Elle sait qu'elle ne l'a jamais croisé en dehors du mardi et du vendredi. Ces deux journées sont désormais des rendez-vous à éviter. Dans sa tête, une règle simple : ne jamais rendre ses livres ces jours-là. Mais ce qu'elle ignore, c'est que ce bibliothécaire aux cheveux blonds, à l'air désinvolte mais au sourire redoutablement charmeur, a chargé Josh, le grand agent de surveillance au visage d'acier, de garder un œil sur elle.

Tina, dans sa robe rouge vive portée sur conseil de sa coach en image, parcourt les rayons de développement personnel. Elle s'attarde sur un livre, plongée dans ses pensées avant de tomber sur la petite surprise d'un lecteur de ses critiques.

Mais son objectif principal reste en tête : retrouver L'Art Subtil de s'en Foutre de Mark Manson. Elle parcourt la bibliothèque et peste doucement.

C'est à cet instant qu'il apparaît : le bibliothécaire blond. Avec une nonchalance calculée, il attrape L'Art Subtil de s'en Foutre sur l'étagère la plus proche. Avant même qu'elle ne puisse protester, il s'approche et lui tend le livre en souriant.

« Vous cherchiez ça, non ? » dit-il, un éclat espiègle dans les yeux.

En tendant le livre, ses doigts effleurent ceux de Tina. Surprise, elle recule légèrement, le rouge lui montant aux joues.

« Heu... Merci... » balbutie-t-elle, évitant de croiser son regard.

Il s'éloigne en haussant les épaules, comme si cet échange n'avait rien de spécial. Mais Tina, elle, sent monter une frustration mêlée de gêne.

*****

Quelques jours plus tard, Tina s'approche du rayon des livres policiers. Plongée dans la célèbre trilogie de Stieg Larsson, elle sent un souffle sur sa nuque et se retourne précipitamment.

Intriguée, elle perçoit un grand bonhomme au visage dur qu'elle reconnaît comme agent de surveillance, à en croire son oreillette.   Josh.

« Bonjour... » murmure-t-elle, cherchant à briser le silence.

Josh ne répond pas. Il la fixe intensément, le regard aussi perçant que déroutant. Incapable de soutenir cet échange silencieux plus longtemps, Tina s'empourpre et, sans demander son reste, s'éloigne en vitesse.

Sur le chemin de la sortie, son esprit tourbillonne.

« Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? Ils sont sur mon dos comme si j'avais dérobé un manuscrit antique... »

Arrivée dehors, elle inspire profondément.

« Voilà. Ça suffit pour moi. Je ne remets pas les pieds là-bas, au moins pour un moment. Entre le charme intriguant de ce bibliothécaire et la pression du vigile... Trop, c'est trop, » se dit-elle.

Plus moyen de lire gratuitement à présent. De toute façon la validité de sa carte de membre touchait à sa fin.

Mais alors ?...