Prologue

Cher moi-même

C'est une bonne idée de s'envoyer une carte postale à soi-même.

C'est mon premier courrier comme ça. J'ai essayé d'être sympa.

Amitiés. Amour. Je t'embrasse fort.

- Je t'écris pour que tu souris -

Je t’écris cette carte postale, car je sais que cela va te faire du bien, et me faire du bien.

Peut-être même beaucoup de bien pour le chemin qu’il me reste à vivre.

Je voudrais te dire déjà, et c’est très important, souris plus souvent.

Tu le sais bien, que tu possèdes dans un document, cette citation de Herbert Samuels : « Le monde est comme un miroir, si vous lui faites la grimace, il vous fera la grimace, si vous lui souriez il vous sourira. »

Et tu sais bien que dans ce document où tu collectionnes les citations qui t'ont touchées, tu as aussi ce proverbe russe qui dit un peu la même chose : « Souris à la vie : elle ne te sourit que si tu lui souris d’abord. »

Tu le sais bien, car tu as regardé en cherchant cela, afin de t’écrire ce courrier.

Et je t’en remercie.

C’est vrai que tu souris souvent, et que tu aimes bien sourire, mais tu pourrais le faire encore plus.

Parfois tu ne le fais pas, et là ce n’est pas beau. Là, tu n’es pas beau. Et là même tu es détestable, invivable...

C’est vrai que c'est comme cette énergie joyeuse, cet état où tu souris, chantes, blagues et où tu ris, que tu vis de temps en temps. Et dans lequel tu aimes être, car tu vis là un plaisir, tu jubiles. Et tu sais que si tu dis un de tes textes en public avec cet état, avec cette énergie joyeuse, elle va rayonner et se communiquer tout autour.

Comme le faisait et te l'a appris feu Jacques Higelin, qui transmettait son énergie et sa joie à son public. Et le plus grand nombre de son auditoire conquis, envoûté, lui renvoyait. Et qu'elle circulait, avec des allers et retours incessants, du musicien aux spectateurs. Comme parfois tu l'as pratiqué.

C’est vrai que cela fait des années que tu cherches à fabriquer ta préparation, ta recette pour te mettre à vivre lorsque tu le veux cet état, cette énergie joyeuse. Mais un regard mal perçu, des idées préconçues, des pensées négatives, et ta recette tombe à l'eau, la mayonnaise ne prend pas.

Et là, parfois, c’est le bide, ou bien pas grand-chose, peu de réactions et peu de retours, à la place de la joie, de la jubilation, des rires ou des sourires, pendant et après.

Mais il ne faut pas que tu sois trop dur avec toi. Tu n’as pas fait d’école, de conservatoire, tu as juste quelques stages et ateliers derrière toi et tu y es venu vraiment sur le tard. C’est comme pour l’écriture. Donc, ne sois pas trop dur.

Et permets-moi de te dire que tu es souvent beaucoup trop exigeant envers toi-même.

Et c’est vrai que tu as eu et que tu as parfois des bides, mais c’est vrai aussi que parfois tu as réussi à te mettre dans cet état d'énergie joyeuse et que là en général tu cartonnes. Et tu sais bien que là tout le monde te sourit après. Même les belles filles, qui ont envie de plaisanter avec toi et qui te font de superbes sourires. Souvent en groupes, l'une d'elles te blague, tu réponds et d'autres du cercle se joignent à la conversation avec plaisir. Parce que tu leur as fait plaisir avec ton passage sur scéne. Et les jeunes qui te disent un mot, te redisent après un de tes propos. Ça leur a plu ce que tu as fait, pourtant il y a une différence d’âge énorme. C'est super ça non ? Et ça te donne l'impression de rajeunir. De rester jeune dans l'âme.

Et rappelle-toi aussi que tu as eu plusieurs fois des bravos.

Et n’oublie jamais, il y en a des malheureux sur la terre et il y a toujours plus malheureux que soi. Il suffit d'aller au coin de la rue.

Alors, souris. Souris, Marco.

Voilà, c’est bien.

Souris, car tu sais, et tu le sais bien, que par ton sourire tu peux aussi faire sourire les autres. Même les plus malheureux. Et ça, c’est bien sympa pour eux.

Sourire à l’autre, sourire aux autres, c’est un petit cadeau qui peut lui apporter, qui peut leur apporter beaucoup.

Le texte de Raoul Follereau « Un sourire », ce texte de 1920, t'a touché il y a longtemps. Ce texte explique tous les bienfaits d'un sourire. Et je suis fier de toi, Marco, que tu continues dans sa lignée, à ta façon.

Merci beaucoup de t’être penché sur ce courrier et de me l’avoir envoyé.

Je t’embrasse mon Marco. Ne sois pas trop dur avec toi. Je t’aime.

Marco O’ Chapeau le 25 août 2022

débuté le 15 août 2022

Image à partir d’une image libre de droits

By Pigellino, CC BY 3.0 via Wikimedia Commons

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