Leïla glissait au fil des jours, elle n'avait plus la force de pleurer, son corps s'était vidé de toute l'eau qui l'habitait, ses grands yeux marrons fanaient de jour en jour et ne parvenaient plus à s'ouvrir, à quoi bon les ouvrir et se faire du mal, quand plus personne ne nous regarde, plus personne ne nous entoure de son amour, plus personne ne nous berce, et nous dit qu'il nous aime... A quoi bon continuer ainsi...

Sentant qu'elle ne parviendrait pas à ressuciter dans le palais, elle prit la décision de partir, et par une belle nuit, elle prit la direction de l'oasis... A part quelques chèvres qui venaient brouter de l'herbe nul ne s'y aventurait, elle préfèrait ne plus voir personne que d'être invisible aux yeux des autres... Elle s'organisa, installa sa couchette sous un petit palmier, elle grimpait cueillir des dattes quand la faim se mettait en alerte, elle profitait de l'oasis pour se rafraîchir, elle aimait écouter les oiseaux, les biquettes... Elle apprenait à survivre dans la nature.

Un matin elle fut réveillée par une chèvre qui était en train de lui lécher le visage, elle se mit à rire , car elle était très chatouilleuse, ses parents connaissaient ce point, et aimaient la chatouiller partout...

Bonjour lui dit la chèvre, as tu bien dormi ? Allez, il est temps de partir, nous n'avons pas une minute à perdre.

Elle n'en revenait pas, ses yeux se refermèrent puis s'ouvrirent de nouveau, au cas où ce ne serait qu'un mirage... Mais à vrai dire, ça lui semblait si normale, elle espérait que quelque chose arrive dans sa vie, alors que ce soit une chèvre qui lui parle enfin, qu'importait, elle n'était plus seule, peut-être que cela relevait de la folie ! Mais la folie était préférable, au néant, et au vide qui l'entourait depuis quelque temps.

Depuis ce jour, les oiseaux ont arrêté de chanter à l'Oasis.

Les palmiers ne donnent plus de dattes!