Amour Fou
Elle est là, elle vient de rentrer dans une boutique. Je la regarde mais elle ne me voit pas. Emilie Miller. Je l’ai vu pour la première fois il y a un mois. Depuis je ne pense qu’à elle, jour et nuit. Je sais tout d’elle, ou presque. 25 ans, étudiante à l’université de la ville dans le cursus de psychologie, elle mesure 1m75 pour 60 kg, elle a de magnifiques cheveux blonds et des yeux d’un bleu profond. Son parfum préféré est un léger mélange de rose, de fleurs de cerisier et de lilas. Sa couleur préférée est le bordeaux. Son livre préféré, Les Misérables de Victor Hugo. Je sais également qu’elle a une préférence pour les hommes grands aux cheveux bruns.
Aujourd’hui, samedi, elle profite de la journée pour faire du shopping dans le centre commercial près de chez elle. Elle est venue seule, c’est l’occasion idéale. Je me lève du banc et la suis. Je rentre dans le magasin mais je reste à distance raisonnable d’elle, j’ai toujours été très timide avec les femmes.
La dernière que j’avais approchée, Claudia, m’avait rejeté. Elle avait eu un terrible accident quelques jours plus tard, ça m’avait rendu très triste. J’aimerais l’aborder mais je sais qu’elle va me rejeter, comme toutes les autres. J’aimerais avoir le courage d’aller lui parler.
- Mais lance-toi mauviette ! Tu ne vas pas rester planter là comme un idiot, à l'observer ? On dirait un détraqué.
- Mais….mais je ne sais pas comment faire.
- Laisse-moi faire.
Georges n’a pas peur, lui. Il s’approche du présentoir où elle regarde les vêtements et engage la discussion avec elle. Elle semble l’apprécier, il sait comment mettre les femmes à l'aise. Il lui propose de prendre un verre avec lui mais Emilie est déjà en couple. Elle lui souhaite une bonne journée et part vers les cabines d’essayages. Mais Georges a sa fierté et ne supporte pas être rejeté. Soudain il saisit un vêtement et se dirige lui aussi vers les cabines. Il sait exactement où Emilie est rentrée.
Après avoir vérifié que la voie était libre, il rentre dans la cabine où elle se trouve. Elle est en sous-vêtements, de magnifiques sous-vêtements en dentelles noires.
- Qu’est-ce que……..allez-vous en ou je hurle !
Sans qu’elle puisse réagir, il sort un mouchoir et lui colle sur le visage. Emilie s’évanouit par terre. Je déteste quand il fait ça.
Plusieurs jours étaient passés après l’événement dans le magasin. Elle était sortie de l’hôpital mais il l’avait kidnappée à la sortie. Il fait toujours cela. Il dit que c’est quand elles sortent de l’hôpital qu’elles sont le plus vulnérables, plus personne ne fait attention à elles à ce moment. Lorsqu’il en kidnappe une, il l’emmène ici, dans le vieil entrepôt qu'il avait acquis plusieurs années auparavant. Il vient de finir de l’installer sur la table, bien sanglée, elles ont tendance à vouloir s’échapper. Il l’a bâillonnée pour ne pas qu’elle puisse crier. Il fait ça pour moi, il sait que je n’aime pas quand elles crient. Lui se délecte de ce spectacle, mais moi je ne supporte pas ce qu’il fait subir à ces femmes mais il m’oblige toujours à regarder. La jeune femme est perfusée avec un coagulant, il dit que c’est pour faire durer son plaisir. Il approche un petit présentoir, qu’il prépare toujours à l’avance. Il a pris soin d’y déposer une grande quantité d’outils chirurgicaux, parfaitement nettoyés et stérilisés. Georges est très minutieux, presque maniaque. Il saisit le scalpel sur sa table et commence à découper délicatement des bouts de peaux sur son ventre. Emilie se tord de douleur et hurle sous le bâillon. Grâce au coagulant, elle ne saigne presque pas. Après ça, son sadisme va crescendo. Il continue à la découper, puis lui arrache tous les ongles. Il lui trempe les doigts dans de l’acide avant de lui découper les paupières. Il lui découpe les lèvres. Cela dure plusieurs heures et, comme à chaque fois, il retire à cette pauvre fille tout ce qui faisait d’elle une femme. La jeune femme pleure de toutes ses larmes, suppliant son bourreau de l’achever. Lui considère cela comme une punition légitime mais se croit bon en décidant d’abréger leurs souffrances. Il lui injecte une neurotoxine de sa propre conception et en quelques secondes Emilie se meurt. Après avoir découpé le corps, il le plonge dans l’acide afin de le faire disparaître. Il est extrêmement méticuleux et fais en sorte de ne laisser aucune trace après son acte.
Mais cette fois, il a fait une erreur.
- Gregory Hemard. Vous comparaissez aujourd’hui, devant cette cour, pour le meurtre d’Emili Miller. Vous êtes jugé par cette cour pour les chefs d’accusation suivants : meurtre avec préméditation, torture, kidnapping, séquestration, usage de produits prohibés, faux et usages de faux et vols avec effraction. Vous encourez la peine capitale. Que plaidez-vous ?
-Coupable votre honneur, répondit notre avocat commis d’office. Mais j’aimerai attirer l’attention des jurés sur l’état psychologique de mon client.
Il s’approcha de la juge et lui tendit une pochette.
-J’ai ici un rapport de plusieurs psychologues de renom attestant que mon client, Mr Hemard, souffre, depuis sa plus tendre enfance, de troubles de la personnalité. Il ne peut en aucun cas être tenu directement pour responsable des atrocités qu’il a commis. Je conseille donc à votre honneur d’envoyer mon client dans une institution spécialisée, où il recevra des soins plus appropriés à son état.
La juge feuilleta un instant les rapports cliniques. Elle se retourna vers les jurés et fit un signe de tête au désigné principal.
-Nous allons nous retirer pour délibérer, lança-t-il à l’assemblée.
L’isolement ne dura que deux heures. Tout le monde fut très vite rappelé dans la salle d’audience. Un homme en uniforme de police donna un petit bout de papier à la juge avant de le donner au juré principal.
-Messieurs, dames, les jurés, avez-vous pris une décision, lança la juge.
Un homme de forte corpulence se leva, muni du petit bout de papier.
-Oui, madame la juge. Gregory Hemard, pour le meurtre d’Emili Miller….
-Ainsi que de Justine, Linda, Sophie, Mary, Eva et une dizaine d’autres, me murmura Georges, le sourire aux lèvres.
-…nous vous condamnons à être interné dans un hôpital psychiatrique où vous serez suivi pour vos troubles mentaux jusqu’à ce que vous soyez jugé apte à réintégrer notre société.
Quelques jours plus tard, nous avons été internés à l’hôpital psychiatrique du Noble Salut. Mais Georges est très intelligent, il a beaucoup appris sur la psychologie et le fonctionnement administratif des cliniques psychiatriques. Il m’a notamment expliqué que le directeur de ce genre d’institution avait l’obligation légale de garder interner les patients durant trois ans, quelques soient les améliorations de leur état mental. Nous avons patienté pendant trois années, durant lesquels je laissai Georges parlé durant les rendez-vous avec le psychiatre. Et un beau matin de Mars, nous avons été autorisés à quitter l’hôpital.
Il me prenne pour un fou, il pense que Georges est une invention de mon esprit mais moi, je sais qu’il existe. Georges a toujours été là pour me protéger, depuis que mon frère fut tué par notre mère lorsque j’avais dix ans. S'il tue toutes ces femmes c’est pour me défendre, pour que je ne sois pas blessé à nouveau. Il ne veut que mon bien. Et même si je suis le seul à pouvoir le voir et lui parler, je sais que lui ne me laissera jamais tomber. D’ailleurs grâce à lui, j’ai vu une nouvelle fille aujourd’hui.
Elle s’appelle Sophie et est très belle. C’est décidé, dès demain, je vais la voir et lui parler.
J’espère juste qu’elle plaira à Georges.
Annotations
Versions