Aloysius (2ème partie)
S’en suivirent trois jours de visite de la ville à un rythme particulièrement soutenu. Audrey, décrétant qu’elle était « du matin », me faisait l’amour à chaque réveil. Je dis « me faisait », car elle avait pris l’habitude de m’enjamber sans autre forme de procès, tout son corps ondulant, la sueur perlant entre ses seins dansant leur sarabande devant mes yeux. Elle ne s’arrêtait qu’éreintée, basculant à côté de moi essoufflée et hilare.
A l’ivresse de nos ébats succédait celle de la découverte de la ville, extase peut-être pas si différente… A Florence, une simple église de quartier peut contenir une fresque de Cimabue, un retable de Giotto, un tableau de Vasari… L’histoire d’une des plus grandes familles d’Europe, qui donna des papes à la chrétienté, des reines à la couronne de France et des bâtards aux putes de ses bas-quartiers, s’y lit à chaque coin de rue, dans chaque pierre ; tout rappelle qu’y sont nés, morts et y ont créé Michel-Ange, Machiavel ou Galilée et que c’est ici qu’est apparue la Renaissance, autrement dit l’Europe telle que nous la connaissons. Nous passions ainsi sans transition de plaisirs à d’autres, et entre le drapé gracieux de la vierge au long cou de Parmigianino, l’abandon voluptueux des Venus du Titien, la coupole à la perfection divine du Duomo de Brunelleschi, la rondeur en bouche d’un verre de Chianti Classico et l’opulente poitrine d’Audrey dansant au-dessus de moi pendant que je la lutinais, n’était-ce pas toujours le même appel à la vie et à sa beauté ?...
Puis arriva la Saint-Sylvestre. La plus grande partie de la journée fut consacrée à la préparation de la soirée. Audrey opta pour une petite robe noire que je reconnus avec émotion : C’était celle qu’elle portait lors de ma soirée d’anniversaire à Lyon un peu plus d’un an plus tôt.
J’aurais préféré me balader dans la ville presque déserte dans l’attente des festivités plutôt que passer mon après-midi enfermé dans la locanda, mais mes amis avaient insisté pour que je leur livre mon avis sur leurs tenues, et en ce qui concernait les filles, leurs bijoux, leurs maquillages, leurs coiffures…
Mon rôle consista dans un premier temps à aider Luc à ajuster son superbe costume. Son père lui avait bien expliqué comment faire le nœud papillon, mais quand il dut passer à la pratique, les indications paternelles lui semblèrent beaucoup moins claires… Le costume, froissé pendant le voyage, nous obligea à jouer du fer à repasser et les essayages prirent du temps. Ils eurent lieu dans la chambre que j’occupais habituellement avec Audrey, les filles se préparant dans celle de Luc et Sandra. Elles me mirent également à contribution, surtout Audrey qui m’appelait à tout propos pour que je lui ramène vêtement, crème de beauté, trousse de maquillage… J’ouvrai pour la énième fois la porte de leur chambre, prêt à dire à mon amie qu’elle pouvait se déplacer elle-même pour chercher sa brosse à cheveux, quand je restai bouche bée… Au fond de la pièce et me tournant le dos, se tenait Sandra en dessous… Et quels dessous ! Un ensemble string et soutien-gorge noir accompagné de bas et d’un porte-jarretelles ! C’était la première fois que je voyais ce type de dessous qui était plus liée dans mon esprit à l’univers du porno chic, voire de la prostitution de luxe, qu’aux étudiantes que je côtoyais. Il s’avéra qu’Audrey portait le même type d’atours, à la différence que les siens étaient rouges… Enfin, rouge… J’aurais presque pu écrire « transparents », tant la dentelle semblait davantage constituée de vides que de pleins...
Audrey ne me tint aucunement rigueur du regard que j’avais posé sur Sandra. Après m’avoir demandé de lui apporter d’autres affaires –chose qui bizarrement me posa subitement moins de problèmes- elle susurra : « Elle a un beau cul, hein ? »… Mon sourire légèrement coupable se mua en une expression stupéfiée quand elle ajouta : « Ça devait être quelque chose de contempler un tel cul en la baisant… »
La complicité des deux copines s’étendait donc jusque-là…
« Hé, t’as compris ? C’est le mascara que tu dois me ramener… » répéta Audrey devant mon air ahuri.
Lorsque Luc me demanda quelques instants plus tard où en étaient les filles, j’eus du mal à lui fournir une réponse cohérente, puis je finis par reconnaître qu’elles n’avaient pas beaucoup avancé… Je m’empressai donc de ramener à Audrey ce qu’elle m’avait demandé, espérant que les filles m’offriraient la suite du spectacle...
« T’as fait vite pour une fois ! me lança mon amie sur un ton ironique. Je sursautai quand elle posa sa main bien à plat sur mon sexe, me faisant du même coup prendre conscience de mon érection, puis elle me tira à l’intérieur de la chambre avant de refermer brutalement la porte dans mon dos. Je me retrouvai subitement devant Sandra qui, toujours en dessous affriolants, poussa un petit cri de surprise.
« C’est Pascal qui te fait peur ? Il t’a déjà vue sous toutes les coutures de toute façon ! »
Sandra et moi nous regardions sans savoir quoi faire, un peu gênés. Je pouvais deviner la fine toison à travers l’étoffe de son string. Ma belle, glissée derrière moi, avait négligemment passé une main sous mon T-shirt tandis que l’autre jaugeait à nouveau la bosse qui déformait mon pantalon. Sandra, le teint un peu rouge, restait immobile et silencieuse. Audrey me caressait maintenant tout en me murmurant à l’oreille les coquineries les plus licencieuses : que Sandra était drôlement bandante, que je ne pouvais pas le nier vu l’état de ma queue, et que j’avais de toute évidence envie de la baiser...
Puis sans prévenir, elle déboutonna mon pantalon et en fit jaillir ma queue comme un diable sortant de sa boîte, provoquant chez Sandra un rire nerveux. Ma belle brune effleurait maintenant ma verge durcie, en dessinait les contours du bout des doigts, l’abaissait puis la relâchait pour la voir se redresser comme une catapulte tout en provoquant Sandra :
« Regarde-moi cette belle queue… Elle te plaît ?… Regarde comme tu le fais bander !...
- Mais qu’est-ce que tu f…
La porte venait de s’ouvrir à la volée sur Luc qui se figea sans pouvoir terminer sa phrase… Ses yeux exorbités allaient de sa copine à moi, ou plus exactement à ma queue dressée…
« Ah bah d’accord !... » finit-il juste par dire.
Il y eut un moment de stupeur assez long, puis Luc murmura à l’oreille de Sandra. Après quelques instants d’hésitation, celle-ci s’avança et s’arrêta tellement près de moi que l’étoffe de son soutien-gorge effleurait mon torse. Un silence compact régnait. Presque timidement, la main de la petite brune vint remplacer celle d’Audrey sur ma bite, puis, avant même que j’eus le temps de réagir, elle était à mes pieds. Comme dans un rêve, elle passa avec douceur sa langue sur mon gland, recueillant un peu de liqueur séminale. Puis, sans autre forme de procès, le fourreau de sa bouche humide entoura ma queue. C’en était trop pour moi et il ne fallut que quelques allers et retours pour qu’une jouissance irrémédiable prenne possession de tout mon corps. La jeune femme ne chercha pas à se dégager, au contraire, les yeux fermés et concentrée sur sa tâche, elle accueillit ma liqueur sans se défiler... Une perle nacrée apparut au coin de sa lèvre…
« Oups ! fit-t-elle en la recueillant du bout des doigts.
- Tu as une trop petite bouche pour Pascal ! » s’esclaffa Audrey.
Sans qu’il soit fait davantage allusion à ce qui venait de se passer, les préparatifs de la soirée reprirent de manière plus efficace et enfin, nous sortîmes. Les filles étaient magnifiques. Je ne pouvais m’empêcher de penser aux parures que j’avais eu le plaisir d’admirer et qu’elles portaient maintenant sous leurs robes. Les rues de Florence commençaient à se remplir à l’approche des festivités et nos deux belles ne passaient pas inaperçues.
Nous ne savions pas où nous allions et suivions docilement Audrey qui avait pris la tête des opérations et nous conduisait avec assurance dans les rues de la cité. Elle nous emmena jusqu’au marché Sant’Ambrogio. D’après elle, nous ne pouvions pas quitter Florence sans manger chez le meilleur « trippaio » de la ville.
« Chez le meilleur quoi ? » s’exclama Luc soudainement inquiet.
Mon amie se contenta d’un clin d’œil pour toute réponse. Nos appréhensions se confirmèrent à la vue du stand devant lequel elle nous emmena. La boutique d’allure modeste était spécialisée dans le fameux panino au lampredotto, c’est-à-dire aux tripes… Oui, le soir de la Saint-Sylvestre, Audrey voulait nous faire manger un sandwich aux tripes! Il faut dire que les lampredotti florentines constituent le fleuron de la cuisine toscane… même s’il y a plus appétissant qu’un estomac de bœuf et qu’il faut vraiment être florentin pour en garnir un petit pain ! Faire un tel repas le soir de la Saint-Silvestre pour profiter ensuite des nombreuses animations en plein air de la ville était du reste une institution, un rite propre à vous faire passer du touriste lambda au Florentin pur jus! Je me pliai de bonne grâce à l’expérience, mais Luc et Sandra, méfiants, se rabattirent sur des paninis beaucoup moins originaux. Audrey et moi conspuâmes copieusement nos amis qui n’avaient pas su se lancer dans l’expérience culinaire florentine ultime, exagérant nos exclamations de plaisir à la dégustation de notre caillette de bœuf…
Le circuit traditionnel du soir de la Saint-Sylvestre consistait donc, après avoir fait provision des fameux lampredotti, à faire la tournée des enoteche, puis à admirer le feu d’artifice, une formule finalement beaucoup plus agréable qu’un interminable dîner dans un restaurant guindé. Nous trinquâmes donc au Prosecco Spumante dans divers lieux avec de parfaits inconnus, puis peu avant minuit, comme des milliers d’autres, nous nous dirigeâmes vers l’Arno ! Nous montâmes sur le parapet du pont Santa Trinita pour observer le feu d’artifice. Des dizaines de personnes partageaient notre poste d’observation, bien que cela soit interdit. Il faut dire qu’en Italie, les interdictions sont rarement prises vraiment au sérieux. A intervalles réguliers, une patrouille de carabinieri blasée nous faisait cependant descendre de notre promontoire. Evidemment, à peine avait-elle tourné le coin de la rue que tout le monde reprenait place sur son piédestal…
Avant même le début du spectacle, je remarquai quelques jeunes Italiens qui se retournaient fréquemment dans notre direction… enfin, dans la direction de nos belles… Il est vrai que, debout comme ils l’étaient en contrebas sur la chaussée, ils devaient avoir une sacrée vue sur les jambes de Sandra et Audrey. Peut-être même pouvaient-ils deviner la lisière de leurs bas, voir leurs jarretelles?... Ni les filles, ni Luc ne semblaient avoir remarqué ce groupe. Après le bouquet final, quand les applaudissements et les vivats de la foule saluèrent le spectacle, l’un des jeunes types se retourna franchement vers nous, applaudissant, sourire goguenard aux lèvres, dans la direction de ce qui semblait l’avoir plus captivé que le feu d’artifice. Le gars, qui ne devait pas avoir plus de dix-sept ans, arborait une mèche savamment entortillée sur le front. Son sourire provocateur me fit un effet désagréable…
« Mezzanote ! E’ mezzanote ! »
Le cri jaillit répercuté par mille bouches. La nouvelle année commençait ! Nous descendîmes de notre perchoir, nos compagnes aidées comme on s’en doute par quelques mains italiennes charitables, puis nous sacrifiâmes à la tradition du baiser de nouvelle année. Audrey me fit un petit «smack » sur la bouche, et même Sandra, à mon étonnement. Comme par magie, le jeune Italien à la mèche rebelle se retrouva face à Audrey et lui claqua deux bises sonores sur les joues en la tenant fermement par la taille. Rêvais-je ou me regardait-il d’un air narquois en embrassant mon amie ? Voyant que je lui rendais son regard, il s’approcha de moi, sans se départir de son sourire, cherchant de toute évidence la bagarre.
« Réponds pas à la provocation, Pascal. Ça va dégénérer » me souffla à l’oreille Luc d’un air inquiet tout en me tirant vers lui par le bras.
Nous nous éloignâmes donc sous les lazzis de la bande et la soirée se termina sans autre incident.
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