Dans le studio d’un cinéaste élégant, les murs ornés d’affiches de films célèbres, le réalisateur Alexandre s’assoit face à Thomas, l’acteur principal de son prochain film. Les deux hommes se regardent quelques instants, mesurant le poids de la tâche qui les attend.

 — Thomas, je suis heureux que tu sois ici. Avant de commencer, il est essentiel que tu comprennes Liam, entama Alexandre, il n’est pas juste un personnage, il est le cœur battant de « Les Voix du Silence ». Tu dois le connaître comme si c’était toi.

 — Je suis tout ouïe, rétorqua Thomas, le sourcil arqué.

 — Bien. Liam Harwood a 32 ans, un homme au physique imposant d’1m85, aux cheveux noirs éclipsés par de légères touches grisonnantes. Mais ce sont ses yeux verts, expressifs, qui te saisissent. Ils racontent des histoires.

 — Et la cicatrice sur sa joue ?

 — Ah, oui, la cicatrice, releva Alexandre, songeur. Un souvenir d’un accident de voiture. Pas juste un signe distinctif, mais une fenêtre vers son passé douloureux. Tu sais, Liam a vécu des choses que personne ne devrait vivre. Enfant d’une maison brisée, témoin d’un amour toxique. Son père, violent ; sa mère, une ombre.

 — C’est dur à imaginer, dit Thomas, une moue sur la figure.

 — Oui, mais c’est essentiel. À 15 ans, il a pris le destin en main, s’enfuyant avec sa sœur cadette pour la protéger de cette tempête. Deux ans dans la rue avant de trouver refuge. Cette période, c’est là qu’il s’est façonné. Protecteur, méfiant, mais d’une intelligence aiguë.

 — C’est pour ça qu’il est si solitaire ?

 — Exactement. Il préfère sa propre compagnie, même s’il est capable de sociabilité. Mais ne le sous-estime pas. Il est empathique, capable de ressentir profondément les choses. Et il cache un lourd secret lié à son frère cadet.

 — Disparu ? répliqua Thomas, son regard profond vers Alexandre.

 — Oui. C’est une épine dans son cœur, influençant chaque décision, chaque mouvement. Quant à ses relations, il y a Clara, sa sœur, la lumière de sa vie. Marcus, l’antagoniste, le rappelle à ses démons. Et Sophie, sa douce tentation. Mais avec qui il se montre hésitant à cause de ses blessures.

 — C’est complexe.

 — Oui. Et je veux que tu le joues avec cette complexité. Montre sa réticence, sa douleur, mais aussi cette étincelle dans ses yeux. Surtout lorsqu’il parle de son frère. C’est là que réside sa vraie mélancolie.

 — Je vais faire de mon mieux, Alexandre. Je veux rendre justice à Liam.

 — Je le sais, et je te fais confiance. N’hésite pas à venir me voir pour toute question. Ce personnage est essentiel, et je sais que tu es l’acteur parfait pour le rôle.

 Les deux hommes se levèrent, un respect mutuel visible dans leurs yeux. Le voyage pour donner vie à Liam Harwood venait de commencer.