant toujours serrer contre lui, ses baisers de plus en plus ardents m’amenant cette fois réellement dans une excitation telle que mes mains lui attrapent les cheveux que je tire en arrière pour découvrir son cou, que je lape ensuite comme un chat affamé en ronronnant de plaisirs.

***/***

C’en est trop pour Raphaël qui comprend qu’il ne tiendra pas jusque l’emplacement où il se dirigeait, se laissant tomber sur la sable avec Florian pour pouvoir ainsi libérer ses mains et pouvoir explorer son corps à sa guise, l’envie de faire l’amour le submergeant tel un tsunami comme à chaque fois que leurs deux corps se retrouvent en contact aussi intime.

Il sent deux mains fébriles lui baisser le caleçon de bain, n’ayant que le réflexe de lever les jambes pour le voir voler ensuite à plusieurs mètres, bientôt suivit d’un autre qui prend le même chemin.

Les deux garçons sont pris comme par une fièvre dévastatrice qui met leurs sens sans dessus dessous.

Raphaël a le cœur qui bat la chamade d’un plaisir qui le laisse exsangue, les yeux dans le vague alors que Florian en redemande et s’agenouille entre ses cuisses pour le prendre avec douceur, ne laissant pas à penser qu’il vient de jouir à peine quelques secondes plus tôt.

Raphaël n’est plus qu’un corps pris dans l’orgasme, tous ses sens amènent à son cerveau leurs ressentis qui le baigne dans un plaisir qui l’électrise au point qu’il n’est plus qu’un pantin désarticulé ahanant des sons de gorges incompréhensibles.

***/***

Nous sommes rejoints par nos autres amis qui prennent la relève de Raphaël, comprenant bien que celui-ci a besoin de reprendre ses esprits et surtout qu’il sorte de cet orgasme ininterrompu qui semble le tétaniser.

Thomas me soulève pour me séparer de « Raphi » au moment où une nouvelle jouissance laisse fuser dans l’air une longue giclée blanche.

Le reste de la nuit est pour moi comme un rêve éveillé, où le plaisir des sens et de l’esprit, n’a d’égal que celui que ressentent mes amis et où nos corps ne sont plus que sensations merveilleuses, plaisirs intenses, jouissances partagées et orgasmes fusionnels, qui nous laissent au petit matin comme hébétés par autant de sensations ressenties en une seule nuit.

***/***

Quand j’ouvre les yeux et que je vois le tableau que nous formons tous, nus et enlacés sur cette plage, un énorme sourire me vient en même temps qu’une impression très forte de plénitude totale.

Le réveil n’est pas une mince affaire pour tout le reste de la bande alors que moi de mon côté je pète le feu, ce qui me vaut les regards ahuris de ceux qui se sentent toujours épuisés de cette nuit passée aux plaisirs des corps.

***/***

Mathis regarde toute la bande en s’étonnant de les voir tous encore à moitié dans le sac, l’air ahuri lui aussi mais pas pour la même raison et ne comprenant pas ce qui lui a pris de s’endormir dans son coin, au lieu de participer à ce qui semble bien avoir été une orgie particulièrement intense.

Même s’il s’en est suivi un rêve merveilleux où tous ses fantasmes du moment se réalisaient, il aurait quand même préféré qu’on ne le laisse pas de côté comme ça a été le cas et en éprouve soudainement un profond ressentiment de rejet de la part de ceux qu’il prenait pour ses amis, sans se faire la remarque que c’est lui qui les évitait soigneusement jusque-là.

CHAPITRE 136 (Camping de la dune) (Samedi matin) (Première dispute)

Thomas s’approche de lui pour voir ce qui occasionne cette tête d’enterrement qu’il fait depuis quelques minutes, il lui pose la main sur l’épaule et se retrouve surpris d’être rejeter fermement.

- Qu’est-ce qu’il se passe encore !!

- (Mathis) Encore !! Comment ça encore !! Vous êtes tous une bande de salauds !! Voilà ce qu’il se passe !! Puisque vous ne voulez pas de moi et bien vous savez quoi ?? Je me casse, comme ça je ne vous emmerderai plus par ma présence quand vous voudrez baiser tranquillement !!

Son ressentiment envers eux tous est si fort, que sa voix s’est fait entendre des autres garçons qui s’approchent alors pour tenter de comprendre cette colère soudaine venant de Mathis.

Yuan l’arrête quand celui-ci commence à vouloir partir.

- C’est quoi cette embrouille !!

- (Mathis) Laisse-moi tranquille !! Tu es bien le même que les autres !!

Yuan regarde Thomas en cherchant à comprendre.

- Tu peux m’expliquer ce qu’il a ce matin ?

- (Thomas) Il nous reproche de l’avoir mis de côté cette nuit !!

- (Yuan) N’importe quoi !! Pour ça il faudrait déjà qu’au moins un de nous soit avec lui et ce n’est pas le cas il me semble ?? Ou alors c’est nouveau !! En plus pour qu’on l’envoie balader comme il dit, il y aurait déjà fallu qu’il vienne au lieu de s’endormir dans son coin comme il l’a fait !! Depuis qu’on le connait, il ne voit que Florian et il nous ignore dès qu’il s’agit de sexe, voilà maintenant qu’il nous en fait grief !!

- (Raphaël) Tu faisais de beaux rêves avec Florian et moi pourtant ! Hi ! Hi !

Mathis le fusille du regard, les poings serrés prêt à lui rentrer dedans.

- Comment tu peux savoir ça !!

Il regarde vers moi qui me mordille les lèvres de gêne.

- Ah d’accord !! Je comprends, tu t’es bien foutu de ma gueule, pas vrai !!

- Ecoute « Math », ce n’est pas ce que tu crois !!

- Et qu’est-ce que je dois croire ?? Tu aurais mieux fait de ne pas me faire revenir, si c’est pour me laisser seul avec les sentiments que j’éprouve pour toi !!

- (Raphaël) Te faire revenir d’où d’abord ?? Ça fait la deuxième fois que j’entends ça, déjà « Flo » cette nuit avant de nous faire son tour d’illusionniste !!

Mathis fixe Raphaël, visiblement surpris lui aussi.

- Nous ?? Comment ça nous ??

- Tu as bien entendu, j’ai bien dit nous !! Pour la bonne raison que j’y croyais moi aussi, banane !!

- Alors…tu…merde alors !!

- J’y croyais dur comme fer !!

Il se touche le sexe amusé.

- Ou plutôt comme de l’acier ! Hi ! Hi ! Et Pffttt !! Voilà t’y pas qu’au meilleur moment, je me retrouve comme un moment plus tôt dans la flotte avec Florian !!

Mathis se retourne vers moi.

- Pourquoi t’as fait ça ??

- Je croyais bien faire !!

- Et bien tu sais quoi ? Continue à bien faire et fais comme si je n’existais pas !! Je rentre à Aix où j’espère ne plus entendre jamais parler de toi, j’arriverais peut-être à t’oublier comme ça et si ça ne te plait pas et bien tu n’auras qu’à retourner dire au gamin que j’étais qu’il peut sauter !! De toute façon pour ce que ça changera au final !!

Mathis repousse Yuan, le visage ravagé par à la fois la colère mais aussi tous le voient bien, par des larmes d’un immense désespoir et d’une toute aussi grande détermination, qui suite à ses dernières paroles leurs amènent les pires craintes.

***/***

Thomas entre dans ma tête dans un vent de panique.

- Fais quelque chose maintenant, sinon je sens bien qu’il va faire une connerie !!

- Tu veux quoi ?? Que je change ses sentiments pour moi ??

- Non !! Que tu reconnaisses enfin ceux que tu as pour lui, j’ai peur que sans ça il ne termine ce qu’il avait voulu faire sept ans plus tôt !!

***/***

Je n’ai pas quitté Mathis des yeux durant les brèves secondes de discussion mentale d’avec Thomas, je le regarde s’éloigner sans se retourner en tentant même de courir malgré le sable qui retient ses pieds.

Je sais que Thomas a raison, que j’ai toujours aimé comme un fou ce garçon qui ressemble tant à celui qui faisant fi de ses propres sentiments m’a fait cette demande, prouvant ainsi s’il en était besoin que pour lui aussi il compte plus que tout.

CHAPITRE 137 (Camping de la dune) (Samedi matin) (Un aveu qui va tout changer)

Je m’élance à mon tour dans les pas de Mathis pour le rattraper, chose plus facile du fait de mon poids beaucoup plus léger que le sien et je l’attrape par le bras pour le faire se retourner vers moi.

Son visage ravagé par les larmes me fait mal, vraiment mal et sa voix presque hystérique quand il s’adresse à moi, encore davantage.

- Qu’est-ce que tu veux encore ? Tu ne m’as sans doute pas fait assez souffrir à ton goût ?

- Ne dis donc pas de conneries et écoute-moi !! Cette nuit ce n’était qu’une illusion et je reconnais que ce n’était pas vraiment malin de ma part de jouer à ça avec toi et « Raphi », seulement elle reflétait réellement mes envies !!

- Pourquoi t’as fait ça alors ??

- Parce que quelque chose en moi m’a toujours dit que ce ne serait pas bien, pour Thomas et pour …. Enfin pas bien quoi !! Mais je me rends compte juste maintenant que j’avais tort, que je t’ai toujours fait souffrir ou plutôt que je nous faisais souffrir !!

- Je….

- Non !! Ne dis rien, laisse-moi parler et te dire ce que j’ai à te dire jusqu’au bout !! Beaucoup de souvenirs d’anciennes vies me reviennent depuis quelques temps, tu y as toujours eu dans la plupart une place importante et à chaque fois nous avons eu les mêmes sentiments l’un pour l’autre, sentiments qui continuellement ont été contrecarrés par ce blocage que j’ai toujours eu pour les raisons que tu connais maintenant. Il est temps que ça cesse et que nous soyons…. Que je sois honnête, je te promets qu’à partir de cette minute je ne te rejetterais plus et que tu seras pour moi à l’égal des autres qui nous regardent en ce moment avec la crainte de te voir faire une connerie, preuve s’il en est que tu comptes aussi beaucoup pour eux. Je sais ce que tu vas me dire !! Et pour Thomas ?? …C’est lui qui m’a ouvert les yeux, rappelle-toi juste que pour lui l’amour qu’il éprouve pour toi quoique aussi fort que le mien et ça je peux te l’assurer, est quand même différent car il vient d’un lien familial très puissant où pour lui que ce soit toi ou Léa, êtes comme son frère et sa sœur, c’est encore plus vrai maintenant que nous savons tous que c’est on ne peut plus réelle.

- Tu dis tout ça pour que je me calme !!

- Je t’assure que non !!

- Prouve-le alors !!

- Quand tu veux petit prince !!

Mathis me fixe, visiblement surpris de s’entendre appeler ainsi.

- Comment tu m’as appelé ??

- Petit prince pourquoi ??

- Ça me fait tout drôle, tu appelles aussi Thomas comme ça ??

- Bien sûr que non !! Lui ce serait plutôt mon roi ! Hi ! Hi ! Ça prouve que tu n’es pas loin après lui dans la lignée !!

- Tu causes, tu causes !! Mais en douce, moi j’attends toujours !!

Dire que je craque devant son visage redevenu rayonnant malgré les cernes qui lui marquent toujours les yeux, serait un terme bien fade au vu de ce que je ressens à l’instant présent, ma main qui n’a toujours pas lâché son bras le « force » à s’approcher suffisamment pour que mon autre main le prenne par la nuque pour amener son visage près du mien.

Le sourire resplendissant qu’il a alors me va droit au cœur et c’est sans plus me poser toutes ces questions qui depuis toutes ces années m’empêchent d’exprimer mes vrais sentiments pour lui, que nos lèvres se joignent dans un baiser qui une fois encore m’étonne par la douceur qu’il y met.

Très éloigné de son tempérament impulsif, mais qui une fois encore lui amène les larmes et je dois bien avouer les miennes en retour, qui lentement s’écoulent sur mes joues.

Un sentiment comme une étrange pudeur nous empêche de nous étaler trop loin dans nos épanchements, préférant réservés pour plus tard ce qui maintenant nous apparaît comme le début de quelque chose d’important.

- Je te reverrais alors ?

Mathis me fixe dans les yeux, la flamme que j’y vois donne la réponse avant même que ses lèvres ne la prononcent.

- Tu m’as donné matière à y réfléchir !!

- Alors allons rejoindre les autres si tu veux bien, ils ont été suffisamment inquiets comme ça !! Il n’y a pas à dire, quand tu as quelque chose dans la tête, tu ne l’as pas ailleurs !!

- Alors attends que ça redescende et tu m’en diras des nouvelles ! Hi ! Hi !

Bizarrement sa réflexion ne m’amène plus maintenant qu’un sourire amusé alors qu’avant cette conversation, elle m’aurait plutôt gênée plus qu’autre chose.

***/***

« Aux mobil homes. »

Chloé est la première à les voir arriver, amusée par les traits tirés qu’elle peut y lire sur leurs visages.

- J’en connais qui ne vont pas beaucoup avoir l’occasion d’apprécier cette journée !! Ma parole vous avez passé une nuit blanche ?? Non, ne dites rien !! J’imagine bien à quoi vous l’avez passée ! Hi ! Hi !

- (Léa) Dans un lave-linge bloqué en mode essorage à mille deux cents tours, vu dans l’état où vous êtes ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 138 (Camping de la dune) (Samedi matin) (Vous avez dit dommage collatéral ??)

***/***

« Retour en début de nuit. »

Léonie regarde l’heure à sa montre, elle soupire de satisfaction qu’il soit quasiment celle de la relève car elle ne comprend toujours pas pourquoi son équipier ne veut pas faire comme leur patron leur a conseillé et ne se contente pas de se mélanger avec ce groupe qui semble bien sympathique au demeurant, plutôt que de les épier comme ils le font depuis leur retour.

Des pas se rapprochant d’elle, l’a fait se retourner pour voir apparaître Dorian qui vient s’accroupir à ses côtés pour ne pas se faire remarquer.

- Alors ? Quoi de neuf ?

- Ils ont l’air de bien s’amuser !!

- Un peu normal puisqu’ils sont en vacances !! Ce qui n’est pas notre cas !!

- Oui mais je te le répète encore une fois, nous serions aussi bien avec eux.

- (Dorian) Pour nous faire surprendre comme des débutants en cas de problèmes ?

- Comment ça ?

- Ôte-moi juste d’un doute sur notre mission, tu veux bien ? Nous sommes ici pour qu’il n’arrive rien au petit rouquin ou pour le surveiller ?

- Pour qu’il ne lui arrive rien, c’est évident !! Pourquoi cette question stupide ?

- C’est juste en réponse aux tiennes qui le sont tout autant !! Si quelqu’un avait de mauvaises intentions, il attendrait que Florian soit seul, pas vrai ?

- C’est évident !!

- Alors si nous étions avec eux comme tu dis le si bien !! Crois-tu que nous pourrions réagir ??

- (Léonie) Ça se tient, j’avoue que je n’y avais pas pensé !! Par contre ils pourraient savoir que nous sommes là !!

- Pour nous trahir, rien qu’en cherchant même involontairement à savoir où nous sommes ? Décidément ma vieille tu n’es pas au top en ce moment !! Amoureuse peut-être ?

Léonie hausse les épaules.

- N’importe quoi !! En parlant de ça, il va comment ton Gérôme ??

- Comment veux-tu que je le sache, je ne l’ai pas revu depuis l’autre fois !!

- Ah !! Ça me surprend un peu, je croyais que c’était le coup de foudre entre vous deux ?

- Un coup de foudre qui nous a rendus idiot !!

- (Léonie) Comment ça idiot ?

- Bah oui, quoi !! On s’est quittés comme ça sans se donner rendez-vous et sans téléphone, ni adresse pour se contacter !!

- Je vois qu’il n’y a pas que moi qui ai des lacunes ! Hi ! Hi ! Vous voilà bien maintenant !! Tu as essayé la plage ? Si ma mémoire est bonne il me semble qu’il nous a dit aimer venir là.

- J’en reviens figure toi et il n’y avait personne, je crois que c’est mort !

Léonie voit le groupe partir avec des sacs à dos, alors que les filles ainsi qu’un des garçons, les avaient déjà quittés depuis un petit moment.

- Tiens !! Les voilà tous qui sortent, je me demande bien où ils vont encore ?? Sûrement à la plage, vu l’attirail qu’ils prennent avec eux.

- (Léonie) Avec ce qu’on a appris sur eux, tu ne devrais pas t’ennuyer cette nuit pendant ton tour de garde !! Voilà sans doute pourquoi les filles sont sorties à part.

- Je ferai bien de les suivre !! Je te contacte en cas de soucis, bonne soirée !!

Dorian regarde sa collègue repartir, il soupire en repensant à ses dernières paroles car si leurs intentions sont bien celles annoncées, ça ne va pas l’aider à rester zen alors qu’il ne pense déjà qu’à ça depuis qu’il a rencontré Gérôme.

Il prend donc le même chemin que les garçons en faisant bien attention de ne pas se faire remarquer, comprenant au bout d’un moment que ça ne va pas être facile vu le chemin escarpé qu’ils prennent et c’est justement au moment où son pied trébuche dans un trou, qu’une voix derrière lui l’interpelle de façon autant amicale que moqueuse.

- Faites donc attention aux ornières jeune homme, ce serait dommage d’avoir à te conduire aux urgences, alors que j’ai la chance de te voir sans ton chaperon ! Hi ! Hi !

Gérôme ressent une grosse bouffée de chaleur en reconnaissant celui dont la pensée l’a fait justement faire cette erreur.

- Chut !! Pas si fort !! Je suis en mission, qu’est-ce que tu fais là ?

- En mission ??

Dorian se mord soudainement les lèvres d’avoir trop parler, son regard se porte sur Gérôme qui le fixe maintenant comme s’il le jaugeait pour savoir ce que ça signifie.

- Pffttt !! Bon d’accord !! En fait je suis dans la police et je suis chargé de surveiller un des jeunes de ce groupe, tu comprends ?

- C’est bien ce qu’il me semblait en vous écoutant la dernière fois sur la plage, pourquoi ont-ils envoyés des novices sur cette mission ?

- Mais…mais…que… !!!!

- Ah !! J’y suis !! Parce que pour vous aussi, il est censé avoir été votre ami dans une autre vie ?

CHAPITRE 139 (Camping de la dune) (Samedi matin) (Vous avez dit dommage collatéral ??) (Suite)

Dorian regarde son nouveau copain, les yeux écarquillés de stupéfaction.

- Comment tu es au courant de ça toi ?

- Juste parce que je suis là pour les mêmes raisons !!

- Tu surveilles aussi Florian ? Non !! Je n’y crois pas !!

- C’est sans doute parce que je suis plus doué que toi et ta copine !!

- Mais alors notre rencontre ? Ce n’était pas sincère ?

- (Gérôme) Bien sûr que si !! Je n’avais pas l’intention de vous abordez, plutôt de vous laisser faire en parallèle, quand j’ai découvert à quoi vous jouiez et je t’assure que ce n’est que quand je vous ai entendu parler de moi, que je me suis senti comme obliger de venir vers vous ou pour être tout à fait exact vers toi !!

- Donc si tu es là ce soir c’est pour le travail ?

- Oui et non !! J’ai échangé mon tour de garde avec un collègue, quand j’ai vu que ta copine faisait la journée, tu devineras aisément pourquoi !!

- (Dorian amusé) Pour pas que je me foule la cheville peut-être ??

- C’est exactement ça !!

Gérôme le voit se rembrunir, son regard magnifique cherchant dans le sien la vérité dans ses paroles et il finit par sourire à son tour, reconnaissant que décidément ce garçon lui fait vraiment beaucoup d’effet.

- Allons gamin !! Je plaisante !! Tu sais très bien pourquoi j’ai fait ça, maintenant nous devrions peut-être reprendre notre marche avant de les perdre de vue.

- Tu as raison, surtout qu’on ignore où ils vont exactement.

- Ne t’inquiète pas pour ça, je sais très bien où Raphaël les emmène !!

- Tu connais un des autres garçons ?

- Qui ne connaît pas Raphaël par ici, je me le demande ? C’est la fierté de la région.

Voyant l’incrédulité dans son regard quand Dorian se tourne une nouvelle fois vers lui, il croit bon de préciser.

- C’est l’autre rouquin, il fait du mannequinat pour payer ses études !! Un garçon très bien, qui fait la joie de ses parents.

- Tu es donc d’ici ? De la DST toi aussi je présume ?

- Tu présumes faux gamin !! Je suis de la nationale, sergent au commissariat de la Test pour tout te dire !! Alors comme ça tu es de la DST ? Et bien !! Tu m’en diras tant !!

Dorian encore une fois stupéfié, ne retient qu’un mot.

- Nationale ?? Que vient faire la police nationale dans une affaire telle que celle-là ??

- Très bonne question, que j’ai d’ailleurs posée à mes chefs !! Réponse, les ordres viennent de très haut et ton nom a été cité pour que ce soit toi qui t’en occupe !! Deux jours plus tard un gars du nom de Novack s’est présenté à mon bureau et m’a raconté cette histoire complètement folle d’un jeune rouquin avec qui j’ai été ami dans une autre vie, il m’a débité ensuite tout un tas d’autres informations plus invraisemblables les unes que les autres.

- Pourtant tu verras au fur et à mesure que tu le connaîtras mieux, que ce n’est pas aussi invraisemblable que ça en fait. Purée !! C’est de plus en plus casse gueule ici, nous sommes encore loin ?

- Non !! Il va falloir que tu me suives, je connais un endroit d’où nous pourrons les voir sans trop de risques de se faire repérer.

- C’est quoi cet endroit où ils vont ?

- Une micro plage tranquille que les touristes ne connaissent pas pour la plupart, elle est cachée suffisamment des autres et quasiment inaccessible par la plage elle-même, seul

ce chemin y mène en fait. En plus personne n’y vient jamais la nuit, sauf avoir des intentions cochonnes ou illicites.

- Les connaissant un peu mieux que toi, je pencherai pour la première idée !!

- Il n’y a que des garçons ??

- Justement ! Hi ! Hi !

- Tiens donc ?? Raphaël, quel petit cachottier tu fais ?? Qui aurait cru ça !! Bon !! Nous voilà arrivés, d’ici nous pourrons même discerner ce qu’ils font quand la nuit sera tombée.

- (Dorian) Tu as l’habitude de jouer les voyeurs à ce que je vois ??

- Comme je te l’ai dit, il se passe parfois des choses pas très nettes sur cette plage et l’endroit où nous sommes m’a permis de faire de belles prises, pour le reste je ne venais pas ici pour tenir la chandelle et il faut bien laisser un peu de liberté aux jeunes, j’aimerai certainement moi aussi passer une nuit à la belle étoile avec la personne que j’aime.

- C’est sûr, moi aussi !! Mais ce n’est pas si simple.

- (Gérôme) Surtout quand on est en service, pas vrai ??

Dorian a un léger sursaut de surprise en tournant vivement la tête vers Gérôme, il est aussitôt capté par son regard pénétrant qui lui envoie un long frisson dans le dos.

- Comment ça ??

Gérôme fait comme s’il n’avait pas entendu la question et son attention se reporte vers la plage où la bande commence à se regrouper, les jeux devenant visiblement plus ciblés sur leurs anatomies mais aussi et surtout beaucoup plus érotiques.

C’est précisément à ce même moment qu’un étrange son leur parvient.

CHAPITRE 140 (Camping de la dune) (Samedi matin) (Vous avez dit dommage collatéral ??) (Fin)

***/***

« Retour au moment présent »

Dring ! Dring !

Le son rétro du téléphone sonne sa litanie depuis déjà un long moment quand Dorian ouvre enfin un œil.

Dring ! Dring !

- Oui !! Voilà !! Et merde !! Il est passé où ce foutu téléphone ??

Dorian s’aperçoit alors seulement de plusieurs faits anormaux, en premier qu’il est allongé complètement nu dans un endroit qui ressemble à une butte avec vue sur la mer ou plutôt l’océan, quand son esprit s’éclaircit enfin et qu’il réalise ensuite qu’une autre personne nue également est vautrée sur lui, ronflant comme un ours.

Les souvenirs lui reviennent alors comme une onde de choc, lui rappelant la nuit de débauche sexuelle qu’il vient de passer avec Gérôme et la stupeur est vite remplacée par un sourire d’amusement, quand il se fait la réflexion que pour sa première fois c’était plutôt torride.

Sa main curieuse se porte à ses fesses, histoire de vérifier que ses souvenirs sont bien la réalité et non un rêve très réaliste, deux doigts entrent sans coup férir dans son anus encore bien écarté des coups de rein virils qu’il a reçu avec un plaisir immense durant quasiment toute la nuit.

- Waouhhhhh !!! Mais qu’est ce qui nous a pris bon dieu !!

Le corps toujours vautré sur lui commence à s’agiter à son tour, les yeux de Gérôme s’ouvrent en ayant la même expression qu’il a eu quelques secondes plus tôt et c’est avec un certain amusement que Dorian lui laisse le temps de comprendre, éclatant de rire quand il lui voit faire le même geste vers ses fesses.

- Je suis sûr que si tu pètes ça va faire des bulles ! Hi ! Hi !

- Wouah !!! Mais c’était quoi ce délire ??

- J’appellerai ça après réflexion, un dommage collatéral !!

- Tu peux expliquer ??

- Oh !! Mais c’est assez facile à comprendre pour qui a été mis au courant de certaines…disons, particularités de Florian et je suis même étonné qu’ils ne soient déjà plus là, parce que pour eux la nuit a dû être aussi chaude que la nôtre. Voire plus encore puisqu’eux savaient à quoi s’attendre, je comprends mieux maintenant pourquoi ils ne sont pas restés aux mobil homes !!

- (Gérôme) C’est lui qui a déclenché ça ?? Mais…comment ?? Ah, oui !! Je me rappelle, le son étrange que nous avons entendu !!

- Bingo !!

Gérôme regarde Dorian dans les yeux, toujours incrédule.

- On a vraiment fait tout ça cette nuit ?? J’y crois pas !!

- On dirait pourtant bien !! Tu regrettes ??

- Bien sûr que non !! Mais c’était tellement fort, je ne me croyais pas capable de jouir autant en si peu de temps !! Pas toi ??

- Vu que c’était ma première fois, je n’ai pas vraiment de base pour juger mais je veux bien te croire sur paroles.

Gérôme ne le quitte pas des yeux, seul son visage change d’expression en passant de l’incrédulité à la confusion.

- Tu m’en veux ??

- Je t’ai déjà répondu il me semble !!

C’est au tour de Dorian de voir son visage changer d’expression, devenant subitement inquiet en fixant Gérôme.

- Après cette nuit tu comptes faire quoi ??

- Je ne comprends pas ta question !!

- Je parlais de nous deux !! Tu as toujours envie qu’on continue à se voir ??

- Et bien non banane, maintenant que j’ai eu ce que je voulais !! Il va falloir que je me dégotte un autre jeune puceau, qu’est-ce que tu croyais ??

Les larmes qui s’écoulent brusquement des yeux de Dorian tout comme ses tremblements soudain qui lui prennent le corps de la tête aux pieds, alarme subitement Gérôme qui comprend que sa plaisanterie a été prise au premier degré par son tout nouveau mais au combien émotif petit ami.

Il bascule sur le côté en l’entraînant avec lui pour qu’à son tour ce soit Dorian qui se retrouve allongé sur lui, ses bras lui caressant alors le dos jusqu’à la cambrure de ses reins.

Le contact est si troublant qu’il perd un instant le but de sa manœuvre, ce n’est que le déluge de larmes qui cette fois lui tombe directement sur le visage qui le ramène à la réalité.

- Je plaisantais !! Tu m’entends Dorian ?? Je plai...san…tais !!! Comment voudrais-tu que je te rejette alors que je ne pense qu’à toi depuis notre première rencontre et ce n’est certainement pas cette nuit que nous avons passé qui va me faire changer d’avis, bien au contraire.

- C’est vrai ??

Dorian tend sa bouche vers celle de son chéri, ses mains lui prenant la tête pour un baiser qui remet le feu dans leurs corps et laissant encore pour un moment une Léonie inquiète qu’il ne réponde pas à ses appels répétés, se demandant où il peut être mais surtout s’il ne lui est rien arrivé.

CHAPITRE 141 (Camping de la dune) (Samedi après-midi) (Le cirque)

La nuit a dû être particulièrement fatigante pour mes amis, pour qu’ils ne soient encore pas levés à presque trois heures de l’après-midi.

Nous ne sommes donc que cinq installés sur la terrasse à se demander quoi faire, quand l’idée me reprend d’aller faire un tour au cirque.

- Quelqu’un veut venir avec moi ? J’ai envie d’aller au cirque !!

- (Mathis) Drôle d’idée !!

- (Chloé) Tu crois que Maurice serait d’accord ?

- (Mathis) Qu’est-ce qu’il a à voir avec ça ? Florian est libre d’aller où il veut que je sache ?

- (Léa) Il y a encore certaines choses comme pour nous tous d’ailleurs que tu ignores, alors ne parle pas trop vite et si Chloé pose la question c’est qu’elle est au courant de quelque chose, pas vraie ?

- (Chloé) Pas vraiment en fait, c’est juste que je me méfie des idées de « Flo » !!

- (Cousin) Bah !! Je ne vois pas ce qu’une visite d’un cirque pourrait déranger votre Maurice, par contre j’aimerais bien savoir ce que les autres ont fait cette nuit pour dormir comme ils le font ?

- Pas sûr que la réponse te soit satisfaisante, mais si tu veux tout savoir c’était disons très chaud entre nous.

- (Cousin) Tu parles de sexe ?

- Tu comprends vite « cousin » !! Bon !! On se la fait cette visite ?

***/***

« En vue du cirque Gruss. »

L’immense chapiteau avec ses trois pistes me rappelle des souvenirs et c’est avec une certaine émotion que je franchis les quelques centaines de mètres qui nous séparent de l’entrée, celle-ci n’étant pas spécialement gardée à cette heure de l’après-midi encore loin de l’horaire d’ouverture du spectacle.

Je préfère quand même que nous attendions que quelqu’un nous remarque, l’avertissement du directeur me restant bien en mémoire.

C’est d’ailleurs très vite le cas, quand un homme se dirige vers nous dès qu’il nous aperçoit.

- Le cirque est fermé !! Revenez aux heures d’ouverture !!

- Pourrais-je voir le directeur s’il vous plait ??

- Que lui voulez-vous ? Mais !! Je te reconnais toi !! Tu es le gamin qui a remis Malou dans le rang il y a quelques jours pendant la présentation ?

- C’est bien moi en effet !!

-Alors je crains bien que tu ne puisses pas entrer, ce sont les ordres !! Désolez !!

Je suis dépité quand je me tourne vers mes amis, ceux-ci viennent m’entourer pour me proposer de faire une ballade en ville puisque nous sommes arrivés jusque-là et nous nous apprêtons à repartir, quand une voix que je reconnaîtrais entre mille se fait entendre derrière nous.

- Qu’est-ce qu’il se passe ici ?

- C’est le gars que ton oncle nous a interdit de laisser entrer, tu te rappelles ??

- Qu’est-ce qu’il voulait ??

- Il demandait justement à le voir, je lui ai demandé de partir !!

Ramirez observe les cinq jeunes qui se sont de nouveau retournés pour comprendre ce qu’il se passe, il se rappelle très bien du petit rouquin qui lui avait déjà fait une forte impression durant les quelques secondes où il l’avait remarqué et son cœur une fois de plus réagit fortement à sa vue, visiblement troublé par l’attrait certain qu’il éprouve à sa présence.

- Vous vouliez juste faire une visite ?

- Oui !! C’est tout !!

Ramirez se tourne vers son copain.

- Je m’occupe d’eux !!

- Mais !! Ton oncle ?

- Je m’en occupe aussi, ne t’inquiète pas et de toute façon je resterai avec eux, donc pas de soucis.

- Ok, comme tu veux.

L’homme repart d’où il venait non sans se retourner plusieurs fois, Ramirez sourit en nous tendant la main et une fois les présentations faites, il nous laisse entrer en nous recommandant bien de rester près de lui.

- On commence par quoi ?

- Comme tu veux mais je vais être franc avec toi, j’ai comment dire…. Un certain feeling avec les animaux.

- (Ramirez) Du genre ??

- Disons pour faire bref qu’ils m’aiment bien !!

- (Chloé) Florian peut leur demander ce qu’il veut, je l’ai vu faire avec un faucon et je t’assure que même son maître était bluffé !!

CHAPITRE 142 (Camping de la dune) (Samedi après-midi) (Le cirque) (suite)

Elle lui raconte en quelques phrases ce à quoi elle avait assisté sur la plage, Ramirez l’écoute fortement intrigué, sans pour autant me lâcher une seule seconde du regard.

- Tu peux vraiment faire ce genre de truc avec n’importe quel animal ?

- C’est un peu pour ça que je suis venu ici !! Honnêtement je pense que oui !!

- Et bien !! Rien de plus simple, il suffit de vérifier !! Tu voudrais qu’on commence par quoi ?

Je me retiens in extremis de lui dire les tigres, sachant bien qu’il prendrait ça pour une plaisanterie et je me contente d’abonder dans son sens en lui proposant de faire un essai avec les chevaux.

Ramirez sourit jusqu’aux oreilles.

- Ça tombe plutôt bien, c’est justement ma spécialité !! Suivez-moi !!

Il nous amène jusque sous le chapiteau en nous demandant d’aller tranquillement nous asseoir dans les gradins, le temps qu’il aille chercher ses étalons.

Bien sûr il nous a à peine tourné le dos, que mes amis ne sont pas avares de leurs petites réflexions sur la façon qu’a Ramirez de me regarder.

- (Léa) Encore un de perdu pour le sexe féminin, vous avez vu comment il fixait « Flo » ?

- (Chloé) Il n’y a pas à dire, tu es un vrai aspirateur à mecs !!

- (Cousin) Manquerait plus qu’un des étalons s’appelle Tornado Hi ! Hi …. Aspirateur…. Tornado…. Capitche ??

- (Mathis) Mais c’est qu’il a de l’humour le cousin !! Chloé a raison mais j’ai eu comme l’impression que tu connaissais ce gars, l’histoire des chevaux n’est pas venue là par hasard !!

- Vous devriez vous en rappelez, c’est…. Enfin c’était le copain d’Erwan, le fils de Maurice dans cette autre réalité !!

- (Léa) Je m’en souviens que tu en avais parlé maintenant que tu le dis, plutôt intéressant comme garçon !!

- (Chloé) Je trouve aussi, il dégage quelque chose qui donne envie de mieux le connaître.

- (Mathis) Surtout ce qui me plaît dans ce gars, c’est qu’il ne me dévisage pas comme les autres !! Je trouve ça cool.

***/***

Voyant que je ne réponds plus, ils se tournent tous les quatre vers moi et me regardent intrigués des gestes qu’ils me voient faire avec mes bras, suivant ensuite des yeux la direction que leur indique les miens.

Sur la piste principale à l’intérieur d’une immense cage, ils voient deux magnifiques tigres du Bengale qui viennent de faire leur apparition et semblent soudainement se figer, leurs gueules tournées dans leur direction.

Leurs têtes font ensuite d’étranges mouvements qui n’ont apparemment aucun sens, le dompteur qui vient d’entrer à son tour reste un moment à les observer sans comprendre.

Ses ordres claquent alors sans que rien n’y fasse, les deux magnifiques tigres continuant comme hypnotisés à faire ses étranges mouvements de têtes.

***/***

Chloé est la première à faire le rapprochement avec les mêmes gestes que je fais avec mes bras.

- C’est toi qui fais faire ça aux tigres ??

- Oui !! Tu as vu comme ils m’obéissent ??

L’homme dans la cage fait claquer une nouvelle fois son fouet, de plus en plus surpris par le comportement anormal de ses deux félins et nous sommes tous les yeux fixés sur la façon avec laquelle il se démène à tenter de se faire obéir, quand une voix nous surprend.

- Hé !! Oh !! Ça va faire bientôt cinq minutes que je vous appelle depuis la piste de droite, vous êtes sourds ou quoi ??

Chloé lui montre l’autre piste de la main.

- Regarde, il se passe un truc avec les tigres !!

- De quoi ??

Ramirez reporte son attention sur la piste principale, il n’est pas long à comprendre qu’il se passe en effet quelque chose de pas naturelle, voire même de réellement bizarre entre le dompteur et ses fauves.

- Qu’est-ce qu’ils leurs arrivent ??

- (Chloé) Demande à Florian ! Hi ! Hi !

Le regard de Ramirez se tourne vers moi, il semble surpris de me voir si concentré et finit lui aussi par faire le rapprochement entre mes gestes et les réactions des félins, je stoppe mes sons de gorge en tournant mes yeux pour les fixer dans les siens en souriant.

- Tu vois bien maintenant que nous te disions la vérité tout à l’heure !!

CHAPITRE 143 (Camping de la dune) (Samedi après-midi) (Réveil tout en surprise)

« Mobil homes. »

Thomas est le premier à se lever, sa montre indiquant quatre heures de l’après-midi lui amène un sourire d’amusement.

- Et bien mon cochon !! On pourra dire que tu nous as mis sur les rotules cette fois encore, tu devais avoir drôlement besoin de reprendre des forces.

- Tiens ?? Tu parles tout seul maintenant ??

Thomas fait un grand clin d’œil à Yuan qui est le deuxième à émerger après la nuit torride qu’ils ont vécue.

- Ça m’aide à réfléchir !!

- Si tu le dis !! Il est où le gnome ??

- Il est en ballade avec ceux qui ont échappé à la soirée et qui ont pu se lever à une heure normale.

- Ouaih !! Mais je ne regrette rien ! Hi ! Hi ! Purée, quelle nuit !!

Ils continuent à discuter un moment en mordant à pleines dents dans les sandwiches qu’ils ont trouvés dans le frigo des filles et mis là à l’évidence pour eux, quand ils aperçoivent deux personnes venir dans leur direction.

Thomas a un sursaut de surprise en reconnaissant l’homme qui accompagne le père de Raphaël, celui-ci tenant un trousseau de clés en main et l’accompagnant certainement pour lui montrer où se trouve sa location.

Bien sûr Thomas est le seul à le reconnaître et connaissant très bien le personnage, il se doute bien qu’il ne se trouve pas ici par hasard.

Maintenant reste à savoir qui le paie et surtout pourquoi, que cherche-t-il à savoir sur Florian car il ne voit vraiment pas pour quelle autre raison il pourrait être ici.

Jean leurs fait un petit signe de la main en leurs adressant la parole depuis l’allée.

- Bonjour les garçons !! Vous n’auriez pas vu Raphaël ? Il n’est pas venu travailler ce matin, ce n’est pourtant pas dans ses habitudes !!

- (Yuan) Il dort encore comme un loir, cette nuit a été assez épuisante pour certains d’entre nous ! Hi ! Hi !

- (Jean) Tu me rassures !! N’empêche qu’il vat m’entendre, du coup j’ai dû me taper tout le travail et dieu sait que le samedi ce n’est pas la sinécure !!

- (Thomas) Je suis sûr qu’il sera le premier désolé !!

- (Jean) Bah !! J’ai été jeune !! Bon je vous laisse, votre nouveau voisin va finir par s’impatienter.

Ils s’éloignent après un dernier petit geste de la main, une fois suffisamment loin d’eux Thomas prend Yuan par le bras.

- Je connais ce gars-là !!

- (Yuan) Ami ou ennemi ??

- Ami d’autant que je me souvienne !! Maintenant ça dépend de qui le paie et surtout pourquoi !!

- (Yuan) Tu en parles comme quelqu’un de dangereux.

- Habile surtout !! Ce type est un des meilleurs de sa profession, c’est un mercenaire de l’espionnage qui vend ses services au plus offrant. Nous avons eu la chance de le connaître parce que son employeur d’alors était devenu un grand ami de Florian, il voulait juste avoir des renseignements sur les « dons » que « Flo » avait utilisés pour sauver son fils. Rien ne dit qu’il en va de même dans cette réalité !!

- (Yuan) Rien ne dit le contraire non plus !!

- Je le sais bien, il faut juste être prudent et attendre que Florian rentre pour lui en parler.

- (Yuan) Envoie-lui un message pour le prévenir !!

- Ce n’est pas si urgent que ça et pour l’instant il s’amuse trop bien où il est pour que je l’ennuie avec l’arrivée de "Jo" au camping !!

- (Yuan) C’est le nom du gars ??

- Joseph pour être exact, mais pas sûr qu’il se soit inscrit sous ce nom !! Avec lui il faut s’attendre à tout !!

- (Yuan) S’il vient ici pour nous espionner et s’il est aussi bon que tu le prétends, le pauvre gars ne va plus rien y comprendre quand il va se faire capter par Maurice vite fait bien fait ! Hi ! Hi !

***/***

Joseph attend que le gérant du camping reparte pour revenir sur l’étrange impression qu’il a eu en passant devant le mobil-home, sur la terrasse duquel se tenaient les deux garçons.

Le grand blond qui au demeurant est d’une beauté certaine, même pour lui pour qui l’attirance n’est vraiment pas portée et c’est peu de le dire sur les hommes, ce jeune homme donc a eu un réflexe de surprise en le voyant alors que si Joseph est bien certain d’une chose, c’est qu’il ne l’avait jamais vu jusqu’à aujourd’hui.

Peut-être, sûrement même, a-t-il été confondu avec une autre personne que ce garçon connaîtrait mais alors dans ce cas pourquoi montrer ensuite ce visage impassible ?

Le sixième sens qui l’avertit toujours en cas de danger ne semble pas fonctionner comme il le fait habituellement, aussi il se contente de soupirer en déballant sa valise.

Joseph se dit qu’il devient sûrement trop parano et qu’il serait temps pour lui de prendre un peu de vacances après cette mission somme toute inhabituelle.

L’homme qui l’a engagé en payant une petite fortune ne lui ayant donné que deux directives une fois qu’il aurait retrouvé la trace de celui qu’il cherche, la première de le protéger coûte que coûte en cas de besoin et la seconde d’en apprendre le maximum sur lui, certaines révélations qui lui ont été faites ayant suffisamment aiguisé sa curiosité pour qu’il accepte cette mission et ce même si elle est loin de celles qui lui ont amené sa notoriété, dans certains milieux tout du moins.

CHAPITRE 144 (Camping de la dune) (Samedi après-midi) (Le cirque) (fin)

Ramirez regarde une nouvelle fois en direction des félins qui cette fois sont assis tout contre les barreaux, les yeux rivés sur eux à ronronner comme de jeunes chats.

- C’est vraiment toi qui les rends comme ça ??

- Qui veux-tu d’autre ? Tu crois que je pourrais les voir de plus près ?

- Ça dépend de ce que tu appelles plus près !!

- Vraiment tout près !!

Ramirez sursaute en comprenant mon intention.

- Tu ne veux pas dire avec eux dans la cage quand même ??

- S’il te plait !!

- C’est de la pure folie !! Même moi qui les ai vus naître, je ne m’y hasarderai pas !! Mon oncle avait raison en disant que tu ne devais pas mettre les pieds ici, je vous raccompagne à la sortie ça suffit pour aujourd’hui !!

Un homme entre sous le chapiteau, il jette un œil rapide sur les tigres avant de suivre leurs regards et venir rapidement jusqu’à nous.

- Que fais-tu avec ces jeunes gens ??

- Je leur faisais juste faire une petite visite mon oncle, de toute façon ils allaient repartir.

L’homme se tourne une nouvelle fois vers les félins toujours assis, le regard fixé dans notre direction à ronronner sous les yeux de leur dresseur qui visiblement à ses expressions du visage, ni comprend rien de ce comportement somme toute inhabituel venant d’eux.

Son attention se reporte alors directement sur moi.

- J’ai eu ce matin une personne au téléphone, ses propos m’ont tout d’abord paru plus que loufoques jusqu’à ce qu’il me révèle son identité et me donne le moyen de vérifier son exactitude. Je n’ai été donc qu’à moitié étonné quand on est venu m’avertir de ta présence.

- Que vous a dit Maurice ??

- Que tu avais une espèce de particularité avec tous les animaux et qu’en prenant toutes les précautions que je jugerais appropriées, il serait bien que je t’autorise à les approcher.

- (Ramirez) Tu ne vas quand même pas accéder à sa demande ??

- J’hésite encore, seulement la contrepartie qu’il m’a proposée laisse à réfléchir tellement elle est inespérée.

- Il vous a promis de faire en sorte que vous obteniez cette demande de droit d’hivernage qui jusqu’à maintenant vous a toujours été refusée, c’est bien de ça qu’il s’agit n’est-ce pas ??

- En effet, mais comment peux-tu savoir ça ??

- C’est un peu compliqué à expliquer en cinq minutes, disons simplement que je suis au courant !! Vous avez accepté son offre ?

- Pas encore !! Il m’avait annoncé sa visite pour demain, je n’avais pas prévu que tu viendrais avant.

- Et bien pas de soucis !! Attendons donc demain, je ne tiens pas à vous forcer la main mais sachez que tout ce que Maurice a pu vous dire n’est que l’exacte vérité !! Par contre avant de partir, je vais renvoyer les deux tigres dans leur cage, ils risquent de devenir nerveux quand je vais m’éloigner d’eux et je ne voudrais pas qu’il y ait un accident par ma faute.

Ma gorge émet alors un son bien sûr inaudible à l’oreille humaine, que j’accompagne d’un geste de la main pour prouver mes dires et les deux félins se redressent dans un ensemble parfait, pour retourner dans le tunnel menant à leur cage.

La tête que font alors le dompteur, Ramirez et son oncle, vaut le détour.

- Ne vous inquiétez pas, tout sera revenu à la normale bien avant le spectacle.

- Je commence à croire que tout ce que j’ai entendu puisse être vrai !!

- Demain vous en serez persuadé ! Hi ! Hi !

Je me tourne vers Ramirez qui me fixe toujours avec ses yeux ronds de stupeur.

- Quand tu veux !!

***/***

« Une fois devant l’entrée. »

Je tends la main à Ramirez avant de le quitter.

- A demain alors ?? J’aurais peut-être une surprise pour toi.

- Ah oui !! Question surprise tu sembles être un spécialiste, c’est quoi cette fois ? Faire danser les girafes ! Hi ! Hi !

- Disons un truc plus personnel, peut-être ce que tu cherches vainement depuis quelques temps.

- Et comment pourrais-tu le savoir ??

- Ce n’est pas le jour des explications, mais je te promets que nous en reparlerons.

***/***

« Quelques centaines de mètres plus loin. »

- (Chloé) C’est quoi le truc plus personnel ?

- Tu devrais plutôt me demander c’est qui ma puce.

CHAPITRE 145 (Camping de la dune) (Samedi soir) (Rendez-vous sur la dune)

A part Thomas et Antonin, qui sont bien placés pour connaître les pensées de Florian, les autres par contre discutent pas mal entre eux pour trouver la raison de sa demande de tous le rejoindre ce soir-là en haut de la dune.

Demande suffisamment peu courante venant de lui, qui leurs a toujours laissés le libre arbitre pour décider comment passer leurs soirées.

Ils essaient bien entendu de soutirer des informations à Thomas qui a la même réponse sibylline, qui les laisse encore plus dans l’expectative.

- De toute façon quoi que je vous dise, vous ne vous en souviendrez plus et moi non plus ! !

- (Yuan) Pourquoi Florian n’est pas monté avec nous ?

- (Thomas) C’est juste parce qu’il attend Maurice qui doit arriver.

- (Antoine) Maurice ?? Ce n’est donc pas pour s’amuser qu’il nous a demandé de venir ??

Thomas malgré qu’il veuille en dire le moins possible, se rend compte que ce ne sera pas évident devant la curiosité bien naturelle de toute la bande et s’apprête à en révéler à minima, quand une voix pas très éloignée d’eux appelle à l’aide.

***/***

- J’ai besoin d’un coup de main les gars, pour aider une dame à escalader la dune !!

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« Quelques temps plus tôt. »

J’attends aux mobil homes comme convenu l’arrivée de Maurice et conscient au son de sa voix au téléphone quand nous sommes rentrés du cirque, du trouble qui l’habite à ce que nous nous apprêtons à faire.

Il ne m’a toujours pas donné sa réponse de savoir si son esprit m’accompagnera ou si je devrai comme pour Mathis y aller seul après avoir pris tous les renseignements nécessaires dans ses souvenirs.

J’avoue franchement de n’être pas vraiment chaud pour cette dernière solution, avec les risques qu’elle représente et je n’aimerai pas me retrouver comme plusieurs mois en arrière, à tout devoir reprendre à zéro.

Maintenant je sais pertinemment que je n’irai pas outre de sa décision, l’idée même me fait grimacer car je suis conscient que si je faisais une chose pareille, j’aurais du mal ensuite à me regarder dans une glace.

J’en suis là dans mes réflexions quand j’entends des pas sur le gravier de l’allée, me retournant pour constater avec surprise qu’il n’est pas venu seul.

Bien sûr mon étonnement ne dure que le temps de le dire car je connais suffisamment Maurice ainsi que l’affection qu’il porte à son épouse, pour que sa présence m’amène maintenant un grand sourire aux lèvres.

- J’aurais dû me douter que tu ne viendrais pas seul.

- Qu’est-ce que tu veux gamin !! On est mariés pour le meilleur comme pour le pire, nous avons vécu le pire à deux !! Tu comprendras donc que nous tenons à vivre le meilleur également à deux.

- Ça signifie donc que vous venez tous les deux avec moi ??

- (Maurice) Nous en avons longuement parlé depuis que tu m’as fait cette proposition, il nous a semblé préférable de vivre cette expérience ensemble !! L’idée que l’un de nous n’ait pas les mêmes souvenirs que l’autre nous a paru incongru.

- Je pouvais y aller seul, c’était l’autre option tu le sais bien !!

Maurice ému.

- Ce que tu vas faire pour nous est ce que nous souhaitions le plus au monde, ne pas perdre notre seul enfant et je ne veux pas prendre le risque que cette amitié que tu éprouves pour notre famille, puisse se retourner contre toi à cause de ta générosité à vouloir nous rendre notre fils.

- C’est aussi un de mes amis les plus cher que je tiens à retrouver, j’espère juste que je vais pouvoir refaire ce que j’ai réussi avec Mathis !! Il n’y a pas de formule magique, ça m’est venu comme ça sans que je comprenne vraiment comment ça a été possible.

- Victor m’a raconté l’histoire qu’il t’est arrivé dans l’hélicoptère !!

- (Martine) Depuis que nous sommes là, tu me regardes comme si tu me connaissais depuis toujours ??

- C’est bien le cas, je me doute que pour toi ça doit te faire bizarre ! Hi ! Hi !

- (Martine) C’est surtout qu’il m’a fallu du temps avant de comprendre que Maurice n’avait pas perdu complètement la tête !! Tout ce que j’ai entendu depuis ces derniers jours m’a paru tellement fantastique que j’avoue avoir encore du mal à y croire.

- Asseyez-vous, nous allons prendre le temps qu’il faudra pour te convaincre avant d’aller rejoindre ceux qui vont me donner l’énergie dont j’aurais besoin pour le « voyage » qui nous attend.

J’envoie alors dans leurs esprits quelques scènes qu’ils ont vécues avec Erwan, scènes suffisamment subjectives pour leur amener cette intense émotion que je peux lire sur leurs visages et qui devient si forte que je préfère très vite en rester là.

- Je pense que c’est suffisant, il serait temps d’y aller maintenant !!

Monter la dune n’est déjà pas une mince affaire pour Maurice qui peine visiblement une fois attaquée la deuxième moitié du chemin, s’en est une tout autre pour Martine qui n’en peut visiblement plus et qui me fait élever la voix pour demander de l’aide à mes amis qui nous attendent déjà là-haut.

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- J’ai besoin d’un coup de main les gars, pour aider une dame à escalader la dune !!

CHAPITRE 146 (Camping de la dune) (Samedi soir) (Souvenirs du passé)

Thomas et Mathis, descendent pour le rejoindre, visiblement curieux de connaitre cette « dame » qui a besoin d’aide et c’est Thomas tout souriant qui vient l’embrasser tout naturellement, pendant que son « frère » semble aussi surpris que la fameuse dite « dame » d’un tel élan de sympathie.

Maurice de son côté observe attentivement les deux grands jeunes hommes blonds, cherchant de toute évidence les points pouvant les différentier.

C’est lui qui prend le premier la parole, autant pour rompre le silence que pour répondre à la question muette de son épouse.

- Thomas vient de la même réalité que Florian chérie, ne t’étonne donc pas qu’il t’embrasse comme une amie !!

- (Martine) Je veux bien être embrassée souvent par un si charmant jeune homme !! Deux je pourrais même dire.

- (Thomas) C’est mon frère Mathis, permettez que nous vous aidions madame ?

- (Martine) Avec plaisir !!

***/***

« Quelques minutes plus tard en haut de la dune, après les présentations d’usage. »

J’explique en quelques mots à mes amis ce que j’attends d’eux, bien sûr mes paroles ne manquent pas de les surprendre et encore plus quand Mathis leurs révèle sa propre expérience, s’en suit alors d’innombrables questions qui prennent un assez long moment à apporter les réponses suffisamment satisfaisantes pour que tous finissent enfin par se taire.

- Bien les amis !! Vous connaissez maintenant le but de notre présence à tous ici, si tout fonctionne comme prévu vous ne vous rappellerez de rien comme pour Mathis et sinon…. Et bien nous aurons au moins essayé !!

Je me tourne vers Maurice, qui au fil des explications en comprenant que le moment qu’il attend depuis des heures lui semblant interminable va bientôt arriver, se sent de plus en plus nerveux.

- M’autorises-tu à aller chercher les informations auxquelles j’ai besoin dans tes souvenirs ?

- (Martine) Mon mari était absent ce jour-là, c’est moi qui étais avec mon fils !! C’est aussi pour cette raison que j’ai tant insisté auprès de lui pour être parmi vous ce soir.

- Je comprends !! Je peux alors ??

- Bien entendu !!

Je m’adresse alors à tous.

- Faites un cercle le plus compact possible autour de moi en posant vos mains sur mes épaules les unes au-dessus des autres !! Ceux qui se sentiraient trop épuisés par l’énergie que je puiserai en eux, devront les ôter au plus vite car je n’ai absolument aucune idée de ce qu’il pourrait arriver sinon !!

Il leurs faut plusieurs minutes pour trouver la position adéquate pour que tous soient assez près, c’est donc en se positionnant de côté avec juste une main posée sur moi que cela devient possible.

- Bien !! Maintenant je vais entrer dans ton esprit pour chercher les renseignements qui vont m’être utiles, vous revivrez tous ces moments ce qui me permettra de vérifier que la liaison mentale sera assez forte avec vous tous.

Maurice sourit à son épouse pour lui donner le courage nécessaire de revivre ces instants tragiques, sachant très bien que ce sera également pour lui qui n’était pas présent ce jour-là quelque chose de terrible à vivre.

- Tu seras assez forte ma chérie ?

- Il le faudra bien !!

Je jette un dernier coup d’œil vers tous mes amis avant de fermer les yeux pour me concentrer sur l’esprit de Martine, il me faut quelques secondes pour trouver les informations que je cherche et commencer à visionner ce que ses yeux ont suivi de cette tragédie.

Un « Oh » collectif montre que je suis bien relié à tous mes amis quand les premières images apparaissent dans ma tête, m’envoyant avec une précision extraordinaire cette matinée qui dix ans plus tôt à changer la vie heureuse d’une famille en un affreux cauchemar.

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« Souvenirs »

Le petit garçon termine son petit-déjeuner, visiblement pressé de partir pour ne pas arriver en retard à l’école et répondant à sa mère qui vient de lui poser une question.

- Tout est dans le cartable maman, la maîtresse nous avait conseillé de les y mettre en rentrant de l’école hier soir !!

- C’est très bien alors !! Pressons-nous, sinon tu vas rater ton bus !!

- Encore une minute maman, je termine mon chocolat !!

- Si tu t’étais levé quand je t’ai appelé la première fois, nous n’aurions pas à courir !!

Erwan ne répond pas, sans doute parce qu’il a bien compris que c’est de sa faute s’il n’a pas le temps ce matin-là et il boit rapidement le reste de son bol avant de le reposer sur la table de la cuisine, enfilant son blouson et ses chaussures, pour mettre ensuite son cartable en bandoulière en regardant sa mère ranger les couverts dans le lave-vaisselle.

- Je suis prêt maman !!

- J’arrive mon chéri !!

CHAPITRE 147 (Camping de la dune) (Samedi soir) (Erwan)

***/***

Les actions s’enchaînent alors, nous les voyons prendre l’ascenseur, sortir dans la rue et marcher le long du trottoir main dans la main, jusqu’au moment où Erwan s’échappe en reconnaissant un de ses copains et traverse la route en courant, un énorme crissement de pneus fait tourner le visage de Martine dans la direction d’où provient ce bruit strident.

Nous voyons alors un véhicule tourner à toute allure l’angle de la rue en se déportant franchement vers la gauche et venir droit vers l’enfant qui reste comme figé en ne trouvant rien de mieux pour se protéger du choc, que de mettre ses deux mains devant ses yeux.

***/***

Quelque chose alors se passe en moi, comme si soudainement mon corps n’existait plus et je me retrouve soudainement au-dessus de la tête de Martine juste avant qu’Erwan ne se libère de sa main qui jusque-là le tenait comme chaque fois qu’elle est avec son fils dans la rue.

***/***

Thomas ressent comme l’autre fois mais sans le tiraillement de se sentir partir dans plusieurs réalités à la fois, son esprit qui tourbillonne pour s’échapper de son corps et suivre Florian dans son périple, seulement ça va si vite cette fois ci qu’il n’arrive pas à s’en détacher comme d’ailleurs pour tous ceux qui étaient en liaison mentale avec lui et qui se sentent aspirés comme dans un tourbillon, pour se retrouver flottant eux aussi à quelques mètres à peine au-dessus de Martine et de son fils.

***/***

« Dix ans plus tôt. »

Martine se sent tirailler par Erwan qui lui tient la main en la faisant presque courir.

- Hé !! Doucement, tu vas finir par me faire tomber !! Ne tire pas comme ça voyons !!

Une voix entre alors dans sa tête.

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- Ne lui lâche pas la main !! Il va essayer de s’échapper !!

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Martine a un hoquet de surprise qui par bonheur fait exactement ce qui lui est recommandé, crispant ses doigts autour de ceux de son fils qui lui secoue la main en criant.

- C’est Louis là-bas !! Lâche-moi maman !! Tu me fais mal...

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Une voix revient encore plus impérieuse dans sa tête, ressemblant étrangement à celle de son mari.

- Surtout ne le lâche pas chérie !! Je t’en prie, écoute-moi !!

***/***

Martine s’agrippe alors à son fils en cherchant d’où peuvent provenir ces voix, alors qu’au même moment un énorme crissement de pneus se fait entendre et qu’une voiture tourne l’angle de la rue à toute allure, lui passant sous le nez sans ralentir.

Son corps se met à trembler en comprenant qu’elle vient d’éviter un drame terrible, soulevant son fils pour le serrer dans ses bras, le visage soudainement couvert de larmes.

Son visage se tourne alors vers le ciel, ses lèvres laissant échapper une phrase courte mais d’une ferveur toute nouvelle.

- Merci mon dieu !!

***/***

« Retour au présent. »

La soirée bat son plein et comme souvent se termine sur la dune à rire de tout et de rien avec en plus ce soir-là leur nouveau copain qui vient juste de les rejoindre après le spectacle comme il leur avait promis, quand un grand silence se fait soudainement et qu’Erwan voit tous ses amis s’ébrouer en regardant hébétés tout autour d’eux, finissant tous par le fixer avec un ahurissement tellement visible qu’il s’en étonne en prenant à témoin le seul qui semble être resté lui-même.

- Mais qu’est-ce qui leurs prend d’un seul coup ??

- Tu devrais le savoir mieux que moi !! Je ne vous connais que d’aujourd’hui rappelle-toi ?? C’est peut-être le contre coup de la visite au cirque, ou encore un truc au dîner qui ne passe pas !!

- Ne dis donc pas n’importe quoi « Ram » !! En plus nous n’étions que six à y être allé rappelle-toi et j’ai mangé la même chose qu’eux !! Oh !! Ça va les gars ?? Mais…bordel qu’est ce qui leurs arrivent encore ??

Ramirez tout comme Erwan les voit tous s’affaler brusquement au sol, comme pris d’un énorme épuisement.

- (Erwan) J’appelle mon père !! Ce n’est pas normal !! Reste avec eux tu veux bien ?? Je vais faire le plus vite que je peux !!

CHAPITRE 148 (Orléans) (Dimanche matin) (Visite imprévue)

« Chez les Lemont. »

Bastien termine son petit-déjeuner, heureux du silence qui règne dans l’appartement depuis la veille quand les garçons sont tous à part Ludovic, partis pour quelques jours de vacances en montagne.

Ce n’est pas que Bastien n’aime pas les avoir chez lui, bien au contraire mais seulement le brouhaha continu de leurs jeux et de leurs conversations n’était pas vraiment de tout repos, alors il profite de cette matinée avec un sourire satisfait.

- (Henriette) Comme c’est calme ce matin !!

- Comme tu dis chérie, profite s’en le temps que ça dure !!

Un claquement de porte suivi d’un hurlement dans le couloir les fait sursauter.

« Clac »

- Maman !!! Maman !!!

Bastien fait un clin d’œil à sa femme en soupirant.

- Qu’est-ce que je te disais ! Hi ! Hi !

Henriette lui envoie une grimace entendue en guise de réponse, puis sort de la cuisine pour voir pourquoi son cadet a besoin d’elle.

- J’arrive mon chéri !! Tu n’étais pas obligé de hurler comme ça non plus !! Qu’est-ce qu’il t’arrive ??

Ludovic qui vient de sortir torse nu de la salle de bain, lève son bras pour montrer son aisselle à sa mère.

- Regarde maman, j’ai des cheveux qui poussent sous les bras !!

- (Henriette) Non !! C’est vrai !! Montre-moi ça !!

Elle doit écarquiller les yeux pour distinguer quelques poils blonds qui se battent en duel et sourit à son fils qui la regarde, fier comme un paon.

- C’est parce que tu vas bientôt devenir un beau jeune homme, comme papa et ton grand frère !! Tu grandis mon chéri et bientôt les filles vont te regarder comme elles regardent Flavien.

- Cool !!

- Allez !! Va t’habiller, ce n’est pas encore pour demain ! Hi ! Hi !

Henriette lui met une petite tape sur les fesses pour qu’il retourne dans la salle de bain, un grand sourire aux lèvres en se rappelant à peu près la même scène avec Flavien une dizaine d’année plus tôt quand lui s’est présenté tout nu devant eux en montrant son pubis couvert d’un léger duvet blond et en criant.

- Papa !! Maman !! Regardez !! On dirait Antoine !!

Une larme de nostalgie perle de ses yeux en se souvenant de ce moment qui leur a valu un énorme fou rire, le temps passe pense-t-elle mais la vie suit toujours les mêmes règles immuables.

Henriette soupire en s’essuyant les yeux, se disant que le prochain sera sans doute elle l’espère dans quelques années son petit-fils, qui lui aussi s’inquiètera ou s’enorgueillira de voir son corps changer.

C’est la sonnette de la porte d’entrée qui la ramène au présent, plissant le front en se demandant qui peut bien venir leur rendre visite si tôt un dimanche.

« Dring ! Dring ! »

Un réflexe bien féminin lui fait lisser sa robe de ses deux mains pour soigner sa présentation avant d’aller ouvrir, se retrouvant en face d’un couple accompagné d’une fillette assise dans un fauteuil roulant.

La première impression qui lui vient à l’esprit est que ces gens lui paraissent sympathiques et c’est donc avec un sourire chaleureux qu’elle les accueille avec curiosité.

- Oui ??

L’homme lui renvoie son sourire, prenant la parole d’une voix grave non dénuée de charme.

- Madame Lemont ??

- C’est bien moi en effet !!

- Excusez-nous de venir vous importuner à une heure aussi matinale, nous avons eu votre nom par le docteur Frédéric Viala qui est le médecin de Mélanie notre fille.

- Je ne connais pas ce docteur ??

- Lui semblait vous connaitre pourtant, il nous a parlé de l’opération au cerveau que votre fils a subi dernièrement et comme son nom apparait sur la même liste que ma fille, nous avons ….

Henriette lui coupe la parole, visiblement intriguée de ces dernières paroles.

- Une liste dites-vous ?? Quelle liste ??

- Celle du chirurgien qui serait intervenu pour sauver votre fils !!

- Connaissez-vous son nom ??

- En fait non, juste ses initiales et c’est justement pour en savoir plus sur lui que nous sommes venus vous rendre visite !! Nous avons pensé que ce serait mieux d’en parler de vive voix plutôt qu’au téléphone, surtout qu’il semble régner un certain mystère pour ne pas dire plus autour de son existence.

Bastien qui a suivi plus ou moins la conversation, arrive à son tour dans l’entrée visiblement curieux lui aussi de cette étrange visite.

- Quelles sont ces initiales ??

- F.DB, le tout en lettre majuscule !! Ça vous dit quelque chose ??

CHAPITRE 149 (Orléans) (Dimanche matin) (Visite imprévue) (fin)

Bastien plisse le front en observant cette famille qui maintenant le regarde avec les yeux remplis d’attente de connaitre sa réponse.

- Bien sûr que ça nous dit quelque chose !! Mais entrez donc, nous serons bien mieux à l’intérieur que sur le pas de la porte pour discuter de tout ça !!

***/***

« Une demi-heure plus tard. »

Bastien termine son histoire sous le regard médusé de la famille Dufour.

- Et comme vous le voyez de vos propres yeux….

Il montre Ludovic d’un mouvement de tête.

- Tout va pour le mieux pour Ludovic qui ne s’est jamais senti aussi bien que depuis qu’il est ressorti de l’hôpital.

- (Henriette) Sa tumeur devait agir aussi sur les possibilités de son cerveau car depuis qu’il en est débarrassé, il n’a plus que des bonnes notes à l’école et sa maitresse voudrait même qu’il saute une classe, tellement elle lui trouve des aptitudes scolaires qui dépassent de loin ce qu’elle a l’habitude d’observer chez ses élèves.

André sourit en acquiesçant, observant lui-même le gamin depuis quelques minutes et qui semble être obnubilé par le visage de sa fille qu’il ne quitte pas un instant des yeux depuis qu’il est sorti de la salle de bain.

Il ne peut bien sûr pas manquer la réciprocité venant de Mélanie, qui semble avoir le regard perdu à contempler le petit blondinet, au demeurant fort mignon il doit bien le reconnaitre.

- Je ne doute pas que d’autres aptitudes vont vite se faire remarquer chez votre fils, ne serait-ce déjà sa façon de plaire aux filles ! Hi ! Hi !

Bastien, Henriette et Fabienne, le regarde sans comprendre jusqu’à ce qu’il leurs montre d’un geste explicite de la tête, les deux enfants qui ne semblent même pas s’être aperçu qu’il parlait d’eux tellement ils sont plongés chacun dans le regard de l’autre.

Un sourire entendu entre les adultes change alors complètement l’atmosphère de la pièce, ceux-ci comprennent que de simples hôtes et visiteurs, il commence à se créer entre les deux familles des liens d’amitié.

Début d’amitié duquel, tant le secret devenu commun de ce fameux F.DB où comme l’ont appris les Dufour, Florian De Bierne, que le visible rapprochement de leurs enfants en sont très certainement les éléments déclencheurs.

- (Bastien) « Ludo » !! Si tu faisais visiter ta chambre à Mélanie ?? Vous pourriez ainsi faire mieux connaissance pendant que nous parlons entre adultes !!

- (Ludovic) D’accord papa !! Tu viens « Mél » ?? Je vais te montrer mes estampes japonaises ! Hi ! Hi !

- (Henriette) Ludovic !!! Allons !! Où as-tu encore appris ça ??

- C’est Flavien maman !! Il dit ça à chaque fois qu’une fille entre dans sa chambre !!

Henriette comme les autres adultes se mordent les lèvres pour ne pas éclater de rire devant la bouille innocente du blondinet, qui ne baisse pourtant pas les yeux visiblement surpris de s’être fait reprendre par sa mère alors qu’il ne disait rien de mal.

Celle-ci lui fait un geste du bras, lui faisant comprendre de quitter la pièce et quand les deux enfants en sont sortis, elle fait un tour d’horizon des autres adultes pour éclater de rire avec eux.

- (André) Il a déjà du bagou c’est sûr ! Hi ! Hi ! Vous n’avez pas fini avec lui d’ici quelques années !!

- (Henriette) Il copie tout ce que fait ou dit son grand frère !! Il est en adoration pour lui vous comprenez ?

- (Fabienne) Oh que oui !! C’est pareil pour Mélanie avec notre grand fils Sylvain.

- (André) Vous habitez Reims si j’ai bien compris ??

- (Bastien) Un petit village en proche banlieue, mais c’est tout nouveau !! Nous sommes originaires du nord de la France, j’ai hérité de mon père sa maison et ça nous a paru judicieux de venir y habiter, en plus notre fils et ses amis entrent en fac cette année à Reims et c’est donc tout bénéfice pour tout le monde.

- (André) C’est drôle comme le monde est petit, mon fils et son copain Marc font déjà leurs études universitaires là-bas, étrange coïncidence vous ne trouvez pas ?

- (Fabienne) Vous ne pensez pas qu’il pourrait y avoir une association d’idée avec cette fameuse liste ??

Chacun se regarde un moment, avant de répondre.

- (Bastien) Ça se tient en plus !! En fait ce que je trouve étrange dans cette liste, c’est qu’il y aurait également des personnes telles que votre fils et ses amis qui y sont notifiés, alors qu’ils sont nous dites-vous en excellente santé.

André sort de sa poche la feuille de carnet où il a inscrit quelques prénoms qu’il avait pu lire sur la liste du docteur Viala et qui étaient biffés d’un coup de stabilo à côté justement de celui de Ludovic.

- Il semblerait que ce soit également le cas pour vous, j’ai noté de mémoire quelques prénoms qui étaient à côté de celui de votre fils sur la liste. Il y avait bien un Flavien ainsi qu’un Marc, mais aussi un Alexie et un Arnault !! Ça vous parle peut-être ??

- (Bastien) Ce sont notre neveu et les amis de mon fils !! Mais, qu’est donc au juste cette liste à la fin ??

- (André) J’ai posé la même question au docteur Viala, il m’a répondu que c’était une liste d’amis !! Etrange vous ne trouvez pas.

- (Bastien) Oui et non en fait !! J’avais déjà eu cette impression en la lisant, je parle de la lettre qui accompagnait le paquet pour soigner Ludovic, mais la seule chose qui est certaine c’est qu’à part peut-être Arnault qui l’aurait vu et reconnu comme le fils de son patron actuel, personne d’autre ne connaît ce Florian s’il s’agit bien de lui !

CHAPITRE 150 (Camping de la dune) (Retour au samedi soir) (Retournement inattendu)

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« Sur la dune. »

- (Erwan) J’appelle mon père !! Ce n’est pas normal !! Reste avec eux tu veux bien ?? Je vais faire le plus vite que je peux !!

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- Ce ne sera pas la peine fiston, nous sommes ici pour nous occuper d’eux !! Messieurs !! Veuillez transporter ces jeunes gens jusqu’aux ambulances !! Vous savez ensuite ce que vous avez à faire !!

Erwan et Ramirez stupéfiés, voient alors la vingtaine d’hommes en blouses blanches apparaître derrière Maurice au sommet de la dune, ils restent figés tout le temps que dure l’opération qui consiste à mettre leurs amis sur les brancards et les descendre avec précautions jusqu’aux ambulances qui doivent certainement les attendre juste en bas.

Ce n’est que quand il perd les derniers de vue, qu’Erwan se retourne de nouveau vers son père.

- Comment as-tu su ce qui allait leur arriver ??

- C’est une bien longue histoire fiston !! Sache juste que c’était écrit !!

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« Retour dix ans en arrière, le jour où l’accident a été évité. »

- (Martine) Merci mon dieu !!

Tous comprennent qu’ils viennent d’assister au sauvetage d’Erwan et alors qu’ils s’attendent maintenant à retrouver leurs enveloppes corporelles et revenir à leur époque, l’esprit de Florian communique avec eux ou pour être vraiment précis avec l’esprit de Maurice et de son épouse, mais de façon à ce que tous entendent et comprennent ses paroles.

- Vous deux allez rester là comme témoins de votre nouvelle vie, vous resterez dans vos corps respectifs comme simples observateurs et en reprendrez le contrôle que quelques heures avant que nous reprenions nous même nos esprits, pour pouvoir le cas échéant amener les secours en cas où l’énergie que nous absorbons actuellement ait trop épuisé nos corps. Normalement ces quelques heures de souvenirs communs ne devraient pas vous portez préjudice, juste peut-être vous embrouillez pendant quelques temps et vous pourrez ainsi suivre l’adolescence d’Erwan comme si vous y étiez ! Hi ! Hi ! C’était, il me semble l’ombre au tableau que tu craignais le plus, perdre dix ans de vie de ton fils ??

L’esprit de Maurice.

- Tu peux vraiment faire ça ??

- Qu’est-ce que j’en sais ! Hi ! Hi ! Juste que c’est ce que je souhaite, je vais vous libérer de mon emprise et logiquement ça devrait le faire ! Hi ! Hi ! Allez, vous autres !! On rentre au bercail !!

***/***

« Temps présent. »

Maurice sourit à son garçon en venant l’étreindre enfin alors qu’il est redevenu lui-même, l’émotion très forte de cet instant trouble Erwan qui bien sûr n’en comprend pas la raison.

- Qu’est-ce qu’il t’arrive p’pa ?? On dirait que tu ne m’as pas vu depuis une éternité !!

Maurice l’embrasse une nouvelle fois avant de lui répondre d’une voix visiblement émue.

- Le temps des explications viendra en son heure, pour le moment je dois prévenir ta mère que tout s’est passé comme prévu !! Elle a été beaucoup plus atteinte que moi à notre « retour » légèrement anticipé, comme l’avait prévu Florian !!

- (Erwan) Toi y en avoir me parler encore longtemps petit nègre ??

Maurice se détache de son fils avec un léger sourire amusé, les cernes autour de ses yeux montrent qu’il lui a fallu faire un réel effort pour quitter l’hôpital où ils avaient été admis plus tôt dans la matinée après l’évanouissement dû à l’extrême fatigue qu’ils ont ressentie lui ainsi que son épouse, quand ils ont retrouvé l’usage de leurs corps en reprenant le cours du temps « normal ».

Ces dix ans passés en observateur dans son propre corps, lui ont paru au final pas plus long qu’un battement de paupière, ce qui a été sans doute le cas mais lui donnant le temps suffisant néanmoins pour qu’il puisse suivre l’évolution de son fils dans cette vie que lui Maurice ne connaîtra jamais que par ce souvenir venant de sa propre vision accélérée des choses.

L’anachronisme de cette situation lui fait tourner la tête, il est bien conscient que jamais il ne comprendra exactement comment ça a pu être possible de vivre un futur qui vient de son passé en se retrouvant tel qu’avant cette réunion sur la dune, avec néanmoins la différence essentielle pour sa famille qu’est la présence de leurs fils vivant à leurs côtés et le souvenir qu’il en a gardé de toutes ses années qu’il croyait ne jamais connaître.

Il n’est qu’à la moitié de sa descente quand Maurice s’oblige à s’asseoir un instant, tellement sa tête lui tourne de toutes ces pensées qui l’assaillent, perdu un bref instant dans ce qui est le vrai du faux jusqu’à ce qu’il se rende compte que tout est vrai à la différence près qu’il va devoir gérer ces doubles souvenirs avec beaucoup plus de recul s’il ne veut pas perdre la raison.

Un sourire lui vient toutefois en se disant que Florian avait vu presque juste dans sa peur qu’il ne le croit pas, le petit séjour carcéral quoique bref qu’il y a vécu ne manquant pas de piquant dans ce nouveau futur auquel bien sûr ni Florian ni ses amis n’auront souvenance.

CHAPITRE 151 (Camping de la dune) (Dimanche en fin d’après-midi) (Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes)

« Hôpital de Bordeaux. »

La salle de repos réservée aux patients est pleine à craquer de nos amis qui après un bon sommeil réparateur, sont prêts à repartir pour poursuivre leurs vacances.

Les conversations on s’en doute bien, n’ont tournés que sur ce qu’ils ont vécu la nuit précédente, les laissant pour la plupart encore stupéfiés et c’est peu de le dire, de ce à quoi ils ont pourtant été les témoins privilégiés.

Maintenant et comme bien souvent quand il s’agit des actions même les plus incroyables venant de Florian, les choses plus futiles reprennent le dessus sur le miraculeux qui petit à petit commence déjà à s’estomper de leurs pensées comme allant de soi.

C’est donc sans plus se formaliser sur les réactions qu’ils auront très certainement tous de la présence d’Erwan qu’ils reverront pour la deuxième fois à leurs retours au camping, qu’ils poussent tous un cri de joie quand on vient leur annoncer que les véhicules qui doivent les ramener là-bas les attendent dans la cour.

***/***

« Retour au camping. »

Maurice, son épouse et son fils sont là pour les accueillir, ils ont longuement discuté avec Erwan qui s’inquiétait de connaître le fin mot de cette histoire mais surtout de l’état de santé de ses amis.

La conversation on peut s’en douter n’a pas été sans laisser Erwan dans une stupeur telle, qu’il lui a fallu toute la conviction qu’il pouvait lire sur les visages de ses parents pour qu’un doute lui vienne que peut-être il pourrait y avoir un fond de vérité dans tout ça.

Il surveille donc tout particulièrement l’arrivée de ses amis pour se faire sa propre conviction sur ce qu’il vient d’entendre, toujours pas vraiment convaincu qu’on ne lui monte pas un énorme bateau pour une raison qu’il ne saurait d’ailleurs expliquer.

***/***

Une scène d’un réalisme hallucinant lui vient à l’esprit qui le déconnecte complètement de l’instant présent, Il voit ses parents faire le cercle comme tous ses autres amis autour de Florian et leur main droite à tous étrangement posée de façon à lui toucher l’une ou l’autre de ses épaules pour faire en sorte d’avoir un contact direct avec son corps.

Erwan entend les dernières recommandations du petit rouquin ainsi que celles de ses parents.

- Tu seras assez forte ma chérie ?

- Il le faudra bien !!

Il entend ensuite le « Oh » collectif de surprise quand la scène change à nouveau pour le montrer beaucoup plus jeune à finir son petit-déjeuner, sa conversation avec sa mère qui le presse pour ne pas être en retard jusqu’au moment où il reconnaît son ami Louis dans la rue, marchant sur le trottoir d’en face pour se rendre lui aussi à l’école.

Erwan entend clairement la voix qu’il reconnaît comme étant celle de Florian qui ordonne à sa mère de ne pas le lâcher, alors que c’était à l’évidence son intention de s’échapper des mains de sa mère pour traverser la rue et rejoindre son copain, il entend tout aussi clairement celle de son père qui l’abjure une nouvelle fois de le retenir.

C’est seulement ensuite que sa mémoire fait le lien avec le souvenir réel de sa mère le prenant dans ses bras, alors qu’une voiture leur passe sous le nez à une vitesse folle en faisant hurler ses pneus.

***/***

Le défilement d’image s’arrête là, lui redonnant conscience du présent et lui faisant ouvrir les yeux pour se retrouver presque nez à nez ne serait-ce la taille qui l’en empêche, avec Florian qui le fixe avec une moue amusée.

- Normalement tu étais au milieu de la rue quand la voiture est passée !! Boum !!!

- Mais…comment !! Pourquoi !!!

- D’après toi ?? Quand j’ai découvert ce « don », il était impensable pour moi de ne pas retrouver l’ami que tu as toujours été !! Maintenant et comme pour Mathis avant toi, je n’ai plus à ma connaissance à pleurer la perte d’un proche.

- Mathis !!! Pourquoi tu ne me le dis que maintenant ?? J’ignorais que….

- Parce que tout simplement je l’ai sauvé avant toi et que tu ne pouvais pas l’apprendre avant aujourd’hui, je sais que c’est plutôt compliqué à comprendre !! Dis-toi juste que c’est une histoire de tempo, un futur en a remplacé un autre qui a été une fois de plus remplacé par un autre !! Seuls ceux qui en ont gardé la mémoire parce qu’ils l’ont vécu avec moi peuvent se rappeler qu’hier encore pour nous tu étais mort dans ce sinistre accident. Il va juste te falloir nous laisser le temps de réapprendre à te connaître, car tu l’as bien compris maintenant ces dernières semaines où toi tu nous as connu n’existent pas pour nous.

- Mais alors !! Ramirez ??

- Il fait partie de ton présent, nous n’avions pas encore sympathisé avec lui au point qu’il soit avec nous cette nuit-là sur la dune et d’ailleurs notre rencontre avec lui ne datait que de quelques heures à peine cet après-midi-là.

- Comme pour moi en fait !!

- Il fallait bien que petit à petit les deux futurs, le nôtre et le tien se rejoignent, c’est du moins la seule explication que je peux te donner !!

Erwan fait un tour d’horizon de ses amis qui ont écouté jusque-là en l’observant sans rien dire, un sourire amusé lui vient soudainement quand il s’approche tour à tour d’eux pour leur serrer la main à tous.

- Et bien !!! Salut les gars !! Moi c’est Erwan ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 152 (Camping de la dune) (Lundi matin) (Tel est pris qui croyait prendre)

Ce matin-là, toute la bande est sur la terrasse à prendre son petit-déjeuner et l’ambiance est autant au plaisir d’être tous ensemble, qu’aux questions qu’ils se posent encore sur les derniers événements du weekend.

Thomas aperçoit Joseph qui semble prendre le sien en lisant un journal, il se rappelle alors qu’il voulait avertir Florian de sa présence et que l’histoire avec Erwan le lui avait fait complètement oublier.

- Tu as vu le type qui a emménagé en face de nous ce week-end ?

- Non !! Qu’est-ce qu’il a de si particulier ?

- Et bien retourne toi et tu vas vite t’en rendre compte !! Mais évite de montrer que tu le reconnais, s’il est là ce ne doit pas être par hasard !!

C’est donc en prenant mon temps mais avec une très forte curiosité, que je tourne la tête pour apercevoir un homme le visage encore caché de moi par le journal qu’il tient devant ses yeux.

Par contre la couleur de sa peau d’un noir d’ébène et sa stature élancée ne prêtent à aucun doute pour moi, c’est donc visiblement surpris que je reporte mon attention sur Thomas.

- Joseph ??

- Si ce n’est pas lui, c’est son frère jumeau !! Tu en penses quoi ??

- Pffttt !!! Comment veux-tu que je le sache ?? Ça serait étonnant que ce soit Hassan qui le paie cette fois, puisque je ne suis pas intervenu sur son fils pour le soigner !!

- Ami ou ennemi ??

- Humm !! Ennemi je ne pense pas, en fait il y a bien deux solutions qui me paraissent crédibles et le plus simple c’est encore d’aller le lui demander, j’en connais un qui va être surpris de se voir découvert ! Hi ! Hi ! Son ego va en prendre un coup, c’est certain !!

Je me reverse une bolée de café en prenant le temps de le sucrer tranquillement avant de me lever et d’aller m’asseoir sur la terrasse à la table de Joseph, celui-ci sent bien ma présence et baisse son journal pour me regarder avec étonnement, je bois une gorgée de café en prenant mon temps avant de poser le bol sur la table en souriant.

- Comment va Joseph ?? Quel beau métier que le tien d’être payé à prendre des vacances, tu ne trouves pas ??

- Mais !!! Qui êtes-vous jeune homme ??

- Celui que tu es chargé de surveiller ! Hi ! Hi ! Qui te paie cette fois ? Pas Hassan ? Non ? J’en étais sûr !!

***/***

Joseph pose son journal en le repliant avec soin, ce qui lui laisse le temps nécessaire à la réflexion avant d’engager à son tour la conversation.

Le jeune homme qui se tient là devant lui, semble plutôt relaxe et lui parle comme s’ils étaient amis de longue date, ce qui bien sûr est impossible puisque c’est la première fois qu’il l’a en face de lui.

Le sourire amusé du jeune rouquin le déstabilise suffisamment pour que Joseph en perde sa garde habituelle, sentant bien qu’encore une fois un nouveau mystère vient mettre du grain à moudre sur ce qu’il en savait déjà sur lui.

***/***

- Vous devez faire erreur sur la personne !!

- Bahhh !! Non, tu vois !! Je suis sûr que tu es ici pour en savoir plus sur moi, celui qui te paie est sans doute curieux de connaître les raisons d’un tel mystère sur ma personne et j’aimerais bien savoir comment il a pu apprendre où je me trouvais et surtout qui j’étais ??

- Encore une fois vous faites erreur sur la personne, vos paroles ou plutôt devrais-je dire vos élucubrations n’ont aucun sens et je vous prierais de me laisser finir mon petit-déjeuner en paix !!

J’aperçois Léonie qui épie un peu plus loin et qui n’est vraiment pas douée pour ce genre de sport, je lui fais un signe discret de la main sans que Joseph le voit, pour qu’elle intervienne rapidement et je fais ensuite semblant de réfléchir, le temps qu’elle s’approche suffisamment pour m’entendre.

- Très bien, dans ce cas je pense qu’un petit séjour dans les sous-sols de la DST devrait libérer tes souvenirs !! Je n’ai rien contre toi Joseph, juste que je me dois d’être prudent et connaitre tes véritables intentions à mon égard !!

Joseph va pour se lever quand il sent une main ferme sur son épaule le maintenir assis, l’objet froid qui s’appuie ensuite dans son dos lui est trop bien connu pour qu’il tente quoi que ce soit et reste sans bouger en reportant son attention sur le jeune rouquin qui l’observe toujours avec son sourire amical, malgré la situation qui laisserait à penser tout le contraire.

- (Léonie) Je ne saurais que vous conseiller de ne pas chercher à faire le moindre geste inconsidéré !! Tu connais cet homme Florian ?

- Et comment que je le connais !!

CHAPITRE 153 (Camping de la dune) (Lundi matin) (Tel est pris qui croyait prendre) (fin)

- (Léonie) On fait quoi maintenant ?

- Ça dépend entièrement de Joseph !! Ou il joue carte sur table et on discute amicalement, ou il s’entête dans ses dénégations et je te laisse prendre les choses en mains avec Maurice, à lui de voir !!

Léonie hoche la tête en poussant un peu plus sur l’arme qu’elle pointe toujours dans le dos du fameux Joseph.

- Vous décidez quoi ??

- (Joseph) Je ne comprends rien à cette histoire !!

Je me lève en tenant toujours mon bol de café dans la main, j’en bois une gorgée en le regardant toujours avec attention.

- Dans ce cas, je vous laisse !! Je pense que les services de la DST seront satisfaits de pouvoir enfin mettre un visage sur un agent mercenaire de ta réputation.

Je fais demi-tour pour revenir vers mes amis, quand je tourne une dernière fois la tête vers lui.

- Ah, oui !! Tu diras à ton patron l’Oyabun que je ne souhaite ni être protégé, ni être espionné !! Je pense qu’il comprendra le message, désolé d’être obligé d'en passer par là avec toi « Jo » mais comme tu ne veux rien admettre ….

Cette fois je rejoins mes amis qui à la façon qu’ils ont tous de dévisager Joseph, ont dû avoir des explications de Thomas sur ce qu’il est en réalité.

Thomas bien sûr a tout suivi de notre conversation, il me fait une grimace très explicite sur ce qu’il ressent de voir son ami se faire arrêter.

- Ce n’est pas cool pour lui !!

- Je le sais bien, mais qu’est-ce que j’y peux ?? Maurice saura lui faire comprendre son intérêt à coopérer, je me demande bien ce qui a pu me trahir ??

- Il est très doué, rappelle-toi ?

Je regarde de l’autre côté de l’allée, ses yeux me fixent intensément et cherchent très certainement à comprendre tout ce qu’il lui arrive, alors qu’il n’a rien fait de répréhensible ni même encore débuter son enquête.

- Hummm !! J’espère juste que je ne me suis pas trompé sur celui qui l’envoie.

- Tout allait trop bien jusque maintenant, il fallait bien que les emmerdes arrivent !! Tu es sûr que personne ne t’a vu quand tu as opéré son petit fils ?

- Certain !! Du moins pas quelqu’un qui l’aurait répété !! En plus il ne me cherchait pas, il savait me trouver là sinon pourquoi aurait-il loué dans ce camping et pas dans un autre ?? Même le professeur Akihito et son staff, ignoraient où je passais mes vacances !

- Tu crois qu’ils enverront quelqu’un d’autre ?

- Pas si Joseph lui passe mon message !! S’il m’envoie quelqu’un d’autre ce sera lui en personne.

- Comment peux-tu être aussi sûr de ça ??

- Parce que cet homme sait qui je suis, ou du moins il pense le savoir !!

- Et ??

- Ça m’intéresse de le savoir aussi figure toi, peut-être connaît-il des choses sur moi que j’ignore !! Déjà dans l’autre réalité, il m’avait semblé bizarre à la façon qu’il avait de me fixer.

Je regarde Léonie emmener Joseph avec elle, un peu triste malgré tout de ne pas lui avoir inspiré suffisamment confiance pour qu’il accepte de m’en dire plus.

J’aurais très bien pu lire dans ses pensées, seulement cette façon d’agir n’est pas de celles que je privilégie et ce surtout pour y trouver des réponses qu’on ne voudrait pas me donner librement.

Je chasse toutes ces pensées de ma tête pour revenir au présent, regardant mes amis qui depuis mon retour sur la terrasse nous écoutent sans dire un mot.

Je m’aperçois qu’il en manque un à part bien sûr Raphaël qui est reparti plus tôt travailler.

- « Wanou » n’est plus là ??

- (Antonin) Il nous a dit qu’il serait de retour pour midi, il est parti rejoindre Ramirez au cirque !! Il est visiblement grave mordu de ce mec en douce !!

- Ce n’est pas d’hier ! Hi ! Hi ! Le plus chiant pour eux deux, c’est qu’il va leur falloir tout reprendre à zéro, j’espère que personne n’a dit à « Wanou » qu’ils étaient ensemble dans mes souvenirs ??

- (Yuan) Et comment tu veux qu’on se rappelle de ça ?? Puisque nous sommes revenus en même temps que toi, si nous lui en avons parlé et bien lui seul peut se le rappeler !!

- (Antoine) Toujours ce paradoxe avec le temps, j’espère que nous ne nous apercevrons pas un jour d’une modification trop grande par rapport à notre vécu !! Sinon bonjour l’angoisse !!

- Vous comprendrez mieux ce que je ressens comme ça ! Hi ! Hi ! Le cirque tu disais ? Du coup ça me fait penser que je devais y retourner !!

- (Thomas) Qui te dit que nous y sommes déjà allés ?? Tu oublies que tu as changé le passé ??

- Sauf que Ramirez était avec nous à notre retour, comment tu expliquerais ça si nous n'y étions pas allés ?? en plus c’est resté dans nos souvenirs !!

- Là tu marques un point ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 154 (Aix en Provence) (Lundi matin) (Ailleurs)

« Chambre de Thomas. »

Une voix résonne dans la maison.

- Thomas !! Petit déj !!!!

Le grand blond s’ébroue pour tenter de faire disparaître les derniers limbes de sommeil.

- J’arrive M’man !!

- Dépêche-toi sinon Franck va encore ronchonner comme à chaque fois que tu n’es pas prêt quand il vient te prendre !!

Là pour le coup, il se lève d’un geste souple en faisant miauler Miquette de surprise de se voir chasser de la sorte alors qu'elle était venue juste pour une caresse.

- Miaouuuu !!!

- Excuse-moi ma belle, mais là ça urge ! Hi ! Hi !

- Miaouuuu !!!

Une petite caresse pour la faire ronronner de bonheur et le voilà enfilant ses habits pour descendre au pas de charge rejoindre la cuisine où sa mère l’attend.

Une fois la bise donnée, il s’attable devant son bol fumant en attrapant une des tartines qui n’attendent que lui pour disparaître.

- (Evelyne) Vivement que tu passes ton permis, comme ça Franck n’aura plus tout ce trajet à faire chaque matin.

- J’espère l’avoir avant l’automne.

- Pense à faire faire la révision de la voiture, depuis le temps qu’elle est dans le garage !!

- Pourquoi P’pa ne veut-il jamais la prendre aussi ??

- Allons mon grand !! Tu le sais très bien.

- Tu crois qu’il m’acceptera un jour sans regretter Thomas ?

- Ne dis donc pas de bêtises, ton père t’aime tu le sais bien !!

- Alors pourquoi ne m’appelle-t-il jamais par mon nouveau prénom ?

- Comprends-le aussi !! Cela ne fait que quelques semaines, je suis certaine qu’il finira par s’y faire lui aussi !! Je m’y suis bien faite, moi !!

- Il n’y a pas que lui tu sais ? C’est pareil pour Franck et Chloé !! Quand à Mathis et Léa, je ne t’en parle même pas depuis qu’ils ont appris qui étaient mes parents biologiques.

- Je t’avais prévenu que ce n’était pas une bonne idée de le leurs dire !! André et Nathalie avaient gardé le secret jusque-là et tout allait pour le mieux comme ça, mais il y a fallu que tu en parles !!

- J’ai trouvé ça plus honnête envers eux.

- Ce n’est pas un reproche, nous même aurions dû tout leurs dire depuis longtemps mais ton père ne s’y est jamais résolu !! Peut-être avait-il peur de te perdre, ou du moins de perdre Thomas.

Le bruit d’une voiture qui se gare devant chez eux, stoppe net cette conversation qui revient régulièrement entre Evelyne et Benjamin, depuis qu’il leur est apparu avec Antonin pour leur raconter son étrange aventure, seul le fait qu’ils aient suffisamment connu Florian et ses capacités qu’eux même qualifiait de surnaturelles, leur a fait accepter sans trop la mettre en doute cette histoire pour le moins abracadabrantesque.

Benjamin devenu depuis officiellement Thomas grâce à une manipulation sur les registres de naissance faite par Maurice, c’est vu à la tête d’une fortune que certains pourraient facilement qualifier de colossale voire même faramineuse et a dû depuis réapprendre tout de cette nouvelle vie, aidé par ceux qui étaient les amis de Thomas et qui sont devenus les siens par la force des choses.

Benjamin garde pour lui ses véritables sentiments depuis son arrivée dans cette réalité, sentiments d’abandon et ce malgré tous les efforts que tous font pour ne pas changer leurs façons d’être d’avec celui qui a disparu.

Seul Antonin le comprend, peut-être parce qu’il a assisté au transfert et qu’il a eu les explications venant directement de Florian, s’avérant depuis pour Benjamin le seul îlot de sérénité sincère sur lequel il peut s’appuyer.

Ce n’est pourtant pas faute des efforts de sa part pour reprendre les choses là où les avaient laissés Thomas, mais il sait très bien que jamais il n’aura cette aura ni ce charme qui était apparemment à ce qu’il en a compris sa marque de fabrique.

Une seule chose obnubile ses pensées depuis tous ces jours passés loin des siens, les retrouver et trouver un moyen quel qu’il soit d’inverser le processus pour les rejoindre, plusieurs faits qu’il a collectés depuis et qui ne collent pas avec ce qu’il entend, ne serait-ce déjà cette tombe fleurie et chérie par tous, sauf par celui qui pourtant est encore très fortement touché par sa mort.

Maurice en effet n’a jamais aux dires de tous, remis les pieds dans le petit cimetière où Florian est enterré.

Il voit entrer Franck souriant comme à son habitude de ce sourire crispé, qui dénote bien tout le travail qu’il reste à faire pour qu’il soit réellement accepté dans ce monde.

Benjamin garde pour lui la boule de tristesse et d’amertume qui lui noue l’estomac, comme à chaque fois qu’il surprend ce genre de comportement de la part d’un de ceux qui pourtant lui certifient qu’ils ne font aucunes différences entre lui et celui auquel il a pris bien involontairement la place, attendant avec empressement ce que va donner l’entretien que va avoir Antonin avec les entités depuis qu’il est reparti il y a deux jours, officiellement pour suivre l’avancement des travaux du centre médical.

CHAPITRE 155 (Afrique) (Lundi matin) (Ailleurs) (Mort ou vivant)

Antonin marche d’un bon pas pour suivre celui de Taha, cela fait déjà une bonne heure qu’ils mènent ce rythme mi marche, mi-course et le petit blondinet commence à accuser le coup de la fatigue.

- On ne pourrait pas faire une pause, je n’en peux plus !!

Taha s’arrête pour se retourner vers son ami.

- Excuse-moi de n’y avoir pas pensé plus tôt !! J’oublie tout le temps que vous les blancs n’avez pas la même résistance que nous.

Taha cherche du regard un endroit où son copain pourra reprendre son souffle, il fait encore quelques dizaines de mètres avant de s’arrêter dans un endroit frais recouvert de mousse où ils pourront s’asseoir confortablement.

Antonin s’essuie le front couvert de sueur, avant de sourire de reconnaissance au jeune Masaï.

- Merci !! Nous sommes encore loin ?

- Nous avons fait un peu plus de la moitié du chemin…. Je peux te poser une question ?

- Bien sûr !!

- Pourquoi voulais-tu absolument revenir là-bas ? Notre ami y a perdu la vie et moi-même n’éprouvais plus ni l’envie, ni le besoin d’y retourner un jour !!

- Je cherche, ou plutôt devrais-je dire, nous cherchons des informations et nous croyons que les entités pourraient y répondre, en partie tout du moins.

- (Taha) Tu es venu pour parler aux dieux des pierres ??

- C’est mon intention en effet, j’espère qu’elles voudront bien me répondre !!

- Mon père ne les entend plus depuis plus de six lunes, ce n’est pas faute pourtant de s’y rendre pour essayer !! Il m’a dit que les dieux avaient quitté les pierres, l’aura les entourant a disparu également depuis que le dieu des dieux nous a quittés.

- Okoumé me l’a dit, mais il fallait que je m’en assure tu comprends ??

- Pas vraiment !! Qu’attends-tu d’eux au juste ??

- Comme je te l’ai dit, des réponses.

Antonin voit bien les yeux de son ami brillés de curiosité, il n’attend donc pas la question suivante pour lui répondre.

- Comme par exemple comment peut mourir un dieu ?? Ou du moins quelqu’un comme Florian qui avait le « don de guérir » ??

- Pourquoi te poses-tu cette question ?? Doutes-tu de sa mort ??

- Tu es au courant pour Thomas ?

- Comment ignorer cette histoire !! Ça devrait répondre à ta question puisque tu as été toi aussi dans cette autre vie où est réincarné le dieu des dieux.

- Ce qui s’est produit, pourrait peut-être se produire de nouveau !!

- Pour ça il faudrait qu’un autre « cheveux de feu » tel que lui existe sur cette terre et tu sais bien que c’est impossible, allons !!

- Un autre peut être pas, mais si Florian n’était pas mort ??

Le visage de Taha reflète alors toute l’incompréhension qu’il ressent aux dernières paroles de son ami.

- Tu es sûr que ça va ?? Ton esprit ne serait-il pas un peu dérangé ?? C’est comme ça que vous dites chez les hommes blancs il me semble ??

Antonin sourit d’amusement, comprenant très bien ce que ses paroles peuvent avoir d’étranges sans les explications qui vont avec.

- Benjamin ou plutôt le nouveau Thomas, a remarqué certaines choses qui lui ont paru bizarre !! Il m’en a fait part et j’ai fait plus attention depuis, jusqu’à y trouver moi aussi quelques étrangetés de la part de gens qui sont proche du pouvoir !

- Son ami Maurice ??

- En premier lieu, oui !! Mais aussi de Franck, celui qui était un peu le tuteur de Florian du fait de la mort de ses parents !

- Qu’ont-ils fait qui vous semble si mystérieux ?

- Ce serait plutôt ce qu’ils n’ont pas fait qui nous interpelle !! Jamais une fleur de leur part sur la tombe alors qu’elle en reçoit de partout, jamais une visite non plus là où il est enterré alors que tous ses amis s’y rendent dès qu’ils le peuvent !! Même l’empereur Akihito a fait le déplacement avec sa famille, tu te rends compte ??

- Florian était beaucoup aimé, mais ça ne veut rien dire !! Chez nous aussi il y a des personnes qui ne rendent jamais hommage pour toutes sortes de raisons à leurs morts.

- Il n’y a pas que ça, il est coutume dans mon pays de rendre visite aux défunts avant l’enterrement et le cercueil était fermé, il nous a été refusé de le voir une dernière fois alors que c’est une tradition !! Quand Benjamin, enfin Thomas l’a appris !! Il a essayé d’interroger Maurice et celui-ci lui a répondu que c’était un vœu de Florian, une chose complètement absurde car je le connaissais bien et jamais il n’aurait exigé une chose pareille !!

- Hum !! Chez nous aussi nous rendons office à nos morts en allant les voir une dernière fois, tu penses qu’il ne serait pas mort ? C’est ça ?

- Disons plutôt qu’il se pourrait que son corps soit toujours vivant, c’est du moins l’idée qu’en a Benjamin et je ne suis pas loin de croire à cette possibilité moi aussi !! Son « don » a peut-être protégé son corps, même si son âme s’est réincarnée dans cette autre réalité et il y a peut-être un moyen de la faire revenir, c’est pour ça que je dois parler aux entités de la clairière ! Si ce moyen existe, eux seuls doivent le connaitre !!

- Pourquoi ton ami cherche-t-il à tout prix à faire revenir son âme ?? Ça n’a pas de sens !!

- Tout simplement pour retourner chez lui, voilà pourquoi et pour ma part je veux retrouver ceux que j’aime, s’il y a une seule chance de pouvoir le faire je veux la tenter.

Taha se relève en faisant signe à Antonin qu’il est temps de reprendre leur marche

- Tu ne sais pas ce que je donnerai pour que tu aies raison !! Florian était aussi mon ami et chaque jour qui passe, je pense à lui.

- Alors allons voir ce que tes dieux des pierres ont à nous dire !!

CHAPITRE 156 (Afrique) (Lundi matin) (Ailleurs) (Les dieux des pierres)

L’heure qui suit reste silencieuse entre les deux amis, trop pris dans leurs pensées et c’est presque sans s’en rendre compte, qu’ils arrivent à destination en reconnaissant les premiers arbres torturés.

Antonin ressent un serrement au cœur à l’idée de pénétrer dans cette clairière où il a perdu celui qu’il aimait avec Thomas le plus au monde, se rappelant précisément de tous ces moments où ils ont été inconsolables de cette perte si soudaine.

Il y eut ensuite la tentative heureusement avortée grâce à eux tous du suicide de Thomas, de ses longues semaines de reconstruction nécessaires à son ami pour qu’enfin il reprenne quelque peu goût à la vie et tout ça pour finir par le perdre lui aussi, récupérant par là-même un Benjamin perdu dans cette réalité qui n’est pas la sienne.

La clairière n’a pas changé de celle de ses souvenirs, à part la singulière aura bleutée qui recouvrait l’amas de météorites qui sert d’habitat à cette race si évoluée qu’elle en a perdu son enveloppe physique naturelle trop fragile.

La souche est toujours là elle aussi et c’est justement vers elle que les pas de Taha les mènent, celui-ci s’y asseyant en lui faisant signe d’en faire autant.

Ils restent un long moment assis en silence à ne pas trop savoir quoi attendre, quand un léger bruissement feutré fait réagir le chasseur alerte qu’est le jeune Masaï et que son regard fixe avec attention la direction d’où le bruit provient.

- (Antonin) Qu’est-ce….

- Chuttt !! Quelque chose vient vers nous !!

Un long frisson couvre le corps du blondinet, qui pourtant ne ressent étrangement aucune menace jusqu’à ce qu’il apparaisse noir comme dans ses souvenirs et que Taha pousse un cri de joie de le retrouver enfin, alors qu’il avait disparu depuis ce jour funeste.

- Kinou !!! Viens ici mon beau !!

- Rrrrrr !!!!

- Tu savais qu’on viendrait, pas vrai ??

- Rrrrrr !!!

Le mâle puissant qu’est devenu Kinou, s’approche d’une démarche souple jusque devant les deux garçons en tenant dans la gueule une pierre ressemblant étrangement à celles qui se trouvent dans la clairière.

L’animal hésite un bref instant avant de poursuivre sa marche jusqu’à l’amas où il dépose délicatement son fardeau au milieu des autres Météorites.

Le regard acéré de Taha voit alors ce qui au premier abord ne lui avait pas sauté aux yeux.

- Il y en a beaucoup plus que dans mes souvenirs !!

- De quoi parles-tu donc ??

- Des pierres où habitent nos dieux !!

Un autre bruissement se fait entendre qui laisse apparaitre une autre panthère, tachetée cette fois, tenant elle aussi une pierre dans sa gueule et qu’elle va déposer à son tour au milieu des autres.

- (Antonin) On croirait qu’ils se regroupent ?? Pour quelles raisons font-ils ça ??

Une lueur bleutée vient alors nimber les météorites en prenant de plus en plus d’opacité, au point de ne plus voir l’amas à l’intérieur et une voix entre dans leurs têtes, faisant sourire de joie Taha et sursauter d’inquiétude Antonin.

- Nous connaissons le but de ta quête jeune humain.

- (Antonin) Peut-être pourriez-vous y répondre ??

- Sache juste que le corps réel de l’unique ne peut mourir et qu’un temps viendra où toutes les enveloppes charnelles à son image disparaîtront, à ce moment l’heure sera venue pour qu’il retrouve rapidement toutes ses facultés et que son esprit s’ouvre enfin à ce qu’il est.

- (Antonin) Il pourrait donc bien être sur ce monde ??

- Nous lisons en toi humain !! Tes doutes deviennent les nôtres et la possibilité que toi et ton autre ami aient vu juste, n’est pas de celle que nous devons négliger. Il y a une façon et une seule d’en avoir l’assurance, celle que l’un des nôtres entre dans son corps et je suis celui qui le connaît mieux que quiconque puisque j’ai passé dix-huit de vos années avec lui.

- (Antonin) Comment savoir si c’est le bon avec certitude ?

- Seul le corps d’origine de l’unique peut survivre sans son âme, si nous le retrouvons nous aurons cette assurance !!

CHAPITRE 157 (Camping de la dune) (Lundi fin d’après-midi) (Retour du cirque)

Nous sommes tous là deux par deux à marcher d’un bon pas sur le trottoir, avec chacun ses pensées, soit sur le bilan de la journée ou soit encore pour réfléchir à comment passer la soirée.

Pour ma part ce serait plutôt la première option qui m’amène cette tête d’enterrement qui a fait sourire Thomas, n’ayant pu encore cette fois approcher les fauves tant j’étais collé aux basques par le directeur du cirque et ses frères.

Le seul bilan positif de cette journée somme toute plutôt barbante, pour moi tout du moins car ce n’est pas à l’évidence le cas de tout le monde et surtout « Wanou » qui manque déjà par deux fois de s’étaler sur le bitume tellement il a l’esprit dans les nuages de cette journée passée avec Ramirez.

- (Thomas) Ça fait bizarre tu ne trouves pas ?

- Quoi donc ?

- Cette façon qu’a Erwan de parler naturellement comme à des vieux amis à tout le monde, alors que pour nous il réapparaît seulement d’hier dans notre vie.

- C’est vrai !! Je n’ai toujours pas compris comment j’ai bien pu faire pour vous emmener tous avec moi dans le passé !!

- Nous avons tous été…comment dire…aspirés !! Oui c’est ça…aspirés avec toi sans que nous ne puissions rien y faire, c’était assez flippant tu sais ? Du moins au début, jusqu’au moment où nous avons compris qu’il ne nous arriverait rien.

- Ce n’est pas le cas de Maurice et Martine !! Ces quelques heures à revivre les ont beaucoup perturbés, pourtant il fallait que quelqu’un se réveille avant les autres pour venir voir si tout allait bien sur la dune.

- Il y avait Erwan et Ramirez, c’était suffisant pour appeler les secours !!

- Et comment pouvais-je savoir qu’ils seraient là ?? Je peux peut-être jusqu’à un certain point changer le passé, mais je suis loin de pouvoir lire l’avenir !!

Nous marchons quelques centaines de mètres en silence, quand Thomas me bloque le bras pour que je m’arrête.

- Tu pourrais nous ramener chez nous ??

- Comment ça chez nous ?? Tu veux dire à Aix ??

- Non !! Enfin si, mais pas celui-là !! Le vrai chez nous !!

- Tu n’arrives pas à t’y faire toi non plus d’être ici, c’est bien ça ??

- Je ne retrouve plus mes repères, ma famille me manque tout comme mon travail et mes amis !!

Thomas voit bien que je regarde la bande avec incompréhension.

- Je ne parle pas d’eux « Flo » !! Mais de tous les autres !!

- Nous les retrouverons !!

- Tu ne me comprends pas !!

- Bien sûr que si !! Ce que tu te dis, c’est que ce seront eux mais pas avec les souvenirs que nous avons vécus tous ensemble !! Un peu comme avec la bande actuelle pas vrai ?

- Tout juste !!

- Nous nous ferons d’autres souvenirs voilà tout, si tu es vraiment malheureux ici…je pourrais voir s’il est possible d’inverser le processus pour te renvoyer là-bas !!

Je le regarde intensément dans les yeux la peur au ventre qu’il choisisse de dire oui, ce serait alors pour moi la fin de tout et déjà je sens bien mes yeux s’humidifier de larmes, comprenant le choix cornélien que je viens de lui proposer.

Thomas soupire en se penchant pour m’embrasser la joue.

- Laisse tomber !! Je ne veux pas te perdre une deuxième fois, le bien serait pire que le mal !! Je vais me faire une raison et tenter d’oublier le passé.

Les larmes me viennent alors sans que je puisse un seul instant les contrôler, l’amour que me porte Thomas est au moins aussi fort que le mien et rien jamais ne viendra l’éteindre, je lui saute dans les bras en tremblant pour venir blottir ma tête dans son cou.

Thomas lui aussi sent ses yeux devenir soudainement humides, quand il me serre contre lui.

- Allons mon petit chat !! Je suis là !!

- …Miaou ??

- Pffttt !!

- …Miaouuuu ??

- Hi ! Hi ! Tu es un vrai gosse quand tu t’y mets !!

- Rrrrrr !!!

- « Flo » … Non !!! Pas ici !!!

***/***

Un vent de libido exacerbé commence à prendre toutes les personnes dans l’entourage du jeune couple, suivi rapidement d’un stade de panique pour ceux qui comprennent ce changement de comportement autour d’eux et « Cousin » encore une fois soupire en s’approchant du couple, sentant qu’il n’a guère le temps d’intervenir avant que lui aussi ne soit pris dans le piège de ces envies de sexe.

***/***

« Clac !!! »

- Aïeee !!!

Je mets ma main sur ma joue en regardant « Cousin » avec effarement, celui-ci sourit tristement avant de prendre la parole.

- Dis donc le rouquin excité ?? Si tu crois que je vais jouer à être ton fouteur de baffes attitré, tu te mets le doigt dans l’œil !! Ok ??

CHAPITRE 158 (Camping de la dune) (Nuit de lundi à mardi) (Présentations)

Il est presque minuit quand le silence commence à se faire dans le camping et que la bande se regroupe aux mobil homes, s’installant tranquillement sur la terrasse pour une dernière discussion avant d’aller se coucher.

Les murmures des conversations s’arrêtent d’un coup quand les garçons aperçoivent leurs deux copines arriver vers eux en tenant chacune un garçon par la taille, visiblement plus que des amis vu la façon dont ils se serrent les uns contre les autres.

- (Yuan) Ah !! Quand même !! Les voilà enfin qui se décident à nous les présenter, ce n’est pas trop tôt !!

- (Antoine) Wouah !! Plutôt beaux gosses les mecs !

- Du calme les gars, pas touche !!

- (Éric) Pourquoi tu dis ça « Flo » ? Tu les veux, rien que pour toi ??

- Mon Dieu qu’il est drôle !! Les filles ont aussi le droit d’avoir des amoureux il me semble, je ne voudrais pas qu’ils se sentent mal à l’aise parmi nous à cause de notre façon de les accueillir.

- Je plaisantais !!

- Je le sais mon grand, c’est juste un rappel général pour que nous fassions tous attention à nos paroles !! Du moins au début, après s’il s’avère que nous sympathisions avec eux, je ne dis pas que nous ne pourrons pas de temps en temps les mettre en boite ! Hi ! Hi !

- (Cousin) Tiens c’est marrant, je n’ai jamais eu cette impression ??

Je le fixe en caressant ma joue.

- Je ne suis pas maso non plus !!

- (Cousin) Dites plutôt que je ne vous plais pas !!

- Oups !! Qu’est-ce que tu nous fais là ??

- (Antoine) Si c’est une petite place dans notre lit que tu veux, on se serrera !! Pas vrai Éric ??

- (Cousin) Pffttt !! Ce n’est pas ce que je voulais dire, vous le savez tous aussi bien que moi !!

Nous n’avons pas le temps de lui répondre, que déjà il a quitté la terrasse pour s’éloigner seul dans l’allée.

- (Antonin) Qu’est ce qui lui prend d’un seul coup ?? Il a viré homo ou quoi ??

- (JB) Si c’est le cas je comprends qu’il fasse la gueule, avouez que nous avons tendance à le mettre de côté dès que nous parlons sexe et comme ça arrive assez souvent, j’imagine combien il doit se croire mis à l’écart le « cousin » !!

- (Yuan) Je pense plutôt qu’il doit se sentir seul arrivé le soir !!

- (Antoine) Il n’a qu’à se trouver une gonzesse, ce n’est pas ce qui manque ici en plus.

- (Thomas) Je pense plutôt qu’il est plus timide qu’il veut bien laisser le faire croire, je comprends un peu ce qu’il peut ressentir !! Après tout nous sommes tous des inconnus pour lui, je pense qu’il va falloir qu’on le houspille un peu de temps en temps pour qu’il se sente intégré.

- Bonne idée !! J’y go !! Je vais le chercher et je reviens, en attendant vous pourriez faire connaissance avec les copains des filles !!

Je n’attends aucune réponse de leurs parts, aussi je me lève à mon tour pour partir à la recherche de Thomas et tenter de lui faire comprendre que l’indifférence qu’il pense que nous avons envers lui n’est que dans sa tête.

***/***

Chloé monte les deux marches qui mènent à la terrasse en regardant s’éloigner Florian dans l’allée.

- Un problème avec Florian ?

- (Antonin) C’est « cousin » qui vient de nous faire un caca tout mou et « Flo » est juste parti le rejoindre pour le ramener !!

Chloé soucieuse.

- Vous vous êtes pris la tête avec lui ??

- (Yuan) Bien sûr que non !!

- (Thomas) Je crois que ton cousin ne se sent pas vraiment intégré dans notre groupe.

- (Léa) Comment ça pas intégré ??

Thomas regarde les deux garçons qui les accompagnent en souriant, déjà de la tête qu’ils font à le regarder et ensuite pour les explications qui vont suivre.

- Florian nous disait de faire attention à nos paroles envers vos copains en guise d’accueil, il avait peur qu’on les fasse fuir en leur montrant trop …d’intentions, si tu vois où je veux en venir ! Hi ! Hi !

- (Léa) J’imagine sans peine, oui !! Mais ne vous inquiétez pas pour eux, nous les avons mis à la page de ce à quoi ils peuvent s’attendre ! Hi ! Hi !

- (Thomas) Ah oui ?? Tant mieux alors !! Pour en revenir à Thomas, il semblait nous reprocher justement de n’avoir jamais voulu le chahuter à ce sujet et je pense que c’est pour ça qu’il est parti, sinon fâché, tout du moins suffisamment contrarié pour vouloir être un peu seul.

- (Chloé) Il n’avait pas tort, nous l’avions nous aussi remarqué !!

- (Yuan) Pourtant je t’assure que c’est involontaire de notre part, j’aime beaucoup Thomas et nous le considérons tous comme un ami, pas vrai les gars ??

- (Léa) Il serait bien de le lui dire de temps en temps, vous ne pensez pas ??

- (Thomas) Pourquoi crois-tu que Florian lui coure après ??

Il regarde les deux frères, en souriant toujours de la façon qu’ils ont de le fixer avec ahurissement, il décide alors de s’amuser à leurs dépens.

- Lequel de vous deux partage mon lit avec mon copain ce soir ? J’avoue que si le lit était assez grand, je prendrais bien les deux !!

CHAPITRE 159 (Camping de la dune) (Nuit de lundi à mardi) (Présentations) (fin)

***/***

Je ne mets pas bien longtemps à rejoindre « cousin » qui s’était arrêté pour s’appuyé contre un arbre et restait là immobile, les yeux perdus dans ses pensées.

- Tu nous fais quoi là ??

La surprise de m’entendre le fait sursauter, il ouvre les yeux en semblant étonné de me voir seul devant lui.

- J’avais juste envie d’être seul cinq minutes !!

- Ça m’étonnerait beaucoup tu sais ?? Je pense au contraire que tu te sens seul tout le temps, surtout arrivé le soir !! C’est quoi ton problème ?? Tu n’es pas homo, de ça j’en suis quasi sûr !! Alors c’est quoi ?? Tu penses que nous te mettons à l’écart à cause de ça ?? J’avoue que tu as sans doute un peu raison, mais rien qu’un tout petit peu !! Maintenant si tu veux qu’on te chambre sans arrêt, ce n’est pas un souci non plus tu sais ?

- Au moins, je sentirais que vous vous intéressez un peu à moi !!

- C’est donc bien de ça qu’il s’agit !! Tu penses que nous t’acceptons juste parce que tu es le fils d’Alain et le cousin de Mathis et de Chloé ?? Avoue que ce serait faux-jeton de notre part, tu crois réellement que nous sommes tous comme ça ??

- Non, bien sûr !!

- Alors quoi ??

- Vous êtes tous accompagnés et moi je me retrouve seul le soir comme un con, c’est juste un moment de blues rien de plus.

- Mathis aussi est seul, tu pourrais sortir avec lui et d’ailleurs il n’est pas encore rentré, il doit s’être fait des amis au camping alors pourquoi tu ne cherches pas à en faire autant ?? J’ai repéré quelques belles filles qui semblaient seules, tu devrais aller voir si c’est bien le cas et si tu veux je t’accompagne ??

- Hi ! Hi !

- Quoi ?? Qu’est-ce que j’ai dit de si drôle ??

- Je ne te vois vraiment pas draguer une fille !!

- Hummm ! Pas faux !! Mais je ne parlais pas forcement de drague, du moins pour moi et je peux t’aider à trouver des copines, après ça ce sera à toi de voir ! Hi ! Hi ! C’est quel genre de filles ton kiffe ??

- Les rousses plutôt petites et fines !!

- Hééé !! Ne me regarde pas comme ça, j’ai l’impression que tu es en train de me décrire ! Hi ! Hi !

- Pffttt !!! N’importe quoi !!

- Je t’assure que si pourtant !! Bon !! Il ne nous reste plus qu’à te trouver ça, en fait j’ai ça en catalogue ! Hi ! Hi ! Mais elles ne sont pas ici.

- Elles ??

Je lui mets l’image que j’ai eue de Victor quand il pensait très fort à ses filles, les triplées sont gaulées comme moi genre petit format mais d’une beauté qui me rappelle celle de leurs homologues masculins de l’autre réalité.

- Waouhhhhh !!! Comment tu fais ça ?? Déjà l’autre jour avec la vie de Thomas et l’histoire d’Erwan !!

- Dis-moi plutôt comment tu les trouves ??

- Top de chez top !! Elles existent vraiment ??

- Bien sûr qu’elles existent, j’ai été surpris autant que toi tu sais parce que dans mes souvenirs c’étaient des garçons !! Comme quoi d’une réalité à l’autre les choses peuvent être différentes.

- Tu me les présenteras ??

- Bien sûr !! Par contre pour le reste ce sera à toi de voir.

- Le reste ??

- Elles ne vont pas te tomber toutes les trois dans les bras, faut quand même pas rêver mon grand !! En plus la logique voudrait qu’il y en ait une au moins qui soit lesbienne.

- Tu tiens ça d’où encore ?

- Ce serait un peu long à t’expliquer, alors on fait quoi ? Un peu tard pour la drague ce soir, demain si tu veux je reste avec toi pour que tu te trouves une copine.

- (Thomas) Je suis curieux de voir comment tu vas t’y prendre ! Hi ! Hi !

- C’est comme pour les garçons ou guère différent d’avec eux, alors ça devrait le faire et puis je t’ai parlé d’amies pas de cul !! Du moins pour moi !! On rentre à la base ?? Les autres étaient inquiets de te voir partir comme ça, tu sais ? Attends-toi au retour de bâton quand nous rentrerons !

- Comment ça ??

- Tu voulais qu’ils te charrient ? Tu risques d’en avoir pour ton argent ! Hi ! Hi !

***/***

Nous retournons rejoindre le groupe en marchant tranquillement, je vois bien au sourire de Thomas qu’il va beaucoup mieux et que notre petite conversation lui a fait du bien, je suis moi-même content de l’avoir eue avec lui car je dois reconnaître qu’il avait un peu raison de faire la gueule.

Nous arrivons donc sur la terrasse où apparemment les copains des filles semblent avoir été acceptés, mais surtout se sentent visiblement à l’aise parmi la bande et j’arrive donc derrière eux en leur plaquant une bonne main au cul à chacun qui les fait sursauter.

- Wouah !! C’est du bon petit popotin de grain bien ferme ou je ne m’y connais plus, bon choix de recrutement les filles !! Pour les prochains, amenez-les-nous un peu moins grands ! Hi ! Hi ! En plus ils ont la “beau gosse” attitude !! Alors que rêver de mieux ??

Je fais un clin d’œil à Thomas qui visiblement s’amuse beaucoup et je reporte mon attention sur les deux frangins qui en sont encore à se demander quoi.

- Vous avez déjà choisi lequel de vous deux passe la nuit en premier avec nous ou pas ??

Dylan se retourne vers Léa mort de rire.

- Tu avais raison, c’est bien celui-là le plus cinglé de tous ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 160 (Paris) (Mardi matin) (Ailleurs) (Vivant sans l’être)

« Hôpital militaire Bégin, chambre de quarantaine à sécurité renforcée. »

« Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! »

Le son lancinant de l’appareillage électronique est le seul bruit qui résonne dans cette pièce, gardée vingt-quatre heures sur vingt-quatre depuis plusieurs mois par un important dispositif militaire.

***/***

« Quelques mois plus tôt, cabinet du médecin légiste. »

- Je ne peux pas signer cet acte de décès, ni pratiquer les examens d’autopsie demandés !!

- Mais pourquoi donc enfin !! Je sais ce que représente ce garçon pour beaucoup de gens, mais nous devons connaître la cause de son décès.

Le médecin lève des yeux étonnés sur cet homme à la carrure impressionnante.

- Les personnes qui vous envoient ne vous ont donc rien dit ??

- Dit quoi ??

- Ce garçon n’est pas mort !! Enfin pas dans le sens strict du terme, son corps non seulement est en parfaite santé mais en plus il a un pouvoir de régénérescence étonnant !!

Victor s’oblige à s’asseoir tellement l’annonce lui a fait un choc.

- Pas mort vous dites ?? Comment est-ce possible et s’il n’est pas mort, pourquoi ne respire-t-il plus ?? Pourquoi son cœur ne bat il plus ??

- Calmez-vous je vous prie !! Je suis conscient du choc que vous pouvez ressentir, je sais que vous étiez particulièrement attaché à ce garçon et je peux vous assurez que son corps vit toujours, dans un extrême état de ralenti mais il vit.

- Qui d’autre est au courant ??

- Il n’y a que votre patron, vous, moi et mon assistant, rendez-vous compte que vous ne nous l’avez amené que fort tard dans la nuit et que mes constatations ne datent que de quelques heures à peine, j’allais l’autopsier comme prévu quand j’ai eu un doute au vu de plusieurs choses qui ne collaient visiblement pas.

- Expliquez-vous ??

- Le corps était encore chaud alors que le décès était annoncé depuis deux jours et de plus aucune rigidité cadavérique des membres ni du visage, j’ai donc pris le temps de prendre son pouls et c’est là que je me suis rendu compte qu’il battait à un rythme très lent, de l’ordre d’un battement toutes les quinze secondes tout comme sa respiration qui elle est d’une insufflation toutes les dix minutes environ.

- Quel est votre diagnostic docteur ?

- C’est une impossibilité médicale, aucun être humain ne peut vivre avec un rythme aussi lent.

- Aucun humain dites-vous ? Mais si justement ce garçon ne l’était pas tout à fait, cela expliquerait-il son état actuel ?

- Comment voulez-vous que je le sache ?? Ce serait une sorte de robot alors ?

- Bien sûr que non !!

- Pourtant ça se tiendrait avec mes dernières découvertes, savez-vous que toutes les synapses de son cerveau sont éteintes ?

- Et c’est grave ??

- C’est ce que nous appelons en jargon populaire la mort cérébrale !!

- Donc il est bien mort alors ??

- Puisque je vous dis que non !! Il devrait l’être, normalement son corps ne devrait plus pouvoir réagir seul et nous aurions dû l’appareiller pour maintenir ses fonctions vitales artificiellement !!

- Je ne vois pas trop le but d’une telle manœuvre ??

- C’est une pratique assez courante sur un corps qui vient de cesser de vivre, pour ensuite prendre le temps d’obtenir l’autorisation de la famille en vue d’un éventuel don d’organes !!

- Comment expliquez-vous qu’il se maintienne en vie tout seul dans ce cas ?

- Je ne l’explique pas, tout juste j’oserais exprimer une hypothèse !!

- Allez-y !!

- Ce corps n’a plus d’âme, il est comme…. Comment dire…. En attente ou en jachère !! Vous comprenez ??

- J’ai saisi l’idée !! Bien !! Rien de tout ceci ne doit sortir sans autorisation, nous allons faire transférer le corps pour pratiquer des analyses plus poussées.

***/***

« Aix en Provence, deux jours plus tard. »

Le cercueil est exposé dans une des salles du funérarium, Franck assiste à sa mise en place avec un visage bien loin de celui qu’on pourrait attendre de lui à un moment pareil.

Il est accompagné de Maurice qui lui aussi quoique sérieux, ne semble pas plus attristé que ça d’être là.

- (Franck) Ça va être difficile à faire avaler !!

- (Maurice) Pourtant il est essentiel que personne ne se doute de rien !!

- (Franck) Cette histoire de dernière volonté est un peu tirée par les cheveux et si Thomas avait été en état d’assister à tout ça, je ne doute pas un instant du scandale qu’il ferait à ne pas pouvoir voir une dernière fois le visage de son Florian.

- (Maurice) Il n’y a que toi qui a autorité à prendre cette décision depuis que Thomas est hospitalisé, j’ai donné des instructions pour qu’il se « repose » le temps qu’il faudra !!

CHAPITRE 161 (Paris) (Mardi matin) (Ailleurs) (Bégin)

« Retour au présent. »

Le général Mathéi semble avoir pris plusieurs années et perdu une bonne quinzaine de kilos depuis ces derniers mois, tellement l’inquiétude le ronge de ne pas trouver la méthode ou la médication nécessaire à faire revenir à la vie celui qu’il avait fini par considérer comme un second fils tellement il lui était attaché.

Comme chaque jour depuis que son corps a été mis en quarantaine sous sa responsabilité, il se rend à son chevet pour lui parler en sachant très bien que c’est inutile et que s’il le fait, c’est plus pour sa santé mentale à lui qu’autre chose.

Depuis trois mois le corps du jeune rouquin a subi tous les examens possibles et imaginables pour tenter de comprendre l’incompréhensible, sans que rien n’y fasse et que le mystère reste entier.

Cette fois ci donc n’échappe pas à la coutume, sauf que ce jour-là quand il arrive devant les deux plantons de garde, ceux-ci le préviennent qu’il y a déjà un visiteur et comme les personnes autorisées sont suffisamment peu nombreuses, Marcel se doute bien de qui ça peut être.

Aussi c’est sans être surpris outre mesure qu’il voit Maurice assis au chevet de Florian, sans que celui-ci ait perçu sa présence.

Une boule d’émotion serre le cœur du général en apercevant de profil le visage cette fois encore ravagé de tristesse, de cet homme qu’il a appris au fil du temps à apprécier et qui est devenu un véritable ami avec qui tout peut être dit et entendu.

- Hum ! Hum !

Maurice sursaute car il était encore cette fois reparti dans ses souvenirs de cette époque somme toute heureuse où il côtoyait celui qui maintenant n’est plus qu’un corps sans vie.

- Ah !! C’est toi !! Excuse-moi mais j’avais la tête ailleurs.

- J’ai vu ça mon ami !! Toi tu restes silencieux, sans doute perdu dans tes souvenirs alors que moi je lui fais la causette à dire tout ce qu’il me passe par la tête dans l’espoir de le faire réagir.

- Je n’arrive pas à me faire à l’idée qu’il n’est plus là (Sanglot) Je n’y arrive pas !!!

Marcel s’approche jusqu’à pouvoir lui poser une main sur l’épaule et la serrer doucement pour lui montrer combien il partage sa peine.

- Surtout de l’avoir là devant nous resplendissant de santé !!

- Tu as appris quelque chose de nouveau ?

- Nos experts en perdent leur latin, toutes les analyses montrent combien son corps est plus complexe qu’il n’y paraît !! Il nous faudra des années pour en comprendre ne serait-ce qu’une infime partie, regarde-le !! Il n’a besoin de rien pour rester tel quel, ni boisson, ni nourriture, ni aide de quelque sorte que ce soit !! Sa température reste stable, tout indique que son corps est en parfaite santé !! Même son cerveau est sain, toutes les analyses sont formelles !! C’est juste comme si sa pensée n’était plus là.

- (Maurice) Depuis l’échange entre Thomas et Benjamin, nous savons bien où elle est !! Juste que je ne comprends pas pourquoi son corps ici résiste à la mort, d’après Benjamin et surtout Antonin, c’est bien le même Florian qu’ils ont connu là-bas avec le même corps que celui qui est devant nous.

Je suis comme toi, je nage complètement !! Tout ceci est impossible et pourtant…

***/***

« Dispensaire du père Antoine, en fin d’après-midi ce mardi-là. »

Les travaux tiennent le planning et la première aile sera opérationnelle d’ici la fin du printemps prochain comme prévu, Antonin fait fonction de maître d’ouvrage quand il est présent sur le chantier et termine la mise au point de quelques détails avec les architectes du projet ainsi qu’avec la maîtrise d’œuvre déléguée.

Les plans de Florian sont exécutés comme s’il s’agissait d’une bible, faisant s’élever ces tours magnifiques qui donneront ce côté mille et une nuit à la construction une fois celle-ci complètement achevée.

Il a hâte de reprendre l’avion pour faire le bilan de sa mission avec Benjamin, ce qu’il a appris est trop important et même si ça lui donne des frissons dans le dos, il sait bien qu’avec son ami ils devront en passer par là pour s’assurer qu’ils ont bien vu juste avant de mettre le plan des entités en action.

Un immense espoir qui lui redonne cette joie de vivre qu’il avait perdue déjà en grande partie avec la « mort » de Florian et définitivement au « départ » de Thomas dans cette autre réalité, qu’il n’a lui-même eue que très peu de temps pour la connaître.

Antonin comprend bien Benjamin qui se sent seul et perdu, il en va de même pour lui qui passe ses journées dans le travail pour oublier ses deux chéris ou du moins tenter ne pas trop y penser.

Ils ont bien expérimenté un rapprochement sentimental une nuit où ils étaient ensemble, rien que pour voir si ça serait pareil et ça s’est terminé par un énorme fou rire mais aussi par un très fort resserrement d’amitié entre eux deux.

CHAPITRE 162 (Camping de la dune) (Mardi fin d’après-midi) (La promesse)

Cette journée semble particulièrement propice à la bonne humeur générale de notre groupe, qui voit les quelques petits nuages qui auraient pu subsister s’estomper avec nos nouvelles connaissances, en effet depuis que les filles nous ont présenté leurs copains et après les petites mises en boites qu’ils ont subies avec je dois bien le reconnaître une simplicité et un humour que j’apprécie particulièrement, « cousin » à son tour s’est trouvé avec eux deux nouveaux copains pour qui comme pour lui la gent féminine semble avoir une importance primordiale côté libido.

Ils sont donc tout naturellement tous les trois sur un coin de plage à discuter, alors que le reste de la bande se baigne en chahutant.

- (Dylan) Tu crois qu’il va le faire ?

- (Cousin) Je pense qu’il en est capable !!

- (Kévin) C’est un drôle de zigoto quand même votre Florian, je dois bien le reconnaître ! Hi ! Hi ! Mais je le vois mal aller draguer des gonzesses !!

- (Dylan) Je veux être là pour voir ça !! Décidément !!! Il n’est vraiment pas possible ce mec ! Hi ! Hi !

- (Cousin) Vous allez très vite en devenir tellement accrocs, que vous ne voudrez plus le quitter je vous en donne ma main à couper !!

- (Dylan) Moi je le trouve marrant à toujours être en train de faire le guignol ! Hi ! Hi !

- (Kévin) En tout cas son petit copain est un vrai Playboy, je n’avais jamais vu un gars aussi bien foutu !! Parole !!

- (Dylan) Les autres n’ont rien à jeter eux non plus, Chloé et Léa n’ont rien à leur envier, c’est une sacrée chance pour nous de les avoir comme amies.

- (Cousin) Juste amies ?

- (Kévin) Disons que nous apprenons les uns les autres à mieux nous connaître sans aller jusqu’à…. Tu comprends ??

- (Cousin) C’est marrant, je ne les voyais pas aussi prudes !!

- (Dylan) Oh !! Mais ce n’est pas le cas je te rassure, juste que nous avons voulu mettre des limites à notre relation en sachant pertinemment qu’à la fin de ces vacances, ce sera fini pour de bon !!

- (Cousin) Vous n’avez pas envie de continuer à vous voir ?

- (Dylan) Bien sûr que si, qu’est-ce que tu crois !! Mais faut pas non plus rêver, nous habitons à l’autre bout de la France et nous sommes encore en étude pour de longues années.

- (Cousin) Je comprends, même si je trouve que vous baissez les bras un peu rapidement !! Vous restez encore longtemps ici ?

- (Kévin) Jusqu’à samedi, nous repartons dimanche matin à la première heure pour éviter les bouchons.

- (Cousin) Les filles sont au courant ?

- (Dylan) Oui, t’inquiète !! D’ailleurs pour nous c’est déjà une semaine de plus que prévue avec elles, un bonus en quelque sorte parce qu’elles nous avaient dit qu’elles ne restaient là que deux semaines.

- (Cousin) Vous tenez vraiment à elles ? Je veux dire …. Vous les aimez vraiment ?

Dylan devient subitement livide.

- Qu’est-ce que ça change puisque de toute façon c’est mort !!

- (Cousin) Vous devriez en toucher deux mots à « Flo », il trouverait sûrement une solution pour vous aider !! Chloé et Léa, sont comme deux sœurs pour lui et s’il sent qu’elles pourraient avoir le cœur brisé, il fera tout j’en suis certain pour que ça n’arrive pas !!

Dylan regarde son frère, l’espoir semblant subitement transformer les deux garçons qui se sourient.

- Eh bien c’est à étudier !! En attendant tu ferais bien de lui rappeler sa promesse de te trouver une copine, je me demande comment il va s’y prendre !!

- (Cousin) Comme avec vous deux peut être ! Hi ! Hi ! Une bonne main au cul en leur proposant de finir la nuit dans son lit avec Thomas !!

- (Dylan) C’est la bonne méthode pour se prendre un vent ! Hi ! Hi !

Kévin pour sa part préfère ne rien dire et botter en touche, il se rappelle trop bien de ce moment de surprise à sentir la main du petit rouquin lui peloter les fesses et il se rappelle aussi très bien du trouble qu’il a ressenti quand ensuite Florian leur a fait sa proposition, s’étant étonné à ne pas y trouver immédiatement les mots nécessaires à le rembarrer une bonne fois pour toute alors que son frère ne s’est pas gêné de le faire.

Kévin secoue la tête pour y chasser cette pensée qui depuis ce matin le perturbe et lui revient en boucle, il se lève en faisant signe aux deux autres d’en faire autant.

- Allez les gars !! Allons mettre votre petit rouquin au pied du mur !! Je pense qu’on va bien s’amuser ! Hi ! Hi !

***/***

Je les vois arriver de loin et vu la direction qu’ils prennent, je me doute bien que c’est vers nous qu’ils se dirigent.

- Voilà vos copains qui viennent aux nouvelles, les filles !!

- (Chloé) Ton cousin a l’air de bien s’entendre avec eux ?

- (Léa) Ça va sûrement l’aider à se décrisper, il ne lui manque plus que de se trouver une fille pour que tout baigne pour lui.

- Oups !!

Elles se tournent vers moi en me dévisageant avec étonnement.

- (Chloé) Qu’est-ce qu’il y a encore ??

- (Léa) Ne va pas nous dire que lui aussi va virer homo ?

- Meuuuuh non !!! Juste que je lui ai promis hier qu’on irait tous les deux pour lui trouver une copine !! Ton cousin manque un peu d’assurance quand à ce qui est d’aborder les gens et en particulier les filles, alors je lui ai promis de lui donner un petit coup de mains, c’est tout ! Tout de suite !! Qu’est ce vous allez chercher !! Pffttt !!!

- (Chloé) Faut toujours que tu te mêles de tout, tu ne peux pas pour une fois foutre la paix aux gens ?? Thomas n’a pas besoin de tes services !! Il est assez grand pour savoir ce qu’il a à faire !!

CHAPITRE 163 (Camping de la dune) (Mardi fin d’après-midi) (La double découverte inattendue)

Léa semble tout autant surprise que je le suis de cette claque verbale inattendue que je viens de me prendre, Chloé le voit bien et hausse les épaules, le visage soudainement fermé, préférant s’éloigner plutôt que de subir nos questions qui ne manqueraient pas d’arriver.

Les deux frères et « cousin » stoppent également en la suivant des yeux, visiblement surpris eux aussi de la voir partir avec cet air revêche.

- (Kévin) C’est quoi l’embrouille ?

- (Cousin) Venez !! On va très vite le savoir !!

Nous voyons Chloé qui croise Mathis sur son chemin, la conversation entre eux deux, ne dure que le temps de le dire et laisse Mathis à son tour dans l’expectative de ce qu’elle lui a sans doute répondu.

Celui-ci vient alors nous rejoindre en courant.

- Vous vous êtes engueulés avec Chloé ??

- Bah, non !! Du moins pas que je sache !!

Nous lui racontons en quelques mots les dernières minutes avant qu’elle ne nous quitte, Mathis semble aussi étonné que nous.

- Ne cherchez plus !! Elle doit avoir ses règles ! Hi ! Hi !

Nos trois copains sont presque arrivés sur nous quand une chose me frappe particulièrement et me laisse à réfléchir sur un autre sens à donner aux dernières paroles de mon amie et alors que je m’attendais bien à la réaction d’un des garçons au moins au départ de celle-ci, force m’est de constater que ça ne vient pas de celui auquel je m’y serais le plus attendu.

Je garde ça pour le moment pour moi, en me disant que peut-être je me trompe et comme pour Mathis juste avant, nous leur faisons un petit débriefing de la situation.

J’ai à peine terminé mes explications, qu’une autre chose me frappe et qui cette fois vient de Mathis, j’avais déjà remarqué la façon qu’a Kévin de le détailler de la tête aux pieds en me disant que ne le connaissant pas, il a dû le prendre pour Thomas tout en lui trouvant certainement quelques points qui ne collent pas avec le souvenir qu’il en a de mon chéri, absent cette après-midi pour cause de ballade en ville avec Yuan alors que « Math » n’était pas avec nous hier soir.

Donc côté Kévin rien de plus naturel qu’il cherche à comprendre ce qui lui semble bizarre, par contre la réaction de Mathis ne colle pas du tout avec son caractère assez spécial vis à vis d’inconnus et alors que je m’attendais à une réflexion limite agressive de sa part comme il nous y a si bien habitués envers ceux qui le détaillent d’un peu trop près, nous avons droit tout au contraire à un de ses plus beaux sourires presque niais à fixer son homologue en taille et en blondeur.

Je reporte mon attention sur « cousin », qui regarde s’éloigner Chloé le visage de plus en plus sombre.

- Tu devrais aller la voir !!

- Qui ça ? Moi ?

- Oui, toi !!

- C’est plutôt à Kévin d’y aller, c’est sa copine après tout !!

- Pourquoi ? Ce n’est pas la tienne ??

- Tu sais très bien que si !! Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire !!

Avant d’aller plus loin dans mes propos, je m’autorise une légère entorse à mes principes en allant lire dans l’esprit de Chloé et de « cousin » ce qui à cette minute même est la pensée pas forcement consciente mais très certainement la plus importante pour eux, un petit sourire me vient alors en même temps que je me rends compte que cette réalité à encore quelques surprises à me faire découvrir.

- Tu veux bien faire ce que je te demande ? Profites-en pour tenter de savoir ce qui lui a pris à se mettre en colère, mon petit doigt me dit que c’est pour beaucoup à cause de toi quand je lui ai parlé de notre idée pour te trouver une copine.

Le petit clin d’œil que je lui fais en terminant ma phrase le fait d’abord sursauter et s’interroger sur sa raison d’être, puis un petit sourire se dessine enfin sur ses lèvres quand il semble enfin avoir pris conscience du double sens de mes paroles.

- Non !! Tu crois que ?? Ben merde alors !! …J’y vais !!

Je le regarde s’éloigner à son tour, quand je sens la main de Kévin qui vient se poser sur mon épaule.

- Ce n’est pas ton copain Thomas ou alors je l’ai mal vu hier ?

- Bien sûr que non, c’est son petit frère Mathis !! Ah !! C’est vrai qu’il n’était pas là cette nuit, je comprends que tu te poses la question et tu ne seras certainement pas le dernier à te la poser !! « Math » !! Tu viens que je te présente à nos nouveaux copains ?

Dylan semble seulement s’apercevoir de sa présence, il lui tend la main en souriant.

- Salut !! Moi c’est Dylan !

- (Mathis) Alors comme ça, c’est toi le copain de ma sœur ?

- Il semblerait en effet !!

Mathis sourit et montre Kévin du doigt.

- C’est ton frère ? Vous vous ressemblez beaucoup à part la couleur des cheveux !!

- En effet !! C’est Kévin mon petit frère.

Mathis tend avec empressement la main à Kévin qui la lui serre avec enthousiasme mais aussi plus longuement que l’a fait son frère.

- Avoue que tu m’as pris pour Thomas ! Hi ! Hi ! J’ai bien vu ta tête depuis tout à l’heure.

- J’avoue que la ressemblance est tellement frappante que je m’y suis laissé prendre ! Hi ! Hi !

Je les regarde avec amusement.

- Tu as eu de la chance de ne pas t’en prendre une surtout !! C’est un vrai bouledogue d’habitude avec ceux qui le dévisagent comme tu viens de le faire et de même que si je ne te savais pas hétéro, j’aurais très bien pu imaginer un coup de foudre entre vous deux ! Hi ! Hi !

***/***

Mathis fusille Florian du regard.

- On t’a déjà dit que parfois tu parles trop ? Non ? Et bien comme ça maintenant s’est fait !!

CHAPITRE 164 (Paris) (Mardi soir) (Bégin)

Le général Mathéi s’apprête à quitter son bureau pour rentrer chez lui, quand un visiteur inattendu est annoncé au poste de garde.

Tellement inattendu qu’il met en effervescence le service de sécurité de la caserne, au point de créer un certain affolement qui heureusement fini par très vite s’estomper pour ensuite permettre de recevoir ce visiteur important comme il se doit.

Les trois véhicules noirs accompagnés par six motards de la garde républicaine finissent par pénétrer dans l’enceinte de la caserne hôpital, pour stopper quelques dizaines de mètres plus loin sur la place principale.

Le général arrive à son tour encore sous le coup de l’étonnement, il salue l’homme imposant par sa stature tout comme par sa fonction à la tête de l’état.

- Monsieur le président ?? Personne ne nous a informés de votre venue ??

- J’en suis le premier fautif, cette décision vient juste d’être prise et est surtout amenée par une forte curiosité de ma part à venir constater de visu l’état de nos soldats, je parle bien sûr de ceux qui étaient donnés comme désespérés. J’étais également curieux de connaître vos sentiments sur cette journée que vous avez vécue avec qui vous savez.

- Par quoi commençons-nous monsieur ?

- Allons saluer nos courageux soldats !

Le général acquiesce de la tête en priant d’un geste de la main le président de le suivre, celui-ci fait signe aux personnes qui l’accompagnent de rester où ils sont et c’est sans plus de protocole qu’il fait le même geste invitant le général à passer devant.

***/***

« Une demi-heure plus tard, bureau du général. »

- Et bien !! Cette visite m’a fait comprendre beaucoup de choses qui jusque-là ne m’avaient été que contées et j’avoue que je ne m’attendais pas à voir ses hommes en aussi bonnes voies de guérisons, cela tient du miracle !!

- C’est également ma façon de voir les choses monsieur, seul le fait d’avoir pu assister de visu à une partie des interventions m’a convaincu que je ne rêvais pas.

- Ce garçon semble avoir une technique opératoire de plusieurs décennies d’avance sur nos meilleurs spécialistes, je suis convaincu maintenant que monsieur Désmaré avait vu juste dès le départ sur la valeur qu’il représente.

- Si je peux me permettre une question monsieur le président ?

- Vous pouvez général !!

- C’est au sujet d’une phrase qu’a prononcé ce jeune homme et qui depuis tourne en boucle dans ma tête, il m’a dit qu’il entrait normalement cette année en première année de médecine à l’université !! C’est sans doute une pointe d’humour assez particulière à laquelle il semble être prolixe ??

- Pas du tout !! C’est l’exacte vérité au contraire et si vous connaissiez le passé trouble de ce garçon, je suis certain que vous ne voudriez pas le croire !!

- Qu’entendez-vous par passé trouble ?

- Ce garçon était particulièrement bien connu des services de police comme délinquant notoire.

- Nous parlons bien de la même personne ?? J’avoue avoir du mal à croire qu’il ait pu être ce que vous dites !!

- Pourtant c’est l’exacte vérité croyez-moi !! Il faut quand même que je vous explique certaines choses, il va de soi que rien ne devra sortir de ce bureau et si je m’autorise à vous en parler, c’est juste parce que vous faites partie de ceux qui sont impliqués sans le savoir dans ce qu’est devenu ce garçon après son accident.

Le président explique alors ce que lui en a appris mais surtout compris de toute l’histoire, le visage exprimant une incrédulité totale du général ne peut que le faire sourire en se rappelant dans quel état d’esprit il était lui aussi quand quelques semaines plus tôt Maurice est venu lui en parler pour la première fois.

- (Marcel) Et bien !! Quelle histoire !! Maintenant je comprends mieux pourquoi il m’a nommé par mon prénom alors qu’il n’était pas censé le connaître !! Pffttt !!! Je n’aurais pas été témoin de certaines choses, j’avoue qu’il m’aurait été difficile de croire un récit pareil.

- Vous comprenez pourquoi nous apportons autant de discrétion possible sur son existence, une chose apparaît pourtant maintenant comme une certitude aux dires de nos spécialistes en la matière !! Ce garçon ou bien n’est pas de cette planète, ou alors représente le dernier maillon de l’évolution de notre espèce !!

- Houlà !!! Comment vous y allez !! Il y a certainement une explication moins fantastique pour ne pas dire fantaisiste sur sa véritable nature !!

- Je crains bien que non général !! Ce que nous avons en mains de son dossier médical corrobore complètement ces hypothèses et je vous avouerai franchement que l’une comme l’autre me fait froid dans le dos sur ce qu’elles impliquent pour notre futur !!

- Vu comme ça, c’est évident qu’il ne faut pas ébruiter tout ça au grand public avant d’en connaître le fin mot, nous avons de la chance que ses particularités soient utilisées pour le bien de tous et si une chose m’apparaît certaine sur ce garçon, c’est l’altruisme et le dévouement qu’il prête à ces semblables.

- Sachez que j’en suis parfaitement conscient et que c’est très certainement cette seule raison qui me fait le laisser libre de ses mouvements, ce qu’est devenu ce garçon depuis sa sortie du coma ne prête à aucuns doutes sur ses intentions pacifistes !! Il est lui-même plutôt perdu dans ce qui lui arrive, sa mémoire revient petit à petit à dire d’expert et je pense sincèrement qu’il ne nous apportera que des bienfaits ainsi que des connaissances nouvelles si nous le laissons tranquille.

- Je ne peux qu’opter dans ce sens monsieur, il dégage de lui trop de bonté pour qu’il en soit autrement.

CHAPITRE 165 (Paris) (Mardi soir) (Siège de la DST)

Joseph a beau tourner et retourner en boucle tous les éléments qu’il a de son arrestation, il ne comprend absolument pas comment il a pu se faire prendre comme un débutant.

Le plus déroutant pour lui c’est la connaissance que semblait avoir de lui le petit rouquin qu’il était chargé de surveiller, l’intuition déjà la veille avec le grand blond magnifique que celui-ci ne le dévisageait pas comme un inconnu lui revient également à l’esprit et met encore plus de trouble dans ses pensées.

Son arrestation somme toute arbitraire par les deux agents de la DST lui reste dans la gorge et ce malgré la façon plutôt « amicale » qu’ils ont mise ensuite pour opérer son transfert jusqu’à Paris, où il se retrouve depuis enfermé dans une cellule en attendant son interrogatoire.

Un dîner correct lui a été servi quelque temps plus tôt en lui signifiant qu’après son repas, il serait interrogé par le grand patron lui-même ainsi que par un éminent psychiatre dès que celui-ci serait arrivé.

Autant Joseph peut comprendre la présence du directeur de la DST, même si ça lui semble bizarre qu’il se charge personnellement de ce genre d’interrogatoire, autant la venue annoncée du psy le laisse dans l’incompréhension totale quant à la raison de sa présence.

Des pas venant dans sa direction, lui font comprendre qu’il saura bientôt à quoi s’en tenir sur toutes ces interrogations qu’il se pose et quand les deux hommes se présentent à la grille de sa cellule, son étonnement redouble de plus belle devant leurs sourires loin de ce à quoi il s’attendait.

Deux tours de clé libèrent la grille.

- (Maurice) Si vous voulez bien nous suivre ?

Joseph se lève sans une parole, tant il est dans son analyse de la situation dans laquelle il se trouve et qui une fois encore lui amène tout un tas de questionnements, ne serait-ce que ce ton de voix poli et cordial, avec laquelle on vient de lui parler.

Il suit donc les deux hommes jusqu’à un bureau spartiate, toujours dans ses réflexions sur cette façon pour le moins inattendue qu’ils ont eu de l’aborder.

- Asseyez-vous je vous prie, monsieur N’Goumbou !!

Joseph sursaute en entendant son véritable nom de famille, comment peuvent-ils le connaître alors qu’il ne l’a jamais utilisé et toujours pris des noms d’emprunt lors de ses missions.

Il préfère une nouvelle fois ne pas répondre afin d’attendre ce qu’ils pourraient encore lui révéler sur ce qu’ils connaissent de lui, Philippe n’est pas dupe et sourit en se faisant la réflexion que cet homme est bien comme l’a si bien dépeint Florian, un expert dans sa profession.

Maurice lui aussi a déjà bien jugé l’homme en face de lui et il poursuit donc.

- Nous connaissons très bien à quelles activités vous vous adonnez, ou plutôt devrait-on dire, vous vous vendez !! Nous voudrions juste connaître celui qui vous paie pour cette mission, mais surtout savoir en quoi elle consiste !!

- …..

- Je comprends bien l’inconfort de votre position actuelle, un de mes amis est donc venu à ma demande pour m’aider à vous convaincre que nous n’avons rien contre vous et que si vous coopérez, vous ressortirez libre dès ce soir, sous réserve bien sûr que vous n’ayez pas de mauvaises intentions envers Florian ! Le jeune homme que vous étiez chargé d’espionner !!

- De mauvaises intentions !! Quelle idée !! J’étais chargé entre autres de protéger ce garçon !!

Joseph se mord les lèvres d’avoir trop parlé, mais ça a été plus fort que lui et l’idée même qu’il puisse avoir accepté une telle mission l’a mis hors de lui, prouvant ainsi qu’ils ne le connaissent pas aussi bien qu’ils semblent le dire ou le croire.

Philippe a entendu toute la sincérité dans la réponse toute en indignation de Joseph, il se détend donc en faisant un petit signe de tête à Maurice lui signifiant que tout va bien.

- (Philippe) Donc il n’y a aucune raison de taire l’identité de votre employeur ?

- Ce n’est pas dans mes habitudes de révéler pour qui je travaille !!

- (Maurice) Il va peut-être falloir envisager faire une entorse à vos habitudes, si vous voulez sortir rapidement !!

- ….

- (Philippe) Florian vous a connu comme un ami, un très bon ami même !! Le saviez-vous ? Non, bien sûr !! Alors écoutez donc ce que j’ai à vous dire, sans doute y retrouverez-vous quelques similitudes d’avec votre vécu !!

Philippe narre alors tout ce que lui a appris Florian sur Joseph, il évite pour l’instant la partie concernant les réalités alternatives en se contentant de coller au plus près aux activités passées de l’espion international qu’est cet homme.

Joseph bien sûr l’écoute avec attention, autant certaines choses correspondent à ses activités passées que d’autres lui font hausser les sourcils d’incompréhension, ce qui aide beaucoup Philippe à faire le bilan du vécu réel de Joseph dans cette réalité.

Philippe termine ses explications par une série de suppositions sur l’identité de son employeur actuel.

- Il n’y a pas tant de choix dans l’identité de la personne qui vous paie, Florian a sauvé des personnes importantes en utilisant ses capacités exceptionnelles de chirurgien ! Je ne vois donc que deux probabilités, celle venant directement de la famille impériale du Japon ou du chef d’une des plus grandes mafias du même pays !!

- Votre jeune protégé semblait n’avoir qu’une possibilité en tête, quand il m’a posé la question.

- (Maurice) Quoi qu’il en soit, dites bien à cette personne que nous nous chargeons nous même de sa sécurité et que la présence d’autres personnes n’amènerait rien de plus si ce n’est peut-être de commettre des erreurs !! Vous pouvez partir monsieur N’Goumbou !! Je vous conseille néanmoins d’aller parler avec Florian, je suis certain que vous y trouverez des réponses à toutes ces questions que vous vous posez sans doute encore !! Il sera j’en suis certain heureux de savoir qu’ici encore vous êtes son ami !! Bien le bonsoir et excusez-nous de ne pas vous faire raccompagner, de toute façon je suis certain que vous préférez cette solution plutôt que celle de risquer de vous faire repérer avec le contre-espionnage Français !!

CHAPITRE 166 (Camping de la dune) (Mardi soir) (Sur la dune)

Thomas pousse un ouf de soulagement quand il voit la silhouette de Florian, assis en haut de la dune avec ses bras autour de ses genoux repliés.

Celui-ci avait fermé son esprit depuis le dîner qu’il avait passé étrangement silencieux, ce qui n’est pas et de loin dans ses habitudes, Thomas se souvient d’un moment identique où c’est lui qui avait éprouvé le besoin de s’isoler pour faire le point suite à une farce qui s’était retournée contre lui et qu’il avait mal pris à cette époque.

C’est donc avec une certaine émotion, qu’il vient s’asseoir aux côtés de son chéri en lui entourant les épaules de son bras.

- Qu’est ce qui ne va pas ?

- Rien !!

- Je sais bien que c’est faux, je te connais trop tu sais !!

- ….

- Tu ne crois pas que ça te ferait du bien d’en parler ?

- Je n’arrête pas de faire des gaffes !! Mes souvenirs de là d’où nous venons sont trop forts et j’oublie souvent qu’ici les gens n’ont pas le même vécu, ni la même façon de voir les choses !!

- (Thomas) C’est cette réflexion de Mathis qui te met dans un état pareil ??

- Disons que s’en était une de trop !!

Je tourne ma tête vers Thomas, mes yeux lui montrent bien tout le doute que je ressens de ne pas être à ma place.

- Tu crois que j’ai tort de vouloir tous les retrouver ?

- Je ne dirais pas ça, juste qu’il faut t’attendre à avoir encore des déceptions !!

- Notre monde me manque !!

- Je suis bien placé pour te comprendre, c’est pareil pour moi !! Mais ici au moins nous sommes ensemble et c’est l’essentiel, le reste finira par s’arranger.

- Tu le crois réellement ?

- J’en suis certain !! Et puis tout ne va pas si mal que ça ici, nous avons retrouvé nos amis les plus proches.

- Pas tous tu le sais aussi bien que moi.

- Ça ne saurait tarder, je sais que tu penses à « Dami » et à sa famille !!

- Tu crois qu’ici aussi nous serons amis ??

- Y a-t-il un seul de tes souvenirs où ce n’est pas le cas ??

- Non !!

- Alors tu vois !!

- Je souris à mon chéri en étant conscient des efforts qu’il fait pour me remonter le moral, faisant abstraction de ses propres griefs envers ce monde où ceux qui lui sont proches le considèrent quasiment comme un inconnu.

De penser à sa famille, me fait penser à la mienne et je me fais la réflexion que je devrais également être plus présent envers mes parents, alors que bizarrement je n’éprouve pas le besoin de penser à eux.

Sans doute à cause justement de cette autre vie où je ne les ai jamais connus et qui est pour moi celle à laquelle je me raccroche inconsciemment comme à une bouée, celle qui me manque tant.

Thomas me fixe avec tristesse.

- A quoi tu penses là ? Je n’aime pas te sentir malheureux !!

- Je me disais que j’étais égoïste à laisser mes parents sans nouvelles et j’ai réalisé pourquoi !! Je ne me fais tout simplement pas à la chance que j’ai ici de les avoir près de moi en vie.

- Appelle-les demain, tu verras qu’après ça ira mieux !! Tu traverses juste une période de remise en question, admets une bonne fois pour toute que les choses ici sont différentes et ça passera comme pour n’importe qui d’autre, tu n’es tout simplement pas habitué à vivre ces périodes qui sont le lot commun de chacun. La vie n’est pas faite que de joie, tu es en train de t’en rendre compte et je suis sûr que « Math » n’a pas pensé à mal en te disant ce qu’il t’a dit, juste qu’il s’est senti gêné parce qu’il y avait sûrement un grand fond de vérité et qu’il ne voulait pas l’admettre devant Kévin.

- C’est comme avec Chloé, je devrais plus réfléchir avant de parler.

- (Thomas) Ah !! Je n’étais pas au courant que tu t’étais embrouillé avec elle ?

- Pas vraiment en fait, c’est juste que je n’avais rien vu venir avec Thomas et elle a pris la mouche quand je lui ai dit que je lui avais promis de l’aider à se trouver une copine.

- Chloé et « cousin » ?? J’y crois pas !! Décidément plus rien ne devrait m’étonner !! Tu n’as pas à t’en vouloir tu sais, j’aurais sûrement fait pareil. Wouah !! Elle cachait bien son jeu en tous les cas, mais alors ?? Ça veut dire que nos trois potes de Reims devront se trouver quelqu’un d’autre ?? Remarque on aurait dû s’en douter, déjà avec « Yu » et « Toinou » !! Un coup de chance que « Raphi » et Éric se soient trouvés, eux !!

- J’ai l’impression que quelque chose cloche dans tout ça, je n’arrive pas à savoir d’où me vient cette idée mais c’est comme si les choses n’étaient pas à leur place.

- J’ai une question qui me vient d’un coup, c’est au sujet de Thomas !! As-tu un seul souvenir de l’avoir connu avant ici ??

- Aucun !!

- Et pour Jean Baptiste ??

- Je connaissais son existence mais il n’y a que dans cette réalité qu’il existe pour nous de façon réelle, c’est comme pour les triplés qui ici sont des filles !! L’accident mortel d’Erwan et le suicide de Mathis !! Trop d’événements diffèrent, je ne sais pas si c’est un signe du destin ou une façon de me faire comprendre quelque chose d’important !!

- A quoi tu penses ??

- Que peut-être nous arrivons au bout de toute cette histoire et que la boucle se referme, déjà toutes ces vies qui me reviennent depuis quelques temps !! J’en ai parfois mal au crâne !! C’est comme si je terminais quelque chose, un processus, une reconstruction ou un truc dans le genre et j’ai l’impression que c’est comme un puzzle qui commence à prendre forme, j’aimerais vraiment savoir comment tout ça va finir !!

CHAPITRE 167 (Camping de la dune) (Mercredi matin) (Réveil)

« Chambre de Thomas et Florian. »

C’est Thomas cette fois ci qui se réveille le premier après une mauvaise nuit à chercher le sommeil, ne s’endormant finalement que très tard pour ouvrir les yeux beaucoup trop tôt à son goût.

Il resserre ses bras autour de la taille de son chéri, lové en boule contre lui comme à son habitude et ce seul geste suffit au grand blond pour se sentir subitement beaucoup mieux, le plus important pour lui étant de le savoir à ses côtés.

Thomas repense à leur conversation de la nuit, conversation qui a sans doute été l’instigatrice de son insomnie alors que Florian sitôt couché s’est endormi comme un bébé.

Il faut dire aussi que cela faisait longtemps qu’il n’avait eu l’occasion de passer une bonne nuit et qu’il devait en avoir bien besoin, pour ne pas réclamer au moins un câlin avant de s’endormir.

Une des mains de Thomas caresse innocemment sans même qu’il s’en rende compte, la poitrine imberbe douce et chaude de Florian qui se soulève doucement au rythme de sa respiration, savourant ce grain de peau dont il ne se lassera jamais.

Tout ça se fait machinalement sans vraiment d’intention particulière, juste pour son plaisir inconscient d’être en contact avec celui qui depuis toujours ne fait qu’un avec lui.

Son doigt titille avec la légèreté d’une plume le téton érigé qui frémit sous la caresse, faisant se blottir encore plus le petit rouquin contre le ventre chaud de Thomas qui cette fois réagit par un long frisson de bien-être qu’accompagne une forte érection qui prend sa place entre les deux petits globes fessiers accueillants.

La chaleur de ce contact traverse très vite le tissu des deux sous-vêtements, mettant à mal la libido de Thomas qui se retient d’aller plus loin pour laisser son chéri terminer sa nuit.

C’est bien sûr sans compter sur les réactions du corps de Florian qui vient se lover encore plus fort à cet endroit précis.

Thomas sent une main lui prendre la fesse pour venir se plaquer encore plus fort tout en accélérant l’amplitude de ses coups de reins pour profiter de toute la longueur de cette hampe bien raide qui l’excite au plus haut point.

Un petit son de plaisir s’échappe de la gorge de Florian à chaque frottement.

- Ahhh ! …Ahhh ! …Han ! …Han…

L’excitation de Thomas à se sentir ainsi désiré devient tellement forte qu’il ne se contrôle plus, amplifiant les coups de reins langoureux de son chéri par les siens au moment où il sent l’extrémité de son sexe s’écraser sur la corolle affamée qui semble vouloir l’engloutir même au travers du tissu des deux boxers.

- Ahhh !!... Hannn !!...

La main de Florian crochète nerveusement le sous vêtement de son chéri pour le faire descendre, lui faisant comprendre par ce geste qu’il est maintenant parfaitement conscient et réveillé, voulant recevoir en lui ce qui depuis plusieurs minutes lui envoie des ondes de plaisirs dans tout le corps.

Thomas se soulève suffisamment pour que son boxer descende le long de ses cuisses, en faisant autant sur celui de son chéri en lui posant doucement ses lèvres dans le cou pour le lui mordiller avec passion.

Les sous-vêtements sont à peine ôtés, que leurs corps s’imbriquent une nouvelle fois en les faisant tous deux soupirer du plaisir de sentir leurs chaires libérées et la hampe frémissante retourne tout naturellement se frotter entre les deux globes accueillants, pour cette fois trouver la voie débarrassée de tout obstacle qu’elle investit d’un petit coup de reins viril qui fait pousser un feulement de plaisir du petit rouquin.

Leurs deux corps ne font plus qu’un et quand le moment d’abandon total arrive, c’est la main douce de Thomas qui vient donner les quelques caresses nécessaires au sexe vibrant de son chéri pour le libérer en même temps que le sien dégorge sa manne en le tétanisant d’un plaisir toujours plus puissant.

Ce n’est que quelque temps plus tard, quand leurs cœurs ont cessé de battre la chamade et que leurs respirations ont repris un rythme normal, que les deux amoureux se tournent l’un en face de l’autre pour se donner un baiser tout en tendresse et en remerciement de cette jouissance qu’ils se sont une fois encore offerts, pour débuter cette nouvelle journée de la meilleure des façons qui soit.

CHAPITRE 168 (Aix en Provence) (Mercredi matin) (Pierre & Hélène)

« Chez les De Bierne. »

Michel et Maryse terminent leur petit-déjeuner, quand un bruit de moteur s’arrêtant devant chez eux leur fait lever les yeux vers la fenêtre de la cuisine.

La lumière sur le toit du taxi leur amène un sourire, leurs enfants étant les seuls à leur connaissance à utiliser régulièrement ce moyen de transport.

La voix grave de Pierre parlant au conducteur leur amène la preuve qu’ils avaient vu juste encore cette fois, Michel faisant signe à sa femme que c’est lui qui se charge d’aller ouvrir.

- Prépare donc un bon café !! Je pense qu’ils en seront enchantés !!

- Ils auraient pu prévenir de leur arrivée, je ne suis même pas encore habillée !!

Michel ne s’attendait pas à cette réplique et lève les yeux au plafond en soupirant.

- Ah !! Les femmes !!

***/***

Pierre sort les valises du coffre qu’il referme ensuite avant de faire signe au conducteur que c’est bon, Hellène l’attend devant la petite porte donnant sur le jardin toujours aussi fleuri et qui fait depuis toujours la fierté de son beau-père.

- Quel plaisir j’éprouve à chaque fois de revoir cet endroit !!

- (Pierre) Et moi donc !!

La porte s’ouvre et son père apparaît, les yeux brillants du bonheur de leur visite.

- Surprise !!!

- (Michel) C’est sûr ! Hi ! Hi ! Je vous croyais encore à l’autre bout du monde !!

Pierre embrasse son père avant d’entrer dans la maison pour y déposer ses bagages, il va ensuite embrasser sa mère et revient s’asseoir dans le salon, en poussant un gros soupir de satisfaction.

- Piouuu !!! Ça fait du bien de retrouver ses racines !!

- (Hellène) Des nouvelles des enfants ??

- (Maryse) Des ??

- (Pierre) Comment se passe les vacances de nos deux loustics ??

- (Michel) On ne peut mieux !! Mais vous devriez plutôt dire, vos trois loustics !!

- (Hellène) Comment ça trois ?

- (Pierre) Laissez-moi deviner !! Florian et Antonin ont retrouvé leur Thomas je parie ??

- (Michel) Vous étiez déjà au courant ??

- Et comment nous aurions pu le savoir ?? J’ai juste fait la déduction au ton que tu as pris pour nous le dire, alors comme ça ils l’ont retrouvé ??

- (Hellène) Il est aussi beau que sur les croquis de mon fils ??

Maryse hoche la tête en repensant à sa rencontre avec Thomas.

- Il est encore plus magnifique en réel, je crois bien que c’est le plus beau garçon que je n’ai jamais vu de ma vie !!

- (Michel) C’en est même plutôt troublant, mais je dois avouer que votre mère a entièrement raison !!

- (Pierre) Eh bien !! Vous m’en direz tant !! Où était-il caché depuis tout ce temps ?

- (Michel) Tu ne vas jamais le croire ! Hi ! Hi ! Juste avant que Florian le trouve, il était dans notre agence d’Aix en Provence !!

- (Pierre) Noonnn !! Qu’est-ce qu’il faisait donc à l’agence ??

- Il en était le Président directeur général aux dernières nouvelles ! Hi ! Hi !

La tête de leurs enfants éclate un maximum les deux vieillards qui s’amusent comme des fous, repensant à celle qu’eux ont fait quand ils ont appris la vérité sur le retour de Thomas.

Dire que Pierre reste sans voix à entendre la réponse de son père à la question qu’il lui a posé serait une gageure, tellement son visage marque l’ahurissement à essayer d’en comprendre le sens.

- Il doit y avoir une explication rationnelle à tout ça !!

- (Michel) Oh !! Mais il y en a une !! Maintenant dire qu’elle est rationnelle, je n’irai pas jusque-là ! Hi ! Hi !

- (Hellène) Il l’a fait revenir depuis son autre réalité !!

Tous la regardent avec surprise, surtout ses beaux-parents qui eux savent bien qu’elle a vu juste sans comprendre par quel cheminement de pensée elle y est arrivée.

- (Michel) Comment as-tu deviné ?

- Il ne pouvait en être autrement, comment un Thomas inconnu aurait-il pu remplacer celui que Florian aime ? Une fois cette question posée, la réponse paraît toute simple !! Je suis quand même curieuse de savoir comment Florian a bien pu s’y prendre pour le ramener jusqu’à lui ?

- (Michel) Il a fait comme qui dirait, un échange de personnes !!

- (Pierre) Si tu nous expliquais ça depuis le début papa, ce serait peut-être plus facile pour nous de tout comprendre ?

CHAPITRE 169 (Camping de la dune) (Mercredi matin) (Chloé, Léa & Mathis)

Sitôt la vaisselle du petit-déjeuner nettoyée et rangée, Léa attrape son frère par le bras en faisant signe à son amie de les suivre.

Une fois suffisamment éloignés du reste du groupe, elle s’arrête en mettant ses deux poings serrés sur ses hanches, visiblement en colère.

- Maintenant vous allez me dire ce qui vous a pris d’envoyer paître Florian comme vous l’avez fait hier ?? Vous le connaissez pourtant !! C’est un garçon à l’émotivité à fleur de peau et le bilan de tout ça, est qu’il n’a plus décroché une parole depuis !!

- (Chloé) Il n’a qu’à se mêler de ce qui le regarde aussi !! Pourquoi voulait-il que Thomas ton cousin, ait besoin à tout prix d’une copine !! Il est bien assez grand pour savoir ce qu’il a à faire.

- (Mathis) Oh, toi !! Si tu n’es pas jalouse, ça y ressemble bien !!

- (Léa) Jalouse de qui ??

Elle voit bien le regard devenu fuyant de son amie, ça lui fait comme un flash dans sa tête.

- Non !!! Ne me dis pas que tu as des vues sur mon cousin ?? J’y crois pas, la louze !!! C’est bien toi qui l’a presque engueulé en lui disant d’arrêter de te regarder comme il le faisait ??

- (Mathis) Vu la trombine qu’elle tire en ce moment, j’ai bien l’impression que si !! Remarque j’ai rien contre ! Hi ! Hi !

- (Chloé) Dis plutôt que ça t’arrange !! Eh bien oui, voilà !! Thomas ne m’est pas indifférent, vous êtes contents ??

- (Léa) Kévin devient quoi dans tout ça ?

- (Chloé) Il n’a jamais été question de quoi que ce soit de sérieux avec lui, ce n’est pas comme toi avec Dylan !!

Chloé fixe Mathis d’un air moqueur.

- Et puis ne me dis pas que ça te dérange, Florian a bien vu comment tu étais avec lui !!

- (Léa) S’il avait vu juste, pourquoi l’envoyer bouler comme vous l’avez fait ??

- (Mathis) Ça m’a échappé, j’ai eu peur que Kévin le prenne mal s’il n’était pas comme moi !!

- (Léa) En attendant celui qui l’a pris mal, c’est « Flo » !! Il a déjà assez de difficultés à trouver ses marques sans que vous en rajoutiez, surtout quand en plus il a raison !! Ses paroles vous ont aidés à y voir plus clair et vous devriez plutôt le remercier.

- (Chloé) Tu as raison !! Je vais aller lui parler et ensuite j’irai voir Kévin !!

- (Léa) Et pas Thomas ?

Chloé pique un léger bol, avant de répondre avec un petit sourire en coin.

- Avec lui c’est déjà fait, nous voulions juste attendre un peu avant de vous en parler !!

- (Léa) Hé ben ma vieille !! Tu m’en diras tant !! …Raconte !!

Chloé hésite quelques secondes avant de prendre sa décision, elle soupire en leurs faisant signe de venir s’installer un peu plus loin et une fois chose faite, elle commence son récit au moment où elle a quitté Florian juste après avoir poussé son coup de colère.

***/***

« Flash-back. »

Chloé marche en envoyant des coups de pieds rageurs dans le sable, la colère qu’elle éprouve trouve en partie son exutoire quand elle croise Mathis et que son ami lui demande si tout va bien.

- Un problème Chloé ??

- Occupe-toi donc de tes fesses !!

Cette brève conversation a eu lieu sans qu’elle s’arrête plus de quelques secondes, elle ne voit donc pas le visage ahuri de Mathis qui cherche encore à comprendre ce qui lui arrive.

Malgré tout d’avoir pu vider son sac même brièvement, lui a fait du bien et elle peut maintenant commencer à réfléchir sur la cause réelle de son emportement soudain contre Florian.

Chloé n’est pas dupe, connaissant très bien le nom que l’on donne à sa façon d’agir et rien que le fait d’y penser, la calme dans un sens et l’énerve encore plus dans un autre.

C’est vrai qu’au début les regards trop souvent fixés sur elle de Thomas l’agaçaient au plus haut point, croyant qu’il ne voulait que se rincer l’œil à mater les nichons et les fesses d’une fille et c’est donc tout naturellement quand elle a appris qu’il restait avec eux, qu’elle lui a mis cet ultimatum de lui foutre la paix s’il voulait qu’ils deviennent amis.

Chloé s’avoue franchement que ça a bien été le cas, si bien même qu’elle a commencé à le regarder avec d’autres yeux et s’apercevoir que finalement Thomas était tout à fait le type de garçon avec qui elle aimerait aller plus loin, se réjouissant de plus en plus de sa présence quand il était près d’elle ainsi que leurs conversations qu’elle avait apprises à apprécier.

Quand elle a entendu Florian lui dire qu’il avait promis à « Thomas » de l’aider à se trouver une copine, c’est la jalousie qui a déclenché cette colère soudaine qui lui a fait envoyer bouler son meilleur ami et le quitter avec la rage au ventre.

Maintenant Chloé se sent un peu perdue, n’osant pas encore faire demi-tour ni ne sachant pas comment revenir auprès de ses amis après sa sortie et ses paroles virulentes, ce sont des pas rapide s’approchant d’elle qui la ramène à la réalité en la faisant se retourner juste au moment où Thomas arrive sur elle.

- Qu’est-ce que tu viens faire ?? Ce n’est vraiment pas le moment, va plutôt te chercher ta copine avec Florian !! Ça avait l’air de bien l’amuser en plus !!

CHAPITRE 170 (Camping de la dune) (Mercredi matin) (Chloé, Léa & Mathis) (fin)

« Suite du flash-back de Chloé. »

Thomas la regarde ou plutôt la dévore du regard, cet air revêche qu’elle a en ce moment lui donne encore plus l’envie de la serrer dans ses bras.

- Je crois bien qu’il me l’a déjà trouvé !!

Chloé devient blême, quand elle lui répond d’une voix presque éteinte.

- Qu’est-ce que tu attends pour courir après elle alors ??

- Je ne sais pas si tu l’as remarqué mais c’est exactement ce que je viens de faire !!

Chloé tourne machinalement la tête pour regarder derrière elle, ce n’est que quand elle s’aperçoit qu’il n’y a personne que le déclic se fait dans sa tête et son regard vient de nouveau se fixer dans celui de Thomas, qui maintenant sourit en la prenant par les épaules.

- Que de temps perdu !! Moi qui pensais que je n’étais pas ton genre, surtout après tout ce que tu m’as dit au début !!

- Qu’est ce qui te fait dire le contraire aujourd’hui ?

- Toi !! Mais aussi l’allusion de Florian qui m’a ouvert les yeux, tu sais Chloé !! Je n’ai jamais été vraiment timide comme beaucoup pourraient le penser, c’est juste qu’au fond de moi je savais depuis le premier jour vers qui je voulais aller et ça ne me disait rien de chercher ailleurs, tu comprends ce que j’essaie de te dire au moins ?

- ….

Thomas voit bien le trouble et l’émotion qui empêche son amie de répondre, il la serre contre sa poitrine en lui embrassant doucement le front et frissonne quand les doigts fins de Chloé viennent lui prendre les omoplates en le caressant doucement.

Ses lèvres descendent alors sur son petit nez, puis sur sa lèvre supérieure avant de venir se plaquer sur sa bouche dans un baiser tout en tendresse qui très vite trouve réponse pour finir par un long baiser fougueux où les langues enfin se découvrent.

***/***

- (Léa) Wouah !! C’est chaud !! Alors comme ça tu l’aimais sans le savoir et lui pareil ??

- (Chloé) Je te jure qu’avant ça je ne le voyais que comme un ami, sans doute à cause de ce que je lui avais dit au tout début.

- (Mathis) Et Kévin dans tout ça ? Tu le jettes comme une vieille chaussette ? Laisse-moi quand même te dire que ce n’est pas cool !!

- (Léa) Là, je suis bien obligée d’aller dans le sens de mon frère et reconnaître qu’il a raison !!

- (Chloé) Pourtant ça a toujours été très clair avec lui !! Juste une amitié de vacances et rien de plus, ce n’est pas parce que tu es tombée amoureuse de son frère que ça change quoi que ce soit !!

- (Mathis) C’est vrai alors ?? Tu es réellement amoureuse de Dylan ??

Léa observe son frère avant de répondre, cherchant à lire en lui si l’idée lui déplait ou au contraire s’il est content pour elle et si elle n’a pas la réponse en le regardant, elle voit bien quand même qu’un petit air de satisfaction marque son visage.

- Ça veut dire quoi ce sourire ??

- (Chloé) Tu veux un dessin ?? Kévin est dans la ligne de mire de ton frère et il voit d’un bon œil que tu revoies Dylan, à mon avis et sauf imprévu, Kévin ne va pas rester seul très longtemps une fois que je lui aurais parlé.

- (Léa) Mais !!! Kévin est hétéro ?? Qu’est ce qui te fait dire qu’il pourrait s’intéresser aux garçons ??

- (Chloé) Rappelle-toi des conversations que nous avons eues avec eux, ils nous ont bien avoués qu’ils étaient comme nous et qu’ils manquaient d’expériences, c’est d’ailleurs pour la même raison que nous avons décidé de sortir avec eux au début.

- (Léa) Oui !! Et alors ?? Je ne vois pas le rapport !!

- (Chloé) Kévin est vierge comme son frère, malgré ce qu'il voulait bien lui laisser croire à qui voulait l’entendre et tout comme nous deux, il a voulu savoir ce que ça fait d’avoir une copine mais rien ne dit que cette expérience est la seule qu’il est prêt à tenter, c’est d’ailleurs en parlant de ça que je me rends compte que ce que nous faisions ne lui était pas forcément aussi agréable que je m’y attendais de la part d’un garçon.

- (Mathis) Tu commences à m’intéresser ma grande, maintenant tu nous dois des détails sur ce qui te fait dire ça !!

Voyant que son amie n’est pas décidée à en dire plus, Mathis change de tactique en proposant une sorte de jeu.

- Ok !! Je vois que tu n’as pas trop envie d’en parler et ça peut se comprendre, maintenant j’aimerais quand même savoir à quoi m’en tenir sur Kévin !! Ne me regardez pas comme ça, c’est vrai que quand je l’ai vu j’ai craqué pour lui !! Et alors !! Il n’y a pas de mal à ça pas vrai ?? Je vais vous poser quelques questions et vous ne répondrez que par oui ou par non, comme ça il n’y aura pas besoin d’aller dans les détails qui vous gênent !! D’accord ??

- (Chloé) Pffttt !! Bon d’accord !!

- (Léa) Pas de soucis, tant que ça reste dans les généralités.

- (Mathis) Ok !! Je commence !! Vous n’avez rien fait tous les quatre ?

- (Les filles) Noonnn !!

- (Mathis) Donc juste en couple, c’est mieux en fait pour la suite !! Vous les avez vus tout nus ?

- (Les filles) Ouuiii !!

- (Mathis) Et eux, ils vous ont vues ?

- (Les filles) Ouuiii !!!

- (Mathis) D’accord !! Bon !! Vous les avez faits jouir ?

- (Léa) Oui !

- (Chloé) Heu ! Pas vraiment !

- (Mathis) Comment ça pas vraiment ?

- (Chloé) En fait j’ai essayé, au début il était tout dur donc ça allait bien ! Mais ça n’a duré que le temps de le dire et c’est lui qui s’est terminé tout seul parce qu’il voulait me faire plaisir et qu’il savait que j’étais curieuse de voir comment ça faisait.

- (Mathis) Ok !! Et vous avez recommencé souvent ?

- (Léa) Oui ! Enfin, trois ou quatre fois !

- (Chloé) Non ! Après cette fois-là il n’a jamais voulu le refaire, juste que nous nous sommes contentés ensuite de nous toucher et de nous embrasser.

- (Mathis) Dernière question !! Ils vous ont fait jouir ?

- (Léa) Oh ! Oui !!

Chloé regarde avec amusement sa copine qui se rend compte seulement maintenant de la façon disons-le plutôt enthousiaste, qu’elle a eu de répondre et qui d’un coup pique un fard digne de ce nom.

- Hi ! Hi ! Dis donc, il te fait de l’effet ton Dylan !!

- (Mathis) Tu n’as pas répondu ?

- (Chloé) C’était plaisant sans plus, sans doute avait-il du mal avec le mode d’emploi !! Maintenant que j’y pense et surtout devant la réaction de Léa, j’imagine qu’il doit être beaucoup plus doué avec son engin qu’avec le nôtre !!

- (Mathis) C’est tout ce que je voulais savoir, ce que j’ai entendu me suffit pour tenter ma chance et d’ailleurs sa poignée de mains m’avait déjà donné à réfléchir, tu me diras quand tu vas aller lui parler ?

- (Chloé) Pourquoi ?? tu veux venir avec moi ??

- Pourquoi pas ? On est mercredi et ils partent dimanche, alors il n’y a pas de temps à perdre !! Je pense que ce sera plus facile à quatre pour garder le contact après les vacances si nous avons envie de nous revoir.

- (Léa) Je vois que les choses s’arrangent ou devraient s’arranger pour vous deux, mais avant tout ça il faut vraiment que vous alliez voir Florian !! Il ne se sent pas bien et je n’aime pas ça du tout, ça vous ferait plaisir s’il sortait de votre vie ?

- (Mathis) Tu ne trouves pas que tu pousses un peu loin le bouchon quand même ?

- (Léa) Vous verrez bien le jour où il ne sera plus là, il sera alors trop tard pour se poser la question !!

CHAPITRE 171 (Camping de la dune) (Mercredi matin) (Kévin & Dylan)

« Fin du petit déjeuner, sous l’auvent de la caravane familiale. »

La famille Doutey est encore à table, profitant de ces rares moments où ils sont tous réunis et ce matin-là, François le père de famille envoie des signaux gestuels de la tête à Carole sa femme vers leurs deux garçons qui semblent étrangement silencieux.

- (Carole) Quelque chose qui vous préoccupe les garçons ?

- (Dylan) On est vraiment obligés de repartir dimanche ??

- (François) Je dois rouvrir l’office lundi matin, il faut bien reprendre le travail !

- (Carole) C’est à cause de vos deux copines ? Vous saviez très bien tous les deux comment ça finirait, il y en aura d’autres !!

Dylan se lève brusquement, la réponse de sa mère le faisant bondir et c’est après avoir fusillé du regard ses deux parents, qu’il préfère s’éloigner avant de dire des choses qu’il regrettera forcément un jour.

Carole s’adresse alors à son autre fils, qui est resté sans réaction devant la colère de son frère.

- Mais qu’est-ce qu’il lui prend ?? Je n’ai rien dit de mal !!

- (Kévin) Pour Dylan, Léa n’est pas qu’une simple copine !! Il l’aime vraiment et je crois que c’est réciproque !!

- (François) Manquait plus que ça !!

Il regarde son épouse avec un léger sourire moqueur.

- Ça ne te rappelle rien chérie ?

- (Kévin) De quoi tu parles P’pa ?

- Nous nous sommes connus moi et ta mère quand nous avions à peu près votre âge, il y a fallu user de ruses dignes des sioux pour continuer à nous voir !!

- Du genre ??

- Ta mère a changé de cursus universitaire pour me retrouver, ses parents n’y ont vu que du feu ! Hi ! Hi !

- (Carole) Nous nous aimions beaucoup et j’aurais tout fait pour ne pas perdre ton père, mais toi ? Tu en es où avec Chloé ?

- Comme tu l’as dit, ce n’est qu’une copine !! Mais je t’assure que c’est vraiment du sérieux pour Dylan !!

- (François) S’il tient vraiment à cette jeune fille, il devra se battre pour la garder !

- Mais P’pa !! Nous habitons à l’autre bout du pays !! Léa est vraiment une fille bien vous savez !! D’ailleurs c’est le cas pour tous ceux qui l’accompagnent, j’aimerais moi aussi resté en contact avec eux.

- (François) Il ne tient qu’à toi et à ton frère de faire comme nous l’avons fait avec ta mère et trouver une solution, qu’est-ce que vous attendez de nous ?? Que l’on quitte la région pour venir s’installer par ici ? C’est hors de questions !!

- (Carole) C’est une épreuve qu’il vous faudra traverser, elle ne vous rendra que plus fort dans vos sentiments mais aussi dans votre détermination et la façon de prendre en main votre vie future.

- (François) Tu es sûr que Chloé n’est qu’une amie pour toi ? Tu défends rudement bien les intérêts de ton frère si c’est le cas, ou alors il y a quelqu’un d’autre et nous ne savons pas tout ??

Kévin hausse les épaules, il se lève à son tour pour prendre la même direction que son frère quelques minutes plus tôt.

- Pffttt !!! Tout de suite, qu’est-ce que tu vas chercher !! Je me préoccupe pour Dylan, c’est tout !!

Les parents restent un moment sans voix, quand enfin Carole se tourne vers son mari et lui pose la question qu’elle a en tête depuis le départ de son cadet.

- J’ai l’impression qu’il nous cache quelque chose, Tu as vu sa réaction quand tu lui as demandé s’il y avait quelqu’un d’autre ?

- (François) Possible en effet !! Maintenant si tu veux tout savoir, je commence à regretter d’être venu !! Je sens que les complications ne font que commencer, jusque-là on avait évité la crise d’ado et là nous nous prenons les deux en même temps en pleine poire !!

- Avoue que Dylan n’a pas tort, Léa est une très belle jeune fille et en plus du peu que j’ai pu parler avec elle, elle ne manque pas d’intelligence ni de gentillesse.

- Là tu marques un point ! Hi ! Hi ! C’est vrai qu’ils se sont trouvé des filles canons !! Mais à vouloir jouer avec le feu, on se brûle !! C’était couru d’avance qu’à l’approche du départ, nous aurions droit à la scène quatre de Roméo et Juliette.

- (Carole) Ne pourrait-on pas les aider ? Rappelle-toi ce que nous pensions à l’époque de l’indifférence de nos parents !!

- Les…. Comment ça les ??? Tu parles de tes deux fils ou de ton aîné avec sa copine ??

- Je ne sais pas trop en fait, C’est sûr que Kévin nous cache quelque chose mais il aime aussi beaucoup son frère !! Du coup je ne sais plus trop qu’en penser.

- (François) Tu sais quoi ? Je pense qu’il ne faut pas s’en mêler pour le moment, une fois que quelques semaines se seront passées nous y verrons certainement beaucoup plus clair et il sera toujours temps d’en reparler si vraiment l’un ou l’autre de nos garçons ressent toujours les mêmes sentiments, je ne souhaite rien d’autre qu’ils soient heureux tu le sais bien.

Carole sourit à son mari qui vient de dire exactement ce qu’elle attendait de lui, elle se lève pour venir l’embrasser en même temps qu’elle aperçoit trois silhouettes dans l’allée venir dans leur direction.

- Tu sais que je t’aime toi ?? Tiens, tiens !! Quand on parle du loup, ou plutôt devrais-je dire des louves !! Voilà les filles qui arrivent avec un de leurs copains, il me semble que c’est un des frères de Léa, le plus jeune !! Oui !! C’est bien lui, je serais curieuse de connaître les parents pour avoir eu des enfants aussi magnifiques !! Ce garçon est tout simplement à croquer et je ne te parle pas du grand frère, Brrr… !!

CHAPITRE 172 (Camping de la dune) (Mercredi matin) (Mathis)

« Un peu plus tôt. »

C’est en trainant la patte que Mathis suit sa sœur et sa copine pour rejoindre le groupe où Florian se trouve, celui-ci les voit arriver en se demandant bien ce qu’ils lui veulent encore.

Ce n’est que le sourire de Léa qui le rassure quelque peu, restant tendu malgré tout dans l’attente de connaitre leurs intentions.

- (Chloé) Je m’excuse pour hier « Flo », je réalise maintenant que tu ne pouvais pas savoir et j’en profite pour officialiser devant vous tous avec « Thomas le brun » ! Hi ! Hi ! Je précise pour ceux qui s’imagineraient des choses entre moi et « Thomas le blond » !!

- Vous cachiez bien votre jeu tous les deux !!

- (Chloé) Je n’en savais rien en fait, c’est juste ma crise de jalousie qui m’a fait comprendre ce que je ressentais vraiment pour Thomas.

- (Mathis) Puisque on en est aux excuses, accepte les miennes pour t’avoir envoyé bouler hier !! J’ai eu la honte devant Kévin qu’il me regarde comme un anormal.

- Il n’y a pas que toi qu’il regarderait comme ça alors !! Pour ma part je me sens également fautif, je ne sais souvent plus où j’en suis avec tout ce qui tourne dans ma tête.

- (Mathis) T’inquiète « Flo », nous savons tous par quoi tu passes !! Juste une dernière question ? Qu’est-ce que tu attends pour sourire maintenant qu’il n’y a plus d’embrouilles ??

Je me force à lui faire plaisir, mais le cœur ni est pas du tout car ma migraine devient de plus en plus forte et c’est bien la première fois que je ne me sens pas très bien depuis que j’ai investi cette enveloppe corporelle.

- C’est bon pour moi, ne vous faites pas de bile !! Juste que je n’ai pas eu mon compte de sommeil, je pense que je vais aller me recoucher une paire d’heures.

C’est donc sans plus s’en faire que ça, que les deux filles et Mathis, repartent pour rejoindre l’emplacement des deux frères afin d’avoir une discussion avec Kévin, Léa pour sa part en profite juste pour voir Dylan qui lui manque décidément de plus en plus.

***/***

Ce n’est qu’en vue de la caravane, que Chloé commence à se poser la question de comment s’y prendre pour expliquer à Kévin qu’ils ne seront jamais plus que des amis et qu’elle a décidé de cesser le simulacre de couple qu’ils donnaient vis-à-vis de tout le monde.

Léa va directement embrasser Martine avec qui elle a déjà eu plusieurs fois l’occasion de discuter, hésitant ensuite à en faire autant avec son mari.

- Bonjour monsieur !

- Tu peux me faire la bise tu sais !!

- Volontiers ! Hi ! Hi !

Une fois les politesses faites, Léa pose la question qui lui brûle les lèvres depuis qu’elle est arrivée en ne voyant pas les garçons.

- Dylan et Kévin sont encore couchés ?

- (Martine) Ils ne se sentaient pas bien, ils sont sans doute partis faire un tour !!

- (Chloé) Ils sont malades ?

- (Martine) Je dirais plutôt qu’ils dépriment parce que nous arrivons bientôt à la fin de notre séjour ici.

- (Léa) Je les comprends, moi-même j’ai comme une boule à l’estomac qui semble peser chaque jour davantage !!

- (Martine) C’est la même chose pour Dylan et Kévin s’inquiète pour son frère.

Martine observe Chloé qui n’a pas réagi à ces paroles dites justement pour voir leurs réactions, alors que visiblement Léa devient toute pâle et prouve par la même qu’elle ressent quelque chose de fort pour son aîné.

C’est donc à Chloé qu’elle s’adresse pour en avoir le cœur net.

- Toi et Kévin, ce n’est qu’une amitié de vacances pas vraie ?

- (Chloé) C’était bien comme ça que nous l’avions vu ensemble, par contre je pense sincèrement qu’il en va tout autrement pour mon amie.

- (Martine) C’est ce que j’ai cru comprendre devant la réaction de Dylan tout à l’heure, j’espère que vous trouverez une solution qui évitera le déchirement que peut être une grande amitié quand elle doit se terminer à cause de la distance.

- (François) Nous avons subi ce genre d’expérience ma femme et moi, pourtant nous sommes toujours ensemble et nous avons surmonté cette épreuve parce que nous avions tous deux à l’époque la volonté qu’il fallait pour ne pas nous perdre de vue.

Léa légèrement gênée d’avoir une telle conversation avec les parents de son chéri, va pour répondre quand celui-ci accompagné de son frère apparaît depuis l’arrière de la caravane.

- (Dylan) Vous ne voyez donc pas que vous rendez Léa mal à l’aise avec vos questions ? Viens ma…

Il appuie spécialement sur le mot pour bien mettre les choses au point vis-à-vis de ses parents.

- … « chérie », nous avons à parler tous les deux !!

Ils les regardent tous s’éloigner, quand ils ont disparu de leurs vus c’est au tour de Chloé d’amener la raison de sa venue à Kévin qui reste figé comme captivé en dévisageant Mathis, qui lui, fait comme s’il ne s’était rendu compte de rien mais qui jubile intérieurement.

- Kévin je suis venu pour te parler de ce qui s’est passé hier.

Le garçon réagit enfin, quand il perçoit le regard curieux que portent sur lui ses parents à le voir semblant aussi « concentré ».

- Allons un peu plus loin si tu veux bien !! Tu peux venir aussi si tu veux « Math » !!

CHAPITRE 173 (Camping de la dune) (Mercredi matin) (Mathis) (fin)

Ce n’est que quand ils sont suffisamment éloignés des parents de son copain, que Chloé s’arrête pour le prendre par le bras.

- Je suis amoureuse de Thomas, j’espère que tu ne m’en veux pas et que nous resterons amis ?

- Nous n’étions rien d’autre il me semble ? Alors pourquoi cela changerait-il ?

- Je suis contente que tu le prennes comme ça, j’avais peur qu’il en soit autrement !

- Bah !! Tu as bien dû te rendre compte que ce n’était pas « ça qu’est ça » nous deux !! En fait je serais un fieffé menteur si je te disais que j’en suis surpris, j’ai voulu profiter de ce que vous nous aviez proposé pour m’en assurer et le bilan me semble assez clair.

Chloé sourit à Kévin, appréciant tout autant sa franchise que la façon à peine voilée d’avouer ce qu’il est en réalité.

- C’est peut-être aussi bien comme ça, au moins maintenant tu sais à quoi t’en tenir !! Oserais-je dire que tu as de la chance ? Sûrement, oui !!

- (Kévin) Comment ça, explique-toi ?

- Et bien figure toi que je connais quelqu’un avec qui tu pourrais devenir « ami » et voir si ça marche mieux qu’avec moi !!

- (Kévin) Je pense que je vais faire une pause sentimentale, de toute façon il est un peu tard maintenant pour me présenter une autre de tes amies.

- Tu m’as mal compris, je ne parlais pas d’une mais d’un ami !! Mathis ?? Tu veux bien lui faire un dessin s’il te plaît ?? Apparemment les paroles de Florian hier ne l’ont pas choqué autant que toi ! Hi ! Hi !

Mathis reste un instant ahuri des paroles de Chloé qui le jette littéralement dans les bras de Kévin, il prend le parti d’en rire et c’est donc sur le ton de la plaisanterie, qu’il s’approche du jeune homme en lui faisant un clin d’œil amusé.

- Voyons voir si j’arriverai à te garder tout dur dans mes doigts, ou si cette fois encore tu vas être obligé de te finir tout seul juste pour me montrer comment ça fait ! Hi ! Hi !

Chloé sent bien qu’il est temps pour elle de les laisser seul et que ce sera le seul moyen pour que Kévin se détende, visiblement troublé de ce qui lui arrive sans savoir si c’est sérieux ou juste pour se moquer de lui.

Elle rebrousse donc sa route pour repasser devant la caravane, où les parents de Kévin s’arrêtent de parler pour la regarder avec curiosité s’éloigner seule par le chemin par lequel ils sont arrivés tous les trois.

- (François) Quelque chose me dit que nous allons très vite avoir une réponse à nos questions de tout à l’heure !!

- (Martine) De quoi tu parles ??

- C’est vrai que tu tournais le dos à tes fils quand ils sont revenus tantôt, sinon tu comprendrais de quoi je parle !! Maintenant je préfère en rester là, c’est possible que je me fasse aussi une mauvaise analyse de tout ça.

- J’ai le droit de savoir quand même !! Depuis quand tu me caches des choses de peur de faire erreur ?? C’est nouveau ça !!

- Tu n’as pas trouvé bizarre la présence du frère de Léa, alors qu’il n’était question que des sentiments que nos garçons éprouvaient ou pas envers leurs copines ??

- Je ne vois pas où tu veux en venir ??

- Pourquoi Chloé est-elle repartie seule ?

- Arrête !! Tu m’énerves là !! Dis-moi ce qui te tracasse et cette fois ne tourne pas autour du pot, tu veux bien !!

- Juste que nos deux fils avaient le même regard quand ils ont vu que leurs amis étaient là, tu as bien compris j’espère le message de Chloé et celui de Kévin, juste avant au sujet des amitiés de vacances !! Oui ?? Alors explique moi pourquoi ou plutôt pour qui Kévin avait ce même regard brillant qu’avait Dylan pour sa « chérie » comme il l’a si bien appelé devant nous, au cas où nous n’aurions pas compris le message sur les sentiments qu’il éprouve pour elle ?

Martine comprend enfin où veut en venir son mari, l’étonnement lui donne un regard tellement ahuri qu’il en fait sourire François.

- Je vois que tu percutes enfin ! Hi ! Hi !

- Et ça te fait rire ?? Où tu as été cherché des bêtises pareilles, je me le demande !!

- Je t’avais prévenue que c’était juste une impression, c’est toi qui voulais à tout prix savoir et maintenant que je te l’ai dit, tu m’en veux de l’avoir fait !!

- Tu te rends compte de ce que tu insinues avec des propos pareils ??

- Que notre cadet pourrait être attiré par les garçons ? Tu as dit toi-même que le frère de Léa était à croquer et il me semble que l’aîné est lui déjà en couple avec un garçon si mes souvenirs sont bons, ça me fait penser que c’est Kévin qui nous en a parlé et je m’étais déjà fait la remarque qu’il prenait ça vraiment bien, alors que Dylan lui a répondu que ça lui faisait bizarre mais qu’ils étaient sympas quand même !!

Martine devenue blême se lève pour entrer dans la caravane en claquant la porte après avoir fusillé du regard son mari, celui-ci soupire en se disant que décidément ce n’était pas la meilleure idée que ces vacances et que celles-ci signent très certainement le commencement d’une source d’ennuis desquels il se serait bien passé.

***/***

Mathis et Kévin se retrouvent seuls, chacun ne sachant plus où se mettre maintenant qu’ils ne sont plus que tous les deux et c’est bizarrement celui auquel on se serait le moins attendu, qui reprend la conversation sur le sujet qui bien sûr les obnubile autant l’un que l’autre.

- Je ne cherche pas comme avec Chloé, que ce soit clair !!

- (Mathis) De quoi tu parles ??

- Je savais que je n’étais pas attiré par les filles, j’ai juste voulu essayer en sachant pertinemment que ce n’était que pour m’en assurer et qu’il n’y aurait rien de durable entre nous, ce qui n’est pas le même cas de figure avec un garçon ou plutôt devrais-je dire avec « le » garçon qui me plairait assez pour envisager d’aller plus loin.

- Tu crois que je te drague juste pour m’amuser ?? Tu n’as vraiment pas percuté sur ce qu’a dit Florian hier, tu imagines bien j’espère que des mecs je peux en avoir autant que je veux et quand je veux, seulement ce n’est pas mon truc et je préfère les envoyer paître direct avant qu’ils me pètent les couilles !!

- T’énerve pas !! C’est bien vrai que tu ressembles à un bouledogue ! Hi ! Hi ! Tu vois que j’ai écouté ce qu’il a dit ton Florian !!

- Pffttt !!!

- Dis-moi plutôt c’est quoi ton truc ??

- J’attendais de tomber sur le mec qui me ferait avoir envie de me serrer contre lui, de l’embrasser, le câliner et de lui faire l’amour !! Alors imagine quand je t’ai vu hier !! Mon cœur s’est mis à battre comme jamais et je n’arrivais pas à détacher mon regard de toi !!

- Ma parole !! Mais c’est une déclaration ?? Je te taquine mais pour moi ça a été pareil, juste que je suis un peu surpris que ça aille aussi vite !!

- Tu le seras moins avec l’habitude, tu verras !!

- L’habitude de quoi ??

- D’être en contact avec Florian par exemple !!

- ??????????????

CHAPITRE 174 (Paris) (Ailleurs) (Mercredi matin) (Vivant ????)

« Bureau du directeur de la DST. »

Une table a été installée spécialement pour la réunion prévue ce matin-là, Maurice l’ayant organisée à la demande de celui qui est arrivé depuis peu en prenant la place de Thomas.

Il y a fallu bien sûr les explications d’Antonin, heureusement témoin de l’échange entre les deux garçons qui sont en fait la même personne mais dans des réalités différentes.

Celui qui avant se prénommait Benjamin, s’est découvert très vite des capacités autant d’adaptation que d’intelligence hors du commun et après analyse, il s’avère que l’opération qu’il aurait subi au cerveau en serait le principal déclencheur tout comme les examens poussés qu’il a accepté de passer pour avaliser son histoire l’ont démontré.

Sont déjà présents à cette convocation particulière la majorité des personnes s’y étant vue invité, soit le général Mathéi, Philippe Espinach, Benjamin ou plutôt « Thomas » Louvain, Frédéric Viala, Franck Legendre et ne reste plus à attendre qu’Antonin qui revient directement d’Afrique et que Maurice s’est occupé de faire prendre en charge par deux de ses hommes dès son arrivée à l’aéroport.

Philippe est assis à droite de « Thomas » quand à bout de patience d’attendre, il lui demande.

- (Philippe) Tu ne peux vraiment pas nous en dire un peu plus avant l’arrivée d’Antonin ?

- Il ne devrait plus tarder et je préfère que nous soyons tous là, ce que je vais vous demander est suffisamment spécial pour qu’il soit préférable qu’il soit présent avec ce qu’il doit apporter d’Afrique.

- (Maurice) Tu pourrais au moins nous dire quel sera le sujet de cette réunion, que nous puissions nous y préparer !!

- Cette réunion a pour but principalement de préparer le retour de Florian et de Thomas dans cette réalité.

Cette simple phrase dite sur un ton badin, a l’effet d’une bombe sur ceux qui l’ont entendue.

- (Frédéric) J’espère que tu as des arguments sérieux !! Tu connais mes sentiments sur tout ce qui concerne mon f… !! Enfin je veux dire Florian ??

- Si tous ici autour de cette table, vous jouez honnêtement le jeu !! Je suis certain que nous y arriverons !!

- (Franck) De quel jeu parles-tu ?

- C’est encore trop tôt pour moi d’en parler, Antonin vous en dira plus quand il sera là.

Maurice prend son téléphone et se renseigne sur la prise en charge d’Antonin, visiblement stupéfié par ce qu’il apprend.

- Bien sûr que vous les amenez tous les deux !! Combien de temps encore pensez-vous avant d’arriver au bureau ?

- ……..

- Entendu !! Faites au plus vite !!

Maurice raccroche, il se retourne ensuite vers « Thomas ».

- Pourquoi ne pas nous avoir dit qu’il amenait Taha avec lui ?

- Parce que rien n’était sûr, nous avons eu quelques soucis avec le gouvernement du cru et il a fallu qu’un « ami très puissant » fasse en sorte que tout s’arrange, je n’ai pas été averti des résultats mais vous m’en voyez enchanter qu’il ait réussi !!

***/***

« Deux heures plus tard. »

L’arrivée d’Antonin accompagné du jeune Masaï, grand ami de Florian et de toute sa bande, est vécue avec un certain empressement pour ne pas dire un empressement certain à passer rapidement au vif du sujet.

Taha depuis son arrivée ne détache pas des yeux « Thomas », s’étonnant de le voir aussi rajeuni et même s’il en avait été averti par Antonin, le voir de près perturbe Taha qui reste toujours fortement impliqué dans ses croyances.

- (Maurice) Bien !! Nous voilà tous réunis, si nous passions au but de notre présence à tous ici ce matin ?

- (Antonin) Avant toute chose, il nous faut une réponse de votre part !! …Où est passé le corps de Florian ??

- (« Thomas ») Nous avons besoin de cette information capitale, ne dites surtout pas qu’il est enterré à Aix car nous savons que le cercueil est vide.

- (Philippe) Comment….

- Comme je l’ai dit tout à l’heure, nous avons un ami très puissant et qui de plus est entièrement dénué de scrupules, il nous a été certifié que la tombe ne contient qu’un cercueil vide !! Alors je repose la question, où est le corps de Florian ?? Vous comprenez bien l’importance de cette question ?

- (Maurice) Il est dans un lieu où nous pouvons l’étudier !!

- (Antonin) Bien !! Maintenant la question cruciale pour la suite, est-il toujours vivant ? Je parle du corps bien sûr car je sais très bien où se trouve son esprit !!

- (Frédéric) Vivant ?? Comment ça vivant ??

- (Antonin) Apparemment tu es le seul à ne pas être au courant, vu la tête que font les autres !!

- (Marcel) C’est exact, nous avons tenu cette information secrète pour ne pas créer une émeute auprès de la population !! Vous savez aussi bien que moi comment ils ont perçu le décès de celui qui a tant fait pour eux.

- (Frédéric) Mais !! Comment est-ce possible enfin ??

- (Marcel) Comme à chaque mort inexpliquée, nous procédons à une autopsie et vous vous doutez bien que vu l’importance de Florian, celle-ci était encore plus nécessaire que pour n’importe qui d’autre. Force a été de constater que son corps se régénérait et que malgré un encéphale en complète inactivité, son corps gardait toutes ses fonctions vitales et même plus puisqu’il apparaît depuis lors comme dans une santé exceptionnelle, sans qu’il soit besoin de le brancher à un quelconque appareillage de survie ni même à l’alimenter.

- (Frédéric) Hi ! Hi ! ... Excusez-moi, mais c’est nerveux !! Je pensais à mon plus jeune fils qui dirait que c’est certainement comme Blanche-Neige qui attend le baiser de son prince charmant pour revenir à la vie !!

- (Antonin) En fait l’image est bonne, je dirais que c’est un peu ça !!

Il prend son sac qu’il avait amené avec lui, l’ouvre et en sort une météorite de la taille d’un gros caillou, qu’il pose ensuite précautionneusement sur la table devant tout le monde.

- (Franck) Qu’est-ce que c’est ? Un caillou ?

- (Maurice) Une des entités de la clairière ? Où l’as-tu trouvé ? Je l’ai fait fouiller de fond en comble sans qu’on y trouve la moindre trace de leur existence ??

- (Antonin) Elles ont toujours été là pourtant, juste que vous ne les voyiez pas !!

- (Maurice) Est-elle …Habitée ??

- (Antonin) Bien sûr qu’elle l’est !! Et par la seule entité qui a vécu avec Florian jusqu’à ses dix-huit ans, celle que nous avons ramené avec Gauthier après qu’il ait pu migrer dans sa tête.

- (Maurice) Pourquoi l’avoir amené ici ?

- (Antonin) Pour s’assurer que le corps de cette réalité est bien celui de Florian.

- (Marcel) De qui d’autre pourrait-il venir ??

- (Antonin) Je me suis mal exprimé, je voulais dire le vrai corps de ce qu’est Florian !! Pas celui des réalités où ils meurent quand Florian meurt et que son étincelle d’esprit rejoint l’âme errante.

CHAPITRE 175 (Bégin) (Ailleurs) (Mercredi fin de matinée) (Explications)

- (Maurice) Tes explications sont encore plus incompréhensibles que tes premières paroles !!

- (Antonin) Ce que j’en sais me vient des entités suite à mon voyage en Afrique, c’est un récit qui pourrait sembler fantastique si nous n’étions pas déjà en pleine fiction !! Ce que j’en ai compris c’est qu’il y a environ mille ans, l’unique qui est le nom que donnent ces mêmes entités au dieu auxquelles ils croient et qui serait à leurs sens le créateur de tout ce qui existe dans l’univers, aurait toujours selon eux perdu son sens de la compassion universelle pour entrer dans la démence. Il aurait dans un dernier sursaut de bon sens, accepter d’être mis dans une sorte de quarantaine ou un truc dans le genre sur une multitude de planètes qu’il a créé à l’identique, situées toutes au même endroit et séparées seulement par un léger décalage de l’espace-temps, des univers parallèles en quelque sorte. Pour se faire un peuple entier a sacrifié son propre monde qui a volé en éclats pour que ces habitants après une évolution de l’espèce qui les avait faits déjà depuis des millénaires intégrer la masse rocheuse de la planète elle-même, soient éparpillés sur toutes ces réalités dans le but de surveiller l’arrivée de l’infime partie morcelée de l’esprit de l’unique qu’ils appellent l’étincelle de vie. Le but de tout ça étant de redonner ces valeurs perdues à leur dieu en lui faisant vivre et revivre à quasiment l’infinie la vie d’une personne normale, mais aussi d’écarter le plus possible de celles qui garderaient les traces de folies afin que l’âme errante qui n’est rien de plus que le regroupement progressif de ces parcelles d’esprit redevienne pure en réintégrant son corps d’origine une fois que toutes ces vies humaines qu’il devra vivre en rédemption de sa folie seront arrivées à leurs fins.

Antonin regarde son auditoire avec le sourire devant la façon qu’ils ont de dévorer ces paroles, il boit une gorgée du verre d’eau posé près de lui et poursuit ses explications.

- Vous avez je pense compris que cette âme errante est le Florian que nous avons connu, elle retrouve sa puissance au fur et à mesure qu’elle se renforce par toutes les parcelles d’esprit qui la rejoigne et c’est ce qui a occasionné ses « dons » qui sont apparus à notre Florian.

- (Frédéric) J’entends bien ton histoire, mais le « don » de guérir était déjà en lui à sa naissance ??

- Les entités ont d’abord pensé que c’était parce qu’une d’entre elle était entrée dans la tête du bébé, leurs capacités de soigner étant innées dans leurs gênes depuis des milliers de générations.

- (Franck) Et ce n’était pas le cas ?

- Maintenant ils pensent que non !! Du moins, pas dans cette réalité où nous sommes !!

- (Franck) Qu’est ce qui leur a fait changer d’avis ?

- Les souvenirs de Florian entre autres !! Il a bien été soigné dans beaucoup de ces réalités parallèles, mais pas dans toutes car dans celles où l’avion ne s’était pas scratché dans la jungle, la maladie inscrite dans les gênes du bébé s’est développée.

- (Philippe) La myopathie !! C’est bien de cette maladie qu’il est question ? Je me rappelle que tu m’en avais parlé à ton retour de l’autre réalité !! Que s’est-il passé pour les autres vies ??

- Ils ont soigné le bébé, mais après ça il pouvait être sujet à n’importe quels accidents ou maladies qui pouvaient être mortels pour lui !! Seul le corps de l’unique a cette propriété avec bien sur l’âme errante, qui comme les entités peut réparer à peu près tout sur un corps biologique grâce à la puissance de l’esprit.

- (Maurice) Cette âme errante ou l’unique comme ils l’appellent, serait donc Florian ? Le Florian que nous avons connu ?

- L’unique est en effet Florian mais l’âme errante n’est pas tout, il y a aussi le corps et seulement la réunion des deux lui fera revenir toute sa puissance ainsi que toute la mémoire de ce qu’il est.

- (Frédéric) Je ne comprends pas alors !! Pourquoi l’a-t-il quitté si c’est le bon ??

- D’après l’analyse des entités, il y aurait plusieurs raisons !! La plus importante étant que l’âme est encore trop incomplète pour avoir résisté à l’immense chagrin que Florian a eu en apprenant le décès de ses grands-parents et qui lui a fait renier cette réalité que vous connaissez tous, pour s’approprier bien involontairement un de ses corps mourants.

- (Maurice) Il y a d’autres raisons ?

- Une autre serait que la puissance des prières n’a pas encore atteint le stade ultime qui le fera redevenir entier, c’était la deuxième condition à son retour que les peuples aient oubliés la haine dans leurs cœurs que ces actes avaient engendrée avant sa mise en quarantaine.

- (Marcel) Le corps que nous détenons serait le sien alors, puisqu’il se répare tout seul ?

- C’est justement le but de cette réunion, nous devons nous en assurer !!

- (Philippe) Qu’arrivera-t-il ensuite, s’il s’avère que c’est bien le cas ?

- Nous pourrons alors tenter de le faire revenir avant qu’il n’y ait plus que celui-là et qu’il y revienne de façon naturelle, ce qui pourrait encore prendre une centaine d’années.

- (Philippe) Admettons que nous y arrivions, sera-t-il redevenu l’unique ou simplement le Florian amélioré des quelques souvenirs de vies qu’il aura grappillés en cours de route ??

- Il sera très certainement le même, mais avec d’autres « dons » et toujours d’après les entités, sa mémoire ne lui sera pas encore rendu de ce qu’il était avant.

- (Philippe) Pour quelle raison ?

- Parce que comme je l’ai dit tout à l’heure il n’est pas encore temps, les prières quoique de plus en plus ferventes n’ont apparemment pas encore atteint la force nécessaire pour qu’il reprenne sa place dans l’univers.

- (Marcel) Pffttt !!! Le pire c’est que nous prenons tout ça comme argent comptant !!

- (Benjamin) Ça expliquerait aussi pourquoi il n’a aucun souvenir de la vie qu’il a eu là d’où je viens !!

- L’étincelle de vie a sans doute été annihilée par les entités quand le bébé a été à leurs portées et qu’ils ont soigné son traumatisme, seulement le mal était déjà en lui et c’est pour ça qu’il a tant de difficultés maintenant à retrouver ceux qu’il aime dans ton ancienne réalité.

- (Frédéric) Il doit se sentir perdu !! Nous devons tout faire pour qu’il nous revienne, je le souhaite de toute mon âme pour que la joie regagne le cœur de toute ma famille.

- (Maurice) Comme c’est le cas pour nous tous et sans doute celui de tous ceux qui l’ont côtoyé de près ou de loin !!

Franck montre du doigt la météorite toujours posée sur la table.

- Nous entend-il ?

- Bien sûr, mais seul il n’a pas la puissance de vous répondre !! Tout juste pourrait-il vous envoyez des images dans votre sommeil.

- Comment saurons-nous alors si c’est le bon corps ?

- Nous le savons déjà après ce que vous venez de nous révéler.

- (Maurice) Pourquoi vouloir allez le voir alors ?

- (Taha) Notre dieu des pierres du ciel vous réserve une surprise ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 176 (Bégin) (Ailleurs) (Mercredi fin de matinée) (Réanimation)

- (Maurice) Une dernière question avant de nous rendre là où est le corps de Florian, pourquoi la présence de Taha est-elle nécessaire ? Je ne dis pas ça contre toi mon garçon, je suis au contraire heureux de te revoir crois le bien !!

- (Taha) Mon frère Akim est resté dans la clairière des dieux, je suis relié à lui de la même façon que la fois où j’ai connu Florian au cirque.

- (Maurice) Y a-t-il une raison spéciale à ça ?

- Nos dieux veulent savoir ce qu’il en est, ils sont aussi curieux que nous autres humains ! Hi ! Hi !

- (Maurice) Ils savent donc ?

- (Taha) Bien entendu et ils accélèrent la récolte de leurs frères !!

- (Philippe) La récolte ???

- (Taha) Ils approfondissent les recherches des autres dieux tombés loin d’eux cette nuit-là où mon père a trouvé le bébé, saviez-vous que mon peuple l’appelle toujours cheveux de feu ?

- (Philippe) J’ai toujours bien aimé ce terme ! Hi ! Hi !

- (Maurice) Bien !! Maintenant que nous connaissons tout ce qu’il y a à savoir pour le moment, je vous propose que nous nous rendions à Bégin pour connaître ce que cette entité nous réserve !!

***/***

« Une demi-heure plus tard, en route vers Bégin. »

Le véhicule à hydrogène comme seul ceux qui en sont équipés, peuvent depuis le nouveau décret mondial sur la préservation de la planète être autorisés à circuler dans les grandes villes à toutes heures de la journée, les amène vers leur destination dans un silence de cathédrale.

Benjamin comme à chaque fois qu’il s’en fait la réflexion, n’en revient toujours pas de cet air pur qu’il respire ici comme partout ailleurs et principalement dans cette ville débarrassée de ce dôme de pollution aux conséquences désastreuses sur la santé de ses habitants.

Il comprend ce que les bienfaits de Florian ont apporté au quotidien des habitants de ce monde, espérant juste qu’il ait le temps de faire de même dans celui d’où il vient et cela avant qu’il n’y retourne.

La ville est comme transformée, les murs partout où son regard se porte ont été nettoyés et repeints en lui donnant une fraîcheur et un charme fou qui amène cet air de sérénité épanouie aux gens qu’ils croisent.

Maurice voit bien où l’attention du jeune homme se porte et sourit en s’adressant à lui.

- C’est là un des derniers cadeaux de Florian avant qu’il ne nous quitte, tout comme l’immense fortune qui est la tienne suite à la fabrication et à la vente de tous ces médicaments miracles.

- Sais-tu ce que peut être ma plus grande tristesse ?

- Le fait de ne jamais plus le revoir quoi que tu fasses ?

- Exactement !! Thomas le suivra et je retrouverai ma famille, mais je ne reverrai jamais celui qui m’a sauvé de la vie végétative qui m’était destinée. Antonin l’a appris durant son bref séjour sur mon monde, il me l’a dit pour que je comprenne mieux ce qu’est Florian.

Un silence suit les dernières paroles du jeune homme, tous comprennent bien ce qu’il ressent et ne trouvent pas les mots qui de toute façon seront toujours insuffisant, pour le soulager de la peine qu’il éprouve.

Ce n’est qu’à l’approche de Saint Mandé où se trouve la caserne hôpital, que leurs esprits se libèrent de cette oppression compatissante et qu’ils retrouvent cet allant de curiosité pour ce qui les attend.

Le premier véhicule avec le général à l’intérieur permet de ne pas perdre de temps avec le planton de garde, celui-ci saluant en reconnaissant son supérieur et s’empressant ensuite d’ouvrir la barrière, non sans regarder avec curiosité qui sont ces personnes non annoncées arrivant à cette heure.

Ce n’est que quelques minutes plus tard de marche à pied qu’ils s’arrêtent devant la porte d’une chambre, prenant le temps de mettre des vêtements appropriés pour pénétrer dans cette pièce visiblement aseptisée et d’une blancheur à en faire mal aux yeux, où seul un grand lit occupé d’une silhouette menue que tous reconnaissent comme celui qui chaque jour qui passe leur rappelle le chagrin qu’ils ressentent du manque de sa présence et de sa joie de vivre.

Antonin s’approche du lit en tenant la météorite d’une main tremblante et la dépose avec douceur sur le front du jeune rouquin dont il est toujours follement épris, semblant seulement endormi.

« Thomas » regarde Frédéric, visiblement amusé.

- Voilà ton prince charmant, Blanche-Neige ne devrait pas tarder à s’éveiller !!

Une lueur brève et bleutée apparaît et disparaît tout aussi rapidement, suivie presque immédiatement d’une crispation du visage de Florian.

L’étonnement de tous est à son comble quand les yeux s’ouvrent et parcourent la pièce avec avidité, en s’arrêtant sur chacun des hommes présents.

- Je retrouve bien là le corps du jeune humain avec qui j’ai cohabité !!

D’entendre cette voix grave à l’opposé de celle de leurs souvenirs, fait sursauter le groupe stupéfié malgré tout de l’entendre parler.

- (Philippe) Êtes-vous l’entité qu’a apportée Taha ?

- Qui d’autre humain, pourrais-je être ??

- (Philippe) Je reconnais que ma question peut paraître stupide, mais c’est tellement inattendu !! Est-ce bien le corps que vous recherchiez ??

- Je vous ai connu beaucoup plus vif d’esprit, humain !! Ce ne pouvait pas être autrement après ce que nous en savions déjà, ce corps est celui immortel du seul dieu vivant, il a été créé au commencement de tout pour que l’unique puisse communiquer et s’imprégner de la nature de ses créations, il n’a pas toujours eu cette forme humaine mais a connu celle de tout ce qui vit et pense dans l’univers.

- (Marcel) Comment ça !! Je ne comprends pas ??

- Ce n’est que le jour où il créa notre système planétaire et que quelques dizaines de milliers d’années plus tard, il revint vers nous pour voir comment nous avions évolué. Il a pris alors l’apparence qui était la nôtre pour vivre quelques temps au sein de notre peuple, comme il aimait le faire partout où la pensée intelligente prédominait sur une planète.

- (Philippe) Mais à ce que j’en ai retenu, c’était il y a fort longtemps ?? Pourquoi a-t-il gardé cette forme alors que votre peuple n’existait plus ?? N’a-t-il jamais cherché à se replonger dans d’autres races plus jeunes ??

CHAPITRE 177 (Bégin) (Ailleurs) (Mercredi fin de matinée) (Réanimation) (fin)

- C’est là qu’il a connu celui qui sera son unique amour !! Le premier des élus !!

- (Frédéric) Thomas !!!

- Nous l’appelons Thomasss, mais c’est bien la même personne et il est l’un des seuls parmi vous tous sur ce monde, qui soit celui des origines !! Vous autres ayant été recréés à l’image de nos lointains ancêtres pour que l’unique revive ces jours qui pour lui ont été suffisamment merveilleux qu’il n’éprouve plus le besoin de modifier cette enveloppe que j’habite actuellement.

- (Frédéric) Est-ce que mes fils font partie de ces élus ??

- Comment pourrait-il en être autrement, ainsi que pour vous tous dans cette pièce !!

- (Maurice) Qu’allons-nous devenir après toute cette histoire ?

- Je ne comprends pas le sens de cette question ??

- Disparaîtrons-nous de la même façon que nous avons été créés ?

- Ce monde est bien réel rassurez-vous !! Vous continuerez à vivre et à évoluer pour un jour devenir un membre à part entière de l’empire, quand vos connaissances seront suffisantes pour conquérir l’espace !!

- (Antoine) Ce n’est pas pour demain !!

- En effet !!

Un assez long silence suit ces dernières paroles, chacun faisant la synthèse de ce qu’il vient d’apprendre pour en comprendre ou du moins tenter de le faire, le sens réel.

- (Benjamin) Qu’allons-nous faire maintenant ??

- Nous devons ramener ce corps là où sont mes frères !!

- (Maurice) Et ensuite ??

- Préparer le retour de l’unique !!

- (Philippe) Comment comptez-vous vous y prendre ??

- Nous allons faire en sorte que l’âme errante fasse également le même déplacement en contactant nos frères dès que nous aurons la puissance nécessaire pour le faire !!

- (Philippe) C’est possible ??

- Nous trouverons le moyen pour que ce le soit !!

- (Frédéric) Et après ?? En admettant que vous y parveniez ??

- Nous devrons très certainement faire mourir le corps qu’il utilise et ensuite lui indiquer la voie pour qu’il retrouve celui qui est le sien !! Ensuite ce sera à vous de faire en sorte qu’il puisse reprendre le cours de sa vie en attendant qu’il retrouve la mémoire de ce qu’il est !!

- (Maurice) Après l’annonce de sa mort !! Ce ne va pas être une chose facile, vous vous rendez compte du bouleversement qui s’en suivra ?? Ce garçon a bouleversé le monde entier par sa disparition et il faudrait que nous le sortions à nouveau de notre chapeau comme si de rien était ??

- C’est parce que vous n’avez pas ressenti les changements comme nous pouvons le faire !!

- (Maurice) Les changements ?? Quels changements ??

- Certaines choses doivent garder leurs secrets, vous n’êtes pas encore prêts à les entendre aussi je m’en garderais bien !! La décision sera la sienne et rien n’y pourra changer si c’est contre sa volonté, peut-être qu’il voudra tout simplement poursuivre l’histoire comme elle est actuellement vécue ou peut-être pas !!

- (Frédéric) Tout ce qui m’importe est de retrouver celui qui pour moi est considéré comme un fils, qu’importe le moyen pour y arriver !!

- (Maurice) Nous devrons vous cacher pendant tout ce temps qu’il nous faudra pour organiser votre voyage de retour, en attendant le mieux serait peut-être de rester dans cette pièce vous ne pensez pas ??

- Pas nécessairement humains, vous oubliez déjà les explications qui vous ont été fournis !!

Philippe réfléchit rapidement sur ce qu’ils ont appris et qui a amené ces paroles à l’entité habitant le corps de Florian, une lueur de compréhension lui vient alors et qu’il exprime à haute voix en prenant le risque de se faire moquer de lui.

- Vous pouvez changer d’apparence ??

Le visage du jeune rouquin s’illumine d’un sourire quand il répond.

- Votre esprit est particulièrement perspicace humain !! Je peux en effet modifier provisoirement l’apparence de ce corps, seulement je ne peux utiliser qu’une de celles qui étaient les siennes avant celle-ci et que cette enveloppe a gardé en mémoire.

- (Antonin) Pas un petit bonhomme vert quand même ! Hi ! Hi ! Pour le coup les amerloques vont penser que vous vous êtes échappé de la zone cinquante et un !!

- Comme je vous l’ai dit, l’unique a pris l’apparence d’innombrables créations avant de décider de conserver définitivement celle-ci et la plus crédible pour vous est encore celle que je vais vous montrez !!

Le corps de Florian devient alors comme flouté, le temps de la transformation qui se fait sous les regards consternés et ahuris de ceux qui sont présents à y assister.

L’homme qui se relève alors ne ressemble plus en rien au jeune rouquin, mais plutôt à un très vieux monsieur de type incontestablement asiatique avec la moustache et le bouc tressés lui tombant sur la poitrine, le regard du même vert émeraude que celui qu’ils connaissent tous.

Le vieil homme sourit devant les visages stupéfiés qui le fixent bouche bée, c’est Philippe qui le premier reprend le contrôle de la parole.

- Florian a vraiment eu cette apparence ??

- C’est comme ça qu’il est apparu aux premiers humains de sa création et aussi il y a très longtemps aux yeux de votre monde.

- Izanagi !!

L’entité hoche la tête en souriant.

- Vous êtes décidemment très perspicace !!

CHAPITRE 178 (Camping de la dune) (Mercredi après-midi) (Nostalgie)

Je suis une nouvelle fois seul en haut de la dune à réfléchir sur tout ce qu’il m’arrive depuis ma sortie du coma, mes conversations avec Thomas me reviennent et me confortent dans mon envie de retrouver ce monde qui pour moi est le seul où je me sois senti vraiment bien.

Je me demande si je dois poursuivre la recherche de ceux que j’aime, en sachant qu’ils ne seraient forcément pas comme ce que j’attends d’eux et rien qu’à cette idée mes poils se dressent sur mes bras, pensant surtout à la fratrie Viala et aux affres que je pourrais ressentir si leurs amitiés n’étaient plus la même envers moi.

C’est là que je prends conscience qu’il me serait insupportable, que ce soit Aurélien, Guillaume, mais aussi et surtout Damien, qui ne m’accepte pas comme les frères qu’ils sont pour moi tous les trois, c’est d’ailleurs en y réfléchissant bien la raison primordiale qui me fait toujours reporter le jour de cette rencontre.

Je repasse dans ma tête et pour moi seul, tous ces merveilleux instants que nous avons partagés pendant ces deux années passées ensemble, les larmes venant brouiller ma vue d’un commencement de désespoir à ne jamais en revivre d’autres avec eux.

Les farces que nous organisions avec Guillaume, les rigolades monstres devant l’éternel comportement babacool d’Aurélien et surtout cette complicité de chaque instant avec mon « Dami », celui pour qui maintenant que j’y pense me fait éclater en sanglots d’un manque viscéral d’affectif fraternel.

Il me faut un long moment avant de reprendre le dessus sur ce début de dépression, qui si je le laisse gagner du terrain va finir par me pourrir la vie.

J’y arrive enfin en reniflant très fort et en essuyant mon visage d’un revers de mon bras, reprenant ma contemplation de l’océan qui finit par me calmer et surtout réussit à me faire retrouver le sourire, conscient qu’il ne sert à rien de se lamenter sur quelque chose que je ne contrôle pas.

Je me remémore ce que j’ai réussi ici depuis mon éveil dans ce corps, comme changer le passé pour éviter le décès de Mathis ou encore d’Erwan et réparer tant que possible ce que l’autre avait cassé avec un plaisir maléfique que je n’arrive encore pas à comprendre, comme ci il avait en lui tout ce qui pouvait être le plus horrible dans un esprit humain.

D’ailleurs pourquoi ne me rappelais-je de rien de cette vie de brutalité gratuite, de drogue et de luxure, alors que des souvenirs d’autres moi arrivent encore et toujours plus nombreuses, au point d’amener ces migraines qui deviennent de plus en plus insupportables.

C’est comme si mon esprit n’avait plus la capacité d’engranger toutes ces vies qui entrent en moi, sans que j’en connaisse ni le pourquoi ni le comment et encore moins la raison de cet afflux maintenant quasi permanent qui va finir par me rendre malade.

Peut-être que ce corps n’est plus capable d’en emmagasiner autant et qu’il va finir par exploser telle une cocotte-minute à la soupape de décompression bouchée, cette image amène en moi une crainte que ce soit bien là ce qu’il risque de m’arriver et une peur insidieuse commence à me prendre, me faisant trembler d’appréhension sur un futur proche où je pourrais en devenir fou à force de douleurs mentales.

Je ne sais pas si c’est le fait de penser à ça ou pas, mais une douleur fulgurante me traverse le cerveau et la tête brusquement me tourne, pour finir par ne plus voir qu’un grand vide noir….

***/***

« Bip ! Bip ! Bip ! »

Mes yeux s’ouvrent, agacés d’entendre encore et toujours ce son lancinant qui ne m’apporte que des changements radicaux dans ma vie, une fois encore mon regard se porte sur une pièce blanche d’hôpital où je me retrouve encore une nouvelle fois relié à toutes sortes d’instruments.

Mon cœur se serre de terreur et d’appréhension de me retrouver dans une autre réalité et de devoir encore tout recommencer d’une nouvelle expérience de vie que je vais prendre comme un train en marche, ma main tâtonne terrifier à la recherche de la poire d’appel d’urgence qu’elle finit par trouver et que j’actionne avec fébrilité, attendant ensuite que quelqu’un réponde à cet appel.

Des pas précipités se font entendre dans le couloir, suivit d’une brève conversation à voix basse avant que ma porte ne s’ouvre et qu’une jeune femme apparaisse visiblement soucieuse, retrouvant néanmoins rapidement le sourire en constatant que je semble aller bien.

- Et bien jeune homme, vous voilà revenu parmi nous ? Je connais quelques personnes qui vont être content de l’apprendre !!

CHAPITRE 179 (CHU de Bordeaux) (Vendredi matin)

« Bureau du directeur. »

- Ça semble avoir fonctionné encore cette fois, mais ça a été beaucoup plus long que la fois précédente et je ne sais vraiment pas combien de temps la rémission durera avant que ça ne le reprenne !!

L’homme qui vient de parler est le même chirurgien qui a eu à faire avec Florian lors de son précédent évanouissement et que Maurice a fait venir en urgence à Bordeaux dès que Thomas l’a appelé, complètement paniqué en retrouvant son chéri inanimé sur la dune, le corps recouvert d’une transpiration malsaine qui lui a donné la peur de sa vie de perdre encore une fois celui qu’il aime.

Le directeur du CHU est là également, ainsi que Maurice et Philippe, qui lui aussi est accouru dès qu’il a appris la nouvelle.

- (Le directeur) Je ne connaissais pas cette posologie consistant à injecter du venin d’abeilles pour ce genre de pathologie pour le moins surprenante !!

- (Maurice) Hélas pour vous, il n’est pas dans mon intention de vous en révéler plus que le stricte nécessaire !!

Le directeur se tourne vers le chirurgien.

- A combien de pourcentage de conscience dites-vous que son cerveau aurait atteint ?? Le chiffre qui m’a été donné me parait inconcevable !!

- Quatre-vingt-dix-huit pour cent monsieur !! Il est redescendu autour des soixante-dix pour cent après l’injection, c’est encore beaucoup trop et je ne sais absolument pas quoi faire pour le ralentir à une mesure plus raisonnable et comme je vous le disais plus tôt, il serait étonnant qu’il s’en sorte à la prochaine alerte de ce genre !!

- (Maurice) Qu’arrivera-t-il si c’était le cas ?

- (Le chirurgien) Comment voulez-vous que je le sache ? Ce qui arrive à ce garçon ne s’est jamais présenté jusqu’à présent, au mieux il pourrait entrer en coma prolongé et au pire il pourrait en mourir !!

- (Philippe) Peut être que nous devrions revoir toutes ces mesures, qui sait si elles n’ont pas baissé depuis avant-hier soir ??

Le directeur active un lien sur son pc, pendant qu’il reprend la parole pour lui répondre.

- Nous l’avons laissé connecté, je vais vous dire ça tout de suite !! …Mon dieu !!

- (Maurice livide) Quoi ???

- Il vient de se réveiller, ses constantes indiquent qu’il est sorti de son coma !!

Il termine à peine sa phrase que la sonnerie de son téléphone résonne dans la pièce.

- Allo !! Oui !!!

- ….

- Je viens de m’en apercevoir, je vous remercie mademoiselle !!

- ….

- Nous arrivons, prévenez ce jeune homme que ses amis sont là !!

- ….

Le directeur jette un œil sur ses visiteurs en raccrochant le combiné et se lève avec un signe de la main vers eux leur indiquant la sortie.

- Allons-y !! Suivez-moi !!

***/***

« Chambre de Florian, quelques minutes plus tôt. »

L’infirmière s’approche de moi avec son magnifique sourire qui me fait chaud au cœur, même si je ne sais toujours pas où je suis et surtout dans quelle réalité, je lui pose donc indirectement la question.

- Où sommes-nous ? Que m’est-il arrivé ??

- Vous êtes depuis avant-hier soir au Chu de Bordeaux, vos amis vous ont trouvé inanimé sur votre lieu de vacances !!

- Quel jour sommes-nous ? Vendredi ?

- C’est exact !! C’est très bien d’avoir pu faire le calcul aussi rapidement, ça prouverait que votre cerveau n’a pas été atteint lors de votre coma !!

- Qu’est-ce que j’ai au juste ??

- Pour ça il faudra voir avec le chirurgien qui s’occupe de vous, il est venu d’Aix en Provence à la demande expresse de vos parents.

- Mes parents ??

- L’homme qui s’est présenté nous a dit être de votre famille alors j’ai pensé que…. Mais attendez !! Je vais prévenir le directeur que vous venez de reprendre conscience, il me semble qu’ils sont eux aussi présent ce matin !!

***/***

« Retour au présent. »

Maurice accompagné des trois hommes présents avec lui dans le bureau, traverse un long couloir au pas de charge et est trop inquiet de ce qu’il vient d’apprendre pour pouvoir desserrer les dents et répondre à la question que lui pose en boucle Philippe depuis qu’ils ont quittés l’aile administrative de l’hôpital.

- Tu y comprends quelque chose à ce qui lui arrive ??

- Non !! Et c’est justement ce qui me dérange le plus, ça ne correspond pas à l’idée que je commençais à me faire sur ce qu’il pourrait être !!

- Je repars à Paris sitôt que je l’aurai vu, j’attends des nouvelles d’Afrique et peut-être que j’en saurai plus, je te tiendrai au courant t’inquiète !!

CHAPITRE 180 (Bureau de la DST, Paris) (Vendredi soir) (L’entité)

« Plus tard dans la soirée. »

De retour à son bureau situé à Paris, Maurice est quelque peu rassuré sur l’état de santé de Florian et cherche à comprendre ce qui a bien pu lui arriver, sans bien sûr trouver une quelconque réponse suffisamment satisfaisante à son goût.

S’il est encore au siège de la DST à cette heure tardive, c’est juste parce qu’il attend son équipe de retour d’Afrique accompagnée du jeune Masaï du nom de Taha et ça pour deux raisons dont la première sera de l’héberger chez lui pendant son séjour Parisien, la seconde étant bien sûr de connaître ce qu’il a à révéler de si urgent à Florian.

Les rapports rédigés par son équipe et qu’il a étalés sur son sous-main sont suffisamment explosifs, pour qu’il les ait lus plusieurs fois au point de les connaître quasiment par cœur.

Des météorites ayant une conscience et qui recherchent une âme errante, sont ce qu’il pourrait appeler un délire purement fantaisiste s’il n’y avait pas eu auparavant toutes ces choses plus ou moins surnaturelles et ce depuis qu’il connaît un certain petit rouquin auquel il s’est attaché comme à un fils, fils qu’il lui a d’ailleurs rendu et qui depuis lors, lui fait lui vouer une reconnaissance éternelle.

Maurice en est donc là dans ses pensées quand un bref coup à sa porte de bureau, lui fait lever les yeux vers celle-ci et répondre d’un ton marquant l’impatience qui le tenaille depuis qu’il attend leur venue.

« Toc !! »

- Oui !! Entrez !!

Camille accompagnée de son collègue et ami Patrice ainsi que du jeune Taha tout timide, entrent dans le bureau d’un pas assuré et une fois la porte refermée derrière eux, elle entame aussitôt les présentations.

- Patron !! Voici Taha le fils d’Okoumé, il est investi d’une mission qui affirme-t-il ne doit plus attendre plus longtemps !!

- (Maurice) Et bien parle mon garçon, je sais que tu connais très bien notre langue et que tu t’y exprimes naturellement.

- (Taha) C’est grâce au vieux père blanc du dispensaire.

- J’ai en effet entendu beaucoup de bien de cet homme, le père Antoine si je ne m’abuse ?

- (Taha) C’est exact !!

Maurice lui montre les papiers étalés sur son bureau.

- Ceci est le rapport de mes agents sur les quelques semaines passées en Afrique à te retrouver et à organiser ton départ, il y est dit qu’une « entité » ou quel que soit son nom aurait investi ton esprit pour t’accompagner !! Confirmes-tu se fait ??

- J’ai bien un des dieux des pierres du ciel dans ma tête monsieur !!

- C’est donc comme ça que tu les appelles ??

- Ils ne nous ont pas donné d’autres noms !!

- Je comprends !! …Bien !! Que veut donc ce…. « Dieu » exactement !!

- Parler au garçon qui a des cheveux de feu !!

- Peut-être pourrait-il avant ça me donner le but réel de cette rencontre qu’il souhaite avoir avec ce jeune garçon ?

Taha reste un moment comme déconnecté du présent, entrant en contact avec son jeune frère pour faire la liaison avec les dieux des pierres et celui qui est en lui.

- Le but n’est que de vérifier qu’il est bien une émanation recevable de ce pourquoi nous sommes missionnés sur cette planète primitive, humain !!

Maurice sursaute d’entendre de tels propos.

- C’est l’entité qui me parle ?

- Non, c’est toujours moi mais je ne fais que répéter mots pour mots ce qu’il me dit par la liaison qui me relit à mon jeune frère Akim !!

- Recevable ?? Pouvez-vous m’expliquer ce que vous entendez par là ??

- Ce serait bien trop long.

- (Maurice) Il faudra bien pourtant nous révéler ce que vous savez sur Florian !! Comprenez qu’il est hors de question que j’accède à votre demande sans en connaitre le but exact, Florian est sous la protection de mon pays et nous ne saurions le laisser approcher par quelqu’un ou.... Quelque chose, qui le demanderait sans en connaitre ses motivations !! De plus en prétendant venir de l’espace et se faisant passer pour des dieux à des peuplades non civilisées….

- Que vous faudrait-il pour croire à mes paroles, humain ??

- Figurez-vous qu’heureusement Florian nous avait déjà parlé de votre existence dans une réalité qu’il aurait vécu et garder en souvenir, je suis donc convaincu de votre bonne fois !! Juste que je n’arrive pas à comprendre quelle importance pour vous il y a de le rencontrer et je ne vous amènerai pas à lui tant que je n’aurais pas de réponse, de plus sa santé actuelle nous préoccupe et il n’est pas en état de recevoir des visites pour le moment.

- (L’entité) Son état de santé dites-vous ?? Mais c’est impossible voyons !! Son corps ne peut subir aucun traumatisme physique quand l’âme errante est en lui, nous nous serions donc trompés et il ne serait que celui que nous avons soigné en ôtant l’étincelle de vie malfaisante qui était en lui ?? Pourtant les reflux du continuum… ??

Maurice ne retient qu’une chose ayant une importance significative pour lui dans tout ce verbiage décousu de sens, c’est qu’ils ont la possibilité de guérir Florian puisqu’il vient d’affirmer l’avoir déjà fait et Maurice se rappelle bien en quelle circonstance puisque le rapport sur la guérison miraculeuse du bébé que Florian a été, est en sa possession.

- Pourriez-vous le guérir à nouveau ??

- Ça me parait impossible, humain !!

- Comment ça impossible ?? Vous avez dit vous-même l’avoir déjà fait ??

- Pour ça il faudrait que vous m’autorisiez à entrer en contact avec lui et il me semblait bien que vous vous y refusiez !!

CHAPITRE 181 (Bureau de la DST, Paris) (Vendredi soir) (L’entité) (suite)

Maurice est visiblement pris de court par la réponse marquée d’un certain humour, maintenant sa décision est vite prise et la santé du jeune rouquin primant avant tout, il fait signe aux deux membres de son équipe de le suivre pendant que Taha semble obnubilé par tout ce qu’il découvre dans son bureau.

- Vous en pensez quoi ?

- (Patrice) Je serai amené à lui faire confiance, après tout ce que j’ai pu voir là-bas !!

- (Camille) Pareil pour moi patron !!

- Bien !! Dans ce cas qu’attendons-nous pour l’emmener à Bordeaux voir Florian !!

- (Patrice) Bien patron !! Nous nous en chargeons de suite !!

- (Maurice) Peut être souhaiteriez-vous que d’autres s’en occupent ? Vous méritez bien quelques jours de repos après cette mission !!

- (Camille) Et rater l’occasion de rencontrer celui qui prétend être notre ami ?? Vous n’y pensez pas patron !! Après tout ce que nous avons entendu sur lui, ou sur ce qu’il pourrait être ??

- (Maurice) Je comprends bien votre impatience, moi-même ne ratant jamais une occasion pour être en sa compagnie !!

***/***

« Samedi matin, CHU de Bordeaux. »

Mon mal de tête semble avoir disparu, pour le moment tout du moins et c’est donc avec le sourire que j’ouvre les yeux ce matin-là, en me disant que je vais très certainement bientôt pouvoir retrouver mes amis.

J’entends des pas dans le couloir qui s’arrêtent devant ma porte, suivi de paroles voulant se faire discrètes mais que je comprends parfaitement.

- Il faut que j’entre seul !!

- Il n’en est pas question !! Nos ordres sont très clairs à ce sujet, nous devons pouvoir rendre compte de tout ce qu’il se passera entre toi et le garçon !!

- Entendu humains !! Mais surtout ne dites rien et laissez-moi faire !!

***/***

Je reconnais parfaitement les voix des personnes derrière la porte, de plus la dernière phrase prononcée par Taha me fait comprendre qu’il est une nouvelle fois habité par une des entités de la clairière.

J’en profite alors pour envoyer mon esprit dans celui qui vampirise le jeune Masaï par sa présence, je cherche à connaître ses véritables intentions et je reste un moment scotché par ce que je peux y lire, la pensée de l’entité étant obnubilée au sujet d’une âme errante qui pourrait avoir pris possession de ce corps dans lequel je suis.

Je frissonne d’appréhension quand je comprends le but réel de sa présence ici et des actions qu’il a l’intention de mener envers moi au cas où il s’avérerait que ses craintes soient fondées.

L’entité ressent ma présence dans son esprit, ce qui le conforte dans ce qu’il cherchait à apprendre en faisant ce long voyage et ne voulant pas que je poursuive mon introspection mentale, prend la seule décision qu’il lui reste encore pour garder pour lui le secret qu’il n’est pas encore temps de dévoiler.

Un vide soudain me fait revenir dans mon corps, comme projeter en dehors de Taha par une force phénoménale qui me laisse un instant sous le choc.

Une forte exclamation vient alors depuis le couloir de ma chambre.

- Tu ne te sens pas bien mon garçon ??

- J’ai…. J’ai perdu…. J’ai perdu le contact avec mon frère !!!

***/***

« Dans la clairière des pierres. »

Akim sent lui aussi le contact se couper brusquement d’avec son frère, il s’en inquiète fortement en se tournant vers l’amas de météorites qui abrite les dieux et ne peut que constater une agitation inhabituelle dans la surbrillance de la brume bleutée qui les entourent.

***/***

« Conversation mentale entre les entités. »

- Notre frère s’est sacrifié !!

- Il connaissait le risque !!

- L’âme errante est devenue très puissante !!

- Nous savons à quoi nous en tenir maintenant, il doit encore ignorer qui il est !!

- Peut-être est-il déjà trop tard ?? Qu’a-t-il pu lire dans l’esprit de notre frère avant que celui-ci s’en rende compte ??

- Quelque chose d’anormal s’est passé qui n’aurait pas dû être !!

- Comment avoir la connaissance maintenant que notre frère n’est plus ??

- N’en savons-nous pas déjà suffisamment pour faire une analyse cohérente ??

- Qu’avons-nous appris !!

- L’âme errante est puissante mais le corps semble trop faible, à ce stade elle devrait pourtant avoir intégrer son corps immortel pour se reconstituer et bientôt retrouver sa véritable identité, quelque chose qui n’aurait pas dû arriver s’est passée !!

- A nous d’essayer de comprendre mes frères !!

- Nous devons communiquer avec nos autres frères, il est temps d’interrompre le silence que nous nous sommes jadis imposés.

- En mesures-tu les conséquences si l’empire capte les signaux, c’est beaucoup trop tôt pour ça !!

- Avons-nous d’autres choix mes frères ??

- Il en reste un !! Nous n’aurons même pas à intervenir !!

- Parle mon frère !!

- Ce corps va mourir, quelque chose encore inexplicable a fait que l’âme errante y soit entrée et s’en est emparée, les pensées de l’unique vont très vite saturer le cerveau du corps qu’il a créé à son image !! C’est d’ailleurs ce qui vient de commencer il me semble ?? Ses maux de tête en sont une preuve flagrante car même lui ne pourra rien y changer, le cerveau humain ne peut supporter le savoir et les souvenirs du seul dieu vivant, il n’a pas été conçu pour ça !! Rien ne pourra jamais être conçu pour ça à part bien sur l’enveloppe créée par l’unique à cette intention et qui lui sert à être au plus près de ses créations.

- Pourrons-nous accepter de ne rien faire, pensez mes frères aux souffrances de tous ces corps encore en vie qui le recevront de plus en plus puissant à chaque étincelle de vie qui rajoutera ses souvenirs à ceux qui déjà sont beaucoup trop nombreux ?? Nous devons stopper ce cycle infernal !!

CHAPITRE 182 (CHU de Bordeaux) (Vendredi soir) (Une idée qui fait son chemin)

« CHU de Bordeaux, chambre de Florian. »

Taha tout comme Camille et Patrice viennent de partir, j’ai été vraiment heureux de les revoir même si encore une fois pour eux je ne suis qu’un étranger.

La perte du contact avec son jeune frère a bien sûr mis Taha dans tous ses états et je n’ai rien pu en tirer de plus que ce que j’avais déjà lu dans les pensées de l’entité.

Bizarrement je semble me détacher de plus en plus de cette réalité, comme si j’avais enfin pris le parti de ne plus essayer de revivre à tout prix ce que j’avais connu dans celle qui a fait pendant presque dix-huit ans mon bonheur le plus complet.

La preuve en est que je n’ai pas cherché à renouer, que ce soit avec le jeune Masaï, qu’avec Camille ou encore Patrice, en les laissant quitter la chambre sans rien dire alors qu’il y a peu j’aurais tout fait pour redevenir leur ami.

J’ai enfin compris je pense que si je dois rester ici, ce sera uniquement avec les personnes qui croiseront mon chemin que je devrais me lier et non plus en cherchant à recréer des liens d’un autre temps, ce qui hélas a été perdu pour toujours ne saurait se répéter indéfiniment.

J’ai déjà eu la chance d’avoir retrouvé quasiment ceux qui m’étaient les plus proches, même si quelques différences dans la formation des couples m’ont surpris.

Ayant bien compris que Mathis, Léa et Chloé sont véritablement amoureux, il me paraît évident qu’ils ne vivront pas avec la fratrie Viala ce bonheur d’être ensemble que je leur ai connu mais qu’ils en connaîtront un autre tout aussi fort avec leur chéri respectif.

La profonde nostalgie de Thomas de son ancienne vie me devient alors plus compréhensible car elle est aussi devenue mienne, me sentant de moins en moins à ma place dans ce monde et qui plus est cette impression est fortement renforcée depuis que je prends conscience de la fragilité inhabituelle de mon corps.

Je n’ai aucun souvenir d’avoir subi autant de souffrances, que celles de ces maux de têtes qui me prennent de plus en plus fréquemment et qui me laissent à chaque fois un peu plus fragile, alors que pourtant de nouveaux « dons » apparaissent.

Je me demande s’il n’y a pas cause à effet et si ce qui me renforce d’un côté d’une certaine façon, n’est pas justement ce qui m’affaiblit de l’autre.

Il faut que j’en sache plus sur cette âme errante qui obnubilait tant l’esprit de l’entité, j’ai bien compris qu’il pensait que je pouvais être cette chose et que cette seule pensée le troublait, pour ne pas dire l’effrayait à l’idée qu’elle ou plutôt que je puisse avoir intégré un corps qui ne me correspondait pas.

J’essaie de rassembler le puzzle en assemblant toutes les données que j’ai pu récolter jusque-là, je finis par lâcher l’affaire en soupirant de frustration avant que tout ça ne finisse par me redonner mal au crâne.

La pensée de Thomas devient plus présente et me redonne le sourire, comprenant que lui aussi s’inquiète pour moi et cherche à me redonner le moral que lui-même a bien du mal à conserver.

- Essaie de dormir mon amour !! Demain Patrice te ramènera au camping et je pourrais te serrer dans mes bras !!

- Jusqu’à la prochaine crise !!

- Ne pense pas à ça !! Tout le monde ici s’inquiète sur ce qui t’arrive, ils ne comprennent pas et du coup je ne te raconte pas l’ambiance, te revoir demain avec nous devrait leur faire retrouver le sourire.

- J’ai tellement hâte de vous retrouver tous et que tu me prennes dans tes bras…. Antonin me manque tu sais ?

- A moi aussi !!

- Tu as compris que je ne parlais pas de celui qui est ici pas vrai ?

- Nous parlons bien du même !! Tu crois qu’on pourrait le faire revenir ? Même si ce n’est que pour quelques heures ? Nous pourrions faire l’amour tous les trois et avoir des nouvelles de là-bas ? Savoir comment mes parents ont réagi à ma disparition ?

- Je sais qu’ils te manquent !!

- Tu voudrais bien essayer ?

- Bien sûr !! J’en ai autant envie que toi, il faudra qu’Antonin soit là également pour que ça fonctionne car il faut que vous soyez tous les deux pour y arriver !! Il y a un risque pour que je te perde, tu le sais !!

- J’ai confiance en toi, je suis certain que tu sauras me retenir !! La première fois tu as été surpris, cette fois ci tu sauras mettre la puissance de ton esprit pour que ça n’arrive pas.

J’hésite longuement, sentant mes larmes couler d’une détresse que je n’arrive soudain plus à juguler.

- J’ai peur de prendre ce risque !! J’ai peur de te perdre une fois encore, je t’aime tellement fort !!

- Calme-toi mon amour !! Au pire ce ne sera que pour quelques heures !!

- Comment ça ??

- Si ça marche deux fois alors pourquoi pas trois ?? Il te suffira de recommencer le processus pour que je revienne !!

- Tu vois ça à ta fenêtre toi ?? Je ne sais même pas si ce que j’ai mis dans la tête des Antonin peut encore se produire, ni comment ça se déclenche.

- Tu veux terminer ta vie ici ?

- Bien sûr que non !! J’ai compris que ce n’était pas là ma place.

- Alors nous devons essayer de comprendre, de trouver un moyen pour retourner tous les deux là-bas et la meilleure façon de le faire, c’est encore de tenter le coup pour comprendre comment ça fonctionne.

- Tu oublies juste une chose qui me parait essentielle ??

- Dis-moi ??

- Il faudrait qu’il y ait un autre moi pour le transfert et je te signale en passant que d’où nous venons, je suis censé être mort !!

CHAPITRE 183 (Ailleurs) (Camping de la dune) (Samedi matin) (Un bien étrange personnage)

Jean regarde son fils qui cet été encore l’aide à tenir les rênes du camping, son visage toujours aussi marqué par la perte de son ami Florian et aussi bien Raphaël, qu’Éric, qui ne se quittent pour ainsi dire jamais, font de gros efforts pour contrer la dépression qui les mine.

Ils doivent reprendre le matin même le chemin de retour pour Aix en Provence, pour une semaine où les parents d’Éric tenaient à les avoir un peu pour eux avant qu’ils reprennent le travail et que les deux amoureux reviennent ensuite terminer la saison au camping.

La joie de vivre qu’ils avaient tous connue est maintenant une chose du passé et rien, pas même l’aisance financière conséquente pourtant que leur a léguée Florian, n’arrive à leur faire reprendre le dessus sur l’immense perte affective qu’ils éprouvent tous.

Jean soupire en essuyant d’un geste se voulant discret, la larme qui s’écoule sur sa joue et tente de revenir à ses comptes, pour ne pas sombrer lui aussi dans la morosité familiale de ses derniers mois.

C’est à ce moment-là, qu’il entend l’arrivée d’un véhicule à ses pneus crissant sur le gravier de l’entrée du camping et que se tournant vers la fenêtre, il aperçoit le SUV noir qu’il reconnaîtrait entre mille.

C’est donc d’un pas rapide qu’il sort de son bureau pour accueillir ceux qui sont devenus des amis, rien que par le lien commun qu’ils avaient tous avec le jeune rouquin disparu.

Jean reconnaît Maurice et Philippe, qui se tiennent à l’avant du véhicule, ainsi que Taha assit à l’arrière avec un étrange petit bonhomme sans âge sortant tout droit des films de Gengis Kan qu’il regardait avec plaisir dans son enfance.

- (Jean) Quel bon vent vous amène mes amis ?

- (Maurice) Un vent d’espoir mon ami… Un vent d’espoir !!

Jean observe Maurice avec attention, son visage semblant pris dans un rêve éveillé et il se tourne alors vers Philippe en fronçant les sourcils d’un air interrogatif.

- (Philippe) Pourrions-nous parler dans un endroit plus tranquille ?

- (Jean) Mais bien sûr !! Suivez-moi jusqu’à mon bureau où nous serons au calme pour discuter !!

Il tend ensuite la main à Taha, visiblement autant heureux que surpris de sa présence.

- Je ne te savais pas en visite dans notre pays mon garçon ?

- C’est que ça a été décidé très vite !!

Jean se tourne vers le vieil homme asiatique au physique si particulier.

- Je n’ai pas l’honneur de vous connaître ?

L’asiatique s’incline très bas les deux mains jointes en signe de respect.

- Pas sous cette forme j’en conviens !!

Maurice coupe court à la prochaine question qui ne manquerait pas d’arriver.

- C’est une des raisons de notre visite, attendons d’être au calme et nous vous dirons tout ce qu’il y a à savoir.

- Ah !! D’accord !!

Ce n’est qu’une fois tous à l’intérieur de la pièce et que celle-ci se retrouve porte verrouillée, que les explications sont données à Jean et que celui-ci au fur et à mesure qu’il comprend enfin de quoi il en retourne, regarde de plus en plus fixement l’étranger qui n’a pas encore repris la parole mais dont le sourire est sans équivoque sur l’amusement qu’il éprouve à voir l’ahurissement grandissant de leur hôte.

- (Jean) Et bien ça alors !!

- (Philippe amusé) C’est aussi ce que j’ai ressenti en apprenant toute cette affaire ! Hi !

Hi !

- (Jean) C’est quand même difficile à croire que j’ai le corps de Florian en face de moi !!

Maurice tire les rideaux en faisant ensuite signe à l’entité qu’il peut lui donner la preuve que tout ce qui s’est dit depuis leur arrivée est bien l’exacte vérité.

Le petit homme redevient alors brumeux pendant la transformation, pour laisser ensuite apparaître le corps et le visage tant regrettés de Florian en reprenant presque immédiatement l’apparence qui lui sert de couverture, une fois certain qu’il n’y a plus d’ambiguïté pour Jean sur l’exactitude de leurs révélations.

- (Jean) Et bien ça alors !! Et vous pensez vraiment que ça va marcher ?? Je veux parler de faire revenir Florian dans son corps ??

- (L’entité) Le doute n’est pas possible, seul le temps sera la variable à prendre en compte !!

L’entité reprend les explications qu’il a déjà donné quand il a pris possession du corps de l’unique, faisant comprendre que l’âme errante qui n’est en fait que la reconstitution progressive de l’esprit de l’unique ne pourra rester dans un corps qui n’a pas été conçu pour elle.

- (Jean) Pourtant Antonin nous a bien dit qu’il avait retrouvé le même Florian dans cette autre réalité ?? Je n’y comprends plus rien !!

- (L’entité) Ce n’est qu’une image, une copie humaine de ce corps que j’habite et qui se trouve devant vous, un corps conçu spécialement depuis le début des temps à l’accueillir et qui n’a d’humain que l’image qu’il donne !!

CHAPITRE184 (Paris) (Samedi matin) (Chez les Novack) (Le petit frère chéri)

C’est le soleil entrant par la fenêtre de la chambre qui réveille les triplées, celles-ci ouvrant les yeux avec un ensemble parfait qui tenterait à démontrer que leurs horloges internes sont parfaitement accordées à l’image de leur physique gémellaire.

D’aucun en les voyant dirait que ce sont des filles magnifiques, d’une beauté rare avec leurs cheveux roux en crêtes de coq surplombants un visage rond tout en finesse et un corps de rêve pour la gent masculine qui reste souvent en pâmoison devant le spectacle dès qu’elles apparaissent en public.

Autant Josiane et sa sœur Joëlle en rajoutent surtout quand le ou les garçons leurs plaisent, autant cela énerve Joanne qui n’a pas envers le sexe masculin le même engouement que ses sœurs et à part pour un seul d’entre eux, cultive même une indifférence certaine pour eux.

Joanne ne regardant pour sa part que les beautés de son propre sexe, qui lui amènent souvent des bouffées de chaleur rien qu’à la vue d’une belle poitrine ou d’un joli minois.

Les triplées toujours aussi raccords, se lèvent d’un commun accord pour le seul plaisir qui depuis maintenant de longues années leur donnent l’envie de se lever le matin et qui fait de cette journée comme de toutes les précédentes avant celle-ci, la plus radieuse qui soit.

Les filles en effet n’ont qu’une seule et unique chose dans la vie qui compte plus encore que ce qu’elles ressentent pour leur trio gémellaire, cette chose qui va vers ses dix-huit ans s’appelle …Jonas.

D’un an et demi plus jeune que ses trois sœurs, mais d’une ressemblance si frappante qu’on aurait pu croire à des quadruplés s’il n’y avait eu cet écart d’âge quand même visible entre eux.

Le seul garçon trouvant grâce auprès de Joanne qui éprouve envers lui comme d’ailleurs ses deux autres sœurs à n’en point douter, un amour fraternel si fort que parfois il en devient étouffant pour Jonas qui ce matin-là encore les entend arriver pour venir le cueillir au lit comme chaque matin depuis qu’il en a le souvenir mais surtout depuis quelques années avec une particularité encore plus intéressante pour le jeune ado qu’il est encore.

Il s’allonge alors sur le dos les jambes écartées en fermant les yeux, sachant que c’est au tour de Joëlle d’officier ce matin sur sa bandaison.

Chacune son tour comme chaque matin, depuis que ses sœurs l’ont surpris à l’âge où les garçons commencent à découvrir leur corps et que tenant entre deux doigts son sexe tout raide, elles l’ont vu émerveillées se raidir de tout son corps dans un gémissement d’orgasme et ont décidé que ce serait désormais à elles d’amener Jonas à l’extase suprême, chose qui maintenant est réglé comme un métronome chaque matin de cette façon toujours la même qui est celle qui plait le plus au jeune garçon et chaque soir avant de s’endormir, où c’est lui qui vient dans leur chambre pour cette fois participer à leurs plaisirs mutuels.

Ce matin-là donc ne dérogeant pas des autres, Jonas ferme les yeux avec un soupir de satisfaction en n’attendant plus que son corps soit l’objet de toutes les intentions bienveillantes de ses sœurs.

La porte qui s’ouvre doucement et se referme tout aussi discrètement, des pas légers qui s’avancent vers lui en le raidissant encore plus qu’il ne l’est déjà et la couette qui doucement glisse au pied du lit, le laissant nu au regard de convoitise qu’il imagine bien.

« Quelques minutes plus tard »

Toutes ces attentions font vite grimper le jeune rouquin dans un plaisir des chairs fulgurant, l’orgasme le clouant une fois de plus tel un tsunami.

- Ahhrrrr !!!

Jonas ouvre enfin les yeux pour capter ceux émerveillés que ses sœurs posent sur lui, l’adoration qu’il peut y lire lui amène un sourire radieux qui les récompense plus que n’importe quelle parole qu’il aurait pu prononcer.

Bien sûr ce qu’il vit depuis quelques années lui a donné une précocité sur les mystères du sexe que ses copains lui envieraient si seulement ils savaient, déjà que certains d’entre eux aimeraient bien qu’il fasse l’entremetteur pour qu’il leur présente ses frangines.

Seulement Jonas a dans son cœur un secret qui le travail de plus en plus souvent, ses expériences féminines restant néanmoins plutôt soft puisqu’il ne s’agit que de masturbation et que bien sûr il ne lui viendrait jamais à l’idée d’aller plus loin avec ses sœurs que ses doigts et sa bouche pour leur retourner le plaisir qu’il reçoit d’elles.

Pour revenir au secret qui le tenaille, il faut savoir que Jonas a été amoureux et que son cœur s’est retrouvé brisé quand le garçon parce que c’est bien d’un garçon qu’il s’agit, ne s’intéressant pas à lui ne pensait qu’à un autre de ses camarades qui ne semblait d’ailleurs pas comprendre ce qu’il lui voulait.

C’est sûr que « JB » était alors plus mature et certainement plus intéressant à regarder que lui qui faisait encore enfant à cette époque, sa puberté s’étant déclenché bien plus tard que beaucoup de ses camarades.

Un an et demi s’était passé depuis, qui l’ont métamorphosé en un jeune homme à croquer au dire de ses sœurs et qui d’ailleurs ne s’en privent pas depuis lors, ces dix-huit mois lui avaient d’ailleurs fait oublier quelque peu son intérêt premier pour les garçons.

C’était du moins vrai jusqu’à cette publicité où il a retrouvé non pas Damien son amour secret, mais le fameux « JB » accompagné de garçons tous aussi magnifiques les uns que les autres et qui lui a remis depuis l’image de son « Dami » en tête.

CHAPITRE 185 (Paris) (Samedi soir) (Chez les Novack) (L’aveu)

C’est son père qui sans le savoir mit le feu aux poudres ce soir-là, une exclamation de sa part marquée autant de surprise que de colère fit que toute la famille vint vers lui pour comprendre ce qu’il se passe et c’est en voyant les dernières images de la fameuse publicité, que Jonas comprit que son père avait un lien avec ce groupe de garçons dont « JB » fait partie.

- (Jonas) Pourquoi tu t’énerves comme ça papa ?

- C’est cette pub qui m’a mis les nerfs !!

Jonas vient s’asseoir près de son père sur le canapé en posant avec douceur sa tête sur son épaule, geste qui bien sûr a le don de ramollir Victor au point qu’il en fait sourire le reste de la famille qui connaissent très bien l’amour immense du père envers son fils et réciproquement.

Amour encore plus fort s’il ne pouvait qu’avec le reste de la famille et qui quand le jeune garçon comme en ce moment précis est en plein câlin, le met dans une béatitude qui donne à son visage une douceur d’expression rêveuse bien loin de son apparence virile habituelle.

Jonas ronronne quelques secondes quand la grosse main de Victor lui caresse sa chevelure dressée à l’iroquoise identique à celle de ses sœurs, puis revient sur la réponse de son père qui lui amène la curiosité de savoir ce qui a bien pu dans cette pub pourtant super cool amené ce genre de réflexion à son paternel.

- Tu sais que je connais un des garçons de cette pub p’pa ?

- Tiens donc ?? Un copain à toi ??

- Pas vraiment, non !! Disons plutôt que c’était le copain d’un gars que je voulais avoir comme …ami !!

Victor a bien perçu l’instant d’hésitation qu’a eu son fils en terminant sa phrase, connaissant l’histoire de Florian et surtout le lien qu’elle a avec sa famille, il commence à se poser des questions sur le fait qu’il n’a peut-être pas assez pris toute l’histoire au sérieux du fait que Maurice n’a fait allusion qu’aux triplées.

Ce qui bien sûr a eu de quoi sur le coup rassurer Victor, connaissant les appétences de Florian uniquement dirigées vers la gent masculine.

Il avait juste oublié Jonas dans l’affaire et que celui-ci justement connaisse un des garçons de la bande, pique autant sa curiosité sur la sexualité véritable de son fils que de connaître de quel garçon il s’agit.

- De quel garçon parles-tu ??

- Celui de la pub ou l’autre ?

- Commence par celui de la pub, dis-moi où tu l’as connu ??

- « JB » était dans le même lycée que moi depuis la première où il est arrivé en milieu de cycle, jusqu'en terminale.

- Et l’autre garçon, celui avec qui tu voulais être …ami ??

- Qui ça ?? Damien ?? Bah !! Il ne m’a jamais percuté de toute façon, je n’étais visiblement pas son style à cette époque-là et puis ça fait un an qu’il n’est plus là, alors c’est un peu de l’histoire ancienne tu sais ?

- Tu n’aurais pas quelque chose sur le cœur mon grand ? À la façon dont tu en parles de ce Damien, on aurait juré que tu tenais vraiment à être son… Ami !!

Jonas se pelotonne dans les bras de son père comme un jeune chat en manque de caresse, celui-ci sourit encore plus attendri par cette marque de tendresse et de sa main libre fait signe au reste de la famille de les laisser seuls.

Une fois chose faite, son regard se reporte dans celui de son fiston qui semble attendre de lui la question qui enfin le libérera de ce secret qui lui hante le cœur.

- Tu aimais ce garçon plus qu’un ami n’est-ce pas ?

Victor ressent alors l’énorme soulagement venant de son fils que ce soit lui qui pose la question, les yeux de Jonas toujours fixés dans les siens commencent à libérer les larmes qu’il retenait depuis bien trop longtemps.

C’est d’une voix presque imperceptible qu’il répond.

- Tu ne m’en veux pas d’être comme ça ?

Victor serre son fils très fort contre sa poitrine, ses yeux brillants d’humidité.

- Comment en vouloir au soleil de briller !! Comment en vouloir au ciel d’être bleu au printemps !! Comment en vouloir à la personne qu’on aime le plus au monde d’être ce qu’elle est !! Bien sûr que je ne t’en veux pas !! Tu es mon soleil !! Mon ciel bleu !! Le fils que j’aime le plus au monde !!

- (Jonas) Faut dire aussi que je suis un peu le seul ! Hi ! Hi !

Victor l’embrasse sur le front en reniflant d’émotion.

- Tu m’as très bien compris, nigaud !!

Un silence se fait entre le père et le fils qui profitent l’un comme l’autre de ces minutes précieuses de tendresse, en sachant très bien que les occasions se feront tout naturellement de plus en plus rares et que chacun les gardera précieusement dans son cœur pour le reste de son existence.

C’est Victor qui reprend la parole.

- Tu penses toujours à ce Damien ??

- Je croyais l’avoir oublié tu sais !! Mais cette pub m’a tout remis en mémoire, tu aurais connu « Dami » !! Je… Je…. Enfin !! De toute façon je n’ai jamais pu lui adresser la parole et je ne sais même pas ce qu’il devient depuis le temps, alors….

- Je connais très bien ses parents !!

Jonas en a les yeux qui s’élargissent en soucoupes de surprise, quand il entend les paroles de son père.

- De quoi !!!!!

CHAPITRE186 (Paris) (Samedi soir) (Chez les Novack) (La promesse)

Victor sourit, content de l’effet qu’a eu son annonce, aussi s’installe-t-il confortablement en serrant toujours son fiston contre lui afin de poursuivre la discussion.

- Tu m’as très bien entendu, je connais la famille Viala et j’ai entendu parler de leurs trois fils, qui sont d’ailleurs impliqués eux aussi dans l’affaire qui m’occupe actuellement.

- Une affaire ? Quelle affaire ?

- Oh !! Rien de bien important, juste que disons…. Ils nous aident à la protection d’un des garçons que tu as vus dans la pub, c’est d’ailleurs ce qui m’a surpris et mis de mauvaise humeur quand je les ai reconnus, cette pub n’aurait jamais dû paraître justement du fait de cette …protection. Tu comprendras bien que je ne peux t’en dire plus puisque ça concerne mon travail, juste te préciser pour te rassurer qu’ils n’aient tous autant qu’ils sont rien à se reprocher.

Un silence suit ses paroles, Victor voit bien l’ombre de tristesse figer un instant le visage de Jonas.

- Je dois rendre visite aux Viala, peut-être voudras-tu m’accompagner ??

Victor n’a pas fini sa phrase que déjà son fils le couvre de bisous, décidément ce soir-là son cœur de père est mis à rude épreuve pense-t-il en souriant.

- Hé !! Fiston !! Du calme !!

- Je t’aime trop papa, tu le sais ça ??

- Figure-toi que je m’en doutais un peu ! Hi ! Hi ! Bien, alors c’est dit !! Lundi nous irons chez les Viala, je vais les prévenir de ma démarche auprès d’eux afin d’être sûr qu’ils pourront me recevoir.

- Tu…Tu…ne vas pas leurs dire ce que je t’ai dit quand même ?

- Bien sûr que non, allons !! Je te donne juste l’occasion de rencontrer leurs enfants, après ça ce n’est plus mon affaire.

- Et pour maman et les filles ??

- Je pense qu’elles aussi apprécieront un câlin ! Hi ! Hi ! Tu t’inquiètes pour rien tu sais, nous t’aimons tous très fort et je suis certain que tout se passera bien, surtout si tu es honnête avec elles comme tu l’as été avec moi.

- S’te plait p’pa !!

En disant ça, Jonas donne des petits coups de reins nerveux sur le flanc de son père qui en a les yeux qui brillent d’amusement de le voir agir ainsi, comme du temps où il était encore enfant et qu’il voulait obtenir son aide sur quelque chose qu’il n’osait pas demander à sa mère.

- Allons !! Tu n’es plus un gamin quand même ??

- Siiii !!! P’pa !! S’te plait !!

Un mouvement qu’il perçoit du coin de l’œil fait sourire Victor.

- Je ne pense pas que mon intervention soit bien nécessaire, n’est-ce pas mesdames les curieuses qui écoutent aux portes ??

La mère et ses filles sortent alors du couloir où elles s’étaient entassées pour écouter la conversation, trop curieuses de savoir ce que Jonas allait répondre à la question de son père juste avant que celui-ci leur demande de les laisser seuls entre hommes.

Il va de soi que l’annonce même si elle a été dite en sous-entendu, les a stupéfiées autant pour la mère que pour les triplées et encore certainement plus pour les trois sœurs depuis qu’elles s’occupent activement de l’éducation sexuelle de leur cadet.

Jonas quitte alors les bras de son père pour rejoindre le temps d’un bref câlin de quelques secondes ceux de sa mère, pour ensuite aller se précipiter sur ses sœurs qui le rassurent en l’emmenant avec elles dans leur chambre en l’entourant comme une garde rapprochée.

- Je ne l’ai pas vu venir celle-là !!

- (Victor) Et moi donc ?? Pourtant j’aurais dû !!

- A cause de cette affaire pour ton travail ?

Victor hésite quelques secondes, soupire un bon coup et fait signe à son épouse de venir le rejoindre sur le canapé.

- Tu devras garder tout ce que je vais te dire pour toi, ça va te paraître incroyable mais sache avant que je commence que tout ce que tu vas entendre est l’exacte vérité.

- Pourquoi veux-tu m’en parler ?

- Parce que ça concerne aussi notre famille, je pensais jusque-là que le fait que les triplées soient des filles nous mettrait en dehors de cette affaire !! C’était en oubliant Jonas, je viens juste d’en prendre conscience !! Alors écoute moi bien, tu me poseras toutes tes questions quand j’en aurai fini et pas avant, c’est bien compris ?

- Je t’écoute !!

Victor reprend alors tout ce qu’il a appris depuis le début, le temps passe sans aucune interruption de la part de sa femme qui l’écoute on s’en doute bien avec les yeux ronds de surprise et ce n’est qu’une fois qu’elle a compris que son mari avait fini, qu’elle lui prend les mains en disant.

- Il faut vraiment que je croie tout ce que tu viens de dire ??

- J’ai eu cette réaction-là moi aussi quand mon patron m’a confié cette mission, je sais que c’est dur à avaler mais je te jure que c’est l’exacte vérité.

- Et tu comptais nous le présenter quand ton petit génie ??

Victor sourit car il sait parfaitement ce qu’il se passera quand Florian entrera pour la première fois chez lui et qu’il le présentera à sa famille.

- Maintenant que tu es au courant, à la première occasion je te le promets !! En attendant tu pourras le voir autant que tu le voudras en regardant cette pub sur les maillots de bains, c’est le jeune rouquin qu’on voit juste à la fin du clip ! Hi ! Hi !

- Pourquoi ris-tu de la sorte ? Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle !!

- Regarde cette pub et tu comprendras vite ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 187 (Camping de la dune) (Samedi soir) (Questionnement)

La journée s’est passée dans la joie et la bonne humeur avec le retour de l’enfant prodigue, de revoir Florian souriant a fait vite oublier la raison de son absence pour la plupart d’entre eux.

Mais hélas ou heureusement pas pour tous, Antonin pour sa part ressent depuis le retour de Florian un malaise venant de ses deux amants qui lui ferment de plus en plus souvent leur esprit.

Il comprend bien que ce n’est pas porté contre lui mais juste qu’ils ont des préoccupations d’un genre qui ne lui plairaient pas vraiment, même s’il est bien conscient combien le monde d’où ils viennent doit leur manquer.

C’est Jean Baptiste qui le fait sortir de ses pensées.

- Ouh ! Ouh !! Tu es dans la lune depuis tout à l’heure, un souci ?

- On peut dire ça comme ça, oui !! J’ai l’impression que Florian et Thomas nous préparent quelque chose !!

- Tu as lu ça dans leurs pensées ??

- Pas vraiment, non !! C’est juste une impression pour l’instant, les hospitalisations de « Flo » sont de plus en plus rapprochées tu ne trouves pas ??

- Bah !! De la fatigue sans doute !! Tu sais bien qu’il ne peut pas être malade avec son « don » !!

- Hum !! En théorie oui, mais je me demande quand même s’il n’y a pas quelque chose qu’il veut nous cacher.

- Tu penses à quoi en disant ça ??

- Si j’en avais seulement la moindre idée !!

- Tu sais « Anto » !! Florian ne te mentirait pas si tu lui posais la question, il t’aime trop pour ça.

Antonin s’assombrit avant de fixer « JB » dans les yeux.

- C’est aussi la question que je me pose, nous aime-t-il nous ou aime-t-il toujours ceux que nous remplaçons ??

- Explique-toi tu veux bien, parce que là je ne vois pas où tu veux en venir !!

- Nous sommes les doubles parfaits de ceux qu’il ou même devrais-je dire "qu’ils" aimaient dans l’autre réalité, seulement nous n’avons pas leurs vécus et je pense qu’autant Florian que Thomas, commencent à s’en rendre compte de plus en plus.

- Bah !! Ça viendra !! De toute façon ils n’ont pas vraiment le choix et ils doivent bien se rendre compte qu’ils comptent beaucoup pour nous.

- Tu sais quoi ??

- Non !! Dis-moi ??

- Je serai à leurs places, je me demanderais toujours ce qu’ils peuvent devenir et ne serait-ce que mon autre moi par exemple, d’après ce que j’en sais ça ne m’étonnerait pas plus que ça qu’il soit resté célibataire.

- Alors que toi non ??

- J’extrapole peut-être mais j’ai bien compris depuis le début que je n’avais pas tout à fait la même vision des choses que mon homologue dans l’autre monde !! Toi par exemple, tu en es la preuve concrète et je ne pense pas que l’autre Antonin aurait même envisagé de se partager sérieusement avec quelqu’un d’autre que Florian et Thomas, j’en ai assez entendu parler pour en être certain.

- Et tu penses que cet autre Antonin leur manque ??

- Je ne pense pas vois-tu !! J’en suis convaincu !!

Jean Baptiste regarde son ami avec étonnement, cette idée lui semble absurde et il devrait se l’ôter de l’esprit, surtout avant que ça ne le mine et qu’il s’en fasse tout un monde alors que l’entente entre eux lui a toujours semblée parfaite, voire idéale en les comblant plus qu’il n’aurait jamais imaginé que cela puisse se faire.

- Là tu délires mec !! Parles-en avec eux avant que tu te fasses un film !!

- C’est bien dans mon intention figure toi !!

- D’ailleurs où sont-ils nos deux zouaves ??

- Ils sont là-haut sur la dune avec le jeune black qui est arrivé avec Florian cet après-midi, j’ai cru comprendre qu’ils avaient beaucoup de choses à se dire.

- Beau gars en tous les cas !!

- Comme nous tous !! Encore un mystère lié à Florian et que nous ne comprendrons sans doute jamais !!

- (« JB ») Un mystère ??

- Regarde notre groupe et ouvre un peu les yeux tu veux bien ? Tu ne sais pas ce que je donnerai pour y voir un mec ou une gonzesse normal, enfin plutôt qui ne soit pas une gravure de mode !!

- Ce n’est qu’une histoire d’appétence, rien de plus !!

- Mon œil oui !! Ça n’existe nulle part ailleurs des groupes comme le nôtre, ce n’est pas naturel si tu veux tout savoir !! C’est du moins ce à quoi je pense de plus en plus en nous regardant.

- Tu expliques ça comment ??

- Je n’en sais rien, c’est comme si nous aussi avions été créés dans un but bien précis.

- Houlà !! Qu’est-ce que tu vas chercher encore !! Je sais bien que l’histoire de Florian tout comme celle de Thomas est déjà surréaliste, mais avec toi ça devient du grand n’importe quoi ! Hi ! Hi !

- Si tu le dis bouffi !!

Antonin sourit à son chéri, en n’en pensant pas moins qu’il y a quand même anguille sous roche et qu’il va devoir interroger Florian, pour tenter d’y comprendre un tant soit peu quelque chose.

C’est donc d’un bon pas qu’il part rejoindre ses deux autres chéris pour en avoir le cœur net, il les trouve facilement comme prévu assis en cercle tous les trois avec le jeune Masaï et en pleine discussion, au point qu’ils ont un moment de stupeur montrant combien il vient de les surprendre quand il vient s’asseoir auprès d’eux.

CHAPITRE 188 (Camping de la dune) (Samedi soir) (Espoir de retour)

Taha sourit au nouvel arrivant, le trouvant plutôt sympa comme d’ailleurs la plupart de ceux qu’il a croisés depuis son arrivée au camping.

- (Antonin) Je ne vous dérange pas ?

- Bien sûr que non, quelle question !! D’ailleurs tu ne pouvais pas tomber mieux !!

Antonin regarde Taha avec étonnement, bien sûr ça me fait sourire car j’imagine sans peine à quoi il pense.

- Ce n’est pas du tout ce que tu crois ! Hi ! Hi !

Antonin rougit violemment quand il comprend qu’il s’est fait capter.

- Ça me rassure !! A quoi pensais-tu en disant que je ne pouvais pas mieux tomber ?

- J’aimerai faire un petit test et pour ça j’ai besoin de toi et de Thomas, nous sommes exactement à l’endroit où l’échange s’est fait.

- Tu veux renvoyer « Thom » dans l’autre réalité ?????

- Loin de moi cette pensée !!! Je voudrais juste voir s’il y a possibilité de communiquer avec ton homologue et Benjamin, savoir un peu ce qu’il se passe là-bas tu comprends ?

***/***

« Dans l’autre réalité au même moment. »

Antonin suivi de Benjamin, de Taha et de l’entité dans le corps qu’ils savent être celui de Florian mais avec une apparence toute autre sortie d’un âge reculé de leur passé, arrivent eux aussi sur la dune à l’endroit même où Benjamin se rappelle bien que tout a basculé pour lui.

Comme mû par une étrange prémonition, ils s’assoient eux aussi en cercle en se tenant la main.

- (Benjamin) Tu te rappelles comment ça s’est passé ??

- (Antonin) Pas vraiment, un truc bizarre dans ma tête comme si j’avais en moi des équations qui s’affichaient à une vitesse phénoménale !! Un peu comme le rebootage d’un pc si tu vois ce que je veux dire ?

- (Benjamin) Tu penses pouvoir te remettre en situation pour que ça se reproduise ?

- (Antonin) Pfffff !!!!! Alors là !!! Tu me poses une sacrée colle !! En plus nous ne nous y attendions pas, puisque c'est venu depuis l'autre réalité !!

- (L’entité) Peut être que je peux vous aider, pour ça il faut que tu m’autorises à sonder ta mémoire.

- (Antonin) Ce n’est pas dangereux ??

- (L’entité) Tu n’as pas à t’inquiéter humain !! Tu ne sentiras rien, je vais juste rechercher le code que t’a imprégné l’uni… ton ami et qui a permis le transfert, j’essaierai ensuite de ne garder que la partie te concernant sans que cela affecte ni « Thomasss », ni ton ami ici présent.

- Tu veux dire que moi seul ferai le voyage ??

- (L’entité) Tu connais maintenant l’importance de l’enjeu, tu devras révéler ce que tu sais à tes amis et mettre en œuvre le plan.

- Mais !!! Pourquoi ne pas les faire revenir dès maintenant ??

- Parce que ce corps que j’habite doit rester absolument ici, pour que ton ami…. Florian le retrouve et que tout reprenne un sens, nous lui éviterons ainsi beaucoup de perturbations et de douleurs, pour vous cela vous permettra de retrouver plus vite vos amis.

- (Benjamin) Tu te rappelleras de tout ??

- (Antonin) Ce n’est pas si compliqué que ça quand même, expliquer à Florian qu’il n’est pas dans le bon corps et qu’il risque de mourir avec beaucoup de souffrance, lui donner ensuite pour instruction de rejoindre la clairière des pierres d’ici une semaine jour pour jour pour que vous retourniez tous les deux dans l’autre réalité avec l’aide et la puissance des entités.

***/***

« Retour sur la dune avec Florian et ses amis. »

- (Thomas) Et comment tu comptes t’y prendre ??

- Il faut que je renvoie Antonin aux nouvelles !!

- (Antonin) De quoi !!!!!

- Pas longtemps !! Rassure-toi, juste le temps que tu te renseignes auprès de Benjamin et de nos autres amis !! Qu’ils aillent voir les entités au cas où il y aurait une solution quelconque pour que nous retrouvions notre vie là-bas.

- (Antonin) Tu veux donc nous quitter ?? C’est ça que je te trouvais bizarre depuis ton retour de Bordeaux ?? Mais pourquoi m’envoyer moi ??

- Parce que pour moi ce n’est pas possible puisque je suis censé être mort là-bas et que toi dès que tu descendras la dune, tu seras rappelé à cette réalité comme la première fois.

- Qui te dit que ça fonctionnera cette fois encore ??

- Il n’y a aucune raison que ça ne le fasse pas, c’est inscrit comme ça dans ce que j’ai mis dans ta tête puisque à l’époque ce n’était que Thomas qui était visé !!

- (Thomas) Et si je suis emmené comme l’autre fois ??

- Ça n’arrivera pas !!

- Comment peux-tu en être aussi sûr ??

- Comment !! Tout simplement en allant déclencher moi-même ce qui est dans l’esprit d’Antonin et qu’avant ça je ferais attention à ce que cela ne se reproduise pas !! En quelque sorte je vais trafiquer la serrure, sans laisser le coffre se vider complètement ! Hi ! Hi !

- (Antonin) Tu es sûr que je pourrai revenir ??

Je suis conscient qu’en disant ça, il pensait à Jean Baptiste.

- Tu te souviens de mes paroles quand vous vous êtes déclarés avec « JB » ? C’était prémonitoire au cas où nous pourrions rentrer chez nous ou être projetés ailleurs pour ne pas que tu te retrouves seul !! Mais pour l’instant rien n’est fait et je ne sais même pas si c’est possible !!

CHAPITRE 189 (Camping de la dune) (Samedi soir) (Espoir de retour)

Antonin soupire un grand coup avant de hocher piteusement la tête en signe d’accord, j’entre alors dans son esprit en faisant fi de tout ce qui n’est pas lié à ma recherche et je retrouve enfin les schémas de transfert qui y sont toujours imprégnés, reprenant depuis le début pour désactiver ce qui me semble lié à Thomas.

Je lance alors la séquence sans imaginer une seule seconde que de l’autre côté il en va de même, l’amplitude de puissance conjuguée devient alors si forte que toutes les barrières de protections que j’avais mises en place sautent et que je nous sens tous aspirés dans le même maelström, ressentant l’attraction qui me rejette de mon corps pour le réintégré dans la micro seconde en me laissant une impression de fatigue comme si je venais de courir le marathon de New York à fond les gamelles.

***/***

« Quelques secondes plus tôt dans l’autre réalité. »

Antonin lève le bras juste au moment où l’entité s’apprête à faire l’introspection de son esprit.

- Peut-être devrais-tu reprendre l’apparence réelle de Florian avant ? Qui sait ce qu’il pourrait se produire, j’imagine la tête de nos amis de l’autre côté s’ils voyaient apparaître un vieil homme à la place de « Flo » ! Hi ! Hi !

- (L’entité) Il n’est pas prévu que je sois du voyage, jeune humain !!

- Il n’était certainement pas non plus prévu que j’y sois la première fois et pourtant ça a été le cas !! Inutile de prendre quelque risque que ce soit, de plus nous sommes seuls ici et personne ne s’en rendra compte.

L’entité semble réfléchir pendant quelques secondes, son corps se recouvre alors comme d’un brouillard jusqu’au moment où il réapparaît dans l’enveloppe charnelle bien connue de tous.

Le trouble des trois copains est bien compréhensible, tout comme l’énorme sourire de satisfaction de retrouver enfin le physique atypique de leur ami.

- (Antonin) Ça me fait tout drôle à chaque fois, je devrais pourtant m’y habituer !!

- (L’entité) Prépare toi au voyage jeune humain et surtout rappelle-toi que ta mission est essentielle pour retrouver ton ami perdu.

- (Antonin) On attend quoi là ??

L’entité sourit puis concentre son esprit pour trouver les codes sources que l’unique lui a mis en mémoire, il finit par trouver ce qui l’intéresse en restant subjuguer par la complexité du challenge.

L’interaction nécessaire au transfert étant pour une part inscrite dans les gênes du jeune humain, modifiés à cet effet par le « don » de création de l’unique.

Un dilemme se pose à l’entité qui comprend bien alors qu’il n’a ni le pouvoir, ni le savoir de changer quoi que ce soit du processus de transfert.

Sa décision pourtant est vite prise car l’enjeu étant beaucoup trop important pour qu’il n’hésite même qu’un bref instant à le déclencher et malgré qu’il ne contrôle rien des conséquences de son action, il envoie l’onde de pensée nécessaire au déclenchement du processus.

Comme pour ceux de l’autre réalité, il ressent lui aussi l’énorme puissance qui se met en œuvre et comprend qu’elle n’est pas due qu’à son action, son esprit étant comme aspiré pour revenir presque immédiatement dans son corps suivi d’un coup de fatigue encore jamais ressenti depuis les millénaires où ceux de son espèce ont acquis l’ascension.

***/***

Il fait complètement nuit quand j’ouvre enfin les yeux, tournant aussitôt mon regard autour de moi pour trouver mes amis encore endormis et assommés eux aussi par la puissance déchaînée.

Une étrange sensation de plénitude me prend soudainement, comme si quelque chose de fondamental venait de changer que je n’arrive pas encore à définir mais qui déjà m’amène un bien-être peu commun.

Je sonde l’esprit de mes amis ce qui déclenche très vite une grimace de déception, constatant que ce sont bien les mêmes et que donc mon stratagème pour obtenir des informations a lamentablement échoué, pourtant j’ai bien ressenti l’afflux extraordinairement puissant d’énergie engendrée quand j’ai déclenché le processus inscrit dans les gênes d’Antonin.

Ceux-ci se réveillent en regardant hébétés autour d’eux.

- (Antonin) Thomas ?? Florian ?? Mais alors !! Je suis toujours avec vous ??

- Il semblerait bien en effet !! Quelque chose a dû foirer !! Pourtant il s’est passé un truc, c’est certain !!

- (Thomas) Peut-être que nous avons été refoulés, j’ai ressenti quasiment la même chose mais en cent fois plus fort que la fois où je suis arrivé avec « Tonin » !! Enfin l’autre « Tonin » !! C’est à n’y rien comprendre !!

- (Antonin) Ça m’a fait la même impression que Thomas en fait !!

- (Taha) Moi ça m’a fait bizarre, comme si mon corps pendant un bref instant n’existait plus !!

- Quelque chose a foiré c’est sûr !! Maintenant je suis trop crevé pour retenter l’expérience !!

- (Antonin) Peut être que ce que tu avais mis dans ma tête ne peut fonctionner qu’une fois ??

- Mouaih !!! Et merdeeee !!! Nous voilà coincés ici pour de bon mon pauvre Thomas, je le crains !!

- (Thomas) Bah !! Je ne me faisais pas trop d’illusion de toute façon, puisque d’où nous venons tu n’existes plus !!

- (Antonin) On serait mieux aux mobil-homes vous ne croyez pas ?? Il fait noir comme dans le cul d’un nègre ici !! Oups !!! Excuse-moi Taha, c’était juste une expression sans connotation raciste de ma part.

CHAPITRE 190 (Camping de la dune) (Samedi soir) (Chez nous)

Nous nous relevons tous les quatre puis nous redescendons lentement la dune en direction du camping, chacun dans ses pensées et ce n’est qu’une fois sur le chemin menant à notre emplacement que je m’arrête pour attendre les autres.

Thomas me rejoint le premier en me souriant, essayant de me remonter le moral de l’énorme déception qui marque encore mon visage.

Antonin accompagné de Taha, arrivent ensuite en nous regardant avec des yeux ronds d’étonnement, l’éclairage des réverbères du camping semblant lui ramener une pensée en tête.

- (Antonin) Hé !! Il faudrait peut-être reprendre le corps du vieil asiatique avant de risquer de te faire repérer !!

Je fixe Antonin avec étonnement, ne comprenant pas un mot au sens de ses dernières paroles et Thomas aussi surpris que moi, le fixe à son tour avec le même air de stupeur.

- De quel vieil asiatique tu parles ??

***/***

« Dans l’autre réalité. »

Benjamin, Taha, Antonin et l’entité font eux aussi le même état des lieux, reconnaissant à leur tour que leur tentative a échoué malgré la puissance qu’ils ont perçue et qui les a assommés suffisamment longtemps, pour que la nuit soit déjà installée à leur réveil.

Eux aussi se relèvent pour redescendre lentement la dune jusqu’au camping pour retrouver Jean qui leur a promis un emplacement pour pouvoir se reposer jusqu’au lendemain où ils doivent repartir pour Paris.

L’entité s’arrête pour attendre les autres, c’est Benjamin qui le rejoint en premier avec le visage reflétant sa tristesse d’avoir échoué alors qu’il y croyait tellement.

Antonin accompagné de Taha, arrivent ensuite en les regardant les yeux ronds d’étonnement, l’éclairage des réverbères du camping semblant lui amener une pensée en tête.

- (Antonin) J’étais pourtant persuadé que vous étiez habillés autrement tous les deux ??

Benjamin se regarde puis en fait autant sur l’entité dans le corps de Florian.

- Tu dois faire erreur !! Mais ça me fait penser qu’il serait peut-être bon que vous repreniez l’apparence du vieil asiatique avant que nous croisions quelqu’un.

- (Antonin) De quel vieil asiatique tu parles ??

- (L’entité) Je n’ai plus ce pouvoir !! Ce corps n’est plus celui que j’ai connu, celui-là n’a plus cette possibilité !! Il est …mortel !!

Taha ahuri d’essayer de comprendre les dernières paroles de Florian observe ses amis à son tour, quelque chose dans l’apparence du grand blond lui semble avoir changé aussi il s’approche de plus près pour en avoir la certitude, Benjamin s’apercevant qu’il le dévisage lui demande.

- Pourquoi tu me fixes comme ça ??

- (Taha) Tu sembles avoir rajeuni !!

Antonin entend le jeune Masaï, il s’approche à son tour et pousse une exclamation de surprise qui fait sursauter Taha.

- Mais…tu n’es pas Thomas…tu…es…Benjamin ?????

***/***

« Dans l’autre réalité. »

Antonin suite à la réponse venant de l’entité, regarde avec surprise celui qui occupe le corps de son amour et pousse soudainement un cri sortant du cœur qui fait sursauter ses trois amis, le regardant comme s’il était brusquement devenu fou.

Il se jette ensuite dans les bras de Florian et de Thomas en pleurant à chaudes larmes, Taha regarde la scène, visiblement dépassé par la réaction du blondinet jusqu’à ce que lui aussi remarque la différence qui ne lui avait pas encore sauté aux yeux très certainement à cause de la nuit.

Pendant ce temps Antonin tremblant de tous ses membres, arrive à peine à faire sortir des mots cohérents de sa bouche.

- Florian !!! Thomas !!! C’est…bien…vous ??

CHAPITRE 191 (Camping de la dune) (Samedi soir) (Chez nous) (fin)

Mon cœur ne fait qu’un bond quand je ressens le corps d’Antonin venir se plaquer tout tremblant contre le mien et celui de Thomas, un petit coup de sonde mentale pour me convaincre que nous ne rêvons pas et qu’autant « Tonin » que Taha, ne sont plus les mêmes que ceux que j’ai sondés quelques minutes plus tôt en me réveillant.

Plusieurs détails me reviennent alors à l’esprit, expliquant l’étrange sensation de bienêtre que j’ai ressentie quand j’ai repris conscience en haut de la dune.

En premier lieu la pureté de l’air mais aussi et surtout, la disparition presque miraculeuse de la douleur lancinante qui s’était installée insidieusement dans ma tête depuis plusieurs semaines.

Thomas a les lèvres appuyées contre celles de notre chéri qui me dévore des yeux, tandis que sa langue se mélange avec passion avec celle de mon amour.

Je comprends alors avec une joie immense que nous venons de retrouver cette réalité qui nous manquait autant à Thomas qu’à moi-même, mon bonheur est tellement fort que mes jambes ne me tiennent plus et que je doive m’asseoir un moment, très vite rejoint par mes amis et la bouche d’Antonin qui se plaque maintenant sur la mienne, laissant mon Thomas avec un sourire béat sur le visage et qui s’assoit à son tour, en cherchant à faire le tri dans toutes les informations qui lui passent dans la tête.

Seul Taha semble quelque peu soucieux, ce qui ne manque pas de me troubler au point où je me détache doucement des bras et des lèvres de « Tonin » pour lui poser la question.

- Tu n’es pas heureux de nous retrouver ?

- Bien sûr que si !!

- Qu’est ce qui te trouble alors ??

- Le dieu des pierres nous a prévenus qu’il ne fallait pas que l’échange se fasse maintenant parce que tu ne te retrouverais toujours pas dans ton vrai corps !! Seul Antonin devait aller de l’autre côté pour te mettre en garde et ensuite te transmettre les instructions que lui ont données les dieux.

L’esprit d’Antonin s’ouvre à nous et nous pouvons y lire son vécu de ces derniers mois, sa tristesse, son désespoir puis la suspicion et enfin l’espoir de ces derniers jours, mais aussi l’immense amour qu’il nous voue ainsi que tout le travail qu’il a abattu en faisant fi de sa vie privée pour poursuivre mon œuvre et venir en soutient à Benjamin, pour qu’il s’intègre au mieux dans un monde qui n’était pas le sien.

Je suis autant ému que mon Thomas, de découvrir que personne d’autre depuis notre disparition n’a pu trouver une place dans son cœur et nous souriant de l’essai qu’il a eu avec Benjamin alors qu’ils se sentaient tous les deux si seuls, se terminant par un fou rire énorme qui nous amène à nous aussi un faible sourire aux lèvres.

J’estime qu’il y a un temps pour tout, celui de faire le tri dans tous les renseignements que je viens d’obtenir et celui qui me semble le plus important à l’heure actuelle qui est de nous occuper d’Antonin, pour lui prouver que notre amour envers lui est toujours aussi fort.

Je le reprends dans mes bras pour le câliner avant de laisser Thomas s’en occuper à son tour, pendant que j’interroge Taha sur ce qui était prévu pour les prochaines heures car je me doute bien de n’y retrouver ni mes amis ici, ni les mobil homes pour nous accueillir.

- Comment deviez-vous passer la nuit ??

- (Taha) Jean nous attend pour savoir si nous avons réussi ce que nous devions faire et il nous a réservé un endroit pour coucher ce soir.

- Tu peux te charger d’aller aux nouvelles ?

- (Taha) Vous ne venez pas avec moi ??

Je regarde Antonin blotti comme un enfant dans les bras de Thomas et me retourne ensuite en souriant vers le jeune Masaï.

- Nous préférerions que notre retour ne soit pas divulgué tout de suite tu comprends ?? Nous avons besoin de nous retrouver tous les trois, avant que tout ne vienne à fourmiller autour de nous.

Taha me rend mon sourire, ému lui aussi de la vision qu’il a d’Antonin dans les bras de Thomas.

- Je comprends qu’une fois la vérité révélée au grand jour, vous soyez un moment sans avoir une vie privée !!

- Tu es un véritable ami Taha !!

- Je n’oublierai jamais que grâce à toi je vis avec celle que j’aime.

J’enserre Taha dans mes bras, appréciant comme il se doit cet instant magique de sentir ce garçon à la musculature ferme qui n’a pas hésité à mettre sa vie en danger pour moi et qui depuis est devenu un véritable ami, réussissant même à me guérir de ma phobie de l’Afrique grâce à l’humanité qu’il dégageait et qui m’a convaincu qu’un peuple aussi droit ne méritait pas de disparaître.

Un bref baiser amical sur ses lèvres.

- Va voir Jean, invente ce que tu voudras mais cette nuit n’est pour moi et mon Thomas, exclusivement réservée pour Antonin !!

Taha se redresse avec la souplesse d’un fauve, il disparaît bien vite de ma vue et c’est avec les yeux humides d’un bonheur indicible, que je vais me blottir à mon tour contre mes deux amants.

CHAPITRE 192 (Camping de la dune) (Samedi soir) (Nuit d’amour)

« Une heure plus tard. »

Nous entrons dans le mobil home que Jean nous a fourni pour la nuit, Antonin nous tenant serré tour à tour moi et Thomas, de peur très certainement de nous perdre encore une fois, ce à quoi je le sens bien il ne s’en remettrait pas une seconde fois.

J’ai aimé l’Antonin de l’autre réalité, je me rends compte malgré tout qu’il n’y avait pas le même ressenti que celui que j’éprouve en ce moment même à tenir les hanches fines et douces de mon « Tonin », il manquait à son homologue cette tendresse, cette pudeur tout comme cette exclusivité dans son cœur telle que je la ressens dans celui de « Tonin » qui depuis qu’il nous a retrouvé, n’a jamais osé nous poser ses mains sur nous au-dessous de la ceinture alors que l’autre Antonin ne s’en serait pas privé depuis longtemps.

Nous ouvrons les deux valises que Taha a ramenées depuis l’accueil du camping, cherchant à l’intérieur le nécessaire pour prendre une bonne douche avant de nous mettre au lit.

Ce n’est qu’un bon quart d’heure plus tard que nous nous enfermons dans la chambre qui contient le lit double, alors qu’après nous avoir souhaité bonne nuit Taha s’est enfermé dans la seconde équipée elle de deux lits jumeaux.

Thomas est le premier à entrer dans le lit, bientôt suivi par moi en laissant suffisamment d'espace entre nous deux pour que « Tonin » y trouve sa place, nous sommes conscients l’un comme l’autre qu’il va nous falloir le ré-apprivoiser car il semble bloqué debout devant le lit avec sa serviette toujours nouée autour des reins.

Thomas lui envoie un de ses sourires destructeurs dont il a le secret et qui fait frémir notre petit blondinet qui s’en mord les lèvres, sa pudeur retrouvée depuis ses quelques mois d’abstinences entrant en guerre ouverte avec son envie de venir nous rejoindre et se serrer contre nos deux nudités, le devant du drap de bain commençant à se soulever d’une façon qui ne laisse aucun doute sur l’avance qu’a déjà pris son corps sur son éducation puritaine.

- Éteins et viens nous rejoindre « Tonin », tu ne vas quand même pas passer toute ta nuit debout ! Hi ! Hi !

L’idée de se retrouver dans le noir semble le décider à agir enfin, un clic suivi aussitôt du noir profond dû au manque de lumière et un corps venant s’étendre timidement entre nous, nous laisse un instant immobile, n’osant ni l’un ni l’autre faire le premier pas vers ce corps que nous désirons si fort que nos sexes tendus en deviennent douloureux.

C’est « Tonin » qui est allongé sur le ventre alors que nous sommes sur le dos et qui nous caresse le visage avec une tendresse qui m’amène un fort élan d’émotion, en lâchant d’une petite voix empreinte d’une sincérité innocente.

- Je n’ai eu personne depuis que vous êtes partis, je n’aurais pas pu vous comprenez ?

J’entends ses paroles et mon cœur comme celui de Thomas se serre d’une forte culpabilité de ne pouvoir à notre tour lui faire ce genre de déclaration, sa sensibilité est tellement forte qu’il ressent ce que nous n’osons lui avouer comme si nous l’avions fait de vive voix.

- Je sais que ce n’est pas réciproque et je ne vous en veux pas, moi je n’ai pas pu c’est tout.

- (Thomas) Nous t’apprécions aussi pour ça « Tonin », il n’est pas tant l’heure des excuses mais plutôt des câlins !! Il sera temps d’en reparler à un autre moment, ce soir nous ne voulons qu’être avec toi.

Doucement presque d’une façon aérienne, nos mains s’emparent de son corps pour des caresses qui le font très rapidement gémir et se tendre de plaisir, jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus et qu’à son tour il nous les rende avec une tendresse telle, que nos corps en tremblent d’une forte émotion qui très vite nous submerge, l’envie de lui faire l’amour devenant trop forte.

Bientôt nos corps n’en font plus qu’un, chacun alternant les rôles en passant d’actif à passif pour le bonheur de tous et quant à mon tour c’est mon corps qui vient s’allonger sur le sien.

Arrive le moment où je sens mon pubis toucher ses globes fessiers, sous un râle d’orgasme de mon blondinet qui en mord l’oreiller en tendant son corps pour encore mieux me recevoir.

Le reste de la nuit passe en câlins langoureux, suivi de périodes de déchaînements intenses, jusqu’à ce que le soleil perce les rideaux de ses rayons et nous plonge dans un sommeil se voulant réparateur.

CHAPITRE 193 (Camping de la dune) (Dimanche matin) (Vivant)

Taha se lève assez tôt ce matin-là, les yeux encore bouffis du manque de sommeil et du regain d’énergie qu’il lui a fallu pendant la nuit lors de ses masturbations incessantes, il a réussi toutefois à se retenir de rejoindre ses amis en sachant pertinemment que ce ne serait pas une bonne idée.

C’est donc un peu beaucoup au radar qu’il sort du mobil home, pour se diriger jusqu’au restaurant afin d’y prendre un copieux petit-déjeuner.

Il met quelques longues minutes à remarquer les hommes de la DST, qui les ont accompagnés la veille jusqu’au camping depuis la capitale et qui sont restés sur ordre de leur patron qui est reparti sur Paris le jour même, un petit signe de la tête venant de lui les décide à changer de place pour venir s’asseoir à sa table.

Leurs visages marquent la surprise de voir l’état de fatigue apparente du jeune Massaï, ne comprenant pas ce qui a bien pu le mettre dans cet état en seulement un après-midi et une nuit de présence ici.

- Ont-ils réussi ce qu’ils étaient venus faire ici cette nuit ?

Taha prend le temps de boire son café, avant de relever la tête vers eux pour répondre à la question.

- Ça n’a pas fonctionné comme prévu.

- Le petit homme avait pourtant l’air sûr de lui ??

- …..

- Nous cacherais-tu quelque chose par hasard ? D’ailleurs où sont le petit homme et tes deux compagnons ??

- (Taha) Antonin dort encore, quant à Benjamin et au dieu des pierres dans le corps de mon ami …je…. Ne pourrai pas vous dire exactement ni où ils sont, ni ce qu’ils font !!

Les deux agents se redressent sur leurs chaises, visiblement inquiets envers ceux qu’ils sont chargés de surveiller.

- Que veux-tu dire par là ?? Ils ne sont plus avec vous ??

Le deuxième agent qui n’avait pas parlé jusque-là, prend la main de Taha en la serrant très fort.

- Qu’est-il arrivé cette nuit ?? Qu’est ce qui n’a pas fonctionné comme prévu ??

Le jeune Masaï hésite car il ne sait pas s’il est temps de révéler ce qu’il sait, alors que ses amis semblaient tenir à garder encore quelques temps le secret.

Les deux hommes voient bien son hésitation, un étrange sentiment de panique commence à les gagner en comprenant qu’il s’est réellement passé quelque chose de suffisamment important pour que le jeune homme en face d’eux soit aussi réservé.

Sa mine fatiguée avec son visage aux yeux cernés n’annonce rien de bon, ni d’ailleurs le mutisme dans lequel il semble se renfermer et le plus âgé se lève pour sortir son portable, s’éloignant suffisamment pour pouvoir passer un coup de fil discret à son patron.

- Allô patron !!

- ….

- Il semblerait qu’il y ait eu un problème cette nuit, nous sommes avec le jeune Masaï qui refuse de nous dire ce qui est arrivé exactement mais il semblerait que l’entité et le jeune Benjamin aient disparu.

- ….

- Nous allions le faire patron, je tenais juste à vous en informer avant !!

- ….

- Entendu patron, je vous le passe, j’espère qu’il vous en révélera plus qu’à nous !!

L’homme se rapproche de son collègue et de Taha toujours assis en silence à la table du restaurant, il lui tend alors l’appareil en insistant d’un geste impérieux de la main pour qu’il le prenne.

- C’est le patron !! Il veut te parler !!

Taha porte le portable à son oreille.

- - Allô !!

- ….

- C’est moi, oui !!

- ….

- Désolé !! Ils ne sont plus là !!

- ….

- L’échange ne s’est pas fait comme prévu et ce sont eux qui sont partis !!

***/***

« Bureau de la DST, Paris. »

Maurice le téléphone collé à l’oreille se lève d’un bond, son visage marquant la stupeur la plus totale à l’annonce que vient de lui faire le jeune Masaï et son esprit cartésien lui amène en toute logique une pensée tellement folle, qu’il en bégaie presque en posant la question.

- Mais alors… Thomas et…Florian sont revenus…parmi nous…. C’est bien ça n’est-ce pas ?? Dis-moi que je ne me trompe pas !!

- ….

Le cœur de Maurice s’accélère, il se laisse aller dans son fauteuil qui gémit sous son poids et ses yeux s’embuent alors d’une joie tellement forte, qu’il en tremble de tous ses membres.

- J’ai…bien entendu…ils sont bien là tous les deux ??…. Tu confirmes ??

- ….

- Repasse-moi mon collaborateur s’il te plait !!

Quelques brèves secondes pourtant mais qui font trépigner d’impatience Maurice.

- ….

- Ne faites rien !! J’arrive !!

- ….

- Demandez-leur juste de ne pas sortir du camping et faites-en sorte que personne ne puisse les reconnaître, c’est très important !!

- ….

***/***

L’agent coupe la communication en regardant avec effarement son collègue.

- Et bien dis donc, tu parles d’une affaire !! Bonjour le remue-ménage général quand ça va se savoir !!

CHAPITRE 194 (Camping de la dune) (Dimanche matin) (Décision cruelle mais estimable)

« Une heure plus tard, à l’intérieur du mobil home. »

J’ouvre les yeux en me demandant où je suis, les souvenirs de la nuit me reviennent alors et je me redresse sur un coude en regardant autour de moi, pourtant rien ne semble avoir changé si ce n’est l’atmosphère générale qui embaume mes poumons d’une fraîcheur et d’une pureté sans pareille.

J’observe ensuite les deux corps alanguis encore endormis de mes deux chéris, mes yeux se mouillent de quelques larmes de joie d’être enfin revenu chez moi ou plutôt devrais-je dire chez nous et de pouvoir reprendre le cours de notre vie là où elle s’était si soudainement interrompue.

Une pensée me vient des réactions dans l’autre réalité quand ils vont s’apercevoir de notre disparition, retrouvant à notre place Benjamin et un autre Florian qui ne sera plus celui qu’ils avaient appris à aimer, car je sais bien en ressentant un pincement au cœur que c’était le cas.

Je me dis que malgré tout, je leurs aurais ramené des êtres chers et qu’ils finiront par me pardonner de les avoir abandonnés sans prévenir, qu’ils finiront par comprendre que je suis retourné là où mon cœur était toujours attaché.

Je me rends compte avec amusement que pendant cette brève réflexion, j’ai posé mes mains sur les fesses de mes deux amours et que je m’étais mis à les caresser doucement, leur amenant des petits soupirs de bien-être alors qu’ils commencent à ouvrir les yeux.

- (Thomas) Bonjour mon amour !!

- (Antonin) Bonjour mon amour !!

Ils viennent tous les deux se serrer contre moi en me rendant mes caresses, leurs lèvres venant se joindre aux miennes dans un tendre baiser.

C’est Thomas qui semble à son tour revenir à la réalité et qui se redresse pour regarder autour de lui avec le visage épanoui de contentement.

- Ce n’est donc pas un rêve ?? Nous sommes bien revenus chez nous ??

Il n’attend aucune réponse et revient se lover contre nous en ronronnant, léchant les larmes d’Antonin qui depuis son réveil lui mouillent le visage de l’immense bonheur de nous avoir près de lui.

Nous restons de longues minutes ainsi jusqu’à ce que le bruit de la porte principale du mobil home se fasse entendre et qu’apparaisse Taha quelques secondes plus tard à l’embrasure de la chambre après y avoir frappé un petit coup bref.

- J’ai ramené du café et des croissants, mais vous avez le temps de vous lever puisque Maurice demande à ce que vous ne vous montriez pas le temps qu’il arrive.

- Tu as parlé avec Maurice ??

Taha raconte alors les événements qui se sont passés depuis son réveil.

- Je n’ai pas pu faire autrement que lui dire la vérité.

- Hé merde !!

Thomas me regarde surpris.

- Il fallait s’y attendre !!

- Je le sais bien, mais je pensais que nous aurions un peu plus de temps devant nous !!

- (Taha) D’après ce que j’ai compris, ça va faire du bruit partout l’annonce de votre retour.

- (Thomas) J’en connais qui vont devoir s’arracher les cheveux pour trouver une explication valable ! Hi ! Hi !

- (Antonin) Ça va faire un sacré ramdam toute cette histoire !!

Thomas me regarde fixement, le visage soucieux jusqu’à ce qu’une idée lui vienne qui très vite lui ramène le sourire.

- Sauf si rien de tout cela ne s’était réellement passé !!

Benjamin le regarde, visiblement surpris.

- Allons « Thom » !! Le passé est le passé !! Nous ne pouvons pas revenir en arrière tu le sais bien !!

- (Thomas) Pourtant c’est déjà arrivé dans l’autre réalité, pas vrai « Flo » ?

Il explique alors comment j’ai fait pour empêcher le suicide de Mathis et l’accident d’Erwan, terminant son histoire par l’idée qui lui est venue subitement en tête.

- Il suffirait d’empêcher les soldats de faire du feu dans la clairière et nous retrouverions même papy et mamie bien vivants, tu en penses quoi « Flo » ??

Je prends un air abattu pour répondre.

- J’ai souvent pensé à cette solution qui serait sans doute la plus simple….

- (Thomas) Mais ???

- Mais je ne peux pas faire ça !!

- (Antonin) Pourquoi donc si tu l’as déjà fait ??

- Parce que dans ce cas Benjamin redeviendrait un légume dans l’autre réalité et Mathis comme Erwan seraient toujours morts, tu as connu Benjamin ?? C’était ton ami ?? Tu voudrais vraiment qu’il redevienne comme avant ??

- (Antonin) Non bien sûr !! Mais toi tu retrouverais tes grands parents, penses-y !!

- Oui, mais à quel prix !! Mes grands-parents ont eu une longue vie heureuse, nos amis là-bas commencent à peine la leur !! Tu voudrais que je la leur ôte ??

- (Antonin) Non, bien sûr !! Mais….

Thomas vient me prendre dans ses bras, sentant bien combien cette décision a dû me coûter.

- Tu es vraiment un garçon hors du commun mon chéri, je pense aussi que tu prends la bonne décision même si elle nous peine tant tous les deux !!

CHAPITRE 195 (Camping de la dune) (Dimanche matin) (On fait le mur ?)

Je souris tristement à mon Thomas, heureux malgré tout qu’il soit dans la même ligne de pensée que moi et c’est en retrouvant le sourire après avoir bien pesé le pour et le contre, que je décide de ne plus revenir là-dessus, décidant de reprendre le cours de ma vie à partir de maintenant.

- Si nous prenions ce petit-déjeuner ?? Il sera temps ensuite de voir comment nous allons reprendre nos vies en mains maintenant que nous sommes de retour !!

L’ambiance reste pesante et ça se comprend pendant que nous nous mettons à table, chacun restant dans ses pensées des changements qui auraient pu ou non avoir lieu et c’est encore une fois Thomas qui retrouve le sourire le premier en faisant sa proposition qui lui amène un amusement certain au fur et à mesure qu’il la formule, se terminant même par un éclat de rire à l’idée qu’il vient d’émettre.

- Ce serait amusant de faire la surprise de notre retour à nos proches !! J’imagine la tête de mes parents en nous retrouvant dans ma chambre alors qu’ils viennent réveiller Benjamin ! Hi ! Hi !

- Et moi la tête de Damien en ouvrant la porte de sa chambre et en nous trouvant en train de faire l’amour sur son ! lit Hi ! Hi !

Tous nos amis y passent chacun leur tour, les rires de plus en plus hystériques sortant du mobil home au fur et à mesure que chacun amène ses idées pour surprendre ceux qui ne sont pas encore au courant de notre retour.

Il nous faut un certain temps à tous pour retrouver notre calme, le fou rire n’étant jamais loin de nous reprendre et quand nous pouvons enfin avoir une conversation sérieuse, nous commençons à élaborer un plan pour mettre en œuvre toutes nos idées les plus délirantes.

- (Antonin) Il va déjà falloir changer ton apparence, ton visage est bien trop connu pour que nous puissions circuler sans problème.

- (Taha) Peut être que des vêtements suffiront pour passer inaperçus ?

- (Thomas) Ou encore ta mixture que tu as fait avaler à « Ludo » et à Joseph, pour que leurs peaux changent de couleurs ?

- Ce serait marrant ! Hi ! Hi !

- (Antonin) Maurice te fera rechercher dès qu’il s’apercevra que tu n’es plus là, c’est certain !!

- (Thomas) Il va nous falloir aussi de l’argent et des papiers !!

Antonin se lève et part fouiller dans les valises, en revenant bientôt avec des portefeuilles dans la main.

- Pour toi Thomas rien de plus facile, voilà ceux de Benjamin qui sont à ton nom et il y a ses cartes de crédits ainsi que pas mal de liquide, par contre pour toi Florian il va falloir trouver un moyen pour changer la photo ! Hi ! Hi !

Je le regarde, surpris.

- Pourquoi donc ??

Antonin amusé me tend un des portefeuilles.

- Examine le toi-même ! Hi ! Hi !

Je l’observe un bref instant sans comprendre, je vois bien à l’éclat de ses yeux que je vais très certainement aller de surprise en surprise et après avoir ouvert le portefeuille, j’en sors une carte d’identité qui me fait le regarder les yeux ronds une fois que j’en ai pris connaissance.

- C’est qui ce gars ??

- C’est toi ! Hi ! Hi ! Tu ne te rappelles pas hier soir, quand je t’ai demandé de reprendre la forme du vieil asiatique ?

- Comment ça reprendre la forme ??

Antonin explique alors la découverte qu’ils ont fait avec Benjamin que son corps n’avait pas été enterré et les démarches qui s’en suivirent avec ensuite l’assistance de Taha pour aller interroger les entités ou plutôt les dieux des pierres comme les appelle Taha.

Il explique ensuite ce qu’il a appris de la bouche de l’entité, celui-là même qui était resté avec moi pendant quasiment toute ma vie et il termine par l’aveu des autorités quant au fait que mon corps était resté parfaitement sain malgré que je l’aie quitté.

La visite à Bégin, l’entité qui s’est transféré dans mon corps et qui lui a redonné vie ainsi que ses explications quant à sa possibilité de se transformer à volonté dans une apparence qui aurait été la mienne dans un passé reculé.

J’écoute son histoire avec on l’imagine bien un ahurissement qui fait sourire aussi bien Taha, qu’Antonin et d’une même expression de stupeur incrédule venant de Thomas.

- Vous êtes sûr que ça va vous deux ?? C’est quoi encore que ce délire ??

- (Antonin) Je te jure que c’est la vérité !! L’entité nous a même dit que tu ne pouvais que revenir dans ce corps car c’était le seul qui pouvait te recevoir sans mourir dans la douleur, il a parlé d’une âme errante qui devenait de plus en plus puissante au fur et à mesure qu’elle retrouvait toutes ses parcelles de vies.

- (Thomas) Ça expliquerait bien tes maux de tête et toutes les fois où tu t’es retrouvé à l’hôpital dernièrement ??

- Pffttt !!! Tu m’en diras tant !! J’en connais qui vont avoir des explications à me donner d’ici pas longtemps !!

- (Taha) Si tu parles des dieux des pierres, ils disent que c’est trop tôt pour révéler ce qu’ils savent !! Que tu te rappelleras de tout quand le moment sera venu !!

Ça me rappelle quand j’ai tenté d’entrer dans l’esprit de l’un d’eux et qu’il a soudainement disparu de la tête du Taha de l’autre réalité, l’idée me vient alors que peut-être n’a-t-il pas disparu mais qu’il s’est comme qui dirait suicidé pour ne pas que je trouve les réponses à mes questions sur ce que je suis en réalité.

- Ouaih !! Bon !! Nous verrons ça le moment venu, pour l’instant réfléchissons au moyen de faire le mur ! Hi ! Hi !

- (Thomas) J’ai trop hâte de revoir toute ma famille !!

- Dans ce cas nous commencerons par eux, ils vont entendre à nouveau le matou qui miaulait à ta fenêtre ! Hi ! Hi ! Oh, putain !! J’ai hâte de voir la tête qu’ils vont faire !!

Thomas éclate de rire, en me soulevant à la seule force de ses bras.

- Miaou !!

- Miaou !!

Antonin et Taha se regardent mi amusés, mi incrédules, en plaçant leur index sur leur tempe en signe de folie.

- (Antonin) Ça doit être le transfert qui les rend comme ça ! Hi ! Hi ! J’espère juste que ce n’est que provisoire !!

CHAPITRE 196 (Paris) (Dimanche midi) (Comment ça disparus)

Maurice depuis ce matin tourne comme un lion en cage dans son bureau, l’immense joie tout d’abord de savoir les deux garçons de retour, suivie ensuite de l’énorme coup d’assommoir d’apprendre qu’ils ont disparus du camping sans laisser de traces, lui faisant du coup annuler son voyage pour le bassin d’Arcachon en préférant rester en poste à mettre en place les équipes de recherche et à suivre les futurs événements.

Pourquoi ont-ils disparu ?? Voilà la question qu’il n’arrête pas de se poser depuis qu’il a appris leurs disparitions, sont-ils retournés de là où ils venaient comme la première fois avec l’Antonin de l’autre réalité qui n’était resté que quelques heures en compagnie de Benjamin avant que son homologue retrouve sa place avec suffisamment d’explication pour que tous acceptent le nouveau « Thomas » qui leur est tombé du ciel.

Mais si c’était le cas, Antonin et Taha seraient toujours là et Benjamin avec l’entité, seraient sans doute réapparus eux aussi, non décidément ça ne colle pas pense Maurice en ronchonnant.

L’idée d’un kidnapping lui vient bien à l’esprit mais il est vite mis de côté, car qui aurait pu savoir ce qu’ils étaient partis faire au camping à part les quelques personnes de confiance et ses agents les plus sûrs, ceux qui sont impliqués depuis le début dans la protection de Florian.

La dernière solution qui lui vient est sans doute celle qui paraît à Maurice la plus crédible, surtout connaissant la propension de Florian à faire ce qui lui passe par la tête quand il en a envie et ce particulièrement quand il s’agit d’une plaisanterie, Maurice devant bien reconnaître que son retour parmi les vivants doit lui donner matière à en réaliser plus d’une.

Un sourire finit quand même par remplacer sa mine contrariée car après réflexion il mettrait sa main à couper que c’est sans aucun doute possible la dernière solution envisagée la bonne, il reprend donc sa place sur son siège et en quelques coups de téléphone, convoque plusieurs de ses agents dont bien sûr ceux qui depuis l’apparition de Florian dans sa vie sont devenus pour lui de véritables amis.

***/***

« Bureau de Maurice, milieu d’après-midi. »

Victor arrive le premier, étonné de cette convocation semblant si urgente mais surtout sans lui en révéler la cause et son étonnement augmente au fur et à mesure qu’il voit arriver en les reconnaissant forcément, les autres personnes convoquées.

Patrice accompagné de Camille, arrivent en deuxième, suivis de près par Gérôme et Dorian, semblant tout aussi surpris que lui de les retrouver ici et pour finir c’est Henry accompagné de quelques collègues à lui, qui tous ont fait partie de l’équipe affectée au cirque l’année précédente.

Maurice fait signe au dernier qui entre de refermer la porte derrière lui, semblant signifier par là qu’il n’attend plus personne d’autre et c’est après leur avoir laisser quelques minutes à se saluer, qu’il se racle la gorge en faisant taire ainsi les discussions pour que chacun se tourne vers lui, curieux d’entendre l’objet de la convocation.

- Messieurs !! Permettez-moi déjà de vous remercier de la diligence qui a été la vôtre pour avoir répondu aussi rapidement à ma convocation, vous vous connaissez tous et vous avez appris à vous apprécier pendant les quelques mois où vous étiez rattaché à la protection de Florian !!

Victor sent une tristesse venant de tout son être comme à chaque fois qu’il pense ou que quelqu’un lui rappelle le souvenir du jeune rouquin, il peut lire les mêmes sentiments sur les visages de ses collègues et amis, qui en entendant les paroles de leur patron se sont figés dans une expression identique à la sienne.

Quelque chose pourtant éveille la curiosité de Victor, ce quelque chose n’est rien moins que le visage de son patron et ami, qui quoique visiblement contrarié, n’a pas l’expression à laquelle il se serait attendu surtout venant de sa part alors que Victor connaît parfaitement l’état dépressif de Maurice depuis le décès de Florian.

C’est donc avec cette interrogation toujours à l’esprit, qu’il attend la suite qui ne saurait tarder et qui va très vite l’amener lui aussi à un changement d’attitude radicale, en comprenant la raison de ce manque d’émotion venant de son patron au rappel du lien puissant qui les rattache tous dans une amitié sans faille.

Maurice remarque lui aussi la tristesse de tous les visages pour la simple et bonne raison que son rappel avait été fait en toute connaissance de cause, pour réouvrir une blessure que le temps ne pourrait jamais cicatriser entièrement.

L’œil attentif de Victor prouve une fois de plus combien cet homme mérite la place qui est la sienne au sein de l’agence, se doutant bien de toutes les questions qui déjà lui viennent à l’esprit quand à cette réunion peu protocolaire.

C’est donc en le fixant tout particulièrement qu’il poursuit sa diatribe.

- Vous voilà tous à reprendre du service pour une mission en tous points identiques à celle que tous ici ont participé avant le malheureux événement qu’il est inutile je pense de vous rappeler et que je vais vous confier avec effet immédiat, qui prévaut bien entendu sur celles où vous étiez engagés à ce jour !!

- (Patrice) Comment ça en tous points identiques ??

- Quelqu’un pourrait-il remettre en mémoire à notre ami ici présent en quoi consistait cette mission qui nous a tous valu cette amitié qui maintenant nous lie les uns aux autres ??

- (Dorian) La surveillance et la protection de Florian ??

- Exactement !!

- (Camille) Mais enfin tu sais bien que c’est impossible, puisqu’il est…mort !!!!

Maurice sourit car c’est exactement ce qu’il cherchait à leur faire dire.

- Et bien détrompez-vous tous !! C’est ce que nous croyions il n’y a pas encore si longtemps !! …Mes amis !! …Je peux vous le dire aujourd’hui, que Florian !! …Notre Florian, est bel et bien vivant et qui plus est, il est de retour avec Thomas depuis cette nuit dans notre réalité !!!

CHAPITRE 197 (Paris) (Dimanche après-midi) (La mission)

L’effet d’annonce est tellement détonnant qu’un lourd silence s’installe dans le bureau, tout du moins jusqu’à ce que les dernières paroles de leur patron fassent le tour dans leur tête et qu’ils en comprennent bien le sens, sans équivoque possible.

Victor comprend mieux l’atmosphère particulière, qui depuis leur entrée dans le bureau lui semblait moins pesante que depuis ces derniers mois.

- J’imagine que ce n’est pas une plaisanterie ??

- Me crois-tu capable de vous avoir fait venir pour ce genre de chose ? Florian et Thomas sont bien de retour, j’ai eu Taha au téléphone qui m’a confirmé être avec eux !!

- (Camille) Où sont-ils ??

- C’est là où ça se complique !! Il semblerait qu’ils aient disparu depuis !!

- (Henry) A part Taha, quelqu’un d’autre les a vus ?? Que sait-il de cette disparition ??

- En fait pour être honnête, il a disparu lui aussi tout comme Antonin qui était avec lui !!

Maurice voit bien à leurs expressions que le scepticisme commence à remplacer l’espoir qu’il pouvait lire sur leurs visages quelques instants plus tôt, il préfère alors leur raconter toute l’histoire depuis la convocation de Benjamin et ses soupçons sur la présence réelle du corps de Florian enterré dans le cimetière d’Aix en Provence.

« Quelques minutes plus tard. »

- Voilà toute l’histoire et je vous assure qu’elle est bien tout ce qu’il y a de plus réelle !!

- (Patrice) Plus rien ne devrait nous étonner depuis que nous connaissons « Flo », il reviendrait donc bien… d’ailleurs ??

- (Victor) Ce n’est pas le plus important il me semble, je me fous bien de ce qu’il est !! Pour moi c’est comme un fils et je ne souhaite que de pouvoir de nouveau le serrer très fort dans mes bras !!

- (Dorian) Tu as complètement raison, de plus nous savions tous qu’il n’était pas comme les autres mais le plus important pour l’instant c’est de le retrouver, je pense moi aussi qu’il s’amuse à l’idée de surprendre tout le monde.

- (Camille) Ne lui ôtons pas cette joie bien naturelle après tout ce qu’il vient de traverser.

- (Maurice) C’est la raison principale de votre présence ici, vous allez former trois groupes !! Gérôme avec Dorian dans le sud, Patrice et Camille direction Reims, Victor et les autres à Paris !! S'il y a d'autres préférences, à vous de vous arranger entre vous !! Je veux que vous le retrouviez sans qu’il ne se doute de rien, laissez-le faire ce que bon lui semble tant qu’il n’y a aucun danger pour lui !! A la moindre alerte !! Le moindre doute du contraire, vous sonnez l’alerte générale et vous serrez les rangs autour de lui, c’est bien compris ?? Il ignore certainement encore toute l’importance de ce qu’il représente depuis que ses recherches médicales sont commercialisées et que notre atmosphère a été entièrement purifiée, si quelqu’un venait à le reconnaître alors que tous le croient mort !! Brrr !!! Je préfère ne pas imaginer la suite pour l’instant.

- (Gérôme) Les gens sont en dévotion rien qu’à prononcer son nom, que peut-il bien risquer qui t’inquiète autant ??

- Justement ça figure toi !! Ça me rappelle un spectacle donné à Bercy par Johnny Hallyday, j’ai bien cru ce jour-là qu’ils allaient le démembrer tellement ses fans étaient devenus hystériques !! Son service d’ordre a été complètement submergé et il s’en est fallu de peu pour que le spectacle n’ait pas lieu, ses yeux quand il les a tournés vers nous étaient dans un désarroi total ce soir-là et j’imagine qu’il a dû avoir la trouille de sa vie, tout ça pour dire que je ne voudrais pas que ça se reproduise avec Florian.

- (Victor) J’imagine qu’il ne vaut mieux pas que je prévienne les triplés ??

- Laissons-lui le plaisir de la surprise qu’il leur fera ! Hi ! Hi !

- (Camille) Je trouve quand même étrange que tu n’envisages pas d’autres possibilités, comme par exemple le fait qu’ils auraient pu avoir été enlevés ou encore qu’ils soient tous repartis dans une autre probabilité.

- (Patrice) Réalité ma grande !!

- (Camille) Si tu veux !! Ça ne change rien à ma question !!

Tous se tournent alors vers Maurice en attente de sa réponse.

- Je ne pense pas qu’il y ait eu enlèvement, tout simplement parce qu’il n’y avait aucune raison pour que ça arrive et l’entité, appelons-le comme ça puisque c’est comme ça qu’Antonin nous l’a présentée !! L’entité donc avait modifié le corps de Florian pour faire le voyage et je vous assure qu’il n’y avait plus rien à voir avec celui que vous connaissiez, donc je ne vois vraiment pas qui aurait pu avoir l’idée d’un enlèvement.

- (Victor) Tu oublies juste Benjamin et Antonin !! L’héritage qu’ils ont reçu en ont fait de parfaites victimes potentielles, ne serait-ce pour obtenir d’eux une forte rançon.

Maurice pâlit soudainement, n’ayant pas mais alors pas du tout pensé à ce cas de figure pourtant plus que plausible après réflexion, il finit néanmoins par retrouver son sourire quand il leur fait la remarque qui vient de traverser son esprit.

- Si c’est le cas, je plains les agresseurs ! Hi ! Hi ! Ça ne vous rappelle rien ? Il me semble que ceux qui s’y sont essayés ont très vite pris leurs jambes à leur cou ! Hi ! Hi !

- (Victor) C’est quand même une possibilité à prendre en compte, tout comme celle qu’ils soient effectivement repartis ailleurs !!

- (Maurice) Pour cette option je peux affirmer que ce n’est pas possible, l’entité nous a expliqué qu’il fallait qu’il y ait un corps semblable en tout point de chaque côté pour que ça puisse se produire !! Je ne suis d’ailleurs pas certain que Florian soit revenu dans le bon corps, c’est encore une des choses importantes qu’il sera bon de vérifier sitôt que nous pourrons lui parler.

Il explique alors plus en détails ce qu’il n’avait pas révélé entièrement quelques minutes plus tôt.

- (Dorian) Pffttt !!! Décidément avec lui on n’a pas fini d’aller de découverte en découverte !! En attendant, tout ce que je retiens avec un plaisir pas possible c’est qu’il est revenu et je n’ai qu’une hâte, c’est de revoir sa frimousse le plus tôt possible.

CHAPITRE 198 (Aix en Provence) (Dimanche soir) (Retour à la maison)

Tout est calme ce dimanche dans le lotissement qui a vu grandir Florian et Thomas, la nuit vient juste de tomber et personne dans la rue pour remarquer l’étrange manège des quatre silhouettes qui rasent les murs, vêtus de la tête aux pieds de façon à ce que quasiment rien n’apparaisse de leurs corps.

Ils s’arrêtent devant le portillon donnant sur le jardin où vivaient les De Bierne et qui quoique toujours entretenu avec soin, n’en demeure pas moins vide d’habitant depuis le décès de ses derniers occupants.

Un des quatre protagonistes passe souplement par-dessus la porte pour se diriger vers un vieux pot de fleur semblant abandonné là depuis des décennies, le soulève et en sort un trousseau de clés, astucieusement caché dans le renflement central du pot.

Il ne faut plus que quelques minutes après ça pour que les quatre personnes entrent dans la maison en refermant avec soin derrière eux, ne reste plus qu’à ré enclencher le disjoncteur principal au tableau électrique pour qu’une lumière soit ensuite allumée dans une pièce où aucune fenêtre ne donne sur la rue.

Les vêtements tombent alors avec un soupir de satisfaction générale, venant des quatre garçons dans un ensemble parfait les faisant sourire.

- (Antonin) Ouf !! J’ai bien cru mourir de chaud sous ces fringues !!

- (Taha) Alors qu’est-ce que je devrais dire ! Hi ! Hi !

- (Thomas) C’était la seule solution pour passer inaperçu, vous le savez bien !!

- Inaperçu mon œil !! Habillés comme en plein hiver par un cagnard pareil, les gens ont dû nous prendre pour des barges ! Hi ! Hi !

- (Antonin) Je ne sais pas pour vous les gars, mais ça me fait tout drôle de me retrouver dans cette maison !!

Je capte du coin de l’œil le regard inquiet que Thomas porte sur moi, sans doute a-t-il encore en tête ma décision de ne rien changer du passé de cette réalité et c’est en fixant mes yeux dans les siens que je le rassure.

- Moi je suis bien content au contraire, j’ai tellement de bons souvenirs dans cette maison et d’ailleurs j’ai bien l’intention de continuer à y vivre même si ce ne sera certainement que pendant mes vacances.

Une question me vient alors à l’esprit.

- Raphaël habite où maintenant ? Je présume qu’il n’est pas resté tout seul ici après le décès de mes grands-parents ?

- (Thomas) Il n’a pas eu loin à déménager, les parents d’Éric ne se sont pas fait prier pour qu’il emménage chez eux dès son retour d’Afrique. Du moins c’était comme ça avant que je te rejoigne !!

- (Antonin) Je confirme que ça l’est toujours !!

- (Thomas) On s’installe ici pour cette nuit alors ?

- Difficile de faire autrement !! Nous allons devoir mettre des couvertures devant les fenêtres si nous voulons pouvoir circuler dans les pièces tranquillement sans se faire repérer, les volets ne sont pas suffisamment hermétiques pour ça.

Une fois chose faite, chacun se partage les tâches aussi bien de faire les lits des chambres que de mettre le chauffe-eau en marche forcée ou encore d’aller sortir des bocaux de conserves ainsi que des boissons de la cave.

Je dois bien m’avouer qu’autant le fait de retrouver la maison m’avait fait un immense plaisir, autant la visite de la cave avec tous ces bocaux amoureusement préparés et rangés par mes grands-parents, m’amènent une tristesse soudaine qui un instant me paralyse en me renvoyant dans un panel d’émotions qui appelle mes larmes au plus grand désespoir de Thomas qui vient me prendre doucement par la taille.

- Il fallait bien que quelque chose de cette maison t’aide à faire ton deuil.

Je me blottis contre lui en laissant déferler toute la tristesse et tout le désespoir que je gardais au fond de moi et qui maintenant qu’ils se libèrent, m’envoient des coups de poignard dans le cœur.

***/***

Thomas voit Antonin accompagné de Taha qui descendent les premières marches, inquiétés par les pleurs qu’ils entendaient depuis l’étage et s’arrêtent net sur un signe de Thomas qui leur fait signe de reculer, pour laisser à Florian le temps de pleurer enfin tout son soûl la disparition de ceux qui ont été tout pour lui depuis son plus jeune âge.

Il reste silencieux pendant un temps qui lui paraît des heures en se contentant de le tenir serré dans ses bras jusqu’à ce qu’il sente qu’il commence à se calmer, l’embrassant ensuite timidement jusqu’à ce que ses baisers lui soient rendus de plus en plus fiévreusement et que les yeux jusqu’alors noyés de chagrin, commencent à briller d’une lueur dénotant tout l’amour que ressent pour lui son ami.

Quelques minutes encore avant que Thomas tente de s’écarter lentement de ce corps tout chaud, qui commence à lui donner des envies beaucoup moins sages et pas forcément au moment le plus opportun qui soit, préférant s’emparer de quelques bocaux pour remonter rejoindre ses autres compagnons.

Il se tourne vers son petit rouquin, juste avant de monter la première marche.

- Ça va aller mon chéri ?

- Oui !! Je vous rejoins dans un instant !! …Hep, Thomas !!

Thomas qui s’apprêtait à remonter les marches, se retourne vers lui surpris.

- Oui ??

- Merci !!

Le grand blond comprend tout ce que représente ce simple mot pour son ami et lui envoie avec émotion son plus beau sourire, un murmure à peine audible sort alors de ses lèvres.

- Je t’aime !!

CHAPITRE 199 (Aix en Provence) (Lundi matin) (Réveil)

Quand je me réveille ce matin-là, c’est avec une immense impression de plénitude que je n’avais plus ressentie depuis le voyage en Afrique à cause duquel je me suis retrouvé dans cette autre réalité fort différente de ce à quoi je m’étais attaché jusque-là.

Bien sûr je ne peux et c’est bien naturel, m’empêcher de penser à tous ceux que j’ai laissés là-bas derrière moi et qui ne doivent plus rien y comprendre, me doutant bien de la tristesse qu’ils doivent ressentir en ce moment même.

Je me dis pour ma défense, que je n’avais pas du tout prévu ce départ précipité et que j’ai été moi aussi pris dans un tourbillon d'événements auxquels je ne m’attendais pas du tout, ce qui quelque part dans mon esprit m’aide beaucoup à soulager ma conscience.

Maintenant je suis revenu et j’en suis très heureux, sentant bien au fond de moi que c’était ce à quoi j’avais toujours aspiré et cela depuis le début, retrouvant cette étrange impression sans en comprendre le pourquoi du comment que ce corps actuel correspond à cent pour cent à ce que je suis en réalité.

Je suis au top de ma forme ce matin sans qu’il y ait eu besoin de recharger mes batteries de quelque façon que ce soit et cette nuit tranquillement passée avec mon Thomas est resté très chaste, même si nous nous sommes enlacés toute la nuit dans les bras l’un de l’autre jusqu’au matin.

Mon esprit comme s’il était soudainement soulagé d’un carcan qui l’empêchait de libérer tout son potentiel, recommence à me titiller dans des équations complexes qui avant cette aventure m’amenaient souvent à me sentir détaché comme hors du temps à passer des heures à leurs résolutions.

C’est donc machinalement comme poussé par une forte impression de manque, que je me lève pour fouiller dans les tiroirs de ma chambre et en sortir quelques minutes plus tard avec le sourire, un de ces fameux carnets qui ne me quittaient jamais et dans lesquels j’éprouvais le besoin d’y annoter toutes les idées ressortant de mes longues pérégrinations mentales.

***/***

Thomas s’éveille à son tour, réveil très certainement causé par le manque de présence soudaine contre lui du corps de son chéri qui lui amenait cette douce chaleur dont son propre corps ne peut plus que très difficilement se passer, tant la présence de son amour à ses côtés lui devient chaque jour de plus en plus indispensable.

Un sourire tout en émotion lui vient quand il le voit enfin, assis sur sa chaise devant son bureau à griffonner à une vitesse folle sur son sempiternel petit carnet, démontrant par ce simple constat que tout est ou du moins commence à rentrer dans l’ordre.

Le grand blond s’étire langoureusement avant de mettre à son tour les pieds au sol, se sentant reposé comme il ne l’avait plus ressenti depuis bien longtemps et c’est en contemplant toujours avec une forte émotion son petit rouquin qui ne semble même pas s’apercevoir de sa présence, qu’il s’habille pour passer ensuite aux toilettes soulager un besoin pressant avant de descendre au rez-de-chaussée en se gardant bien de déranger Florian alors qu’il est toujours perdu dans son monde de réflexion.

Antonin avec Taha, sont déjà tous deux dans la cuisine à prendre le petit-déjeuner constitué de café et d’un paquet de biscotte retrouvé dans un placard, quand il y entre à son tour.

- Salut les gars !! Bien dormi ?

- (Antonin) Comme un gosse ! Hi ! Hi !

- (Taha) J’ai toujours du mal d’habitude avec vos lits trop mous pour moi, mais là j’avoue que j’ai passé une sacrée bonne nuit !!

- (Antonin) Florian dort encore ?

Thomas lui fait signe de la tête que non en mimant la position de son chéri écrivant à toute vitesse sur son sempiternel carnet, ce qui fait bien sûr sourire Antonin bien au fait des « petites manies » de son petit rouquin chéri.

- Ça sent le retour des choses à la normale tout ça et je ne vais pas m’en plaindre, encore une découverte extraordinaire à plusieurs milliards de dollars qui va une fois de plus révolutionner le monde entier !!

- Tu sais ce qu’il pense de l’argent !!

Regard et grimace sur les biscottes.

- Va falloir que quelqu’un se dévoue pour aller rapidement faire des courses !!

- (Antonin) J’ai compris ! Hi ! Hi ! Je m’y colle dès que j’ai terminé mon café !!

Thomas retourne dans l’entrée pour prendre son portefeuille, il compte l’argent liquide qu’il lui reste en grimaçant et revient vers Antonin, en lui tendant quelques billets.

- Va falloir faire attention, les fonds ne sont pas inépuisables !! Ce serait dommage de se faire capter à tirer sur une carte bleue, nous avons encore besoin de quelques jours tranquilles et après, ça n’aura plus d’importance !!

- (Taha) Maurice doit déjà être au courant, ses hommes ont dû faire leurs rapports depuis hier !! Rends-toi compte surtout après ce que je lui ai dit au téléphone, il doit angoisser à mort le pauvre !!

- (Thomas) Je pense qu’il doit déjà connaître nos intentions, il connaît trop Florian pour ne pas avoir pensé lui aussi que nous voulions juste faire la surprise de notre retour à nos proches ! Hi ! Hi !

- (Antonin) Hum !! Il peut aussi avoir en tête d’autres options moins plaisantes, nous devrions peut-être le mettre dans la confidence et lui expliquer nos intentions, après tout nous ne faisons rien de mal !!

- (Thomas) C’est à Florian de l’appeler, je verrais ça avec lui dès qu’il sera sorti de ses équations et qu’il aura remis les pieds sur terre !! Pour l’instant il est dans son monde et comprendrait tout de travers en entendant mes explications ! Hi ! Hi !

- (Antonin) Il y a longtemps que je ne t’ai pas vu aussi heureux Thomas, tu ne peux pas imaginer le bien que ça me fait de te retrouver comme ça !!

Une voix retentit dans l’escalier avec un bruit de pas précipités qui l’accompagne, les trois amis s’observent le fou rire au bord des lèvres quand le petit rouquin apparaît mimant une guitare dans les mains.

- Je marche seul dans la nuit noire !! Je suis un voyou, Hou !! Hou !! Ma dégaine sur le boul’vard !! J’fous l’malaise partout, Hou ! Hou !

Il s’aperçoit alors de l’énorme trouble de Thomas et abrège la chanson, en souriant de toutes ses dents.

- Souris-moi mon gars !! Yeahhhh !!

C’en est trop pour le grand blond qui court s’enfermer dans les toilettes pour se laisser aller sans se retenir à toutes ces émotions qui le submergent, Florian surpris regarde ses amis restés près de lui.

- Qu’est ce qui lui prend ??

Antonin essuie les quelques larmes qui s’étaient échappés de ses yeux.

- C’est de te retrouver comme avant, il ne faut pas demander ce qu’il éprouvait comme malaise dans l’autre réalité !!

CHAPITRE 200 (Aix en Provence) (Lundi matin) (Rencontre imprévue)

« Un peu plus tard dans la matinée. »

Antonin les bras chargés des courses qu’il vient de faire, essaie dans la mesure du possible de ne pas trop se faire repérer pour ne pas que quelqu’un s’interroge, non pas de sa présence mais de la direction qu’il prend pour rentrer, direction qui risquerait de lui amener des questions auxquelles il ne tient pas vraiment à avoir à répondre.

C’est donc capuche du sweet-shirt sur la tête, qu’il se presse en surveillant chaque mouvement autour de lui et son esprit en est tellement obnubilé, qu’il ne se rend pas compte que c’est justement cette façon d’agir furtive qui amène la curiosité sur lui.

***/***

Chloé sort de la boulangerie où comme chaque matin depuis qu’elle est en vacances, elle passe prendre le pain qu’elle ramène ensuite en petite foulée chez elle avant d’aller rejoindre ses amis à la piscine.

C’est la silhouette frêle d’un jeune homme habillé de la tête aux pieds par cette chaleur estivale, qui l’interpelle au point de la faire stopper net pour pouvoir mieux se concentrer sur son étrange attitude à raser les murs, les bras chargés de plusieurs sacs de provisions.

Bizarrement ce garçon ne lui semble pas inconnu, autant par son physique que par sa grâce naturelle et de là à très vite faire le rapprochement avec Antonin, le pas est très vite franchi ; Quelque chose, comme un étrange pressentiment la retient de l’interpeller alors qu’il semble faire tout justement pour ne pas que ça lui arrive.

Bien sûr la curiosité de Chloé ne tarde pas à prendre le dessus sur ses occupations somme toute pas si urgentes que ça, décidant par elle ne saurait dire quel pressentiment de le suivre pour en avoir le cœur net, déjà une pour s’assurer que ce soit bien d’Antonin qu’il s’agit et de deux, savoir où il peut bien se rendre avec son chargement de nourriture.

C’est donc tout excitée qu’elle mène sa petite filature le plus discrètement possible, jusqu’à ce qu’elle s’arrête le front plissé d’un énorme sentiment d’étonnement en comprenant qu’il se dirige tout droit vers le pavillon des De Bierne.

Chloé attend quelques minutes pour être certaine qu’il ne va pas ressortir, pour ensuite entrer à son tour le plus discrètement possible et aller à pas de louve jusqu’à la fenêtre de la cuisine pour essayer de comprendre ce qui se trame dans cette maison qui normalement à part une femme de ménage une fois par semaine et le jardinier qui entretient le jardin, devrait être inhabitée.

Comme elle est un peu petite, Chloé monte sur un seau qui n’attendait qu’elle sur le côté du pavillon, découvrant petit à petit son visage à la fenêtre jusqu’à ce qu’elle y voie suffisamment et son regard lui démontre qu’elle ne s’était pas trompée et qu’il s’agit bien là d’Antonin et non d'un squatter quelconque qui a déjà commencé à déballer ses courses en discutant visiblement avec quelqu’un qui n’est pas encore dans son champ de vision.

Elle se redresse alors curieuse jusqu’à se mettre sur la pointe des pieds pour entrapercevoir un morceau du salon.

Ce qu’elle y découvre alors lui amène une telle stupeur qu’elle en perd l’équilibre et se vautre par terre dans un bruit et un cri strident, qui ne peuvent qu’ameuter ceux qui sont à l’intérieur de la maison.

***/***

Taha avec l’oreille sensible du chasseur, est le premier à redresser la tête dans la direction où il a perçu le cri suivi d’une chute.

Il se précipite vers la porte pour aller voir quel peut bien être ce qui l’a occasionné, en se demandant si c’est un voleur ou un simple curieux s’étant aperçu que le pavillon était occupé.

Reconnaissant Chloé, il se précipite sur elle pour l’aider à se relever et son visage montre autant l’inquiétude qu’elle se soit fait du mal en tombant, que l’appréhension de ce qu’elle pourrait avoir eu le temps de voir par la fenêtre.

- Chloé ?? Tu t’es fait mal ?? Laisse-moi t’aider à te relever !!

***/***.

Chloé tremble de tous ses membres, non pas à cause de sa chute qui sur le carré de pelouse ne lui a causé aucune douleur mais de ce que ses yeux pendant quelques secondes ont vu et que son esprit refuse toujours à accepter, ce qui d’ailleurs a déclenché son sursaut de surprise qui a été à l’origine de sa dégringolade.

Elle accepte néanmoins la main de Taha qui l’aide à se relever, lui laissant ainsi le temps nécessaire pour qu’elle fasse le tri dans sa tête et qu’elle finisse par se convaincre qu’elle n’est pas folle, s’échappant comme une démente des mains de Taha qui la regarde entrer en trombe dans la maison, en poussant quelques secondes plus tard un cri tellement strident qu’il en a une grimace d’inquiétude.

Il se précipite à son tour dans la maison pour trouver ses trois amis penchés sur elle, son corps inerte tenu par Thomas qui doucement va la déposer avec mille précautions sur le canapé du salon.

Taha prend le temps de bien refermer la porte d’entrée avant de les rejoindre, son visage marquant la même inquiétude que ses amis qui maintenant restent agenouillés tout autour d’elle.

***/***

Je lui prends le pouls d’une main en lui tâtant le front de l’autre, retournant ensuite mon attention vers mes amis pour les rassurer.

- Ce n’est rien heureusement !! Juste un évanouissement dû au choc émotionnel de la surprise, elle ne devrait pas tarder à rouvrir les yeux.

- (Antonin) C’est de ma faute !! J’aurais dû faire plus attention en rentrant !!

- Le mal est fait, ça ne sert à rien de culpabiliser !! Ah !! La voilà qui se réveille !!

J’approche mon visage du sien en souriant, heureux malgré tout de retrouver une de mes meilleures amies et quand je vois ses yeux s’ouvrir en marquant une stupeur proche de la frayeur la plus pure, je lui resserre ses mains dans les miennes en lui parlant d’une voix douce et rassurante.

- Bonjour ma puce !! Content de te revoir enfin !!

Sa réaction nous surprend tous quand elle encercle fougueusement mon cou entre ses bras en laissant échapper un torrent de larmes, son corps tremblant et hoquetant sans qu’elle puisse le moins du monde le contrôler.

- Florian !!! C’est bien toi ?? Oh mon dieu !!!

« Crise de larmes l’empêchant de poursuivre. »

- Tu étais mort !!!

« Nouvelle crise de larmes suivie d’un début de rire hystérique. »

- Comment est-ce possible ??

CHAPITRE 201 (Aix en Provence) (Lundi soir) (Surprise, émotion, tendresse, mise au point et amour)

La journée s’est finalement bien passée, surtout une fois Chloé remise de ses émotions et que nous ayons pu tout lui expliquer, tout du moins ce que nous même nous en avions compris de toute cette aventure qui finalement nous ramène chez nous quasiment au point de départ avec le plaisir qu’il en découle.

Thomas et moi n’avons pas échappé à notre plus grand bonheur d’ailleurs, à ce que notre amie soit toujours accrochée à nous comme une sangsue à nous embrasser pour un oui ou pour un non à la moindre occasion, comme tout aussi bien d’ailleurs quand il n’y en avait pas.

Ce n’est qu’une fois l’après-midi bien entamé, qu’elle reçoit un coup de téléphone qui va nous donner l’occasion de mettre en œuvre une partie de ce pourquoi nous sommes là.

- Allô !!

- ….

- Ah c’est vous ??

- ….

- Vous êtes rentrés quand ??

- ….

- Ah !! Je comprends !!

- ….

- Ici tout va bien, oui !! Si vous voulez je passerai vous voir demain et nous pourrons nous raconter ces dernières semaines !!

- ….

- D’accord on fait comme ça !! Bisous les garçons, à demain et ne faites pas de folies cette nuit, les parents d’Éric ont l’oreille fine ! Hi ! Hi !

- ….

- Bisous !!

Chloé raccroche et va ranger son portable, quand elle revient au salon c’est avec le sourire aux lèvres.

- Vous avez de la chance, Éric et « Raphi » viennent juste de rentrer pour une semaine.

- (Thomas) Pourquoi, ils étaient où ??

- (Chloé) Chez Jean pour lui donner un coup de mains voyons !! Tu connais suffisamment Raphaël pour savoir qu’il ne raterait ça pour rien au monde. C’est plus une question d’être en famille, qu’une histoire d’argent maintenant que nous sommes tous bien pourvus de ce côté-là grâce à vous deux.

Antonin croit bon d’expliquer.

- Vous savez les gars, aucun de nous n’a pris la grosse tête à cause de l’argent que nous avons tous reçus !! Nous continuons tous nos études où notre vie comme si de rien n’était, juste que nous n’hésitons pas à la dépense quand il s’agit de nous voir !! Pour le reste il n’y en a pas un qui en abuse immodérément.

Il hésite en souriant.

- A part peut être « Ludo » qui couvre « Mél » de cadeaux ! Hi ! Hi ! Mais ça reste plus drôle qu’autre chose !!

- J’imagine ! Hi ! Hi ! Sinon pour en revenir à nos deux loustics ?? Ils vont donc dormir en face ce soir ??

- (Thomas) On leur refait le coup de l’échelle ?

- C’était justement ce à quoi je pensais !!

Je regarde l’horloge qui marque vingt et une heure.

- On va attendre encore un peu, histoire d’être certain qu’ils seront dans leur chambre !!

- Tu devrais prévenir tes parents ma puce, ils vont finir par s’inquiéter !! Déjà qu’ils attendent toujours leurs baguettes de pain ! Hi ! Hi !

- (Chloé) Oups !! Je ferai mieux de rentrer en effet, vous me raconterez tout demain de toute façon !!

- Hummm !!! Tout je ne sais pas ma puce, ça va dépendre de l’émotivité de nos deux zigotos !!

- (Chloé) Vous avez donc l’intention de vous remettre ensemble ?

- Et pourquoi non ?

Chloé fixe Thomas en montrant bien par-là que c’est surtout à lui qu’elle s’adresse.

- Pour Yuan, Éric et Raphaël je comprends, mais pour Antoine ? Tu as mis « Flo » au courant pour vous deux ?

- (Thomas) Bien sûr qu’est-ce que tu crois !! Je lui parlerai, il comprendra et en plus ce n’est pas comme s’il était tout seul, lui aussi il a ses amis en plus de son amoureux.

- Tiens donc !! Je les connais ??

- (Antonin) Luka et Raymond, depuis que tu es…. Enfin depuis que tu étais ailleurs, ils se sont beaucoup rapprochés d’Antoine et de Jonas. Il y a aussi Benjamin, le frère d’Anne et de Cindy, qui sont avec Jordan et Johan et pour finir la liste de ce que tu ne connais pas encore, il y a Steven et son copain Michael, qui sont de plus en plus proches de Chan et Dante !

- C’est tout ??

- (Chloé) Tu oublies Gauthier et Redwan qui se sont mis ensemble !!

- Je m’en serai douté un peu pour ces deux-là !! Ah oui, pendant qu’on y est du côté de Reims rien de neuf ??

- (Antonin) Non par là-bas ça file le parfait amour en couple seulement, tout le monde n’est pas adepte de la partouze non plus, heureusement !!

- C’est pour nous que tu dis ça ?

Antonin pâlit.

- Tant que ça reste avec « Yu », « Raph » et « Riquet » ça va !!

- Mais pas Antoine ? Bizarre non ?? Thomas était pourtant devenu proche de lui il me semble ??

Antonin fixe Thomas sans baisser un seul instant les yeux, alors qu’il répond avec sa franchise habituelle à ma question.

- Je n’ai rien dit à l’époque parce que Thomas était encore trop choqué par ta disparition, mais j’ai toujours été contre !!

- Rassure-toi, moi aussi !! Même si j’ai fait exactement comme Thomas, sûrement pour les mêmes raisons mais dans l’autre réalité.

Je prends Antonin dans mes bras.

- Je te promets qu’il n’y aura jamais d’autres garçons que ceux avec qui tu acceptes de nous partager. Mais ne me demande jamais de ne plus les voir, je les aime presque autant que toi.

CHAPITRE 202 (Aix en Provence) (Lundi soir) (Surprise, émotion, tendresse, mise au point et amour) (suite)

« Aux alentours de vingt-trois heures, dans la chambre d’Éric et de Raphaël. »

La fatigue de la journée s’est si bien fait ressentir pour les deux amoureux, qu’ils dorment enlacés l’un à l’autre comme à l’accoutumée et qu’un simple câlin leur a suffi avant de se laisser aller dans les bras de Morphée, les laissant nus sous un simple drap à cause de la chaleur étouffante qui règne dans la chambre malgré la fenêtre grande ouverte sur la nuit sans étoiles.

Un léger bruit venant du dehors suivi d’un murmure de voix étouffées finit quand même par ôter le sommeil d’Éric, qui depuis la mort de Florian et la disparition de Thomas, ne dort plus aussi profondément qu’avant, car sujet à des cauchemars qui le ramènent trop souvent à ce jour d’Afrique où il a perdu une partie de lui-même.

Il croit un instant revivre en rêve une autre soirée, merveilleuse celle-là où ses amis sont venus les rejoindre en passant par la fenêtre.

Éric sourit en se serrant plus fort contre la peau douce de Raphaël, qui en exhale un petit râle de bien-être en sentant la force virile de son amoureux.

***/***

« Crac !!! »

- Chut !!

***/***

Éric redresse vivement la tête, cette fois-ci bien réveillé et conscient qu’il se passe quelque chose d’anormal, pensant instantanément à des voleurs voulant profiter de la fenêtre ouverte pour entrer dans la maison.

Il secoue alors Raphaël qui surpris ouvre les yeux en se demandant ce qui lui arrive, il va pour poser la question quand la main d’Éric vient doucement mais fermement se poser sur sa bouche et qu’il approche les lèvres de son oreille pour l’avertir de ce qu’il a entendu.

- Il y a quelqu’un dehors !! Sans doute des voleurs, écoute !!

Raphaël se redresse sur les coudes en fixant la fenêtre et en tendant l’oreille aux bruits extérieurs, sur le moment il n’entend rien et va pour en faire la remarque à son chéri en se moquant gentiment de lui, quand un petit bruit le fait tressaillir et qu’apparaissent à la fenêtre les deux montants de ce qui ressemble étrangement à une échelle.

Comme pour Éric et pendant un bref instant, il lui vient aussi à l’esprit une de ses nuits mémorables et inoubliables passées avec Florian et Thomas.

Un grincement venant du bas de l’échelle le fait revenir à la réalité, entendant parfaitement cette fois quelqu’un qui monte les barreaux un à un et d’un geste de la tête à Éric, ils se lèvent tous les deux pour se placer de chaque côté de la fenêtre afin d’accueillir comme il se doit ceux qui ont l’audace de vouloir entrer chez eux sans y être invités.

Les deux garçons sont en pleine forme physique et ne sont pas des couards, c’est donc les poings serrés à leur blanchir les phalanges, qu’ils attendent de voir passer la tête du cambrioleur.

Une voix prononce alors une phrase sans doute destinée à son complice, qui même si elle est dite dans un souffle ne manque pas d’interpeller nos deux amis.

***/***

- Chut !! Attends que je jette d’abord un coup d’œil pour voir s’il y a quelqu’un !!

- Ok !!

***/***

Éric et Raphaël sont de plus en plus déstabilisés à entendre ces deux voix qui bizarrement ne leur semblent pas inconnues, l’ombre d’un visage se présente à la fenêtre et semble scruter attentivement la chambre, avant de disparaitre subitement.

***/***

- Ils ne sont pas là !!

- Non !! Tu déconnes !!

- Je t’assure « Flo », le lit est vide !!

***/***

Les deux garçons dans la chambre restent un moment comme figés, comme si leur cœur était traversé par un pieu tellement le pincement qu’ils ressentent leur apporte une douleur peu commune.

***/***

Pendant ce temps-là sur l’échelle, les deux complices visiblement déçus continuent à discuter mais du coup beaucoup plus fort en croyant la pièce vide.

- Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

- On n’a plus qu’à repartir, nous reviendrons plus tard !!

- Ok !!

- Aïe !! Tu m’écrases les doigts « gros » !! Tu pourrais attendre que je descende quand même !!

***/***

Raphaël s’avance pour voir si ce qu’il entend correspond à ce que son cœur est en train de lui dire d’une façon de plus en plus précipitée, il marche alors sur quelque chose qui traînait au sol et qui du coup s’échappe en allant frapper le mur un peu plus loin.

***/***

Thomas va pour répondre quand il entend le bruit venant de la chambre, il baisse la tête vers son ami en mettant un doigt en travers sur ses lèvres.

- Quoi ??

- Chut, j’entends quelque chose !!

- Tu n’as qu’à jeter un œil !!

- Ok !!

L’ombre de la tête réapparaît alors pour scruter de nouveau la pièce, seulement cette fois elle se retrouve devant deux visages livides et les lèvres tremblantes tordues d’émotions, qui le regardent avec des yeux arrondis d’une stupeur sans pareille.

CHAPITRE 203 (Aix en Provence) (Lundi soir) (Surprise, émotion, tendresse, mise au point et amour) (suite)

Thomas sourit à ses deux amis, avant de tourner la tête vers moi qui attend quelques barreaux plus bas

- Oups !!

- Quoi, oups ??

- Je crois bien qu’on vient de se faire capter !!

- Fallait s’y attendre avec ta démarche d’éléphant ! Hi ! Hi ! Qu’est-ce que tu attends pour entrer alors ? Je ne vais pas rester planté là toute la nuit !!

Thomas enjambe l’appui de fenêtre avec toujours son sourire aux lèvres, se retrouvant bientôt devant Éric et Raphaël, qui eux n’ont pas bougé un cil tellement l’émotion qu’ils éprouvent les fige tels deux statues grecques.

Je peux enfin monter les quelques barreaux qui restent, pour à mon tour ressentir en les voyant toute l’émotion qu’ils éprouvent quand j’apparais à leurs vues ébahies qui semblent refuser ce que leurs yeux leur montrent.

Je saute lestement dans la chambre, pour ensuite passer une main devant leurs visages qui restent figés sans réaction.

- Ça va les gars ? Vous en faites une trombine ! Hi ! Hi ! On croirait que vous venez de voir un revenant ! Hi ! Hi !

- (Thomas) C’est un peu le cas reconnais-le !!

C’est Raphaël qui le premier semble revenir à lui, ses jambes soudainement devenues trop faibles au point que c’est un réflexe de Thomas qui le prend dans ses bras pour lui éviter la chute.

Je m’approche d’Éric, inquiet que sa réaction n’entraine le même cas de figure et j’arrive à l’emmener jusqu’à son lit, avant qu’il ne reprenne à son tour ses esprits.

Il me regarde complètement hébété, ses yeux fixés sur mon visage commençant à s’humidifier de larmes.

- Flo…rian !!! Mais… !!!

- Tu croyais que je pouvais disparaître si facilement ?? Allons mon « Riquet » !! C’est mal me connaître !!

Raphaël se libère des bras de Thomas pour venir sur moi et me palper le visage comme s’il voulait être sûr que ses yeux ne le trompent pas et que ce n’est pas un rêve, me serrant ensuite à m’en étouffer, le corps entier pris de tremblement nerveux.

Thomas vient derrière lui et lui masse les épaules en lui parlant d’une voix douce, l’émotion de voir ses amis aussi fragiles et hagards, pouvant se lire sur son visage.

- Calme-toi, c’est bien nous !!

Il capte le regard d’Éric baigné de larmes, posé sur lui, c’en est trop pour Thomas qui lâche Raphaël pour venir s’asseoir tout contre son ami d’enfance et lui ceinturer le cou de son bras, amenant son visage près du sien pour lui déposer un baiser qui libère enfin l’état de prostration affective que celui-ci ressentait depuis qu’il l’a vu apparaître à la fenêtre de sa chambre.

Raphaël sanglote à mes pieds, son visage enfoui dans ses mains posées sur mes genoux et une énorme boule affective me prend alors, m’empêchant quasiment de respirer.

Je suis perdu devant ce trop-plein d’émotion, comprenant alors seulement à quel point a été forte toute cette douleur qui a été la-leur durant tous ces longs mois où ils m’ont cru mort.

- Excusez-moi !!

Son regard surpris montre combien mes paroles lui semblent étranges, ne comprenant pas combien je me sens fautif de leurs avoir infligés toute cette peine que je perçois en eux.

Je vais pour poursuivre, quand sa main vient doucement se poser sur mes lèvres et qu’il me dise d’une voix presque inaudible.

- Chut !! Ne dis plus rien, il sera temps plus tard pour les paroles !! Embrasse-moi !! Montre-moi que c’est bien toi, que ce n’est pas un rêve !!

Sa main se retire avec la même douceur qu’elle s’était posée sur mes lèvres, vite remplacées par les siennes, au goût si suave qu’elles m’en donnent le tournis et que je sente mon cœur qui s’emballe, nos langues se retrouvant enfin pour exprimer tout le manque de ces quelques mois, privées l’une de l’autre.

Le poids de son corps nu pesant sur le mien me fait m’étendre sur le lit pour qu’il puisse me recouvrir, ses mains fébriles s’attaquant à mes vêtements pour les faire disparaître un à un jusqu’à ce que je me retrouve nu à mon tour et que nos deux sexes érigés se frottent en un doux ballet qui nous provoque rapidement des gémissements de plaisir.

***/***

Thomas et Éric sont restés comme statufiés devant ce déferlement de passion de leurs deux amis, spectateurs de la fusion de leurs deux corps qui plus que des mots font comprendre aux deux garçons combien ceux-ci s’étaient manqués.

C’est la main caressante d’Éric se glissant sous le tee-shirt de Thomas, qui met cette fois-ci le feu aux poudres entre les deux garçons pour qu’à leur tour ils libèrent l’énorme excitation qui tend douloureusement leurs sexes déjà humides du plaisir qu’ils réclament.

Thomas se redresse le temps d’envoyer ses habits aux quatre coins de la chambre, présentant son corps superbe à la vue d’Éric qui lui envoie un regard chargé de l’envie irrépressible de s’en emparer tout entier afin de se repaître à nouveau de cette perfection qui depuis l’adolescence le rend fou de désirs mais aussi de la joie immense que ce ne soit qu’avec lui et qu’avec lui seul qu’il ait accepté de le partager pendant toutes leurs années de découvertes adolescentes.

CHAPITRE 204 (Aix en Provence) (Lundi soir) (Surprise, émotion, tendresse, mise au point et amour) (suite)

Les mains du grand brun viennent se poser délicatement sur les fesses rondes et charnues du grand blond, l’amenant lentement vers lui en le caressant pour en ressentir toute la douceur et la musculature ferme, son sexe turgescent au pubis gonflé recouvert de poils blonds s’avançant centimètres par centimètres de ses lèvres entrouvertes.

***/***

La joute sexuelle à laquelle ils assistent depuis plusieurs longues minutes, redonne l’envie aux deux autres protagonistes, c’est Raphaël qui ressent à son tour comme un besoin impérieux en ne ratant rien du spectacle donné par ses deux amis.

Un regard vers Florian qui le dévore des yeux, montrant que pour lui aussi l’heure de remettre le couvert est arrivé.

L’effet final après la reprise du « combat » s’en fait vite sentir dans un cri de gorge libérateur.

- Arrhhh !!! Ouiii !!

***/***

« Quatre heures du matin dans la chambre d’Éric. »

Nous sommes tous les quatre enlacés et repus, heureux d’être à nouveau réunis et chacun a pu se laisser aller à révéler toutes ses émotions suite aux révélations que Thomas et moi, leur avons données sur ce qu’il nous est réellement arrivé ainsi que la façon pour le moins étrange qui a permis notre retour.

- (Éric) Vous n’imaginez pas le choc que ça nous a fait quand on a reconnu votre voix tout à l’heure !! C’était comme si…je ne trouve pas mes mots….

- (Raphaël) Comme si nous revivions un rêve !! Une souffrance terrible !!

- (Éric) C’est exactement ça !! C’était…bizarre, mais je me sens revivre maintenant !! Vous ne pouvez même pas imaginer combien vous nous avez manqué !! Il ne s’est pas passé une seule journée sans qu’on parle de vous, nous vivions comme dans un cauchemar vous comprenez ?? Heureusement…enfin je dis heureusement, ce n’est pas forcement la bonne expression !! Disons que quand Benjamin est apparu et qu’Antonin nous a un peu raconté ce qu’il avait vécu dans l’autre réalité, le fait de te savoir vivant nous a un peu soulagés !!

- (Raphaël) On vivait bien sûr, mais c’était toujours avec une certaine tristesse, comme si quelque chose en nous avait cassé !!

- Ça s’appelle la dépression il me semble !! Avec le temps ça aurait fini par passer !!

- (Raphaël) Pour certains peut être mais surement pas pour moi.

Il éclate soudainement en sanglot.

- Tu m’as trop manqué « Flo » !! Tu ne peux pas savoir !!

« Nouveaux sanglots. »

Je lui passe une main sur le visage en le dévorant du regard, tentant de le réconforter avec un sourire.

- Tss !!Tss !! Allez !! C’est fini maintenant, nous sommes là tous les deux avec Thomas et nous allons reprendre notre vie comme avant avec vous deux et tous nos autres amis.

- (Raphaël) Jure-moi que tu ne nous laisseras plus « Flo » !! Jure-le-moi s’il te plait !! J’en ai besoin…. Je ne veux plus jamais revivre ça !!

- Je te le jure « Raphi », plus jamais si je peux l’empêcher !!

Éric troublé, regarde Thomas qui lui sourit affectueusement.

- C’est pareil pour toi tu sais !! Ne nous fait plus jamais un coup pareil ou sinon je trouverai le moyen d’aller vous recherchez !!

Il réfléchit quelques secondes avant de reprendre soudainement la parole.

- Il faut prévenir « Yu » le plus vite possible !! Lui aussi doit savoir que vous êtes de retour, il est reparti dans son pays en emmenant sa fiancée et nous ne l’avons plus revu depuis, à chaque fois que nous l’avons eu au téléphone il a éclaté en larmes en disant que c’était trop dur pour lui. J’ai eu Ming aussi et il m’a confié qu’il craignait pour sa santé, des hommes à lui le surveillent nuit et jour de peur qu’il ne fasse une connerie !! Il vous aimait très fort, aussi fort que nous, sauf que lui il était seul et n’a jamais voulu revenir vers nous pour…. Enfin tu vois quoi !! Nous voulions lui montrer qu’il comptait toujours autant pour nous mais même « Pat » a du mal à le comprendre, elle aussi est malheureuse je l’ai bien senti à sa voix !!

Je suis troublé, autant par le sens des paroles de mon copain que par l’intonation qu’il y a mis et je comprends qu’il y ait matière à s’inquiéter, sachant comment était « Yu » avant de nous rencontrer et l’immense solitude qui était la sienne avant que nous devenions ses meilleurs amis.

- Il faut que je l’appelle !!

- (Éric) Viens !! Le fixe est en bas dans l’entrée !

Juste le temps d’enfiler nos boxers et nous voilà tous les quatre devant l’appareil, que je décroche nerveusement pour composer le numéro des Tsu.

- ….

- 我可以跟你的主人是它吗?告诉他他是法国的一位朋友! (Pourrais-je parler à votre maitre s’il vous plait ? Dites-lui que c’est un ami de France !)

- ….

- 我非常感谢你太多! (Je vous remercie beaucoup !)

Nous attendons tous nerveusement, quand enfin quelqu’un à l’autre bout du fil me fait sursauter.

- ….

- Ming ?? C’est toi ?? C’est Florian !! Tu vas b.... Allô ?? Il y a quelqu’un ?? Allô !!

Thomas me regarde, estomaqué.

- Tu as voulu le tuer ou quoi ?? Tu oublies peut-être que pour lui tu es mort ??

Je regarde Thomas en comprenant qu’il a raison et que j’avais complètement oublié ce « détail », un long moment passe avant qu’une voix féminine et fortement inquiète me parvienne depuis le combiné.

- ….

- C’est toi « Pat » ?? Ming va bien ??

- ….

J’allais répondre quand Thomas me prend l’appareil des mains et le tend à Raphaël, lui faisant signe de continuer la discussion.

- Allô ??

- ….

- C’est…. Raphaël !!

- ….

- Je veux bien te dire qui c’était mais attends-toi à un choc, comment va Ming ??

- ….

Raphaël se tourne vers nous, rassurant.

- Il est encore sous le choc mais ça va !!

Il reprend la conversation avec « Pat ».

- Tu es toujours là ??

- ….

- Je rassurais juste les autres pour Ming !!

- ….

- Comment ?? Ah !! D’accord je le lui repasse !!

Il me tend le combiné en me murmurant.

- C’est Ming, il veut te parler !!

CHAPITRE 205 (Aix en Provence) (Lundi soir) (Surprise, émotion, tendresse, mise au point et amour) (fin)

Je reprends le combiné, inquiet quand même de l’état où doit se trouver oncle Ming.

- Oui, ...allô !!

- ….

- C’est bien moi je t’assure, je m’excuse pour tout à l’heure, mais j’avais complètement zappé le fait qu’ici tout le monde me croit encore mort !!

- ….

- Ce serait un peu long à expliquer au téléphone, je voulais juste vous rassurer toi, « Pat » et « Yu », en vous prévenant de mon retour ainsi que de celui de Thomas.

- ….

- Bien sûr que ce n’est pas une plaisanterie !!

Je capte la glace au-dessus du meuble téléphone où mon image apparaît avec mes trois amis en arrière-plan et un sourire me vient en même temps que l’idée que ça pourrait me servir pour apporter la preuve que Ming semble avoir besoin.

- Tu m’autorises à entrer dans ton esprit pour te donner une preuve que c’est bien moi ? - ….

- Une petite vidéo en live ! Hi ! Hi !

- ….

- D’accord alors c’est parti !!

J’entre dans son esprit pour le connecter au mien et lui montrait l’image se reflétant dans la glace à travers mes yeux, je lui fais un petit coucou de la main en continuant à discuter avec lui.

- C’est bon maintenant, tu me crois ??

- ….

La discussion se poursuit encore presque un quart d’heure avant que je ne raccroche enfin le téléphone, rassuré que tout ira pour le mieux maintenant chez mes amis à l’autre bout du monde et même si je n’ai pu avoir Yuan au bout du fil parce que Ming m’a persuadé de ne pas le faire, me convainquant que c’était la meilleure solution et qu’il prendrait le temps qu’il faudra pour lui annoncer la nouvelle en douceur. L’idée d’ailleurs me travaille suffisamment l’esprit pour qu’à mon tour j’arrête de heurter mon entourage par le simple fait de trouver amusant d’arriver sans préparation devant eux car les réactions que ce soit de Chloé, d’Éric ou de Raphaël, démontrent que l’idée en soi n’est pas la meilleure qui me soit venue à l’esprit.

J’explique donc ce qu’il en est à mes trois amis, comprenant bien au regard de Thomas que lui aussi s’était fait cette réflexion.

- Je dois trouver une solution qui me permettra de les préparer, tout en préservant l’effet de surprise !!

- (Raphaël) Tu as déjà quelque chose en tête ?

- Pas vraiment, non !!

- (Éric) Peut être que tu devrais faire pareil qu’avec Ming ??

- Oui mais si je fais ça, il n’y aura plus de surprises et ça va me gâcher le plaisir que je comptais y prendre !!

- (Thomas) Peut être pas !! Il suffirait juste de les préparer en leur donnant du grain à moudre sur l’éventualité que tu pourrais revenir de l’autre réalité et en plus c’est quasiment la réalité, on n’est pas obligé de raconter tout de suite l’histoire du cimetière !!

- Une sorte de rêve qui leur donnerait un peu d’espoir ? C’est à ça que tu penses ? Je ne sais pas si c’est une bonne idée

- (Raphaël) Ce sera toujours moins violent que ce que nous avons vécu tout à l’heure, je t’assure que je ne voudrais pas revivre ça une nouvelle fois !!

- (Éric) Je pense moi aussi que ce serait bien pour eux, tu leurs envoies des images de ton retour qu’ils prendront comme un espoir que ça arrive un jour et quand ça arrivera, je suis certain qu’ils réagiront autrement que nous l’avons fait sans préparation.

- Je me rallie aux voix du plus grand nombre ! Hi ! Hi ! Juste que ça ne va pas être coton pour moi votre idée de génie, c’est quand même plus facile à dire qu’à faire !!

- (Thomas) Sauf s’il n’y a pas besoin de les chercher tous un par un !!

Raphaël observe Thomas en se demandant bien où il veut en venir, quand soudainement il croit comprendre à quoi pense son copain même si l’idée lui donne le tournis.

- Tu voudrais que tout le monde le reçoive en même temps ?? C’est ça ton idée ??

- (Thomas) C’était l’idée générale que j’avais en tête, maintenant reste à savoir si c’est possible et en admettant que ce le soit, j’imagine le boom que ça va faire un peu partout !!

- J’en ai peut-être une autre un peu moins troublante !!

- (Thomas) On t’écoute ??

- Pourquoi ne pas tout simplement émettre l’idée que ce qui s’est produit dans un sens, pourrait très bien se reproduire dans l’autre ??

- (Thomas) Humm !! Tu voudrais révéler à l’humanité toute entière l’existence des réalités parallèles ?? Je ne pense pas qu’ils soient prêts à l’entendre !! Par contre juste suggérer que peut-être ta mort n’est pas aussi claire qu’il y paraît, je ne sais pas moi !! Quelqu’un pourrait avoir fait cet effet d’annonce pour éviter de trop nombreuses questions, alors qu’en fait tu n’étais que dans un coma profond que la science actuelle ne sait pas encore soigner.

- Je pourrais rajouter un peu de la défiance de Benjamin et d’Antonin, celle qui leur a donné envie d’enquêter un peu plus sur toute cette histoire ?

- (Éric) Il faut que ça reste juste des suggestions, que ça reste dans le domaine du rêve intime que personne n’osera raconter de peur de se faire moquer d’eux par les autres.

- (Thomas) Suffisamment explicite quand même pour nos proches qui connaissent une partie de la vérité, celle où tu es avec moi quelque part hors de ce monde !! C’est la seule solution pour qu’ils puissent avoir de l’espoir et que notre retour les marque moins que jusqu’à présent pour ceux qui sont au courant.

- Ok je crois savoir quoi dire !! Il va falloir qu’on reste encore planquer ici quelques jours, le temps que tout ça entre bien dans leurs crânes ! Hi ! Hi ! Remontons dans la chambre d’Éric que je m’y mette sans perdre de temps, juste une petite suggestion qui en amènera d’autres au fil de l’eau après un minimum de réflexion.

CHAPITRE 206 (Reims) (Mardi matin) (Espoir)

***/***

« Mardi matin chez les Viala. »

Damien se réveille avec une étrange pensée en tête, un rêve sans doute qui lui amène un espoir diffus qu’il ne saurait encore analyser de façon rationnelle.

Il croise Guillaume, qui tout comme lui montre le même visage songeur et il ne peut s’empêcher de lui poser la question.

- Quelque chose ne va pas « Guigui » ??

- Comment ?? Oui !! …Non !! …Je ne sais plus trop où j’en suis, en fait j’ai rêvé d’un truc bizarre !!

- Au sujet de Florian ??

- Comment tu peux savoir ça ??

- Parce que moi aussi figure toi !! J’essaie de m’en souvenir mais rien à faire !!

- Tu ne trouves pas ça étrange ??

Les deux frangins se regardent avec la même idée en tête, se précipitant dans la chambre d’Aurélien pour le secouer alors qu’il dort encore et quand celui-ci ouvre les yeux, un énorme étonnement marque son visage autant généré par son réveil brutal que ce à quoi il rêvait juste avant.

- Non mais, ça ne va pas vous deux ??

- (Guillaume) Dis-nous juste si tu as fait un drôle de rêve !!

- Heu !! Oui je crois !! Ça veut dire quoi cette question ??

- (Damien) Florian ??

- Heu !! …Oui !! Comment tu l’as deviné ??

- (Guillaume) Parce qu’on a fait très certainement le même tous les trois !!

- (Aurélien) J’aimerai bien me le rappeler, j’ai bien cru un moment qu’il était revenu ou qu’il allait revenir !! C’est con vous ne trouvez pas ? Sans doute parce que nous pensons trop à lui et que nos esprits nous font prendre nos rêves pour des réalités !!

- (Damien) Tous les trois en même temps ??

- (Guillaume) Les parents !!

Pas besoin d’explication pour la fratrie, qui sort de la chambre d’Aurélien en venant directement dans celle de leurs parents alors que ceux-ci ouvrent à peine les yeux encore avec cet étrange rêve en tête.

Frédéric fronce les sourcils en les voyant tous les trois debout devant eux, avec cet air bizarre et excité auquel il n’est pas habitué.

- Que se passe-t-il les enfants ??

- (Guillaume) P’pa !! M’man !! Vous pouvez nous dire si vous avez fait un rêve bizarre cette nuit ??

- (Damien) Un rêve où Florian serait revenu ??

- (Annie) Comment…

- (Aurélien) Parce qu’il semblerait qu’on ait fait tous le même !! Papa, tu ne dis rien ??

Frédéric se lève d’un bond sans songer une seconde à répondre à la question de son aîné car ce rêve lui aussi il l’a fait, seulement il en sait un peu plus que tout le monde et c’est en caleçon qu’il traverse la chambre pour se rendre dans son bureau, suivi par toute la famille qui reste silencieuse tellement sa façon d’agir les a surpris.

Frédéric compose le numéro privé de Maurice car il se doute bien qu’à cette heure il doit être encore chez lui ou sur la route.

- …..

- Maurice ?? C’est Frédéric !!

- ….

- Comment le sais-tu ??

- ….

- Vous aussi, vous l’avez fait ?? …toute la famille ??

- ….

- Pareil pour nous !! Tu as une explication à ce phénomène ??

- ….

- De quoi !!!

- ….

- C’est Taha qui t’a dit ça ?? Où sont-ils allés ??

- ….

- Tu es sûr que c’est le bon ??

- ….

Frédéric laisse alors transparaître toute l’émotion qu’il ressent de ce que lui raconte Maurice, il fixe son épouse ainsi que ses enfants qui voient bien que quelque chose se passe mais sans pouvoir avoir la certitude de ce qu’ils croient percevoir derrière les réponses sibyllines de Frédéric.

C’est donc la bouche tombante et les yeux suspendus à ses lèvres, qu’ils attendent tous ses explications qui arrivent comme de bien entendu juste après qu’il ait raccroché.

- Maurice me confirme que lui et sa famille ont également fait le même rêve, ainsi que nombre de ses collaborateurs qui n’arrêtent pas de l’appeler depuis ce matin. Il semblerait que Florian avec Thomas soient revenus depuis l’autre réalité, il n’en a pas encore la preuve formelle mais qui d’autre que notre Florian aurait pu faire une chose pareille, que nous faire tous vivre ce rêve au même moment ? Ce n’est pas tout, Taha aurait confirmé qu’il les avait bien vus en lieu et place de Benjamin et …. Disons d’une autre personne dont je ne peux pas vous révéler l’identité, ils auraient tous les quatre disparus ensuite sans pour l’instant laisser de traces. Maurice m’a fait comprendre qu’il ne menait pas des recherches trop poussées, car c’est sans doute la volonté de Florian de ne pas souhaiter se montrer tout de suite.

- (Damien) Pourquoi voudrait-il faire une chose pareille ??

- (Guillaume) Si c’est bien la raison invoquée alors pourquoi ce rêve ??

- (Aurélien) Sans doute pour nous préparer !!

- (Frédéric) Tu peux développer ton idée ??

- (Aurélien) J’imagine sans peine la réaction de quelqu’un qui ne serait pas préparé à se retrouver face à lui, comment réagirions-nous nous-même ?? Surtout si cette personne est vraiment très proche de lui !!

- (Damien taquin) Wouah !! « Aurel » !! Tu les as déjà mis au taf à une heure pareille ??

- (Aurélien) De qui tu parles ??

- (Damien) De tes neurones pardi ! Hi ! Hi ! Tu risques le « burnout » là !!

Annie qui jusqu’à maintenant s’était contentée d’écouter.

- En attendant l’idée n’est pas dénuée de bon sens, je pense même qu’il y ait de grandes chances que ce soit celle qui a motivé ces rêves communs de cette nuit et je pense savoir où est Florian, si l’information de Maurice s’avère viable bien entendu !! Je vous avouerai que je n’aimerais pas découvrir que tout ceci n’est qu’un vain espoir, une vaine illusion à laquelle nous nous raccrochons parce que notre cœur veut y croire.

- (Damien) C’est pareil pour moi tu sais m’man !! J’espère que Mathis redeviendra comme avant une fois qu’il les aura retrouvés, parce que là ça devient de plus en plus inquiétant crois-moi !! Je ne reconnais presque plus sa voix au téléphone et les filles nous cachent quelque chose, j’en mettrais ma main à couper.

CHAPITRE 207 (Aix en Provence) (Mardi matin) (Une famille aimante)

« Chambre d’Alain et Evelyne Louvain, très tôt ce matin-là. »

C’est un bruit venant de la chambre de Thomas ou plutôt devrait-il penser de Benjamin, qui réveille complètement Alain déjà troublé par ce rêve étrange qui ne ressemblait pas à ceux plutôt cauchemardesques, qu’il fait bien trop souvent à son goût depuis le décès de Florian et la disparition de son fils.

Le bruit rythmique reprend, faisant sourire Alain qui croit bien en connaître la signification et qui se dit que c’est ma foi bien de l’âge de Benjamin de s’adonner à ces manipulations matinales, pour soulager une tension que tout garçon sain de corps ressent au réveil.

Alain aime bien Benjamin, même s’il ne le montre pas souvent car trop troublé par sa ressemblance avec son fils.

Il sait qu’il ne remplacera jamais « son » Thomas, que lui aussi se retrouve perdu dans une réalité qui n’est pas la sienne et Alain espère plus que tout que son alter ego s’occupe de son fils, comme lui et son épouse le font de Benjamin.

Evelyne relève la tête en entendant elle aussi le bruit venant de l’autre chambre, elle regarde son mari, étonnée.

- Tiens !! Benjamin est là ?? Je ne l’ai pas entendu rentrer cette nuit, je pensais qu’il devait rester encore plusieurs jours chez Jean ?

Ils sont maintenant tous les deux à écouter en silence les sons provenant de l’autre chambre, Evelyne rougissant de plus en plus au fur et à mesure qu’elle commence à se faire une idée plus précise de ce qu’ils représentent.

- Hé bien dis donc !! C’est la première fois depuis qu’il est avec nous qu’il nous fait un truc pareil !! Il pourrait quand même être plus discret !!

- (Alain) Chut !!! Ecoute !! J’ai l’impression qu’il n’est pas seul !!

Evelyne se fait plus attentive et en effet après quelques secondes, elle croit bien percevoir comme le murmure d’une conversation dont le sens des paroles lui échappe complètement et qui conforterait celle d’Alain.

- C’est peut-être Antonin qui est rentré avec lui, tu devrais aller voir !!

- S’ils font ce à quoi je pense, je préfère attendre qu’ils sortent d’eux-mêmes de la chambre.

- (Evelyne) Ça m’étonne de « Tonin » quand même, je ne pensais pas qu’il éprouverait l’envie de retrouver ce genre d’intimité avec quelqu’un !! La perte de Thomas et de Florian, est encore trop présente dans sa tête !! Tiens au fait en parlant de Florian, j’ai fait un rêve étrange !!

- Du genre qu’il pourrait revenir depuis l’autre réalité ??

- Comment le sais-tu ??

- Parce que j’ai fait le même, figure-toi !!

Le couple se regarde visiblement surpris, juste au moment ou un gros « boum » venant de la pièce à côté les fait sursauter.

Evelyne inquiète.

- Benjamin ?? C’est toi mon grand ?? Tu t’es fait mal ??

***/***

« Léger retour en arrière des événements de la nuit passée. »

C’est vers les cinq heures et demie du matin après un dernier gros « câlin » à quatre, que Florian et son chéri, sont repartis pour exécuter la deuxième partie de leur plan prévu pour cette nuit-là, se glissant dans la chambre de Thomas en entrant dans la maison par la porte-fenêtre du salon restée imprudemment entrouverte.

Ils ont mis ensuite leur petite mise en scène en œuvre pour attirer l’attention, commençant en se retenant de rire par faire grincer le lit de telle manière qu’on puisse penser que quelqu’un s’adonne aux plaisirs dits solitaires.

S’en suit ensuite une conversation peut discrète en mode « yaourt » qui ne veut absolument rien dire et qui les amuse comme des gosses, pour finir par la chaise du bureau qu’ils renversent dans un bruit sourd avant de retourner se coucher sous la couette.

Bien sûr comme ils s’y attendaient, quelqu’un s’inquiète de ce qu’il ait pu se faire mal et Thomas répond alors du tac au tac, suffisamment fort pour que sa voix s’entende bien distinctement depuis la chambre de ses parents.

- Ce n’est rien M’man !! Juste le chat qui vient de renverser la chaise !!

***/***

Alain entend lui aussi la réponse alors que justement il fixait Miquette endormie dans son panier, qui depuis la disparition de Thomas avait été changé de chambre pour ne pas indisposer Benjamin qui n’y était pas habitué.

C’est donc à haute voix qu’il pose la question, déjà troubler par le son de la voix qui lui semble différente quoique pourtant avec une résonance plus que familière.

- Le chat ?? Quel chat ??

***/***

Nous nous regardons avec Thomas, l’envie de rire devenant de plus en plus difficile à retenir.

- Et bien le « chat » p’pa !! Tu ne te rappelles pas ??

C’est à ce moment-là que je prends ma grosse voix pour lancer un tonitruant.

« MIAOU !!!! »

CHAPITRE 208 (Chine) (Mardi matin) (Un voyage imprévu)

« Résidence des Tsu. »

Yuan se réveille lui aussi avec cet étrange rêve en tête, suffisamment diffus pour qu’il ne s’en rappelle pour ainsi dire plus, sauf que peut-être qu’il lui a mis pendant un bref instant un certain espoir au cœur.

Bien sûr la réalité est toute autre, Yuan retournant rapidement dans ce mal-être qui depuis le terrible événement qui a emporté son ami ne l’a plus quitté.

C’est donc la mine sombre en traînant les pieds, qu’il se lève pour passer vite fait sous la douche et rejoindre ensuite la partie de l’immense bâtisse familiale réservée aux repas, pour y prendre son petit-déjeuner.

Un étrange remue-ménage de la domesticité lui fait relever la tête, pour observer d’un air curieux ce qui ressemble étrangement aux préparatifs d’un voyage.

Le plus insolite dans tout ça, étant sans doute le nombre de valises qui attendent déjà dans le vestibule, s’empilant les unes sur les autres pour prendre un volume conséquent certainement pas dédié à l’usage d’une seule personne.

C’est donc avec la tête pleine de questionnement qu’il rejoint sa fiancée et son père à table, tous deux déjà habillés comme pour un départ rapide et terminant leurs petits-déjeuners en discutant d’une manière volubile qui est loin d’être dans leur habitude.

Ming aperçoit son fils et le fixe du regard avec comme une flamme dans les yeux, qui trouble suffisamment Yuan pour qu’il sorte un instant de sa léthargie dépressive.

- Que se passe-t-il ce matin ?? Vous en faites une tête tous les deux ??

- (Ming) Presse-toi de déjeuner, nous partons aussitôt après !!

- C’est nouveau ça !! Pourrais-je savoir où tu as l’intention de nous emmener ??

- (Ming) Le jet est prêt, nous allons en France !!

- P’pa !! Tu sais bien que je ne veux plus aller là-bas !! J’y ai trop de souvenirs qui me brisent le cœur, c’est hors de question du moins pour l’instant !! Partez sans moi.

Yuan voit bien les yeux de « Pat » fixés sur son père, comme pour lui demander quoi faire pour le convaincre de les suivre.

- Il est arrivé quelque chose dans ta famille ma chérie ?

- Non ne t’inquiète pas, ils vont tous bien !!

- Alors pourquoi ce voyage et surtout pourquoi autant d’empressement à le faire ??

- (Ming) Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée de te le dire maintenant !!

- Il le faudra pourtant bien si tu veux que j’aille avec vous !! Il faudra même que le motif soit suffisamment important, pour que je m’y décide et je ne vois rien qui pourrait l’être, c’est encore trop tôt pour moi d’envisager de revoir mes amis.

- (Patricia) Tu ne nous demandes même pas où nous allons exactement ?

- Bah !! Puisqu’il ne s’agit pas d’une raison familiale, à Paris j’imagine !!

- (Ming) Pas du tout !! Enfin si, juste un passage rapide pour amener le plus gros des bagages à l’appartement !! Sinon nous allons à Aix !!

- Vous êtes fou !! Jamais je ne retournerai là-bas !!

- (Ming) Pourtant tu devrais, quelqu’un t’y attend qui devrait te faire retrouver le sourire !!

Yuan reste un moment à essayer de traduire autant les sourires, que la nervosité inhabituelle de son père.

- Il n’y a qu’une seule chose qui le pourrait tu le sais bien !! Hélas nous savons tous que c’est impossible, alors pourquoi voudrais-tu à tout prix me ramener là-bas ?? Tu trouves peut-être que je n’ai pas assez mal comme ça qu’il n’y ait besoin d’aviver la douleur en me ramenant là où j’ai passé les plus beaux jours de ma vie et où est enterré mon meilleur ami ??

- (Ming) Vois-tu mon fils, il n’y a qu’une personne qui a su me prouver que le mot « impossible » n’appartenait pas à son vocabulaire et il me l’a encore prouvé d’une certaine façon, il n’y a à peine que quelques heures.

- Qu’est-ce que tu essaies de me dire ?

Ming regarde Patricia, semblant attendre un accord de sa part qu’elle lui donne après une brève hésitation et c’est avec un petit sourire mi-figue mi-raisin de la façon dont son fils va le prendre, qu’il se dirige vers son système interne de communication auquel chaque pièce est connectée.

« Traduit en Français. »

- Sécurité !! Pouvez-vous me passer l’enregistrement du dernier appel international reçu et venant de France ?

- Bien maître Tsu !!

Quelques secondes d’attente suivies de quelques grésillements, puis une voix retentit dans la pièce

***/***

- 居住的大师祖 (Résidence de maître Tsu)

- 我可以跟你的主人是它吗?告诉他他是法国的一位朋友! (Pourrais-je parler à votre maître s’il vous plaît ? Dites-lui que c’est un ami de France !)

- 我分享您的请求主人! (Je fais part au maître de votre demande !!)

- 我非常感谢你太多! (Je vous remercie beaucoup !)

Léger temps d’attente.

- Tsu 到设备!谁有我荣幸? (Tsu à l’appareil !! A qui ai-je l’honneur ??)

- Ming ?? C’est toi ?? C’est Florian !!…. Allô ?? Il y a quelqu’un ?? Allô !!

***/***

Ming coupe alors la com en se précipitant vers son fils qui commence à chanceler, le visage devenu soudainement livide en comprenant enfin le pourquoi de toute cette fébrilité qu’il ressentait autour de lui depuis ce matin.

CHAPITRE 209 (Aix en Provence) (Mardi matin) (Une famille aimante) (suite)

Il ne faut que quelques secondes pour que la porte de la chambre de Thomas s’ouvre à la volée, allant même jusqu’à claquer fortement dans un bruit sourd contre le mur et qu’Alain suivi d’Evelyne, tous deux en tenues de nuit apparaissent devant eux, le visage marqué par l’énorme ressenti de ce à quoi ils ne peuvent encore pas croire et qui pourtant semble bien être la réalité.

Thomas quoique s’attendant pour sa part à ce qui arrive n’en est pas moins affecté que ses parents, ses yeux bleu azur soudainement noyés dans l’océan de ses larmes.

Derrière le grand blond qui assurément n’a plus rien à voir avec Benjamin, apparaissent deux grands yeux verts hypnotiques par leur couleur si prenante, cernés de minuscules taches de son qui lui parsèment le haut des joues jusque sur le front et surmontés d’une touffe de cheveux roux en épis, qu’aucun peigne ne pourrait dompter.

Sous ce regard si spécial se trouve également un petit nez mutin avec juste au-dessous un sourire radieux montrant toute la joie qu’éprouve Florian à l’effet de surprise de ces retrouvailles et qui penche la tête les yeux brillants d’amusement, faisant entendre une nouvelle fois mais avec beaucoup plus de douceur et de tendresse, voire de taquinerie dans la voix, le miaulement qui a été l’élément déclencheur de toute cette émotivité à fleur de peau que tous les quatre éprouvent actuellement.

- Miaouuuu ??

Evelyne s’élance vers le lit en s’asseyant contre son fils pour le prendre dans ses bras, éclatant en sanglots d’une joie tellement forte qu’elle n’arrive plus à maîtriser son corps.

Alain la suit de près et attrape le petit rouquin qui sentant venir son geste, accroche ses bras autour de son cou et se laisse soulever et emporter dans un câlin presque filial contre cet homme qu’il a toujours connu du plus jeune qu’il s’en souvienne et qui lui démontre une fois de plus combien son amour pour lui est quelque chose qui lui vient du fond du cœur.

Un long moment passe ainsi où chacun comprenant l’émotion des autres, essaie de reprendre du mieux qu’il peut son calme pour le besoin d’explications qu’il va falloir ensuite satisfaire.

Thomas remplace Florian dans les bras de son père, alors que celui-ci à son tour vient se blottir dans ceux d’Evelyne et se laisse câliner à l’envi en ronronnant doucement, tellement ces caresses mais surtout cet accueil chaleureux lui est des plus agréables, changeant complètement de l’amitié toute en réserve de leurs homologues de l’autre réalité.

Là il peut enfin se sentir lui-même, se laisser aller à redevenir le petit garçon amitieux et « parfois » coquin, qu’il est resté au fond de lui et qui depuis tous ces longs mois lui avait manqué en se forçant au sérieux pour tenter par tous les moyens de recréer en vain et il s’en rend compte à présent, ce monde bien à lui qu’il retrouve tel qu’il l’avait laissé.

C’est donc sur les genoux de Thomas qu’il relate une nouvelle fois son histoire, prenant le temps parfois d’une petite pause où il vient quémander à qui un câlin ou un bisou à l’un ou l’autre de ces deux adultes, qui les lui offre volontiers sans se montrer avare de leurs sentiments.

Ce n’est qu’après le petit-déjeuner que Taha, Antonin, Éric et Raphaël, les rejoignent accompagnés des parents d’Éric qui viennent d’apprendre eux aussi la nouvelle et qui ouvrent de grands yeux ahuris quand ils voient enfin de leurs propres yeux ce qu’ils prenaient plus ou moins pour une plaisanterie de mauvais goût.

S’ensuit une énième retranscription orale de toute l’histoire, laissant au final tout ce beau monde dans une allégresse telle, qu’ils avaient fini par oublier qu’elle pourrait encore exister un jour.

C’est Alain qui le premier pense à son frère et à sa famille, qui eux ne sont pas encore au courant du retour du neveu prodigue et de son chéri, plus aussi disparu que ça étant donné les clowneries qui depuis quelques minutes s’enchaînent à un rythme effréné qui déchaînent depuis lors un fou rire collectif qui réchauffent le cœur de tous et qui surtout les soulagent en faisant passer ces instants de trop grandes émotions qu’ils viennent de vivre.

Il se lève alors pour rejoindre l’entrée et composer le numéro connu par cœur, attendant avec fébrilité et un pincement au cœur que quelqu’un décroche enfin, lui permettant d’annoncer le premier la grande nouvelle tout en sachant qu’il faudra aussi aborder un sujet plus difficile.

Cette nouvelle prise de connaissance de Thomas au sujet de sa réelle filiation n’ayant pas encore été abordée, Alain tient à ce que ce sujet le soit au plus vite afin de connaître une bonne fois pour toutes le ressenti de son fils sur ce sujet épineux.

***/***

J’observe depuis quelques secondes le visage d’Alain depuis qu’il s’est rendu dans l’entrée pour téléphoner sans doute à son frère, d’abord débordant de joie puis devenu subitement fermé comme pris d’une immense inquiétude qu’il ne m’est pas difficile de comprendre.

J’entre alors dans l’esprit de Thomas pour l’avertir du mélodrame paternel qui se trame et qui s’il n’est pas traité rapidement, risque de laisser des marques indélébiles dans l’esprit de cet homme qui a toujours été et sera toujours le père de mon chéri.

CHAPITRE 210 (Aix en Provence) (Mardi matin) (Une famille aimante) (fin)

***/***

Thomas se lève pour le rejoindre, lui ceinturant le ventre de ses deux bras repliés.

- Ça ne va pas p’pa ??

- Si, si !! J’essaie d’avoir mon frère mais ça ne répond pas !!

- Ce serait peut-être mieux si c’est nous qui allions jusqu’à chez eux, j’ai hâte de retrouver mes cousins et leurs parents.

- Tes cousins ?? Mais… !!!

- Je sais à quoi tu penses p’pa et je me doute aussi des questions que tu te poses, sache juste que pour moi il n’y a et il n’y aura jamais qu’une seule personne que j’appellerai papa et c’est pareil pour maman !! Mon oncle et ma tante resteront mon oncle et ma tante, rien de moins mais surtout rien de plus !! J’aimerais si ça ne te fait rien que ce sujet de conversation soit clos une bonne fois pour toutes, c’est compris !! « Papa » !!

Alain prend son grand fils dans ses bras, les yeux noyés une fois de plus d’émotion en cette journée qui pourtant ne fait que commencer mais qui lui a déjà mis l’affectif à rude épreuve.

- Je t’aime tant mon fils !! Je croyais bien t’avoir perdu à tout jamais, même si je savais que tu étais ailleurs et vivant, Je….

- Chut p’pa !! Je sais tout ça et c’était pareil pour moi et Florian, c’est lui qui a tout fait pour nous faire revenir. Regarde-moi !! Regarde-le !! Tu ne vois donc pas l’immense bonheur sur nos visages, de nous retrouver ici parmi vous tous, enfin de retour chez nous ??

- C’était donc si terrible là-bas ??

- Pas du tout !! Mais ce n’était juste pas chez nous, tu comprends ??

- Je crois, oui !!

- C’est terrible tu sais d’être auprès de tous ces gens identiques à ceux qui comptent pour nous mais pour qui nous n’étions que de parfaits inconnus, bien sûr nous redevenions amis avec eux mais ça n’a rien à voir avec ce que nous avions connu avec vous tous !! En plus Florian n’allait pas bien du tout, d’après ce que j’en ai compris il n’aurait pas pu survivre là-bas beaucoup plus longtemps !!

Alain se tourne vers moi qui ai suivi toute la conversation.

- C’est quoi encore cette histoire ?

- Je n’étais pas dans le bon corps si j’ai bien compris !!

- Tu veux dire que…. Non !!! Tu es sorti du cercueil ??

- Non quand même pas ! Hi ! Hi !

- (Thomas) Il n’y a jamais eu personne d’enterré p’pa !! C’était pour que personne ne se pose de questions, tu comprends ??

- (Alain) Comment voudrais-tu que je comprenne, c’est fou cette histoire !!

- (Taha) Le corps du dieu des dieux ne peut pas mourir, ce sont les dieux des pierres qui me l’ont dit !!

Je souris devant l’étonnement de tous mes amis des paroles de Taha.

- C’est la façon qu’a Taha et son peuple de voir les choses en ce qui me concerne, il ne faut pas prendre ça au premier degré non plus !! Pour eux tout ce qui sort un peu de l’ordinaire devient vite mystique ! Hi ! Hi !

Je regarde les deux femmes avec amusement.

- A partir d’aujourd’hui vous ne m’appelez plus mon doudou, c’est bien compris ??

Monique sentant à ma voix venir la connerie, ne manque pas de poser la question.

- Et comment devra-t-on t’appeler à l’avenir ??

- Eh bien, mon Jésus tient donc !! Hi ! Hi ! Comme ça, ça restera dans l’idée générale !!

Taha semble troubler que je prenne ses croyances avec autant de désinvolture, alors que lui sait ce qu’il a vu et entendu.

- C’est sans doute au premier degré également que je dois prendre la transformation de ton corps en ce vieux bonhomme ??

- Sans doute une des possibilités innées chez les entités, je ne nie pas leur existence mais juste l’aspect divin que toi et ta tribu leur donnent !! L’évolution qu’ils ont connu leur en a sans doute donné la possibilité, comme celle d’enfermer leurs essences dans les débris de leur planète.

- Un jour tu te rappelleras et tu ne me prendras plus pour un sauvage inculte !!

- Je n’ai jamais pensé ça de toi !! Je n’ai parlé que de culture différente et qui dit culture différente, dit également croyances différentes !!

José entre dans la conversation à son tour, prenant plus ou moins la défense du jeune Masaï.

- Il faut quand même reconnaître que tu n’es pas un garçon comme les autres, le voyage que tu as fait dans l’autre réalité prête à se poser tout un tas de questions et c’est sans compter sur toutes ces « choses », ces « dons » qui font de toi ce que tu es !!

- Je suis entièrement d’accord avec toi !! Seulement voilà !! Même si je suis prêt à croire que je ne suis pas ou du moins pas entièrement de ce monde, il y a encore un sacré pas à faire pour que je sois ce que semble vouloir croire Taha et ce pas vois-tu, je ne suis pas près, loin de là, à vouloir le franchir !!

- (Alain) Qui que tu sois, pour nous tu es et tu resteras Florian !! Maintenant si nous allions annoncer la bonne nouvelle de votre retour à tous les deux au reste de notre famille ? J’en connais quatre qui vont faire une drôle de tête et j’ai hâte de voir ça, pas vous ??

- (Antonin) Surtout Mathis !! Tu risques de le trouver bien changé, depuis ta m…. Enfin disons plutôt ta disparition, il ne se passe pas un jour sans qu’il ne se rende au cimetière et qu’il n’en revienne les yeux bouffis d’avoir trop pleuré, je me faisais comme beaucoup ici du souci pour lui tu sais ?? Heureusement qu’il y a eu l’histoire avec Benjamin !! Même s’il a beaucoup souffert également de la disparition de Thomas, il a au moins compris que vous existiez toujours quelque part.

CHAPITRE 211 (Paris) (Mardi matin) (Confirmation)

Maurice ne quitte plus son téléphone des mains depuis qu’il est sorti du lit ce matin-là, il reçoit appel sur appel avec toujours les mêmes informations mais aussi les mêmes questionnements et il doit maintenant prendre des décisions urgentes avant que l’information n’arrive aux mains des médias, avec tout ce que cela implique sur les futures réponses officielles au sujet des accusations de tromperies ou pire encore qui ne vont pas manquer de tomber sur le nez du gouvernement.

Il est déjà prévu une réunion extraordinaire ce matin même avec les principaux responsables politiques, afin de préparer un discours expliquant aux populations pourquoi cette mascarade d’enterrement a eu lieu.

Le président qu’il a eu le matin même en vidéo conférence, n’attend plus qu’une preuve irréfutable du retour de Florian pour mettre en marche les rouages de l’état et a donné pour instruction à Maurice de la lui apporter sans tarder, ce qui bien sûr n’arrange pas ce dernier qui voulait laisser encore quelques libertés au jeune rouquin pour annoncer lui-même son retour à ses plus proches amis.

L’annonce fera, il ne fait aucun doute comme l’effet d’une bombe dès qu’elle sera révélée, le nom de Florian De Bierne étant maintenant aussi connu que d’autres illustres personnages qui ont fait l’histoire de l’humanité et certains pays l’ont même intégré dans leurs derniers programmes scolaires comme le sont déjà des personnages comme Marie Curie, Einstein et tant d’autres encore, qui par leur intelligence hors du commun ont amené l’humanité à ce qu’elle est devenue en ce début de vingt et unième siècle.

Le savoir vivant va à tous les coups modifier l’ordre des choses établies, Maurice ne doutant pas un instant que son jeune protégé va encore leur sortir de son chapeau des découvertes déconcertantes et faire avancer d’un grand pas les sciences médicales, voire humaines.

Un énième appel le fait soupirer d’exaspération, jusqu’à ce qu’il reconnaisse la personne qu’il a au bout du fil.

- Maurice Désmaré !!

- ….

- Ming ?? Si je m’attendais !!

- ….

- Il t’a appelé ?? C’est donc confirmé alors !!

- ….

- Tu en as parlé aux autres dirigeants de ton pays ??

- ….

- Je préfère ça figure toi !! Notre gouvernement préfère s’en charger officiellement !! Comment ton fils a-t-il pris la nouvelle ?

- ….

Maurice ne peut s’empêcher de rire joyeusement.

- J’imagine bien ! Hi ! Hi ! Je pense qu’il ne sera pas le seul dans son cas !!

- ….

- D’après ce que j’en sais, il serait à Aix !! Des hommes à moi ont pu constater des mouvements bizarres autour de la maison familiale.

- ….

- Non !! Mes instructions sont très strictes !! Ils ne doivent rien faire et le laisser refaire surface auprès de ses amis comme il le souhaite, nous n’interviendrons qu’en cas où quelqu’un le reconnaîtrait officiellement !!

- ….

- Tu te doutes bien que ça ne devrait plus tarder à arriver, sauf s’il ne le souhaite pas vraiment !!

- ….

- Tu sais aussi bien que moi de quoi il est capable !! Mais je présume que tu es déjà en route pour le voir n’est-ce pas ??

- ….

- Nous nous verrons là-bas je pense !! Tout ça va aussi changer la donne économique tu t’en rends bien compte ??

- ….

- Non !! Je me charge moi-même d’Hassan !! Je préfère que pour l’instant il n’y ait que le côté amical qui prime, vous aurez bien le temps de revoir vos cotations capitalistiques plus tard quand Florian aura l’esprit à ça.

- ….

- Pourquoi voudrais-tu que ça change ?? Nos conventions n’ont pas à être remises en causes et pour l’instant personne ne trouve à s’en plaindre, notre commerce extérieur n’a jamais été aussi florissant depuis la mise sur le marché des brevets médicaux de Florian.

- ….

- Tu as raison mon ami, je m’égare et ce n’est certainement pas pour nous le plus important pour le moment, je te prie de m’en excuser !!

- ….

Maurice raccroche en sentant bien ses mains légèrement tremblantes de la confirmation qu’il vient d’avoir, Ming étant la deuxième personne avec Taha à avoir été en contact avec Florian.

Il envoie aussitôt un mémo officiel à la présidence et confirme ensuite à ses équipes en place de devoir être encore plus vigilant, au cas où des personnes étrangères roderaient autour du lotissement.

Il prend ensuite son téléphone portable personnel pour appeler celui qui tout comme Ming est devenu un véritable ami, l’attente n’est pas très longue quand il l’entend, visiblement surpris de son appel à cette heure si peu usité.

- ….

- Comment va mon ami !!

- ….

- J’ai une nouvelle pour toi, ton fils et son copain !! Tu devrais t’asseoir si ce n’est pas déjà le cas !!

- ….

- Non, non !! Pas d’autres échanges de personnes ! Hi ! Hi ! Disons plutôt que là ce serait plutôt d’un retour qu’il s’agit !!

- ….

- Tu as visé juste, Thomas vient de revenir !! Mais pas seul !!

CHAPITRE 212 (Emirat) (Mardi) (Choc émotionnel)

« Bureaux d’Hassan. »

Omar trouve bizarre que son altesse ne soit pas encore revenue de ses affaires courantes, affaires qu’il traite en général dans son bureau après qu’il lui en ait fait un résumé succinct.

Il n’y avait pourtant pas de quoi fouetter un chameau et ça n’aurait pas dû lui prendre plus que le temps habituel qu’il y consacre, lui-même terminant une vidéo conférence avec Joseph qui est en Afrique avec le petit prince et son « infirmier », pour leur donner à tous deux les habitudes aux divers protocoles de l’émirat, afin d’éviter qu’ils ne trahissent en public la relation amoureuse qui est la leur.

C’est donc après avoir eu l’assurance que tout se passe au mieux, qu’Omar va s’enquérir du côté d’Hassan s’il n’a pas besoin de ses services et espère bien que oui, en pensant toutefois à un tout autre genre de service dont il ne se lasse jamais malgré toutes ces années passées ensemble.

Un bref coup à la porte et n’obtenant pas de réponse, le secrétaire « particulier » de l’émir entre et découvre son amour prostré à son bureau, il referme rapidement la porte derrière lui avant d’aller à sa rencontre en cachant difficilement l’inquiétude soudaine qui le prend, craignant que quelque chose de grave et d’inattendue se soit passée.

Il voit les yeux rougis encore humides de larmes quand le regard d’Hassan se fixe dans le sien, y lisant toute l’inquiétude soudaine de son vieux compagnon et se lève brusquement, se voulant rassurant en le prenant par la taille et en le serrant fortement contre lui.

Omar ressent les tremblements venant de tout le corps de son ami, il caresse doucement ses omoplates en cherchant les mots qui ne veulent pas sortir de sa bouche tant il est troublé de le voir dans cet état.

- Quelque chose est…arrivée ??

Hassan sent bien l’angoisse de son ami là où il ne devrait y avoir que de la joie, comme celle qu’il ressent actuellement et qui le terrasse littéralement d’un excès incontrôlable d’émotivité, il se sépare doucement de son compagnon en le fixant droit dans les yeux et en lui délivrant un de ses sourires si particuliers, qui rend Omar plus amoureux que jamais de cet homme qui depuis ses dix-huit ans ne lui amène que du bonheur.

- Ils sont revenus !!

- Qui ça ??

- Thomas et Florian !! …Ils sont revenus !!

C’est au tour d’Omar de sentir une vague d’émotion le terrasser, en même temps qu’il lui vient à l’esprit l’impossibilité que ce puisse être vrai, du moins pour Florian.

- C’est impossible voyons !! Nous étions à son enterrement rappelle-toi ??

- Maurice vient d’appeler !! C’est lui qui m’a annoncé la nouvelle !!

Les deux hommes éprouvent soudainement le besoin de s’asseoir, leurs jambes commençant à donner des signes de fatigue nerveuse et ce n’est qu’une fois installés côte à côte sur le canapé en cuir, qu’ils se regardent une nouvelle fois avec toute l’émotion que la nouvelle leur apporte.

Hassan finit par se contrôler suffisamment pour relater sa conversation d’avec Maurice, ainsi que les preuves qu’il a que ce soit bien la réalité et que Florian qui sera toujours pour lui celui qui lui a rendu son fils, celui pour qui il éprouve une affection toute paternelle, soit réellement revenu.

- Ming serait déjà en route avec son fils ? Pourquoi ne nous a-t-il pas prévenus ?

- Il voulait le faire mais Maurice lui a dit qu’il s’en chargeait, qu’il avait beaucoup plus de preuves à m’apporter que lui !!

- Tu veux que je fasse une demande de « vid/conf » avec Ming ?

- Bien sûr !! Pourquoi n’y ai-je pas pensé moi-même ??

- A quoi je servirai sinon ! Hi ! Hi !

- Pffttt !!! J’suis encore tout retourné, tu imagines quand ça va être officiel ?? Le souk que ça va mettre partout ??

- Nous aurions dû plus croire en lui !!

- Comment imaginer un truc pareil ??

- Pas au début bien sûr, mais quand nous avons su pour l’autre réalité et connaissant ses « possibilités » !!

- Appelle Ming, pendant que je donne les ordres pour notre départ !!

- Tu préviens aussi Amid et Christophe ??

- Je préfère attendre d’être là-bas, laissons les choses évoluer tranquillement !! Je ne voudrais pas que tous ces voyages alertent certaines personnes qui viendraient y mettre leurs nez alors que pour l’instant ça reste encore confidentiel et puis nous pourrons leur faire une surprise le moment venu.

- Comme tu veux !!

- Tu n’es pas d’accord avec moi ??

- J’ai peur qu’Amid t’en veuille plus tard de lui avoir caché le retour de son ami, c’est qu’il a son caractère lui aussi !! Il sait de qui tenir !!

- Tiens donc !! Pourrais-je connaître cette personne à laquelle tu te réfères ??

Omar sourit en se levant pour aller préparer la vidéo-conférence.

- Son altesse ne voudrait certainement pas que je lui manque de respect ! Hi ! Hi !

Hassan sourit à son tour en le laissant quitter le bureau, la porte est à peine refermée qu’il entend un énorme cri d’allégresse résonner dans le couloir qui lui amène un fou rire salvateur, surtout après toutes ces émotions qu’il vient de ressentir.

***/***

- Yeahhhh !!!!

FIN du livre trois tome 4

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