Prologue

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Un vent chaud et sec soufflait sur la peau de Violette. Le chant des cigales se mêlait au bruissement des feuilles de la forêt pour produire une symphonie naturelle capable d’apaiser l’esprit tourmenté de la jeune femme. Cette dernière, assise à l’ombre d’un chêne centenaire, contemplait les nuages blancs naviguant sur une mer d’azur au-dessus de sa résidence, pensive. La source de ses tracas se trouvait dans sa main gauche : une lettre tout droit venue du Japon.

Cela faisait deux mois que l’ancienne lycéenne avait été diplômée du baccalauréat avec une moyenne bien supérieure à vingt, et à seulement seize ans. Évidemment, toutes les meilleures universités du monde avaient essayé de la recruter. Elle avait déjà reçu des propositions d’Oxford, Cambridge et du MIT, mais Violette les avait toutes refusées, à la grande surprise de ses parents. Car, en effet, celle que l’on surnommait « la Mozart des sciences » avait choisi sa voie depuis bien longtemps. À son entrée au lycée, elle avait décidé que, dès qu’elle en aurait la possibilité, elle renoncerait au fardeau qu’elle portait depuis sa naissance.

Comme pour se rassurer elle-même, Violette relut pour la énième fois la lettre d’un certain Ryoko Seiu, ami de longue date de sa famille, et directeur du laboratoire de physique quantique de l’académie Rikoukei :

Tokyo, 21 aout 1977

Très chère Violette,

J’ai bien reçu ta réponse et je suis ravi d’apprendre ta décision de venir étudier dans notre université. J’espère que tu apprécieras les trois années que tu passeras à Tokyo. Tu verras que l’on n’a pas le temps de s’y ennuyer. Ce n’est pas tous les jours que nous accueillons des étudiants aussi brillants que toi, mais je suis certain que tu te feras une place parmi nous et que tu t’y sentiras comme chez toi. Les cours commenceront en avril de l’année prochaine, mais tu peux arriver quand tu le souhaites. N’hésite pas à prendre de l’avance pendant les huit mois qui te séparent de la rentrée, même si je ne doute pas que tu as déjà un niveau bien supérieur à celui de certains de nos diplômés.

Dans tous les cas, nous avons hâte de te compter dans nos rangs. Si tu as la moindre question, je ferai mon possible pour te répondre dans les plus brefs délais.

Passe le bonjour à tes parents de ma part.

À très vite,

Ryoko Seiu

PS : Au sujet de notre petit arrangement pour ton nom de famille, j’ai déjà effectué toutes les démarches administratives. À partir d’avril, tu t’appelleras désormais Violette Leblanc. J’espère que cela te conviendra.

Violette esquissa un sourire, comme à chaque fois qu’elle relisait ce nom tout ce qu’il y avait de plus banal. Peut-être, enfin, allait-elle pouvoir passer une scolarité ordinaire, pensait-elle.

Elle ignorait toutefois que les trois années qu’elle s’apprêtait à vivre allaient être plus folles que tout ce qu’elle avait connu jusqu’ici, mais également les trois meilleures années de sa jeunesse.

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