Le Gris
Le Gris, bientôt, le cède au BLANC. Le clair-obscur appelle l’ouverture, le déploiement de toute chose sous la bannière du visible. Le Blanc est la haute parole de ce qui vient à nous. Le Blanc ouvre et libère. Le Blanc dévoile ce qui était mystère. La Terre était noire, en deuil d’elle-même. La voilà Gaïa au ventre rond, à l’aura rayonnante, au scintillement qui gagne le vide, l’emplit d’une corolle d’écume, de neige. Les sommets éternels des montagnes sont recouverts d’un glacis d’opalin, ils dirigent leurs gerbes vers le luxueux cosmos, jouent avec lui le jeu de la pure magnificence. Y aurait-il quelque chose au monde de plus précieux que cette blancheur, cette encolure de cygne, cette rutilance de porcelaine, cette virginité pouvant se parer de multiples atours, elle qui est le sol neutre à partir duquel pouvoir imprimer au réel tous les prédicats disponibles, toutes les possibilités d’effectuation encloses dans le bouton virginal, sises dans l’immense sagesse, lovée dans l’aire accueillante de la simplicité ?
Le Blanc est une exception. Le Blanc libère la Vérité. Sans lui, ni l’intervalle entre les mots, ni le dimensionnel du jour, ni la joue de l’Aimée caressée de la plume native du désir. Blanc seulement comparable à lui-même. Qui en pourrait supporter la puissance de ruissellement sans sourciller, sans se réfugier dans quelque abîme d’ombre ? Oui, le Blanc est une Totalité pareille à la sphère qui n’a nul besoin d’extérieur, sa présence intérieure lui suffit, force de la Monade en sa plus efficiente autonomie. La sphère pour la sphère. Le Blanc pour le Blanc.
Annotations
Versions