2 - Clara

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À cette époque, je vivais chez une amie, Lucille, car je n’avais ni toit, ni emploi.

J’arrivais de l’étranger avec mon Baccalauréat en poche et à l’âge de 20 ans, après une deuxième année infructueuse à la faculté de Droit, je découvrais seule la vie française, par la force des choses. En effet, mon père -qui avait achevé son contrat de travail là-bas et qui s’était établi dans sa région natale, la Lorraine- avait décidé de me lâcher dans la nature et de ne plus se soucier de moi. J’étais plutôt rêveuse, du genre à écrire des poèmes ou à lire des romans à l’eau de rose, mais là, la réalité m’a vite rattrapée.

Lucille était hôtesse dans un club privé très sélect. Elle avait tous les atouts physiques pour faire ce job : grande, blonde, de grands yeux verts, mince et de surcroît, dotée d’une grande finesse d’esprit.

Extrêmement reconnaissante envers mon amie, j’ai accepté un jour sa proposition. Cette perspective ne m’enchantait guère car j’étais un peu timide et je n’aimais pas trop m’exhiber lors de soirées ou cocktails, préférant l’intimité de ma chambre pour m’adonner à mon passe-temps favori : la lecture. Mais cela faisait quinze jours que Lucille m’hébergeait et je n’avais toujours pas trouvé de travail. Je me sentais un peu obligée d’accepter.

C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de Michel.

Ce dernier était gérant et directeur financier dans une importante société de textile. Je suis tombée, malgré moi, sous le charme de cet homme séduisant et possédant tellement d’assurance. Ses yeux bleus et sa chevelure brune attiraient indéniablement de nombreux regards.

Mais Michel était un homme marié et père d’un enfant.

Je ne devais bien évidemment que jouer le rôle d’hôtesse, c’est-à-dire, être agréable et souriante et soutenir les conversations de ces personnes. En attendant de trouver autre chose, ce n’était pas plus mal !

D’emblée, Michel m’a fait comprendre que je lui plaisais. M'extorquant mon numéro de téléphone, il a prétexté qu’il allait me recommander auprès de ses relations afin de me trouver un travail.

Et le lendemain soir, il m’a appelée :

– Je voudrais vous revoir.

– Je ne crois pas, non. Vous êtes marié qui plus est…

– Laissez-moi vous expliquer, prenons un verre ensemble ce soir, je vous dirai tout ! Nous ne ferons rien de mal à discuter autour d'un  verre. Je voudrais mieux vous connaître et si possible, j’aimerais que nous devenions amis.

Grâce à sa force de persuasion, j’ai accepté. Dans un bar très sélect, il m'a appris qu’il était très malheureux en ménage et qu’il n’entretenait plus aucun rapport avec son épouse depuis plusieurs mois. Il restait uniquement avec elle pour préserver son fils de six ans. Malgré moi, sensible à tout cela, j’ai fini, après plusieurs rendez-vous (et avec la naïveté de ma jeunesse !), par le croire. Et nous sommes devenus amis.

Je savais qu’il avait de nombreuses liaisons, d'ailleurs, il ne s’en cachait pas. Il ne restait jamais très longtemps avec la même femme.

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