Lettre n°1
Josiane KICHAUTON
Maison de repos “Les Glycines”
66 rue des soupirs
50600 TAMINES
Mon Biquet,
J'en ai ras le bol !... Ras la soupière !... Ras le chignon !!!... Depuis que je suis ici, je n'arrive pas à me reposer. Ce n'est pas du tout une maison de convalescence, c'est une sorte de tribu, un regroupement de zinzins. Il y a beaucoup trop de choses anormales.
Avant-hier, en début de matinée, deux « bleus » ont emmené Gaspard dans la fameuse chambre 405 et ils y sont restés une vingtaine de minutes. Quand il en est ressorti, ce n'était plus le même homme, il avait rajeuni de vingt ans.
C'était comme s''il avait été rechargé avec des ondes électriques ou je ne sais trop quoi. Alors que d’habitude il est plutôt mou du genou et timide, et bien là, il avait une patate ! Je n’avais jamais vu ça, mon Biquettounet.
Jusqu'au soir, il nous a chanté des vieux succés d'Ivan Rebroff, avec une véritable voix de stentor, en tapant deux couvercles de casserole l'un contre l'autre, pour marquer le rythme. Je te laisse imaginer l'ambiance, mon Biquettounet en sucre. C'était intenable !... J'ai terminé la journée avec une migraine à couper à la serpe.
D'après le médecin-chef et son infirmière particulière, je serais sujette à des hallucinations et ces choses se passeraient uniquement dans ma tête. Mais, toi, tu le sais, ce n'est pas mon genre d'inventer des histoires qui ne tiennent pas debout. Si je t'écris tout ça, c'est parce que c'est vrai.
Viens vite me chercher, mon Biquettounet en sucre vanillé des îles de rêve. Je suis au bout du rouleau !...
Ta Josiane adorée
qui te fait des gros bécots
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