Extrasensorielle

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Je me dirigeai vers le bâtiment. Malgré l’heure tardive, la pleine lune éclairait le paysage comme au grand jour, rendant plus aisé mon cheminement entre les véhicules. Les portes s’ouvrirent automatiquement devant moi. À l’intérieur, je m’orientai, dans la pénombre, au son des voix des membres du groupe déjà arrivés. Marie, la prêtresse, m’accueillit avec le sourire.

-          Installe-toi Sarah. Nous n’attendions que toi.

Je m’assis aux côtés de mes amies.

-          C’est étrange une médiathèque pour une séance, non ? me murmura Rose.

-          C’est une zone de forte concentration énergétique, répondit Charlie.

-          Si vous le voulez bien, nous allons commencer, les interrompit Marie. Tenez-vous la main, fermez les yeux et détendez-vous. Respirez profondément… Inspirez… Expirez… Videz votre esprit de vos soucis. Concentrez-vous sur votre respiration uniquement.

Doucement, le calme m’envahit ; ma respiration se fit plus profonde.

Marie reprit d’une voix plus forte :

-          Nous nous présentons humblement devant vous, esprits…

Je perdis rapidement le fil de ses paroles. Je me sentais apaisée, flottante. Puis, j’entendis le piaillement des oiseaux. Étonnée, j’ouvris un œil, puis l’autre. J’étais dans un jardin luxuriant. Les fleurs, nombreuses et de toutes les couleurs, emplissaient l’air de leurs parfums suaves. Les rayons du soleil réchauffaient mon visage. Une douce musique me parvint. J’en identifiais la source et me dirigeai vers elle. Derrière un bosquet, je découvris un petit kiosque à musique avec, à son centre, un saxophoniste. La musique m’emplit le cœur de joie et j’eus envie de danser. D’ailleurs, je dansais déjà. Mes pas suivaient le tempo, mes bras dessinèrent des arabesques invisibles…

Lorsque la musique cessa soudainement, j’eus froid. Je fermai les yeux.

Une nouvelle odeur parvint à mes narines, lourde et entêtante… De l’encens. Puis, ce fut des chuchotements, de plus en plus distincts. Je reconnus les voix et ouvris les yeux. J’étais de nouveau à la médiathèque, au centre de notre cercle. Toutes me fixaient intensément.

-          Que s’est-il passé ? demandais-je.

-          Tu ne te souviens de rien ? renchérit Charlie.

Je tentai de me remémorer mes gestes en vain.

-          Je ne sais pas comment je suis arrivée ici. J’ai fermé les yeux et je me suis retrouvée dans un jardin. Il y avait un saxophoniste et je dansais. Je me sentais bien…

-          Tu es pourtant physiquement restée ici, me coupa Marie.

Je me tournais vers elle en attendant plus d’explications.

-          Un esprit s’est approprié ton corps. Nous avons discuté avec lui.

-          Que s’est-il passé ? redemandais-je.

-          Les bougies ont été soufflées, le vent s’est levé et a attaqué violemment la médiathèque. Nous avons eu peur. Puis, les flammes se sont ravivées et tu étais au centre du cercle, débita Rose, sans reprendre son souffle.

-          Tu… enfin, l’esprit, nous a parlé de lui, de sa vie…, compléta Charlie.

-          Comment est-ce possible ? Je ne me rappelle rien.

-          Tu es un esprit ouvert sur le monde invisible, sensible à leur appel. Est-ce la première fois que cela t’arrive ? reprit Marie.

-          Oui.

-          Tu n’as jamais eu de moment d’absence ? De trou de mémoire ? D’élément que tu ne peux expliquer ?

-          Si, répondis-je après quelques secondes de réflexion.

-          Bien, nous nous arrêterons là pour ce soir, conclut Marie.

Les autres filles se levèrent et se dirigèrent vers la sortie tout en me jetant des regards curieux voire envieux.

Je tentais encore de comprendre ce qui m’était arrivé quand Marie me tira de mes pensées.

-          Sarah, je voudrais que l’on se revoie pour parler de ton don.

-          Mon don ?

-          Oui, car c’est un don et il faut que tu apprennes à l’utiliser, à le maîtriser.

-          D’accord.

-          Demain, à 15h, ici même.

-          Ok.

-          Viens, Sarah, on te ramène, nous interrompirent Charlie et Rose.

Je les suivis, encore un peu sonnée par ces révélations. En sortant, l’air froid me réveilla et je me surpris à penser à ma grand-mère. Je ne l’ai pas connue mais je savais qu’elle était réputée pour avoir des qualités exceptionnelles et qu’elle avait aidé beaucoup de monde. Les histoires que l’on m’avait racontées prenaient, aujourd’hui, une autre tournure.

Je montais sur le siège passager de la voiture de Rose.

-          Je te déposerai ici demain et tu récupéras ta voiture.

-          Merci.

Alors qu’elle effectuait sa manœuvre pour sortir du parking, je scrutais l’extérieur. Au bout d’une rangée de stationnement, à l’angle de la médiathèque, dans la lumière faiblarde du lampadaire le plus proche, j’aperçus une jeune femme. J’eus à peine le temps de la distinguer que déjà nous étions sorties du parking.

 

Je passais la nuit chez Rose, dans sa chambre d’amis. Fatiguée de la soirée, je m’endormis rapidement.

Au cœur de la nuit, je me réveillai en sursaut. Je connaissais la jeune femme aperçue sur le parking : ma grand-mère. Ma mère m’avait montrée des photos d’elle. Je venais de faire le rapprochement. Comment était-ce possible ?

La réponse me parut alors évidente… mon don. Était-ce un bienfait ou une malédiction ?

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