013 Automne morne

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L'automne s’achevait à peine.

Des flocons de neige tombaient au rythme du vent. Ils se répandaient peu à peu sur les feuilles, coloraient d’un blanc immaculé les couleurs ternes des bâtisses et n’arrachaient pas un sourire aux habitants de Mirship — un village de quatre cent personnes, situé dans les hauteurs du Mont Schnee. Les villageois déambulaient sans but. Un masque greffé à leurs visages défigurés effrayait le moindre visiteur s’aventurant sur ces terres isolées. Leur aura, autrefois douce et chaleureuse, n’était qu’un souvenir amer, synonyme d’une belle époque où l’horreur se trouvait bien loin de leurs frontières.

Les feuilles mortes couvraient les routes. Ils craquaient sous les pieds nus des malheureux. Des plantes mourraient dans des vases et des pots rejetant la saveur de la vie comme prises dans la transe des habitants, se délectant de leur tristesse immense. Les femmes et les hommes marchaient tous sans le savoir vers le seul endroit où l’eau coulait encore, où le feu réchauffait encore, où le vent chantait encore et où le temps s’était arrêté.

L’hiver débutait, rappelant la misère d’ailleurs qui s’était immiscée dans leur quotidien, leur avait volé les leurs et brûlé le cœur.

Un monument érigé en l’honneur de leurs défunts attirait toute leur attention. Il rayonnait dans un cocon floral au centre d’un lac où à sa surface des fleurs étincelaient. En hauteur, enroulées autour d’un cylindre métallique, des cordes suspendaient des objets d’antan : des journaux, des épées, des livres jaunâtres, des bocaux étranges et des cadres représentant les enfants qui à peine nés avaient passé l’arme à gauche. Des baies scintillaient dans le fond près des tombes solitaires et des tombeaux familiaux au beau milieu des chrysanthèmes.

Les villageois s’agenouillèrent à l’entrée de ce cimetière. Leurs paroles inaudibles priaient pour ces âmes perdues, nourrissaient de la haine pour les alliés absents et vouaient une vengeance sans faille à l’ennemi invaincu.

L’automne débutait quand vinrent les premiers flocons.

La guerre s’achevait à peine.

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