Chapitre 18 - Tu ne m'écoutes pas (2)

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Écrasant.

Inamovible.

Incompréhensible.

Que venait-il de se passer ? Momo n'en revenait pas. Le combat avait eu lieu... non ?

Alors pourquoi Bakugo était à terre, alors qu'à l'instant Akira avait à peine parlé de manière étrange ? Ce dernier était assis sur leur camarade, battu à plate couture, des hématomes et des brûlures sur tout le corps. Pourtant, les rayons d'Akira détruisaient d'un coup, ne dégageant aucune chaleur...

- La prochaine fois que tu te frottes à moi, veille à t'incliner avant, gamin, râla Akira avec cette même voix suffisante.

C'était une voix effrayante. Sinistre, même, se dit Momo en frissonnant. Le genre de voix que les pires vilains employaient avant de commettre un crime abject. Ou quand ils lançaient un avertissement très sérieux.

-...Hrrrgn...

Bakugo tenta de se relever, mais Akira pesait sur lui de tout son poids.

- Haaa... (Akira soupira de dépit en se frottant la nuque) Sérieusement, c'est ça la graine des guerriers de ton monde, Akira ? Ils ne valent pas le pire de nos mages... Et là, quand ils sont faibles, tu les apprécie toujours ?

- A...Akira ? appela Momo, ne comprenant pas pourquoi il n'avait pas l'air lui-même.

Le jeune homme se tourna vers elle. Ses yeux ! Ils étaient d'une couleur différente : différents du vert dont elle s'était habituée, c'était un bleu azur mélangé à un soupçon de cobalt. Et ces derniers se plissèrent d'amusement.

- Pas encore, petite. Mais il va pas tarder.

Puis Akira ferma les yeux, et sembla s'assoupir, avant de sursauter. Cette fois, l'éclat vert était revenu, au grand soulagement de Momo. Quand il regarda sur qui il était assis, il se releva dans un bond.

- Bakugo !

Il aida le camarade qu'il avait mis au sol à se relever, mais ce dernier le repoussa violemment. Bakugo observait le vide avec effroi, semblant faire une crise d'hyperventilation.

- Il ne va pas bien... s'inquiéta Akira en se tournant ensuite vers Midoriya : Qu'est-ce que vous attendez ? Aidez-le !

Le garçon aux cheveux verts à l'alter dévastateur se pétrifia un instant, avant de venir aider Bakugo. Ce dernier était vraiment en état de choc, car il laissa Izuku l'aider à le guider jusqu'à la maison. Quand ils passèrent à côté d'elle, Momo l'entendit dire :

- En un instant si court... Je l'ai vu venir, j'étais pas assez rapide...

D'après le regard à la fois confus et effaré d'Akira, elle saisit que son am... camarade avait oublié ce qui s'était déroulé durant cet incident. Et son lien avec la Réponse ? C'était une sensation de trahison, de rejet qui dévorait ses entrailles. Déjà que Momo avait été énervée qu'Akira l'ait évité depuis le SCA, et maintenant ?

Il avait été de mèche avec un vilain.

Enfin, elle ne connaissait pas toute l'histoire. En vérité, elle s'en fichait pas mal du passé d'Akira, mais... Le fait qu'il en ait parlé à un inconnu, de plus ce dernier étant Bakugo... Pourquoi ne lui avait-il pas fait confiance ?

Elle avait crut en lui ce jour fatidique, derrière la porte dérobée.

Mais pouvait-elle encore le croire aujourd'hui ? Elle devait en avoir le cœur net. Elle se tourna vers les autres.

- Retournez à l'intérieur. J'ai deux choses à dire à Akira.

Ils se regardèrent un instant, avant de comprendre que c'était moins un ordre qu'une supplique. Uraraka fut celle qui prit les devants en intimant les autres à se remettre d'aplomb et de continuer la soirée du mieux qu'ils pouvaient. Et avec Kyoka , Tsuyu et Mina, Momo put compter sur ses quatre amies pour tenir les autres loin d'Akira, le temps pour elle de clarifier tout ça.

Elle se retourna : Akira regardait avec effroi le sang de Bakugo sur le sol. IL n'y en avait pas beaucoup, sachant qu'il ne l'avait pas blessé gravement, mais les tâches étaient là et bien visibles.

- Momo... Qu'ai-je fait ?

- Explique-moi ce qui se passe, s'énerva-t-elle. Tu débarques de nulle part dans notre vie, tu deviens un membre de la famille en un temps record, et... et j'étais d'accord avec ça ! Au début, j'étais juste poli, mais tu m'as rapidement montré ce qu'était l'espoir, ce qu'était l'essence de l'héroïsme : sauver des gens.

Akira la regardait avec un air de chien battu, et elle détestait ça. Elle détestait cet Akira trop fort, inaccessible, trop sûr de lui. Elle haïssait cet Akira trop faible pour avancer, qui se dévalorisait toujours.

- Je veux l'Akira qui me donne de l'espoir, cria-t-elle presque.

Des larmes aux yeux, Akira se recroquevilla sur lui-même. Momo s'approcha de lui, et posa sa main sur son épaule, ce qui le fit tressaillir.

- Tu ne m'as jamais vraiment parlé de ton passé. Et ça m'importe peu. Mais si tu as des doutes, si tu te sens chavirer, tu peux te tenir à moi. Tu n'as pas besoin d'être fort, Akira ; tu as juste besoin d'être toi.

- Et c'est qui, moi ?

Elle recula devant ce ton agressif, comme si c'était un petit enfant qui s'adressait à elle. Non, c'était un enfant parlait, c'était logique. Un enfant qui jouait aux grands, mais qui n'avait jamais eu de foyer pour grandir. Akira leva ses yeux rougis par les larmes.

- Qui suis-je, Momo ?

- Je ne peux pas répondre à cette question, rétorqua-t-elle d'un ton abrupt, puis prit un air doux : Mais je peux t'aider à trouver cette réponse.

Elle le prit dans ses bras, et le berça en lui chantonnant ce que son père lui chantait quand elle avait peur des monstres dans son armoire. Au moins, la seule chose qu'elle avait apprise de son géniteur lui aura servit dans le moment le plus propice.

Ils restèrent là, à se balancer selon le rythme incessant de leurs coeurs qui tentaient de battre dans la tempête inconnue et éternelle des vagues qui emportaient tous les regrets et les souvenirs.

* * *

Akira dit au revoir à Iida, qui décida de partir en dernier ; seul Bakugo restait chez Momo, cette dernière ayant appelé la mère du blond pour lui annoncer qu'il y avait eu un problème de trafic avec une affaire d'attaques de vilains, ce qui n'était pas totalement faux car il y en avait effectivement une, et Bakugo ne devait pas rentrer tard. Après qu'Iida soit parti, Akira remarqua son amie qui rangeait la vaisselle sèche. Il vint l'aider, et lança :

- C'est étrange qu'on ait pas subi une attaque de la Réponse.

- J'imagine parce qu'il sait que tu connais le moyen de contrer son Alter.

-...En effet, puisqu'il n'a plus le moyen d'utiliser son Alter sur tout le réseau hydraulique de la ville.

- Il pouvait faire ça ? (Momo râla) Et pourquoi tu n'as rien dit à la police ? Ils t'auraient compris !

- Et me faire mettre en rétention en attendant mon procès pour complicité passée avec un meurtrier de masse ? répondit Akira avec un air sombre. Très peu pour moi.

- Hmm... Ce n'est pas très héroïque de ta part.

- Je ne suis pas All Might, se justifia le jeune homme. J'ai pas objectif de devenir le numéro 1, de toute façon.

- Et tu le seras jamais, intervint une troisième voix.

Akira tourna la tête ; Bakugo, des petits pansement sur les bras et le visage, le regardait avec un air... étrange. Il y avait de la colère, normal. Mais également une sorte de... compréhension ? Et aussi de la détermination, beaucoup en tout cas.

- J'ai compris que t'étais pas toi-même, cracha Bakugo.

- Toi non plus, se moqua Akira. Tu as attendu toute une soirée chiante pour te battre contre moi ; c'est pas non plus héroïque.

- Ferme ta gueule, j'essaye de t'expliquer un truc, le vioq' ! Hrrrgn... Déjà, c'était pas très futé de ma part, je l'avoue...

-...Mais je t'avais mis en rogne, comprit Akira en rangeant les verres dans l'armoire.

- Arrête de m'analyser, trouduc' ! 'Tain, tellement chiant... Ce que je veux dire, c'est que t'étais pas toi-même, donc notre match ne compte pas.

Akira se tourna vers Bakugo complètement, lui faisant face avec une incrédulité mêlée d'admiration ; ce type était la fierté incarnée, s'était fait battre à plate couture, et là, il en redemandait ?

- Je t'écraserais devant tout le monde au championnat ! (Bakugo fit le signe du pouce sur la gorge, un sourire victorieux d'une oreille à l'autre) D'ici là, tente de régler tes saletés de problèmes mentaux, que j'ai pas à te traîner à l'asile de fou en pièces détachés.

- Et moi je m'assurerais que tu ne fondes pas en larmes, se moqua Akira.

- Hrrrgn... T'as de la chance qu'on soit chez la déléguée, sinon je t'aurais massacré...

Tandis que le blond explosif montait les escaliers avec une brutalité renouvelée, Momo pouffa de rire.

- Quoi ? s'amusa Akira.

- C'est ça, ton vrai toi !

Il sourit.

Finalement, cette soirée n'avait pas été si "chiante".

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