Back to Paris
Munich, 20 Juillet 1978, 4h54
Lookuir ricana. Nycron siffla entre ses dents de rat. Sanders grimaça. Tout un programme... Lookuir accentua son ricanement, Sanders éructa, Nycron déforma son museau pointu. Enfin, Sanders se décida à rompre le silence relatif.
— Nous les avons perdus.
Nouveau ricanement de Lookuir.
— Il faut revenir sur Paris, expliqua laconiquement Nycron.
Et Lookuir ricana...
Paris, hôtel Prince de Galles, 20 Juillet 1978, 9h28
Carl Loogel décrocha sa canne et son chapeau du portemanteau. Il était furieux.
La veille au soir, il avait reçu le coup de téléphone d'Ella qui l'avait avisé de la mort de Tania, de son propre retour sur Paris, et de la disparition mystérieuse de Lilnorth. Ces nouvelles avaient couché sur le flanc le vieil agent, non pas qu'il eût ressenti une quelconque émotion — il avait dépassé ce stade depuis longtemps —, mais l'évanouissement du bouc-émissaire contrariait très fâcheusement son programme. Il avait du mal à admettre qu'un agent aussi efficace que la petite Vendek, sélectionné par ses soints diligents, eût été mise en échec si aisément, et en concevait de l'amertume. Passe encore pour Minerves. La perte de sérénité qui affleurait de son comportement ne laissait pas de l'inquiéter depuis un moment déjà. Mais Vendek, c'était du vif-argent... liquide, métallique, létale... Alors ?
Elle lui avait affirmé que les otages n'étaient plus d'aucune utilité. Il voulait bien la croire. Dès le lendemain, il les ferait expédier dans un coin perdu d'Europe centrale. Inutile de les supprimer. Toutes les précautions avaient été prises pour dissimuler l'identité des ravisseurs. Il ne jugeait pas nécessaire de fabriquer deux macchabées supplémentaires. Cette affaire en comporterait déjà suffisamment.
En tout état de cause, les agents devaient continuer à travailler selon le plan établi. L'essentiel restait d'abattre la cible proprement. On les avait rémunérés assez généreusement à cette fin.
Paris, place de la Concorde, 20 Juillet 1978, 11h11
Securia s'inclina en direction de la place, assez pour apercevoir Lara, encadrée par deux de ses hommes de main. La danseuse entamait sa tournée quotidienne de shopping. Au moins le séjour ne serait-il pas perdu pour tout le monde.
La reine commença à remonter la rue Royale avec sa paire de valets. Un peloton de passants la fusilla d'une enfilade de regards mi-surpris, mi-admiratifs.
Securia soupira. Ce n'était pas lui qui aurait pu vaquer au su et au vu de tous, même protégé par une nuée de gorilles. Il lui arrivait parfois d'envier son épouse, qui phagocytait sur son visage lisse le capital sympathie dévolu au couple par le simple affichage de sa fascinante personne.
Si le public la connaissait vraiment... les séances d'emplettes pourraient devenir distrayantes !
Quoique... Les gens étaient si soumis au règne de la beauté ! On pouvait tant abuser ces cons, prêts à n'importe quel culte, à n'importe quelle vénération, pour peu qu'on produisît du rêve ou de la propagande à leur intention. Il était bien placé pour le savoir.
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