Prompt 8

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Prompt : Alexis est un prince qui tombe amoureux de Tom, le jardinier du château.

***

« Dans un royaume loin, très loin d’ici, vivait un prince aussi grand que mince, beau comme un dieu, à en faire chavirer le cœur de tous ses sujets. Il était si charmant que même les princesses des royaumes voisins se disputaient pour pouvoir donner leur main. Mais, derrière cette beauté sans pareille se cachait un caractère des plus mauvais qui soit : autoritaire, colérique, buté et grossier. Fort heureusement pour ses domestiques, le prince, n’appréciant guère la compagnie d’autrui, pas même celle d’une belle demoiselle, se plaisait à rester cloîtré dans sa chambre, comme une vieille marâtre aurait enfermé sa belle-fille par pure jalousie.

De ses journées, le prince aimait passer le plus clair de son temps à jouer du piano, esquisser quelques traits sur une feuille de papier ou simplement contempler son royaume depuis son balcon. Voir l’étendue de ce territoire qui lui appartenait lui procurait un sentiment de satisfaction, de puissance. En un claquement de doigts, il obtenait tout ce dont il désirait. Ses esclaves, comme il aimait les appeler, se démenaient corps et âme pour le servir, et surtout pour ne pas se faire châtier. Son pouvoir était grand, aussi grand que sa… supériorité. Il jubilait de sa position de dominant, sans aucune modération.

Seul héritier du trône, il en avait fait enfermer plus d’un pour s’être opposé à lui, malgré les protestations de sa jeune sœur la princesse. Et contrairement à l’aînée qui se battait pour faire cesser cette absurde hiérarchie, le prince n’avait que peu d’estime pour la valeur d’une vie humaine, qui lui semblait bien futile.

Hormis peut-être celle de son jeune et beau jardinier…

Il l’avait rencontré lors d’une balade matinale. L’inspiration n’ayant pas été au rendez-vous pour une composition musicale ou pour un nouveau dessin, il avait entrepris de se rendre dans le jardin royal et profiter de ce qu’il avait à lui offrir. Pourtant, jamais il ne se serait douté qu’un simple employé d’à peu près son âge, à la peau légèrement hâlée et aux muscles saillants, troublerait sa promenade. Planté juste devant lui, transpirant sous ce soleil radieux, à déraciner des mauvaises herbes avec une aisance déconcertante. Quelle n’avait pas été sa surprise lorsqu’il avait découvert ses yeux, aussi verdoyants que la pelouse dont il s’occupait. Il avait cru que son cœur allait bondir hors de sa poitrine, sans oublié cette nouvelle bouffée d’oxygène qui lui avait retourné l’estomac.

Le choc avait été tel que son nez s’était mis à saigner, abondamment. Quelques gouttes de sang avaient même perlé sur les brins d’herbes. Cette couleur carmine, mélangée au vert éclatant, avait alerté le jardinier, qui s’était précipité pour venir en aide à son prince, tel un valeureux chevalier.

« Mon prince, avait-il soufflé d’une voix rauque et paniquée, vous saignez ! Permettez-moi de… »

Il n’avait même pas terminé sa phrase que déjà, il tamponnait délicatement le visage du prince avec un mouchoir en tissu tout juste sorti de sa poche. Cette odeur enivrante et cette fine proximité avaient eu le mérite de dérègler le prince, d’habitude si impassible, peu importait les situations. Les joues aussi rouges que ses saignements, il avait bafouillé quelques mots, presqu’inaudibles.

« Ça va, merci. »

Toutefois, le jardinier ne s’était pas arrêté pour autant.

« Vous devriez vous asseoir et pencher votre tête en arrière. »

Jamais personne n’avait osé toucher le prince comme le jardinier l’avait fait. Il avait passé son bras derrière son dos, frôlant sa taille qui avait frissonné à ce soudain contact, puis plaqué une de ses mains contre son bras pour le guider vers un banc, à l’ombre d’un arbre. Sa peau contre la sienne avait éveillé en lui des sensations qu’il ne s’était jamais imaginé ressentir. Elles étaient si douces, agréables, exaltantes.

« Comment vous sentez-vous ? » Avait-il demandé, cachant au mieux son inquiétude.

Le prince ne s’était jamais senti aussi bien, malgré cette situation des plus embarrassantes : lui, sa tête renversée en arrière, sa bouche entrouverte pour récupérer l’air qui venait à lui manquer et la main du jardinier, appuyée sur le mouchoir contre son nez ensanglanté. D’habitude, il envoyait ses domestiques sur les roses lorsqu’ils se risquaient à l’approcher pour le soigner, ou pour l’aider à s’habiller ou à se laver. Il détestait que l’on franchisse les limites de sa bulle protectrice, sous peine de se retrouver au cachot. Mais pour rien au monde il aurait envoyé ce pauvre jardinier croupir dans une geôle, à moins de l’y accompagner.

Le prince avait relevé la tête, ses belles boucles suivant le mouvement. Un léger sourire aux lèvres, bien trop rare, il avait répondu :

« Mieux, merci. »

« Vous m’en voyez ravi, mon prince »

Mon prince. Ces mots avaient si bien sonné dans sa bouche, comme si elle avait été modelée pour les prononcer. Ils avaient vibré jusqu’au fond de son cœur, se répercutant dans son esprit dans un écho infini, comme une douce mélodie. S’en était suivi par le tendre sourire du jardinier, qui avait fini par l’achever.

« Je crois, avait commencé par articuler le prince, que je suis amoureux… »

Il avait prononcé la même phrase, mot pour mot, que la princesse qui lui avait été autrefois promise. Une flamme s’était mise à danser dans les yeux du jardinier. Une main dans ses cheveux châtain, le cœur battant, sa voix troublée et mal assurée avait avoué :

« Je crois que moi aussi… »

« Et si… on se mariait ? »

« Carrément, ouais ! »

Et, dans un élan qu’il n’avait su contrôlé, le prince avait rapproché dangereusement ses lèvres de celles de son beau jardinier, pour les sceller dans un baiser chaste et plein de promesses… »

.

Tom ponctua son histoire d’une voix légère, par peur de réveiller son prince et sa petite sœur la princesse, paisiblement endormis juste à côté de lui. Il éteignit la lumière et ferma ses paupières.

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