Chapitre 6
Je le pointe du doigt.
- Je vais te dire quelques trucs, donc écoute moi bien. Je ne suis pas capable de te dire tout de suite la vérité sur moi parceque tout simplement je ne te connais pas, et que bien que cela doive faire maintenant quelques heures que je suis ici, tu es parties de cette pièce avant qu'on est eu le temps d'échanger plus. Je suis strictement désolé de m'être disputé avec toi tout à l'heure, mais tu dois comprendre que j'ai traversé une sacrée mauvaise passe là, et que je pensais à rien d'autre qu'à passer à autre chose quand je suis arrivé ici. Je ne pensais pas me retrouver dans cette situation gênante au beau milieu d'une cour. Je n'étais pas vraiment moi à ce moment. Je n'ai pas pu réfléchir. Et maintenant je suis là dans cette chambre avec toi, avec plus que rien sur moi et c'est pas du tout comme ça que je voyais les choses. J'étais censé faire ma rentrée normalement ou presque et déménager de chez mon père. Point à la ligne.
- J'accepte tes excuses.
- Quoi? T'as au moins entendu ce que je t'ai dit?
Il hausse les épaules.
- OK, donc tu t'en fous?
Je ne cache pas ma petite irritation.
- Ce n'est pas ça, c'est juste que j'imagine bien et que je n'ai pas besoin d'un dessin.
Boudeuse, je soupir d'exaspération. Je tiens mon menton en posant mes coudes sur les genoux. Ne sachant que répliquer.
Il se lève et vient face à moi. J'ai maintenant ses abdos sous les yeux et son odeur qui me chatouille le nez. Il me tire vers lui pour me forcer à me mettre à son niveau. Ses yeux me paralysent et son corps collé contre moi est comme un appel à le toucher mais je tente au mieux de me retenir.
- Arrête de faire l'enfant. Je suis là et je vais pas te laisser tomber. Rentres-toi ça dans le crâne.
Il me le tapote pour marquer son propos.
A vrai dire, il a plutôt intérêt à me tenir car sinon je vais encore me ramasser, j'en ai la certitude et j'aurai encore l'air ridicule alors que j'ai déjà l'impression de battre des records. Il est plus que limpide que demain si j'arrive à sortir d'ici, je dois aller me faire consulter par une psy pour qu'elle me remette les idées en place. C'est indéniable et devient même très urgent.
J'ai la chair de poule et je suis sur qu'il doit sans rendre compte. Du coup, je préfère attendre de voir ce qu'il va faire mais il détourne son regard alors que j'y pense y avoir lu quelque chose. Je reste fixe, tentant de le décrypter sans résultat, pendant que lui retire quelque chose de sa poche.
- Pendant que tu te calmais tout à l'heure je suis partie retirer ça. C'est pour toi.
Je suis choqué par le nombre de billets que je vois dans sa main tendue.
- Merci mais non... Je ne veux pas de ta pitié.
- Punaise, ce que tu peux être butée comme fille. Tu peux pas simplement prendre ce qu'on te donne sans discuter. Prends cet argent, tu en auras besoin. Et c'est de l'amitié, pas de la pitié.
- Là, on se demande qui est le fou. As-tu vu combien il y a?
- Oui et alors? Tu apprendras que je ne laisse jamais mes ami(e)s dans un trou. Peu importe la profondeur de celui-ci.
- Je ne sais pas quoi dire...c'est trop. Vraiment...trop. Non, reprends-le.
- Hors de question. Tu vas le prendre et je ne reviendrais pas dessus.
Deux têtes de mules ensemble. Cool. Je secoue la tête négativement mais me résigne malgré moi car il n'a pas l'attitude de quelqu'un qui va céder.
- Bon, je le prends mais je te rembourserai dès que je le pourrai. C'est promis. Peu importe que tu sois d'accord ou non.
Il souffle.
- Bien. Maintenant qu'on a franchi une étape, passons à la suivante. Il y a une teuf ce soir et je veux que tu m'accompagnes.
- Euh, non.
- Tu vois, tu recommences à discuter. A croire que c'est plus fort que toi.
- Excuse-moi si je n'ai pas vraiment envie de me pointer en caleçon!
Mon angoisse remonte en flèche à l'idée de me montrer.
- Si c'est ça le problème, je me charge de te trouver des fringues.
Je me pince l'arrête du nez et essaye de m'extirper loin de lui pour mieux penser. Il n'a pas dû comprendre mon dilemme. Je veux être ici, mais j'ai le trac. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir dire?
- Enfait, les fêtes, ce n'est pas trop mon truc !
C'est pas vraiment vrai, du moins je crois. J'ai toujours envié d'autres y aller et j'ai donc toujours voulu m'y essayer, mais il n'a pas à le savoir. C'est mon père qui ne m'a jamais autorisé à y participer, même pas à une. Ça prouve sa nature profonde à être un connard jusqu'au bout.
Il se remet à rire à ma phrase. J'ai l'impression qu'il se fout de moi ENCORE.
- Attends, comment tu peux dire ça, t'en a pas encore fait une ici?
- Je le sais, c'est tout. Enplus, tu oublies que je n'ai pas encore trouvé ma chambre. Que je ne sais même pas ce que ma coloc pense de moi et si elle est de nature à envahir tout l'espace. Que j'ai surement, avec l'argent dont tu m'as fait si généreusement don, des choses à acheter pour mettre sur moi, mon bureau et mon mur...
- Sérieux...c'est juste une teuf! T'auras bien le temps de faire ça à un autre moment. T'es ici maintenant. En fac! Impossible que tu passes à travers du filet. Tu m'accompagnes.
Ce qu'il peut se montrer autoritaire.
- Mais qu'est-ce que je ferai là-bas enplus, je ne connais personne.
Il sourit.
- T'as tout faux.
Je soulève mes sourcils intrigués.
- Je serais là.
- C'est bien ce que je disais, je ne connaitrais personne. Je préfère m'installer, prendre ma voiture est allée acheter ce dont j'ai besoin. Ce ne sera que quelques heures de répit avant tu sais quoi... mais se sera toujours ça de pris. Ensuite je crois avoir mérité une bonne nuit comme je n'en ai jamais connus.
- Arrête! Tu te mens. Ça ne changera rien. Faudra bien te confronter aux autres à un moment donné et c'est l'occasion rêvée pour faire taire les mauvaises langues. Tu pourrais donner TA version des faits et en faire profiter tout le monde. Enplus, faire des achats un samedi , t'as pas trouvé pire moment. C'est blindé aujourd'hui. Et t'asdéjà pioncé longtemps, j'en suis témoin.
- J'ai pas vraiment envie d'être la bête de cirque. Être au centre de l'attention, y a pas plus gênant. Enplus c'est une fête! Le principe c'est je crois de s'amuser, pas d'étudier mon cas personnel. Je risque de gâcher l'ambiance. Je préfère l'idée du supermarché. D'ailleurs, puisque tu m'en donnes la possibilité, j'ai aussi une pile de livres à acheter pour avoir la totalité de ce qu'il me manque. Je compte en lire certains tranquillement. Et je te rappel que je ne dormais pas, j'étais inconsciente, ça ne compte pas.
- D'accord l'hermite, je te propose un truc : tu me parles franchement et tu m'accompagnes, et moi je te protège. Et peut-être que qui sait, t'auras droit à un bonus.
J'ai un début de confiance en lui alors encore une fois je cède même si je flippe. Et prie de faire le bon choix.
- C'est bon, t'as gagné. Je viens.
Chris applaudit en signe de victoire.
- C'est quoi le bonus?
- Ça, tu le sauras en temps voulu. Ne fais pas diversion. Maintenant, crache le morceau. Je brûle de savoir pourquoi je t'ai trouvée dans cet état.
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