#17 - 2 août
Ce sont des oiseaux de mirages, qui parcourent, les yeux bandés et les ailes en camisoles des kilomètres dans la vue. Des poésies alternatives à ce bruit trop plein de monde et ce monde trop plein de bruit, des envies de goélettes sur un rivage sans sable, des visages encore si sages de ne pas encore savoir mais les cheveux déjà plein de sel et d’aluminium pliés en quatre comme des cocons de verre. Fragiles. Si fragile qu’on les brise d’une pichenette dans le plomb, paf, et tout s’écroule en château de cartes cornées aux quatre coins d’une terre écrasée par nos pieds trop lourds et nos paupières décharnées. Des pectines en sibyllin cristal et des lierres qui nous enserrent les poings du jour avant qu’il n’envahisse la plaine de sa lumière fébrile mais non moins aveuglante. Ah oui, l’on aime, ainsi qu’on sème aux creux des plateaux d’acier des graines de lin et de l’autre, on aime se creuser les méninges et les manèges ahurissants qui nous volent l’asphalte, nous tergiversent et versent ses cendres volubiles sur nos fils d’épée, tenus à bras le corps sur des sarcophages de pluie. Et les vents dégringolent dans les souffles et les gouffres, des couvertures sur la peau que l’on s’effrite du bout des ongles rongés, rangés en épi sur des mains fatiguées de vieillir sans rien toucher que soi aux confins des vermeilles insolentes. Au gré des heures qui farandolent et fanfaronnent, épicène avant l’heure du coucher, sans rêve ni berceuse, ni personne pour ourler l’écume sur nos pauvres carcasses. Alors des fois on part, juste, lassés de nos torpeurs, on s’envisage ailleurs, loin des respirations somnifères, enfants de passage comme des pies moqueuses aux pinsons débonnaires. On s’arcade, on s’arc-ange dans des sauts sans parachute, voyons bien si en dessous, on trouve le fracas de la terre ou la douceur d’une eau tempérée qui nous tiendra en son sein salvateur, une mère au service des peurs défigurées, chirurgienne plasticienne à ses heures retrouvées, artiste polytechnicienne aux persiennes filigranes. Passé décomposé en miettes délabrées mais toujours là dans l’air, particule de printemps effacé, d’automne cimenté à la phalange des étés en feu. Et en fuite souvent, à l’orée des jeunesses, fumée de paysages pittoresque sans risque, dont on craint pourtant si les iris se troublent, le panorama incertain. Des jours et des jours, des pluies et des soleils, qui se suivent sans fin, chaque matin descendant un peu plus sur les cimes, marée incendiaire sur confluant ascendant qu’on assiège d’un cri, de poumons vidés, déversés dans l’amer. Sans repères. Sans repaires ni pied à terre, l’éventail qui s’évente comme bière de plein air, les tiges filetées aux carrés de combattants sans tombe ni personne pour pleurer. Mais finalement dans l’absurde, on trouve à point nommé, une vie sans pareille, un écrin bleu comme l’écran que l’on gerbe, une mer assoiffée.
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