Le Blanc se voile
Le Blanc se voile. Le Blanc se métamorphose. Il était pur argent, il veut devenir pur or, c'est-à-dire aller vers une plus grande richesse, celle qui, bientôt, sous ce spectre doré, va se doter de son être : la Terre en sa « multiple splendeur », pour reprendre les mots du Poète qui sont toujours exacts puisque Poésie est mise en œuvre de la Vérité. C’est, soudain la révélation de la belle palette des JAUNES, celle qui, depuis l’à peine insistance de Topaze, vogue en direction d’Ambre soutenu, après avoir connu la teinte jaune-rosé d’Aurore. Les nuances sont infinies. Les applications multiples. C’est pareil à un kaléidoscope dont les fragments pivoteraient pour nous livrer successivement, ‘Les Tournesols’ de Van Gogh le Solaire ; le velouté d’une pomme Golden ; les tiges du chaume dans le ciel incendié de l’été ; les douceurs épidermiques des clairs-obscurs de Rembrandt, le sfumato de Léonard de Vinci nimbant le visage énigmatique de ‘La Joconde’ ; le corsage de ‘La Laitière’ chez Vermeer de Delft ; la robe pareille au safran dans ‘Jeune fille lisant’ de Fragonard ; minuscules touches de jaune primaire dans ‘Dimanche après-midi sur l’île de la Grand Jatte’ de Seurat, la liste serait inépuisable tant les peintres sont les utilisateurs privilégiés de la couleur, eux qui, autrefois, broyaient leurs pigments avec autant d’empressement et d’amour qu’ils en auraient mis à séduire une courtisane.
Pour autant que le jaune est une couleur vibrante, pouvait-elle se contenter de se montrer puis de tirer le rideau de l’existence polychrome ? Certes non. Le jaune, couleur du Soleil en son ascension réclamait sa belle teinte crépusculaire, celle qui empourpre l’horizon et baigne fleuves, mers et forêts dans des rivières de sang. Le ROUGE était venu, ainsi, par une pure nécessité de sa course, à la suite d’une certaine logique, si l’on veut, ou plutôt d’un cycle qui se terminait dans le flamboiement
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