Une visite inattendue

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Quand je vis ma zumaine sortir dans le jardin, je sentis tout de suite que quelque chose n’allait pas et j’allai m’enquérir de son état. Je sautais de mon observatoire et je la suivis par petits bonds sur l’herbe tendre.
Elle s’assit sur un rocher et je l’entendis pleurer. Je restai un instant immobile, attiré par foule d’insectes appétissants. J’en gobai quelques-uns : C’est qu’il me fallait des forces pour aller la consoler.
Il y avait là des gros vers bien grassouillets, des libellules. Ça changeait des mouches et des papillons de nuit.


Enfin rassasié, je sautai sur le rocher et la regardai. Des larmes coulaient le long de ses joues. Que pouvais-je faire ?
Un moment, elle posa sa main sur le rocher tout près de moi. Je ne pus m’empêcher de poser ma tête tendrement sur sa main et lui jetai le regard le plus doux et tendre que je puisse faire.
J’essayai de la consoler à ma façon de doux Croooaaa mélodieux.
Je regardai ma zumaine et ressentis quelque chose de doux émaner d’elle. Je pensai que ma présence était une bonne chose et j’étais heureux de les avoir retrouvés.
La manière dont elle s’occupait de son zamoureux m'émouvait et m'attendrissait.
Elle m'offrit sa main que je pris comme moyen de locomotion, et nous nous mîmes à regagner le chemin de la maison.


Elle me posa délicatement sur la table de chevet et vaqua à ses occupations.
Je veillais sur eux, prenant mon rôle de protecteur à cœur. Le zumain crapaud-cid me regardait souvent d’un œil mauvais tout en s’occupant de mon zumain.
Je le fixais alors tout en lui faisant un Croaaaaa significatif, quelque chose comme “Ils sont à moi et tu ne me mangeras pas”
Je soutenais son regard d’un air de défi jusqu’à ce que je sentis une sorte de gêne ou de crainte émaner de lui, qui le faisait baisser les yeux.


- "Croaaa" faisais-je alors satisfait de m’être montré intransigeant, puis gobais les mouches qui menaçaient mon zumain, en fermant les yeux, savourant le plaisir que les quelques gouttes que je recevais me procuraient.
Une fois qu’elle eut fini de laver mon Zumain, je sautai dans la bassine pour un bain bien mérité en poussant un Crrrraaaaaa de satisfaction de bienêtre.
Je demandais à ma zumaine de me frotter le dos et le ventre par des Croaaa croaaaaaa significatifs.
Enfin, elle m'a compris, ma zumain ! Il était temps, car je commençais à être à court de voix, moi.
Tandis qu’elle me grattouillait affectueusement, je lui signifiai mon contentement par des ronrons tout doux, les yeux mi-clos.
Oui, j'ai bien dit "ronrons" ! Quoi, vous pensez que seuls les félins ont cette faculté ? Eh bien, détrompez-vous, nous savons ronronner !
MMM ouiiiii ho que c’est bon gratte-moi ici ohhh oui laaaà ooh c’est bon ! Pensais-je.
L’extase dura un instant qui me parut trop court, car déjà, je me retrouvai dans le bain encore tiède.
Je la regardai les yeux encore ivres de plaisir et fis trempette un temps avant de sortir de mon bain et de prendre place sur le rebord de la fenêtre.
J’étais tranquillement installé, quand je ressentis une douce brise légère effleurer ma peau. Je fermais les yeux, je me sentais bien, détendu, je lâchai un soupir de plaisir.
Je regardai mes deux zumains réunis et je me tournai vers les étoiles, le regard brillant, confiant en l’avenir.


J’étais dans une prairie verte où une foule de criquets appétissants sautaient tout autour de moi.
Je les attrapais un à un avec ma langue, j’étais heureux. Soudain, le soleil se mit tant à briller, qu’il en devint éblouissant. Je plissais les yeux, mais rien n’y fit ; il continuait de m’éblouir. Une silhouette d’une blancheur éclatante apparut et me parla.
Sa voix était.... Ho, mais je connais cette voix, pensais-je. Ma zumaine ! Celle qui m’a sortie des crocs du jeune chien !
Heureux de la retrouver, je bondis jusqu’à elle, ignorant les criquets qui dansaient autour de moi.
Tandis que j’avançais, je vis le zumain malade à côté d’elle. Croaaaaaa, il est guéri ?
Le zumain me sourit avec bienveillance. Puis ma sauveuse me montra le zumain et me parla.
Je comprenais chaque mot et j’en fus stupéfait. Comment savait-elle parler ma langue ?
Puis, elle me toucha et je ressentis une force m’envahir. Je la regardais fixement, je vis son regard tendre puis la lumière de nouveau et je m’éveillai tout à fait en croassant pour l’appeler.


- "Croaaaaaaa croaaaaaaaa"


Je me retrouvai dans la chambre, les zumains étaient à leur place habituelle, mais ma zumaine était là, baignée de lumière.


- "Crooooooa crooaaaaaaaaa" disais-je


La lumière scintillait et se dirigeait vers le malade. Mes croa restèrent coincés dans le fond de ma gorge.
Ma sauveuse regardait les zumains avec tendresse
Je bondis vers elle fou de joie de la revoir


- "CROAAAAAAAA !"


Au moment d’atterrir dans ses bras, je sentis un souffle chaud et une forte odeur de rose sucrée.
Puis, elle disparut en suivant la lumière.
Je regardai la fenêtre entrouverte où ma zumaine lumière s’en été allée et ne pus me résoudre à la laisser filer ainsi.


- "Croaaaa croaaaaa croAAAAA !", ce qui pourrait se traduire par : Ah non ! Tu ne vas pas encore disparaitre ! Reviens !


Je bondissais hors de la maison, en passant par la fente de ma fenêtre, à la poursuite du rayon lumineux.


- "Croaaaaa croaaaaaaaa"


Ma zumaine, heu... mais au fait, elle n’est plus zumaine... elle est quoi au juste... Quoi qu’elle fût, je bondissais à sa suite, mais elle avait disparu, envolée. Seul le soleil brillait.

Dépité, je retournai donc au logis de mes zumains. Je voulus rentrer, mais je ne pus franchir la fenêtre entrouverte, car j’étais coincé entre les deux battants


- "CroAAAA crOOOOAAAAAAA !" Ce qui veut dire au secours !


Je me débattais de toutes mes forces quand enfin des mains secourables me sortirent de ma prison.


- "Croaaaaa crrrrroaaaa" lui répondis-je les yeux remplis de reconnaissance, reprenant mon souffle.


Ma zumaine semblait me rassurer et je m’aperçus, avec stupeur, que je comprenais vaguement ses paroles : elle essayait de se rappeler mon prénom. Fou de joie, je lui dis :


- "CWA CWO", (AL DO) articulais-je.
"Croa croaaaaa cracro" (je m'appelle Aldo)


Je regardais le crapaud-cide s’approcher : Il me regardait en se léchant les babines, le doigt pointé vers moi, mais je n’avais pas peur, car j’étais à l’abri dans la main de ma zumaine.


- "Croooaaaaa Croooaaa ? Croooaa !" En zumain ça pourrait se traduire par : Nan mais ho, il ne va pas bien lui de me regarder comme ça ? Je ne suis pas un casse-croute !


Ma zumaine allait me remettre dans mon bocal, je bondis à son cou en regardant le crapaud-vore d’un œil apeuré.


- "CroooooAaaaa !" Ce qui signifie : Ne me laisse pas seul avec lui ! Il va me croaaaquer oups me croquer. Je m’accrochais à ma protectrice de toutes mes forces, le regard suppliant. Mes grands yeux effrayés faisaient des allers-retours du mangeur de crapaud à ma garde du corps.

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