Chapitre 3
Kate n’eut que des souvenirs flous de ce qui se passa ensuite. Il lui semblait avoir pleuré longtemps, de tout son soûl. Ou n'avait-ce duré cinq minutes ? Elle l'ignorait. Mais ni Piotr ni personne n’était venu la réprimander. Une fois sortie, tout le monde fit comme si de rien n’était. Sans trop savoir comment, ils avaient quitté la boutique pour une sorte de chenil, où un des traineaux de l’hôtel ainsi que quelques chiens avaient été laissés en pension.
Ils étaient partis en début d’après-midi. Bercée par le glissement du traineau, exténuée par les évènements, Kate s’était assoupie.
° ° °
Lorsque Kate rouvrit les yeux, la nuit commençait à tomber. Emmitouflée dans une couverture en poil de caribou, un vent glacial lui fouettait le visage. Ses cheveux voletaient autour de son visage en un halo sombre.
« Alors, bien dormi ? », cria Piotr derrière elle pour couvrir le sifflement du vent, « On va essayer d’atteindre l’hôtel avant que la nuit ne tombe complètement et que ça ne gèle encore plus , d’accord ? »
Kate hocha la tête, et se cala le dos contre la malle, remontant la couverture au dessus de son nez. Le poil doux et soyeux la maintenait bien au chaud et faisait rempart au vent. Devant elle, les chiens galopaient bruyamment , projetant de la neige derrière eux, leur pelage ondulant dans la nuit.
« Printzessa, vous voyez la lumière là-bas ? »
Kate regarda dans la direction indiquée par Piotr. Elle mit quelques instants avant d’effectivement repérer une lueur lointaine clignotait à l’horizon.
« C’est le Polar Hotel. On va continuer vers cette lumière, et on y sera en un rien de temps ! »
Kate regarda la voute céleste, où les constellations se dessinaient doucement, illuminant la nuit d’un noir d’encre de milliers d’étincelles claires, scintillant entre les nuages, plus éclatant que tout ce qu’il était possible de voir à Londres. Il n’y avait plus qu’eux et l’univers entier, infimes témoins de quelque chose de beaucoup plus grand, de beaucoup plus beau, que même le plus fou des hommes n’aurait jamais osé soupçonner il y avait seulement quelques siècles de cela.
Pour la première fois de sa vie, Kate comprit l’amour qu'avait pu éprouver son père pour les cieux.
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