Prompt 11
Prompt : L’enfant de Tom et Alexis se rend dans leur lit après avoir fait un cauchemar.
***
La porte s’ouvrit en silence dans la pénombre. Sur la pointe des pieds, la petite silhouette se dirigea jusqu’au centre de la pièce, reniflant disgracieusement. De ses yeux humides, quelques larmes avaient coulé le long de ses joues rosies. Sa petite voix se perdit parmi les ronflements qui, d’habitude, la faisaient grimacer ou même rigoler.
— Papa… Papa ? Papa !
À l’aide de ses petits bras, Evie se hissa sur le grand lit de la chambre de ses parents. À quatre pattes, elle le traversa péniblement, gravissant les obstacles constitués de jambes ou de bras étendus de part et d’autre. Elle faillit écraser une main échouée au milieu des draps, mais l’esquiva de justesse en l’enjambant maladroitement. Enfin, elle agrippa de ses petits doigts les deux corps endormis et les secoua gentiment, puis avec plus de force. Aucune réponse. Elle grogna légèrement.
— Papa !!!
— Hmpf quoi… ?
La voix rauque et endormie de son père retentit dans la pièce. Il maugréa lui aussi.
— Papa, réveille-toi !
Il aurait voulu faire comme un enfant : se cacher sur la couverture pour éviter tout affront de la réalité. Mais… il n’en était plus un. Non, aujourd’hui, il était un père, et un père se devait d’être responsable. Il ouvrit alors les yeux péniblement, lentement, distingua quelques sanglots provenant de sa fille, puis se releva d’un bond.
— Evie ?! Tu pleures ?!
Il prit le visage d’Evie dans ses mains afin de l’analyser sous tous les angles, mais ne vit rien dans le noir. Il jura entre ses dents, se contorsionna au mieux pour allumer la lampe de chevet, sans se soucier de réveiller son homme qui dormait à poings fermés juste à côté. Une fois que la lumière fut, il prit sa fille dans ses bras, passa ses doigts dans ses cheveux bouclés pour la réconforter.
— Hé… pourquoi tu pleures ma puce ?
— J’ai fait un cauchemar papa…
Malgré les bras sécurisants qui l’étreignaient, les larmes se remirent à perler au coin des yeux de la petite. La couleur émeraude et la brillance qui s’y reflétait donnaient l’impression qu’un véritable océan se déchainait. C’était trop pour un père de voir un regard pourtant si malicieux, si pétillant, se noyer dans la peur et la tristesse. Il resserra alors son étreinte.
— Tu veux m’raconter ?
Tandis qu’elle remuait timidement la tête, il donna un coup de pied, puis un deuxième, en plein dans la cuisse de son cher et tendre, qui se réveilla en sursaut.
— Comment tu peux dormir alors que la p’tite a fait un cauchemar ?!
— Quoi ? Evie, t’as fait un cauchemar ?
C’était la catastrophe. Presque aussi désastreux que lorsque Evie se blessait en tombant lamentablement sur le sol ou en se cognant contre un meuble. Enfin, peut-être qu’ils exagéraient légèrement, mais c’était plus fort qu’eux. Plus fort que tout. Il y avait cette fichue impuissance de ne pas pouvoir prendre la douleur de leur enfant et ça faisait mal, quand même. À se demander qui souffrait le plus dans ces moments.
Evie se retourna, tendit les bras dans la direction de son autre père, pour recevoir son câlin, et inspira profondément. Elle plaqua sa tête contre son buste et entendit les battements rassurants de son cœur. Voilà qui était parfait.
— J’ai rêvé que Bobby était parti de sa cage pour toujours, parce que papa avait oublié de lui donner sa friandise préférée.
Oh. Bobby, le petit hamster domestique qu’Evie adorait presqu’autant qu’elle aimait ses deux pères. C’était dingue comme cette petite boule de poils pouvait prendre de la place dans sa vie et dans son cœur.
— Oh ma princesse, je suis sûr que Bobby est toujours là, parce que papa a pas oublié de lui donner sa friandise. (Il se tourna vers son homme, cherchant du réconfort) Pas vrai, Alexis ?
— Évidemment... On peut aller l’voir si tu veux.
— Mais si il est vraiment parti ? Si Bobby est plus là ?
Rien qu’à cette idée, son estomac se noua et ses lèvres se mirent à trembler.
— Evie, Evie. Doucement, calme-toi. Bobby n’est pas parti, d’accord ? (Il s’extirpa du lit, tendit ses bras à son tour) Tom, tu m’la passes ? Okay mam’zelle, on y va.
Tom se leva, lui aussi, et les suivit de près, comme un garde du corps. L’image de son homme portant leur fille lui extirpa un sourire lumineux. La porte franchie, le couloir traversé, les escaliers descendus, ils arrivèrent dans une petite chambre où était entreposée la cage du compagnon à quatre pattes. Le cœur d’Evie battit très vite quand la lumière s’alluma, mais bondit de joie quand elle aperçut Bobby courir comme un fou dans sa roue qui grinçait.
— Tu vois qu’il est toujours là.
— Ouiii ! Merci papa !
— On peut r’tourner se coucher, maintenant ?
— Oui !
— Tiens Tom, tu peux la reprendre et la mettre au lit ? J’dois juste… faire encore un truc.
Il embrassa sa fille sur le front, puis la restitua à Tom avec une sensation lourde lorsqu’elle quitta ses bras. La petite princesse s’accrocha fermement au cou de son père, déjà prête à rejoindre le pays des rêves. Une fois seul, Alexis farfouilla dans un petit sachet, ouvrit délicatement la cage en priant de ne pas faire de bruit, et y déposa quelques petites billes de couleurs rouges et blanches, avant que le hamster stoppe sa course et vienne les grignoter.
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