Seconde 74

Une minute de lecture

Son souffle contre ma nuque résonne comme le ressac et la lumière de l'aurore va, vient, fleurit sur le sable blanc de ma chambre, tour de grains volés au Nouveau-Mexique, puis retourne au néant. Je vois ces géants des dunes passer le rebord de fenêtre d'un pas agile. Et simplement, délicatement, je les empaume d'un geste.

Le matin des berges, les rayons calmes et légers racontent la veille avec pléthore de détours ; le chant des soûls, nos corps-idées et, bien avant le lever du soleil, des muqueuses fruitées au détail. Tout flotte comme une heure ballottée mollement par une vague endormie - sa main. Cette heure s'échoue sur le mur et je gagne un rivage aveugle, paupières-tentures de balcons de châteaux, présentées ainsi car on les étire à l'excès pour un peu d'ombre, la pudeur étrange du matin. Il m'effrite. Je suis un profond vide et sa paume, demi-sphère creuse, épouse mon sein.

J'ai soudain les côtes de fleurs, de lianes et d'Amazones à front blanc. Ça crie à qui moins-mieux sur la toile pâle de ma poitrine mordue de violet, un flou de rien, l'incertitude grandiose, l'exploit d'une présence dans une coquille. L'effet décalé de l'été entre nos draps, c'est mon corps trop piqué d'un rythme tropical, engourdi, sonné par l'averse le jour et la petite mort par touffeur nocturne. Le Nouveau-Mexique tapisse les murs.



Pour E. 



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