Seconde 4
[fiction]
Ta douceur érafle mes os et je m'écroule, tu sais, les fois où tu m'évites de mourir sous les roues d'une voiture car j'aurais été trop occupée à admirer tous les traits de ton visage, et tous les angles et toutes les courbes de ton corps. Je peux décrire ta main comme violente alors qu'elle est si lisse, d'une fraicheur qui apaise la morsure du thermomètre. D'une délicatesse qui chasse l'ivresse estivale et qui la ravive aussitôt, si tu la laisses, comme ça, légère, sur ma peau.
Sens toi un peu coupable d'une de ces micro-déceptions dont on avait discuté, ce soir de juin, car tu m'as pris mon cœur et le frôle gentiment de ta main de femme, puis tu souffles et je disparais. Je m'use un peu à t'imaginer, telle que tu n'es pas.
Mais c'est joli quand même, l'été, en juin, quand le soleil goût mangue éclate et que tu me rattrapes d'une main sauveuse.
Tu me dis aussi : "c'est sans doute le pire qu'on puisse t'annoncer : tu n'es même plus une source d'inspiration. Pauvre tournesol, qui a loupé sa chance, qui n'est plus rien..." Avec la condescendance de celle qui sait qu'elle fleurit et fleurira toujours dans mes pages. Tu es bien orgeuilleuse, délicieuse petite vanille, pour une personne habituellement si passive et humble. Mais tu as raison, sois-le. Récupère ton dû à chacun de nos regards.
En juin, oui, en juin encore...
[tu m'indiffères,
.]
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