Chapitre 17
- Il s’appelait Ethan, il est décédé l’an dernier. Ça a duré 2 ans. Je l’ai aimé avec tout mon être.
Liam ne dit pas mot et je me sens stupide à cet instant. Il se retourne, souffle et mon sentiment s’intensifie. Il prend alors ma main et ouvre la porte de la chambre. Nous retournons avec le reste du groupe, toujours sans un mot.
Des actions plus folles les unes que les autres se suivent. Tout le monde semble s’amuser et je tente de faire de même. Pourtant je n’y arrive pas et mes yeux qui se baladaient jusque-là sur l’assemblée de cette soirée, viennent fixer les yeux vides de Liam. Je me lève et pars me chercher un verre dans la cuisine. Quelques secondes plus tard, une présence derrière moi m’indique que je ne suis plus seule. Il m’a rejoint et me propose de me ramener chez moi. J’acquiesce, n’ayant plus la tête à faire la fête ni même à jouer avec ses amis. Nous saluons les autres et quittons le bruit et l’agitation.
Devant chez moi, je m’apprête à partir, un pied en dehors de l’habitacle, mais j’entreprends de finir ce que j’avais commencé un peu plus tôt. Je jette un regard derrière mon épaule, vois un Liam concentré sur la route déserte et les mâchoires serrées. Alors je me retourne complètement et saisis son visage entre mes mains, je caresse de mes pouces ses pommettes saillantes et approche mon visage du sien. Il se laisse faire et semble même envieux de ce contact. Je pose avec toute la délicatesse qu’il me reste mes lèvres sur les siennes.
Je ne suis pas rentrée chez moi ce soir. Je suis rentrée avec Liam. Je l’ai suivi dans sa chambre. Je l’ai laissé faire ce qu’il voulait de moi. Il m’a donné ce que je voulais.
Quand je me réveille, je vois les murs que j’ai bien souvent vus ces derniers jours. Mon téléphone m’indique qu’il est déjà onze heures et que j’ai reçu beaucoup de messages hier soir. Je récupère mes affaires au pied du lit le plus discrètement possible pour ne pas réveiller Liam encore bien endormi à côté. Je les enfile rapidement et descends les escaliers, tentant de me repérer dans cette maison avec les quelques souvenirs de jour que j’en ai. Une voix me surprend :
- Bonjour, Gabriella, la maman de Liam.
Je laisse échapper un petit cri de peur. Une fois celle-ci passée, je me retourne et affronte la femme qui vient de me parler. Elle rigole de ma stupeur et place une main dans mon dos pour m’emmener à la cuisine. Liam descend une dizaine de minutes plus tard, alors que sa mère me sert une tasse de thé. Il ne salue pas sa mère, m’adresse à peine un regard et demande juste si j’ai besoin qu’il me raccompagne chez moi. Je réponds par la négative et profite de cette perche pour m’en aller. Je vais rentrer à pied, je vais pouvoir réfléchir comme ça.
Je ne m’attendais pas à de grandes présentations ni même une quelconque marque d’affection, mais peut-être à un peu plus d’attention. Je regrette presque ce qui a pu se passer la veille et de lui avoir confié mon amour. Tout un tas de questions trottent dans ma tête, des questions auxquels je n’ai aucune réponse. Et s'il m’avait menti et qu’il avait gagné ? Et s'il m’avait piégé pour pouvoir arrêter le jeu ? Et s’il regrettait ? Et si ? Toute la moitié du trajet se passe avec ses questions alors je décide de lancer une musique pour occuper mon esprit à autre chose.
Arrivée chez moi, je monte directement dans ma chambre, je réponds à des messages que j’ai reçu la veille et regarde la fin de ma série.
De:Maya
Salut Emma, écoutes, je viens de voir que tu étais à une soirée sur la 5ième rue. Liam y est aussi je crois, tu peux me dire avec qui s'il te plaît ?
De:Emma
Oui, j’étais en soirée avec pleins de gens du lycée, alors je n’ai pas vraiment fait attention à voir qui était avec qui. C’est quoi cette obsession par rapport à lui ?
De:Maya
OK. Tant pis. C’était sympa sinon ?
De:Emma
Euh...oui. Pourquoi tu ne réponds pas à ma question ?
Je décide de partir prendre une douche pour me vider la tête.
Quand je reviens dans ma chambre, Liam est allongé sur mon lit, à m’attendre, la tête entre les bras. Il ne semble pas encore m’avoir vu. Je viens m’installer à côté de lui. Là encore, il ne réagit pas. Je passe une main dans ses cheveux et c’est à ce geste que ses yeux viennent rencontrer les miens.
- Mon adversaire est un homme mort. Tu es amoureuse d’un mort.
Ses mots atroces viennent m’agresser et brûlent mon corps entier. Je ne peux même pas supporter le contact tant ses paroles sont violentes et dépourvues de délicatesse. Je suis mitigée entre horreur, énervement et tristesse. Il n’a alors rien compris.
- Je l’ai aimé, et je ne peux pas le renier. Je ne pourrais jamais oublier à quel point mon cœur s’emballait quand il me touchait, quand il m’embrassait, quand je le voyais. Je ne saurais expliquer quelles sensations il m’a procuré. Je ne suis pas sûre de pouvoir un jour dire à quel point il a été mon âme sœur. Je l’ai aimé plus que je ne me sois jamais aimé. J’aurais pu donner ma vie pour qu’il récupère la sienne. Mais, Liam, tu n’es pas lui. Ce qu’il m’a fait ressentir ne m’empêche pas de ressentir d’autres choses à ton égard. Il m’a tout donné et m’a tout fait connaître. Mais avec toi, je peux en profiter. Ces moments de bonheur avec lui, ont pris deux ans à se construire. C’est dans une tristesse infinie qu’il m’a laissée. Et tu es apparu. T’es apparu dans ma vie comme un ange, comme une lumière dans l’obscurité. Tu m’as sortie de cette tristesse infinie. Tu m’as donnée de nouvelles raisons d’être heureuse. Tu m’as offert de nouveaux moments de bonheur. Alors que je n’y croyais plus, je ne pouvais même pas à me souvenir de ce que c’était que d’être un tant soit peu heureuse.
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