Lorsqu'il ouvrit la porte et vit ce qu'il y avait au sol, il sut tout de suite ce qui allait suivre. Il savait ce qu'il y avait dans cette petite boite en carton. Il fut néanmoins surpris de cette élégante marque de politesse, il s'était attendu à bien plus de formalisme voire de froideur et cette attention le toucha profondément. Il se mit à sourire et ramassa délicatement la boite en se retenant à grand peine de siffloter.
Son colis dans les mains il retraversa son seuil, fermant la porte d'un mouvement de pied distrait, et alla s'installer sur son canapé. Il se rappela le jour où il l'avait acheté, c'était quand il avait reçu son premier salaire, il y a déjà si longtemps. À présent le cuir s'était usé, malgré les efforts d'entretien. Après chaque journée de travail il s'était installé dessus pour soulager son corps vieillissant de plus en plus vite et à présent était venue l'heure de la retraite tant espérée pendant toutes ces années.
Il attrapa le coupe-papier reposant sur le bois aussi usé que le cuir et coupa le scotch d'un geste assuré puis reposa délicatement la lame à sa place.
Puis il prit une lente et profonde inspiration, ferma les yeux et ouvrit la boite.
Il ne vit rien, il n'entendit rien, il mourut à l'instant même de l'explosion. Sa maison s'embrasa sous l'oeil attentif de ses collègues de l'autre côté de la rue. le chef du trio abaissa ses jumelles et adressa un sourire teinté d'amertume à ses acolytes qui remirent leurs armes dans leurs étuis et ajustèrent leurs brassards de deuil.
Losque les pompiers arrivèrent ils ne firent pas attention aux trois hommes en deuil qui les saluèrent.