1er juin 2022

2 minutes de lecture

Combien de temps ? Depuis combien de temps suis-je ici ? Et où suis-je d’ailleurs ? Je ne me souviens pas. Je ne sais pas. Je me souviens juste d’une crise sanitaire qui a tout basculé. Tout détruit. Tout anéanti. Tu parles d’un naufrage !

Mon beau galion voguait sur des eaux clémentes. De nouveaux ports d’attache, de nouveaux comptoirs avaient accepté de commercer avec moi. De nouveaux horizons allaient s’ouvrir, de nouvelles routes à explorer, de nouvelles aventures… La moisson promettait d’être généreuse.

Tel était mon ouvrage, mon roman. Mon si beau roman. J’étais devenu comme un demi-dieu, adulé de tous, porté aux nues, encensé même. Toutes les maisons d’éditions phares se seraient déchirées pour moi. Si, si, je n’exagère pas !

Et puis, le premier discours du président : à l’avant-veille du salon du livre, annonce du premier confinement. S’il fallait changer de logiciel, comme il l’annonçait… le mien changeait de suite !

La tempête se levait. Téléphone, MessAvenger, ZapWath, mails, réseaux sociaux… les notifications arrivèrent de partout… Tout était annulé ! Adieu la signature avec Aubin Michel, au revoir l’adaptation télévisée avec Netflux, les contrats dérivés pour les adaptations en langue étrangères (j’ai même perdu celui de la Papouasie Nouvelle Guinée !), pour les produits dérivés avec Plastic Pétroléum Mabell qui devaient égayer les menus enfants de Mac Danol partout dans le monde.

Mon beau roman… Mon si beau roman qui devait être inscrit aux prix littéraires les plus prestigieux ! Imaginez un peu… "Le Pendule du Faux Con", lauréat du Gonlong !!!! J’avais, paraît-il, toutes les chances.

Une annonce. Un confinement. Un salon et mes contrats annulés ! « Vous comprenez, on ne sait pas de quoi demain sera fait… Il nous faut, malheureusement, changer nos plans et notre politique éditoriale».

Non, je ne comprenais pas ! Je me mis à pleurer. Mon compte en banque aussi. Lui qui rêvait de se remplumer de quelques zéros. En termes de zéros, ben ce sera nada !

Tout ce qui restait de mon roman, mon si beau roman, « Le Pendule du Faux Con » n’était que moi : un vrai con !

Il ne me restait plus qu’à rejoindre les Gilets Jaunes. Allez battre le pavé et maudire, avec eux, ce président qui avait brisé mon rêve juste au moment précis où je le touchais du bout des doigts. Enfin, à deux jours près ! Ce que j’ai fait ! Avec force banderoles… « Mitron, démission ! », « Mitron, tu me l’as mis dans le fion ! » et bien d’autres encore…

Je ne l’ai pas fait longtemps ! Non seulement j’avais tout perdu, mais j’en ramassais plein la tronche. Des humanoïdes robocopisés s’en donnaient à cœur joie. En veux-tu, en voilà ! De la matraque, du bouclier, du gaz, du fumigène, du casque et même un dentier. Le pauvre en face de moi, proche de la retraite, avait oublié son Fixodent et à gueulé un peu trop fort : « Firculez, fette manifeftafion n’est pas autorifée ! Dernier afertiffement ! » Heureusement, il ne puait pas de la gueule ! Effet Pepsodent ! Néanmoins, on se demandait qui de nous ou de lui était le digne représentant des « sans-dents » de ce cher Bollande… Cruelle ironie !

Bref… avec le confinement, mon désespoir, je me suis laissé aller. Et pas qu’un peu !

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