Seconde 60
Quand le chant de la tourterelle semble plus déplacé que le brouhaha humain qui l'entoure, c'est qu'une guerre fait rage. Qu'elle soit "simplement" idéologique n'empêchera pas l'Histoire de retenir comme funeste ce jour où la violence s'est élevée en reine. Notre postérité criera probablement aux meurtres de leurs identités et de la quiétude que tant rêveraient de connaître. "Vous nous avez coupé les ailes, amputé de nos pieds ! Et que fait-on maintenant ? Dites-nous donc, vous qui de toujours vous êtes crus grands sages !". Et qu'aurons-nous à leur répondre ? L'intolérance est un vautour insatiable, un parasite intestin, qui ne laisse que des restes putréfiés sur son sillage. Nous sommes coupables de l'avoir laissé dévorer et grossir et s'empiffrer et enfler à son aise. On nous pardonnera quelques batailles avortées et certaines défaites, mais le futur nous regarde avec les yeux de Big Brother et notre passivité ne sera pas l'oubliée des archives, bien au contraire.
Je ne lève aucun étendard, mes convictions m'appartiennent. Mais ma rage de vivre dans un monde serein devrait être tout autant la vôtre. J'ai moi-même cru possible la venue d'une paix souveraine où la discussion et la réflexion seraient la voie choisie par un peuple à la morale grandissante. Hier, la hache s'est abattue sur nos cœurs : la haine prévaut sur la raison. Et au-delà de tout intérêt financier, l'Homme se ronge lui-même avec un plaisir répugnant, se délecte de sa propre chair.
Demain, l'Homme sera sans main, sans jambe, sans tête ou peut-être l'était-il déjà mais je l'ignorais.
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