Un climat hostile

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9h00 du matin, il était encore temps d’aller à la boulangerie chercher les chocolatines des filles.

Ni une ni deux, Eliott fit un détour par Saint-Vaury sans s'attarder pour reprendre la route aussitôt.

9h45. Au bruit de la voiture qui se garait dans l’allée, une jolie tête blonde au visage souriant sortit de l’entrée de la maison. Eliott sourit à la vue de sa femme Eloise:

-Bonjour toi !

-Bonjour ! Tu t’es levé de bonne heure !

-Je suis allé au lac, j’ai croisé Frédo. Toujours aussi amoureux de toi. Il la saisit par la taille et l’étreignit. Tu étais tellement belle en dormant que je n’ai pas voulu te réveiller. T’as bien dormi ?

- Peu mais oui !

-On remettra le couvert ce soir.

Six ans de mariage et quatre ans qu’il était père. Ils s’étaient connus à l’âge de dix ans quand Eloise était venue s’installer avec ses parents en Creuse. Lorsqu’elle arriva à l’école, elle fut surnommée « la bretonne » dès la deuxième semaine d’école par notre ami Frédo.

Elle en avait éconduit plus d’un. Lui l’avait remarquée depuis le départ et avait tout de suite aimé ses boucles blondes ! Entre « La bretonne » et « Boucle d’or », c'était une source d'inspiration pour les jeux de mots et surnoms en tout genre. Heureusement qu'elle était dotée de patience et d'humour.

Au fur et à mesure des années leur complicité d’écoliers s’était transformée en une amitié solide. A l’adolescence l’amitié avait laissé place aux sentiments et au non-dits. A seize ans, le couple officialisa sa relation auprès du village. Eliott partit à 18 ans pour le service militaire et revint lors de ses permissions. Il fallut un an et demi pour qu’elle se jette à l’eau et lui demande de « sortir avec elle ».

Et Eloise tomba enceinte rapidement. Elle avait 19 ans. Des jumelles. Dans la foulée pour éviter les commérages et parce que ça leur paraissait évident, ils se marièrent. Eliott était mature et sûr depuis son plus jeune âge. C’est ce qu’Eloise avait aimé chez lui.

Les filles allaient avoir cinq ans, et eux fêtaient deux ans de mariage.

Ils s’étaient toujours bien entendus.

-Je pars dans une semaine, le bureau a appelé hier.

- 6 mois. J’ignore encore si j’aurais des permissions.

Elle se retourna décontenancée.

- D’accord.

- Pour le troisième, on verra ça en rentrant ?

- Le troisième ?

- Oui tu te souviens, on avait parlé d’avoir d’en avoir un troisième. Ça se passe bien avec les filles non ?

-Tu…

Elle fit mine de changer de pièce…

Il la rejoignit.

-Qu’est-ce qu’il y a. Parler d’avoir un enfant avant mon départ pour neuf mois, était peut-être un peu maladroit.

- En effet oui, un peu, je te l’accorde, dit-elle ironiquement.

- Je ne pensais pas que tu serais aussi froissée. Je suis déjà parti pour de longues périodes. Il me semblait que tu l’avais accepté.

- Accepté. Il me semble que je fais plus que ça non.

-Qu’est-ce qu’il te prend ?

-On n’était pas sensé avoir des enfants aussi vite, et maintenant que les filles ont un peu grandi, tu veux en avoir un autre, c’est toi qui t’en occupe ?

A ces mots, Elliott fut décontenancé. Quelle mouche avait pu la piquer. Il est vrai que parler de la chose avant son départ n’avait pas été une bonne idée mais il sentait qu’il y avait autre chose.

- D’accord, excuse-moi.

- Je m’occupe de tout Eliott. La maison, les filles, le hameau, de tout. J’ai même arrêté la médecine pour m’occuper des filles.

Et tu veux en rajouter avec un autre enfant.

Je crois que tu ne rends pas compte, il faudrait que tu … que tu sois là pour te rendre compte du travail que ça demande.

- Je vais aller voir les filles…

- Tu te défiles…

- Non, je ne me défile pas. Mais me disputer avec toi à cinq jours de mon départ ne m’enchante pas figure-toi. Je n’aurais pas dû parler d’un troisième. Je suis désolé.

- Même quand tu as pris ton poste sur Paris, tu rentrais les week-ends seulement.. Et encore il t’arrivait de ne pas redescendre !

- C’était mieux que rien non ?

- T’étais bien contente que je prenne ce poste pour faire ta fac de médecine ou aller faire ta mission humanitaire. Mon boulot pèse sur notre famille, mais ne me dis pas que je n’essaie pas de faire au mieux. Je t’avais prévenu que ce ne serait pas facile et que je serais amené à partir souvent.

- Oui c’est vrai tu m’avais prévenu. Et on a deux enfants aujourd’hui.

- Ou la mais tu me fais quoi là…

Et soudain, le téléphone sonna, Eliott décrocha pour répondre. Sa mère était au bout du fil.

-Oui ? Bonjour Maman. Oui, oui. Justement, on arrive, le temps de préparer les petite et on arrive.

Puis il raccrocha.

- Simone est tombée à pic.

- Il faut croire.

Un silence pesant s’empara de la pièce.

Eliott décida de le rompre.

- Je te propose de laisser cette discussion pour le moment. On va déjeuner, et on la reprend plus tard. Ce soir après le coucher des petites ? Est-ce que ça te va ?

- Oui ça me va. Je vais préparer les petites.

- Je sors la voiture.

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