C’est superficiel.

Et dedans, il y a « ciel ».

Je suis étendue à terre, étourdie et à bout de souffle. Je le sens dans mes os, dans mes tripes, dans mes bronches, tout ce qui dedans part en vrille. Ma peau, depuis longtemps, n’a plus la même couleur. Ma vue se détraque et je déglutis mal.

Mais tout ça, c’est superficiel.

Il suffit que je tire, que j’étripe, que je tue, et tout mon sang afflue. Mon cœur repart, tambours battants. Droit de vie ou de mort. C’est mon pouvoir divin. Au-dessus des figurants.

Au-dessus, en sur-face.

Mais depuis ce jour-là, aussi, je sens quelque chose qui remue les tréfonds. Quelque chose là-bas qui m’ordonne de plonger, de toucher le fond, de m’enfoncer, et de m’y fondre. Je m’y refuse. Après tout ce que j’ai gravi, je ne me démonterai pas.

Je ne regarde pas au fond.

Seule importe la surface, plus solide que tout le reste.

Je suis libre d’aller, venir, de changer de peau et d’envie. Rien ne me retient et rien ne me restreint. Alors ce qu’ils me disent, quand ils décomptent les mois et les cellules touchées, tant pis.

Moi, les fins, je les donne, je ne les subis pas.

Je n’ai pas mal. Je n’ai pas peur. Je n’ai pas de remords.

Je suis superficielle.

Et tant que je ne serai que ça, une surface lisse et creuse, rien ne jaillira du fond pour pourrir mon image et ma vie en mouvement.

J’étais étendue, ce jour-là. Paralysée par leurs diagnostics. Et j’ai compris une chose : je déteste l’inertie. Alors je me suis levée. Je suis partie en claquant la porte au nez des toubibs et de tous les noms savants qui, d'après eux, se repaissent de mes entrailles.

Au clair de la lune, ils paraissent à fleur de peau. Quelle histoire raconter ? À qui parlerais-je de ces tatouages magiques ? Et quel livre sacré narrera l’apparition de mes divins stigmates ? Ce ne sont que des taches innocentes.

Oui, c’est superficiel.

Au nom d’Atylwat, j’en ai fait partir tant sans laisser de traces.

Mais si je devais n’en laisser aucune…

Tu vois, Cerribos, je déconne pas quand je dis que je suis superficielle !