— Tu n'es qu'un petit primesautier ! m'hurle mon père.

A cause de moi papa est passé à côté d'un gros poisson. Perso', j'en ai pas vu la queue d'un, de poisson.

Tout ça parce que j'ai dit la vérité. Les adultes sont pleins de contradictions. J'ai essayé de dire à papa que c'est la maîtresse qui a dit qu'il fallait pas mentir mais il a rien voulu savoir. Je suis puni dans ma chambre et j'en ai encore mal aux fesses.

C'est pas juste d'abord. Je voulais pas l'accompagner au travail. C'est maman qui a insisté pour que j'aille voir comment papa travaillait. Je l'entends d'ailleurs qui crie sur elle.

Maman est montée me voir. Elle a encore l'épaule toute bleue. Elle a pleuré. Je le sais parce qu'elle a les yeux tout rouge. Elle vient me caresser le visage. Je viens me blottir contre elle. J'aime pas quand maman est triste. Je préfère quand papa m'engueule moi plutôt qu'elle parce qu'à chaque fois qu'il est énervé contre elle, elle a un nouveau bleu.

Maman s'allonge à côté de moi dans mon lit qui est trop petit pour elle.

— Je t'aime.

Moi aussi je l'aime ma maman. A elle, je peux tout dire.

Elle me demande ce qui s'est passé. Je lui raconte alors toute la journée passée avec papa, jusqu'à ce qu'un gros monsieur, à l'air pas gentil, vienne le voir pour une histoire de viol. J'ai pas compris le dernier mot, j'ai que six ans, mais à la tête qu'à fait maman, j'ai compris que c'était un gros mot.

Ah oui au fait, mon papa est avocat.